…GUITARE DU CIEL!
Que l’on soit parisien.ne ou pas, qu’on l’aime ou pas… Cette Tour Eiffel nous est affectueusement proche!
Seul.es les parisien.ne.s ne vont pas la visiter 🙂 Parce qu’ils/elles ont ce sentiment étonnant qu’elle fait partie de leur ADN…
Et d’ailleurs, même si on raille ce symbole du « tourisme de masse », n’empêche que l’on ira rue de Rivoli acheter portes-clefs, sacs ou T-Shirts pour les enfants de nos ami.es étranger.es et que l’on sourira, un peu fièr.es, devant leurs yeux ravis, car on aura le sentiment de leur offrir un peu de nous…
Revenons aux fondamentaux: c’est une tour conçue par Gustave Eiffel sélectionnée au milieu d’une centaine de dossiers, en réponse à un concours de projets lancé en 1886 par la Mairie de Paris, pour représenter la France à l’Exposition Universelle de 1889, année du centenaire de la Révolution Française.
Ce projet très contesté sera un chantier incroyable et très mouvementé!
La tour restera après l’Exposition Universelle et deviendra un emblème… Resteront aussi de cette Exposition Universelle les Petits et Grands Palais.
« Dans les ateliers Eiffel de Levallois-Perret ont été construites les pièces métalliques de la plus grande poutre au plus petit rivet. Ces pièces étaient assemblées avec des rivets temporaires de façon à former des éléments qui répondaient à un critère simple : peser moins de 3 tonnes. Ensuite ce sont les assembleurs qui entraient en jeu pour les les assembler définitivement. Aux ateliers d’Eiffel ils étaient plus d’une centaine d’ouvriers à travailler. Il y avaient un peu toutes les professions de la métallurgie car il y avait beaucoup de travaux différents à réaliser. Au total durant la période de fabrication des pièces de la tour Eiffel, c’est plus de 18 000 pièces qui sont sorties des ateliers. Au rayon des chiffres, précisons la quantité astronomique de dessins qui ont été faits : 1 700 dessins d’ensemble et 3 629 dessins pour exécution. La surface de ces 5 300 dessins dépasse 4 000 m2 ! Pour dessiner tout ça, il fallut pas moins de 30 dessinateurs qui oeuvrèrent pendant 18 mois.
Un rivet est une petite pièce d’assemblage de deux éléments métalliques. Il s’agit d’une sorte de gros clou que l’on faisait passer à travers un trou perçé sur les deux éléments à assembler. Il était préalablement chauffé, ce qui permettait d’écraser la tête pointue de l’autre côté des éléments.Le nombre total des rivets posés sur place, a été de 1 050 846. Le nombre posé par semaine a été très variable; il a atteint, en août 1889, le chiffre important de 22 000 par semaine, avec 20 équipes de riveurs. »
Extrait du site « Monuments du Monde«
Ces pièces rivetées étaient donc fabriquée en fer, extrait en Lorraine.
La Tour Eiffel dans l’Art…
La tour n’a pas fait que des fans! À peine sa construction démarrée, un groupe d’artistes s’est élevé violemment contre sa réalisation:
Extraits du journal « LE TEMPS » du 14/02/1887 :
« Les artistes contre La Tour Eiffel » . (…) Au-dessus de ses rues, de ses boulevards élargis, du milieu de ses magnifiques promenades, surgissent les plus nobles monuments que le genre humain ait enfantés. L’âme de la France, créatrice de chefs-d’œuvre, resplendit parmi cette floraison auguste de pierre. L’Italie, l’Allemagne, les Flandres, si fières à juste titre de leur héritage artistique, ne possèdent rien qui soit comparable au nôtre, et de tous les coins de l’univers Paris attire les curiosités et les admirations. Allons-nous donc laisser profaner tout cela ?
La ville de Paris va-t-elle donc s’associer plus longtemps aux baroques, aux mercantiles imaginations d’un constructeur de machines, pour s’enlaidir irréparablement et se déshonorer ? Car la Tour Eiffel, dont la commerciale Amérique elle-même ne voudrait pas, c’est, n’en doutez point, le déshonneur de Paris. (…)
Enfin lorsque les étrangers viendront visiter notre Exposition, ils s’écrieront, étonnés : «Quoi ? C’est cette horreur que les Français ont trouvée pour nous donner une idée de leur goût si fort vanté ?» Et ils auront raison de se moquer de nous, parce que le Paris des gothiques sublimes, le Paris de Jean Goujon, de Germain Pilon, de Puget, de Rude, de Barye, etc., sera devenu le Paris de M. Eiffel. (…) »
Mais d’autres artistes, peintres, sculpteurs, écrivains et cinéastes font précocement de la Tour un sujet de prédilection, et les artistes contemporains continuent de la prendre pour modèle.
Georges Seurat la peint en 1888, avant même son achèvement. Par la suite, le Douanier Rousseau, Signac, Bonnard, Utrillo, Gromaire, Vuillard, Dufy, Chagall célèbrent la Tour.
Robert Delaunay lui donne des facettes cubistes dans tout une série de toiles peintes à partir de 1910.
« L’Exposition est le triomphe du fer, non seulement au point de vue des machines mais encore au point de vue de l’architecture. Et cependant l’architecture est au début en ce sens qu’il lui manque en art une décoration homogène avec sa matière. Pourquoi à côté de ce fer, rude, sévère, des matières molles, comme la terre à peine cuite ; pourquoi à côté de ces lignes géométriques d’un caractère nouveau, tout cet ancien stock d’ornements anciens modernisés par le naturalisme ? Aux ingénieurs-architectes appartient un art nouveau de décoration, tel que boulon d’ornement, coin de fer dépassant la grande ligne, en quelque sorte une dentelle gothique en fer. Nous retrouvons cela un peu dans la tour Eiffel.«
Paul Gauguin. Le Moderniste illustré, 4-11 juillet 1889
« Infatigable, à un train d’enfer, Robert procède par bonds, des bonds surprenants qui vont le projeter dans le futur. Avec ses natures mortes, ses paysages du Pont-Aven, ses premiers autoportraits, il a vite tourné la page du néo-impressionisme. Météore, il traverse le cubisme, il l’escalade et le satellise autour de la Tour Eiffel, muse d’acier d’un monde nouveau qu’il observe, contemple et adore sous tous les angles avec des jumelles prismatiques de visionnaire. La Tour n’est pas un phare isolé, répète-t-il avec enthousiasme. « Une inspiration nouvelle travaille avec la Tour, les ponts, les maisons, l’homme, la femme, les joujoux, les yeux, les livres, New York, Berlin, Moscou. » Sonia Delaunay 1978.
Site officiel de la Tour Eiffel: https://www.toureiffel.paris