UN ART SANS ENTRAVES

T’ANG HAYWEN. Un peintre chinois à Paris
Musée Guimet, jusqu’au 17 juin 2024

T’ang HAYWEN photographie de Yonfan
© Avec l’aimable autorisation de T’ang Haywen Archives

À travers une sélection d’une centaine d’œuvres majeures, l’exposition présente un panorama des grandes étapes de la carrière du peintre T’ang HAYWEN ainsi que l’essentiel des facettes du travail d’un artiste qui recherchait, selon ses propres mots, « une peinture idéale, unissant le monde visible et le monde de la pensée ». (Extrait de T’ang Haywen archives)

Yannick LINTZ, Présidente du Musée National des Arts Asiatiques-Guimet :

T’ANG HAYMEN naît en Chine, en 1927, dans une famille de commerçants aisés. En 1937 la famille quitte la Chine pour le Vietnam, où elle s’installe à Saigon – future Ho Chi Minh-Ville – dans le quartier chinois de Cholon. Élève au Lycée Français, T’ang Haywen est initié à la calligraphie par son grand-père mais il ne suit pas de cursus artistique classique.
En 1948, à 21 ans, il rejoint Paris afin de poursuivre des études de médecine qu’il abandonne rapidement. Il s’inscrit en lettres à la Sorbonne et aux Langues Orientales.
Logé dans le quartier Montparnasse, il découvre un pays où la création est en pleine effervescence. Parallèlement à ses études, il suit des cours à « l’Académie de la Grande Chaumière » près de Montparnasse. ( « L’Académie de la Grande Chaumière » est un cours libre de dessin et sculpture, fondé en 1904 – et qui existe toujours – très réputé au début du 20° siècle. Le sculpteur Bourdelle, entre autre, y suivront des cours.)
Lettré moderne, insatiable curieux des arts et cultures de l’Occident, il trouve à Paris sa vocation de peintre. Artiste discret, T’ang Haywen s’affirme pourtant progressivement comme une figure majeure de la création contemporaine et de la modernité chinoise. (Extrait du dossier de presse)

La singularité de l’artiste se manifeste doublement:
D’une part, sa signature à l’encre rouge, semblable à un sceau, composée de son nom vietnamien romanisé (T’ang) et de son nom chinois Haywen (Peut-être l’affirmation de sa double culture ?)
Et d’autre part, sur les cartouches, il n’y a pas de titre pour nommer l’œuvre, seulement l’année de la création, le support et la technique utilisée. « Mes peintures ne sont ni figuratives, ni abstraites, et elles n’appartiennent pas non plus à l’école néo-figurative. Cette classification est trop restrictive pour moi. Je recherche un art sans entraves, un art qui naît sans contraintes ». 
Quand vous visiterez l’exposition, vous remarquerez que la grande majorité des œuvres provient de « la Donation de la Direction Nationale d’Intervention Domaniale ».
La D.N.I.D., (Direction Nationale d’Interventions Domaniale) est connue en France sous l’appellation “Les Domaines”. Elle participe de différentes manières à la gestion des biens de l’état : il arrive parfois qu’à la suite d’une affaire judiciaire des biens soient saisis par la justice et ensuite confiés à la DNID qui les met en vente aux enchères.
Dans ce cas précis, T’ang Haywen Archives a été approché par la DNID pour expertiser et authentifier un groupe d’œuvres, de dessins et d’archives présentées comme étant de T’ang Haywen. Une fois cette expertise réalisée et devant l’importance de cette collection, il a été convenu avec Alain Caumeil, Directeur de la DNID, qu’une partie représentative de ce groupe d’œuvres ainsi que tous les dessins et archives devaient être donnés aux collections nationales françaises. A l’initiative de la DNID, Madame Valérie Zaleski, conservatrice au musée Guimet et Philippe Koutouzis, expert de l’œuvre, ont sélectionné des œuvres et recensé les dessins et archives.  (Extrait de T’ang Haywen archives)

Créations de jeunesse:

L’exposition, chronologique, présente dans un premier espace les créations des années 60, ses années d’apprentissage. Formé à la peinture occidentale, ses carnets de dessin révèlent qu’il visite régulièrement les musées parisiens, dont le musée Guimet, et qu’il s’inspire de la ville dans des paysages urbains croqués rapidement au stylo à bille ou des paysages entre couleurs vives et monochromes, aquarelles et gouaches, paysages quelquefois très identifiables, parfois abstraits, qui posent d’emblée et de manière singulière T’ang Haywen à la jonction de deux mondes, occidental et extrême-oriental.
Il y a aussi des pièces inédites tirées de son atelier et exposées pour la première fois comme des cartes de vœux envoyées à ses amis.

Détails….
des oeuvres du grand tableau.
« Pablo Picasso et Françoise Gilot » . Sans date
Sans titres….
1956.
Sans titres….
1955.
Sans titres….
1967.
Carte de vœux, 1955 – 1960, aquarelle, encre et gouache sur papier, MA 13393 © T’ang Haywen Archives © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024

Petits formats, faciles à transporter

La période du début des années 1970 (qui voient s’épanouir son format de prédilection: 70 x 100 cm) et jusque vers 1983-1985 est évoquée par des peintures à la gouache ou à l’encre, polychromes ou monochromes.

Sans titre. 1985


Puis viennent les œuvres de la maturité : des diptyques épurés à l’encre de Chine, de minuscules triptyques colorés évoquant, au choix, des paravents chinois ou les Nymphéas de Monet, et de petits formats carrés à la puissance graphique troublante. Le peintre était, en effet, un grand voyageur, préférant les formats modestes facilement transportables.

« Visage-paysage » vers 1970
Sans titre 1983-1984
Triptyque vers 1983
Triptype vers 1983


Des formats plus importants, présentés dans l’exposition, permettent à T’ang Haywen de donner à voir des paysages abstraits à l’encre monochrome.

Portraits :

C’est au cours des années 1950, c’est à dire dès les débuts de son apprentissage, que Tan’g Haywen s’essaie aux portraits, rapidement esquissés à l’encre et au pinceau.

Autoportrait vers 1960

La reconnaissance internationale survient dans les années 1980 avec de nombreuses expositions dans les galeries et les grandes institutions du monde entier, à l’instar du Centre Pompidou en 1989.
Tan’g Haywen décède en 1991.
Le Musée Guimet organisera une grande rétrospective en 2002. 

« T’ang Haywen – Dix œuvres de la collection Leszek Kanczugowski, ami de l’artiste« :

RÉDACTION ET PHOTOS DE KADIA RACHEDI

Le Musée National des Arts Asiatiques – Guimet se trouve à Paris, 6 place d’Iéna 75016.
Émile Guimet est le fondateur du Musée, en 1889, appelé initialement « musée des religions » 🙂

SI ON VOUS DIT « CULTURE »? (épisode 3)

CHAPITRE 4 : SENSIBILISER LES PLUS JEUNES…

ARGUMENTS POUR L’ÉDUCATION CULTURELLE ET ARTISTIQUE
Auteur.e.s: Fédération pour l’Éducation artistique et culturelle de la Jeunesse (BKJ) qui chapeaute et fédère tout un réseau pour l’éducation culturelle en Allemagne.
Reconnaître et développer ses propres points forts
Quand les jeunes participent à des offres en matière d’éducation artistique et culturelle, ils peuvent découvrir et développer des points forts et des compétences en eux dont ils n’étaient peut-être pas encore conscients. Faire l’expérience d’être soi-même capable d’apprendre, d’inventer et d’être actif.ve va les encourager à relever de nouveaux défis. L’éducation artistique et culturelle renforce la confiance dans les possibilités que l’on a soi-même.
Poursuivre ses centres d’intérêt
Les offres en matière d’éducation artistique et culturelle permettent aux enfants et aux jeunes de poursuivre leurs propres questions et intérêts et d’approfondir les sujets qui occupent leur esprit.
Les jeunes font l’expérience que des approches ludiques et des formes d’expression culturelle sont précieuses pour s’approprier des choses et pour communiquer. Les jeunes vivent l’éducation et l’apprentissage comme quelque chose qu’ils.elles conçoivent eux.elles-mêmes et dont ils.elles sont responsables.
Implication et responsabilisation
Les projets culturels permettent aux jeunes de faire l’expérience qu’ils sont pris au sérieux, qu’ils ont voix au chapitre et qu’ils peuvent exercer une influence. L’éducation artistique et culturelle permet aux enfants et aux jeunes de faire l’expérience durable que cela vaut la peine d’être actif.ve et de faire preuve d’engagement.
Aller son chemin, même si c’est un détour
Les pratiques d’éducation artistique et culturelle lancent le défi de faire des expériences et de choisir une approche non conformiste. Les erreurs et les détours en font partie. Les enfants et les jeunes découvrent et apprennent que ce n’est pas toujours le chemin direct qui mène aux résultats les plus intéressants et que le jeu a sa propre valeur.
– Changer de perspective
La culture, l’art, le jeu et les expériences esthétiques offrent la chance d’observer le monde sous un angle différent. C’est ainsi que les enfants et les jeunes apprennent qu’il peut être enrichissant de mettre en cause ses habitudes et de choisir une perspective inhabituelle. Et qu’il peut exister différentes réponses à une question et différentes solutions à un problème. L’éducation artistique et culturelle contribue ainsi à choisir des perspectives différentes et à être en mesure de se former une propre opinion critique.
– Savoir utiliser les formes d’expression culturelle
L’éducation artistique et culturelle permet de découvrir, de tester, d’apprendre et d’approfondir les formes d’expression culturelle. Celles-ci sont en mutation permanente, entre autres en raison de la numérisation et des formes de communication numérique. Dans la pratique de l’éducation artistique et culturelle, les jeunes peuvent faire des expériences dans des espaces analogiques et numériques, les explorer et les combiner.

Développer sa propre identité
La pratique de l’éducation artistique et culturelle offre la possibilité de changer de rôle, d’identité et de position, de les faire évoluer et également de les mettre en cause. De nouvelles perspectives se créent quand on discute de projets de vie différents. Avec les autres, les enfants et les jeunes discutent de manière ludique et artistique d’eux.elles et du monde et développent leur propre attitude. Ils.elles créent quelque chose qui est important à leurs yeux, le partagent avec d’autres et rendent leurs propres positions visibles publiquement.
– Être responsable et faire l’expérience du vivre-ensemble
En élaborant une pièce de théâtre ou de danse, en réalisant une sculpture ou en rédigeant un scénario, les enfants et les jeunes font l’expérience que cela vaut la peine de s’accrocher ensemble à une tâche, même si des conflits surviennent. Ainsi, tout le monde apprend à être responsable de ses actions et au sein du groupe.
Comprendre que la diversité est la normalité
Dans le cadre des offres en matière d’éducation artistique et culturelle, les enfants et les jeunes se montrent personnellement et à d’autres quelle est l’expérience qu’ils.elles ont de leur propre personne et du monde et ce qu’ils.elles en pensent. Ainsi, par le biais d’images et d’histoires, des perspectives et formes d’expression individuelles différentes peuvent être vécues comme étant vivantes et valorisantes. Les préjugés par rapport à autrui peuvent passer à l’arrière-plan ou au contraire être abordés de manière directe dans le travail pédagogique.
– Faire l’expérience de l’art et de la culture
Dans les offres en matière d’éducation artistique et culturelle, les enfants et les jeunes reçoivent beaucoup d’informations sur les histoires et les traditions avec lesquelles ils.elles sont en relation et aussi sur les idées et les visions qu’ont d’autres personnes. Dans la discussion créative et artistique, la question est posée de savoir comment cela est en rapport avec moi et ma vie. L’art et la culture sont perçus comme un enrichissement de sa propre vie, comme quelque chose qui est lié au sens et à la joie de vivre.
– Comprendre le monde
Les enfants et les jeunes ont besoin de la capacité à s’orienter dans un monde complexe et à prendre en main leur propre vie. L’éducation artistique et culturelle permet de percevoir le monde et l’environnement comme étant des expressions de la culture humaine. Grâce à l’éducation artistique et culturelle, il est possible de faire l’expérience que les processus et les situations sont souvent ouverts ou incertains, d’en faire l’essai et de se rendre compte que des décisions et des changements sont possibles, même si cela demande souvent du temps.
– Changer le monde
Dans toutes les phases de la vie, l’éducation artistique et culturelle offre la possibilité de réfléchir de manière critique et créative à la compréhension que l’on a de soi, du patrimoine culturel, de la situation actuelle de la société et des perspectives d’avenir. Les jeunes sont encouragé.e.s à développer des visions et à contribuer aux évolutions de la société dans leur vie quotidienne. »
https://www.bkj.de/fr/fondamentaux/qu-est-ce-que-l-education-culturelle/arguments-education-culturelle/.

Nous retrouvons Anne LAMALLE, responsable Médiation et Communication de NarboVia, à Narbonne:

Anne LAMALLE

THIBAULT est médiateur culturel au Musée Médard de Lunel (34).
Dans ce musée du papier, être inventif est un challenge quotidien pour intéresser le jeune public !

THIBAULT MOREAU
Préparation des ateliers…

L’ accès à la culture, la découverte de l’art et des pratiques artistiques peuvent se faire dès la petite enfance. C’est à partir de ce postulat de départ qu’est né à Marseille le projet éducatif artistique et culturel « Une crèche – Un musée » qui cible tout particulièrement les enfants et les familles les plus éloignées de la culture.

« Une crèche – un musée »

Voilà !
Nos trois épisodes sur l’accès à la Culture sont maintenant terminés.
Nous espérons que ce partage vous aura plu !
Un grand merci à :

Christian Avenel, GaëlLE, Patrick Ruffat, Katia Fersing, Marc Stammegna,
Anne Lamalle, Karim, Thibault Moreau.
Merci également aux auteur.es, sociologues et philosophes dont les écrits et les interviews

ont nourri nos épisodes.

Sylvie MAUGIS et Kadia RACHEDI

SI ON VOUS DIT « CULTURE »? (épisode 2)

Depuis bientôt quatre ans «L’Art d’être Curieux»
vous invite à nous suivre dans des endroits divers et variés.
Au fil des visites, des interviews et des articles,

nous avons rencontré des gens passionnant.es et passionné.es
qui nous ont fait partager leurs projets et leurs interrogations…

Pendant tout ce mois de Mars, nous avons voulu faire émerger leur image de la Culture
Vous avez dit Culture ? On sort les micros !

Musées : une fréquentation en baisse, des inégalités qui persistent

Les cadres sont trois fois plus nombreux que les employé.es et ouvrier.es à avoir visité un musée ou une exposition dans l’année. Si la fréquentation des musées baisse, les inégalités persistent.
La France dispose du musée le plus fréquenté au monde. Le Louvre a ainsi accueilli plus de sept millions de visiteurs en 2022 et remonte la pente après la baisse de la fréquentation enregistrée avec la crise sanitaire. Cette évolution ne doit pas occulter l’essentiel : les Français fréquentent de moins en moins les musées et les expositions. La baisse ne date pas d’hier mais de la fin des années 1990, selon les données du ministère de la Culture.
La fréquentation des musées a augmenté de la fin des années 1970 jusqu’en 1997 : on passe alors de 33 % de personnes ayant visité un musée ou une exposition au moins une fois dans l’année à 40 %.
Elle a chuté depuis à 29 %, un niveau inférieur à celui que l’on constatait il y a cinquante ans.
Il ne s’agit pas d’un phénomène de rejet des sorties à vocation culturelle puisque les monuments historiques, eux, reçoivent toujours autant de public. Leur fréquentation a même augmenté en 2018 par rapport à 2008, de 29 % à 34 %. Il en est de même pour la plupart des sorties pour assister à des spectacles (théâtre, concert, cinéma, etc.).

Les inégalités sociales s’accroissent

Le déclin des visites de musées s’observe dans tous les milieux sociaux, y compris chez les cadres supérieurs. En 1980, 80 % d’entre eux avaient visité au moins un musée ou une exposition dans l’année. En 2018, ils ne sont plus que 62 %.
Chez les employé.es et les ouvrier.es, la baisse date même des années 1970 et elle est beaucoup plus importante. À l’époque, un tiers des personnes issues des catégories populaires avaient visité un musée dans l’année. Désormais, elles ne sont plus que 18 % : presque moitié moins.
Les inégalités s’accroissent entre milieux sociaux. En 1973, le taux de fréquentation des musées et des expositions chez les cadres était deux fois supérieur à celui des catégories populaires (employé.es et ouvrier.es). En 2018, il est 3,4 fois plus élevé.

Selon l’âge

La fréquentation des musées diminue dans toutes les classes d’âge pour se situer autour de 30 % -35 %. De 1973 à 1997, on avait assisté à une hausse de la part des personnes âgées de 15 à 59 ans (40 % à 45 % de visiteurs). Chez les 60 ans et plus, la baisse est plus récente et date de la fin des années 2000. Un quart des personnes de cette tranche d’âge visitent un musée au moins une fois dans l’année en 2018, contre un tiers en 2008.
Ce déclin est d’autant plus marquant que l’élévation du niveau de diplôme et la croissance de l’offre, ainsi que des événements, auraient dû conduire davantage de visiteurs à franchir la porte des musées. Seule la mise en place de grandes expositions médiatisées et les visiteurs étrangers tirent la fréquentation. Il faut dire que les musées français demeurent particulièrement élitistes. En 2018, 9 % des non-diplômés sont allés au musée au moins une fois, contre 52 % des diplômés de l’enseignement supérieur.
Même si les politiques à mettre en œuvre ne sont pas simples et demandent d’importants moyens, force est de constater que les pouvoirs publics et les lieux culturels ne font pas les efforts nécessaires pour élargir leur public.
Extrait de : « Musées : une fréquentation en baisse, des inégalités qui persistent »
Centre d’observation de la société, 21 avril 2023.

CHAPITRE 3:


PENSER… TRAVAILLER… INCITER…

Katia FERSING, Directrice du MUMIG à Millau dans l’Aveyron,
évoque les choix des équipes pour favoriser l’accès des publics :

Katia FERSING
Écomusée de la ganterie au Mumig
Marc STAMMEGNA
sur l’expo César-Chabaud à Uzès

Lors de la très belle exposition  » César-Chabaud » au musée d’Uzès, dans le Gard, nous avons rencontré Marc STAMMEGNA, commissaire de l’exposition et expert chez Sotheby’s et Christie’s (Maisons de ventes aux enchères) à qui nous avons posé la question de l’accès à la Culture:

Le musée d’Uzès.
Bernard LAHIRE, Professeur de Sociologie:
Anne LAMALLE

NARBO VIA à Narbonne, ce sont trois espaces distincts qui partagent l’histoire de l’Antiquité romaine de la ville: le Musée, l’Horréum et Amphoralis.
L’exceptionnelle inventivité des équipes rend ces lieux dynamiques et ludiques… Un pari pourtant pas évident au départ !
Rencontre avec ANNE LAMALLE, Directrice de la Médiation et de la Communication de NarboVia :

NarboVia vue extérieure.
La galerie lapidaire de NarboVia

KARIM

Au musée d’Uzès, KARIM veille sur les oeuvres et sur les gens…
Il a bien voulu nous confier, avec gentillesse et humour, son enthousiasme pour ce tournant dans sa profession d’agent de sécurité:

Dans la prochaine publication, nous clôturerons notre enquête sur l’accès à la Culture
par l’évocation de projets d’avenir…

SI ON VOUS DIT « CULTURE »?

Depuis bientôt quatre ans, «L’Art d’Être Curieux» vous invite à nous suivre
dans des endroits divers et variés…
Au fil des visites, des interviews et des articles,
nous avons rencontré des gens passionnant.es et passionné.es,
qui nous ont fait partager leurs projets et leurs interrogations.
Pendant tout ce mois de Mars, nous avons voulu faire émerger leur image de la Culture…
Vous avez dit Culture ? On sort les micros !

CHAPITRE 1 : UN PEU D’HISTOIRE…

Depuis la fin du XIX° siècle en France, la gratuité des musées fait débat…


En 1896, la revue L’Artiste avait – déjà – consacré un dossier au prix de l’entrée au musée. Les milieux culturels, mais aussi politiques, débattaient ferme, alors, sur le fait de faire payer les visiteurs, tandis que le XIXe siècle, qu’on appellera plus tard « siècle des musées », avait vu éclore quantité de lieux à Paris et aussi en province. Tous furent d’abord gratuits, sans exception.
Du temps de la création du tout premier « Museum », en plein Paris, en 1793, il s’était finalement trouvé une seule voix pour arguer de la nécessité de faire payer l’accès aux collections. Rarement ouvert au public, à l’exception de quelques jours chaque année, et ordinairement réservé aux artistes, cet aïeul du Louvre avait ainsi été voulu gratuit par les révolutionnaires. Le patrimoine appartenait à tous. Et le directeur général de l’Instruction publique, seule voix à proposer de faire contribuer les visiteurs à l’accès à la culture, s’était finalement trouvé bien seul, lorsqu’il avait réclamé, dès 1796, l’acquittement d’un droit d’entrée au nom du financement à la culture. Cent ans plus tard, exactement, le sculpteur Auguste Rodin répondait ceci à la revue L’Artiste sur le prix d’entrée au musée : « Je crois que l’on doit s’en tenir à la création des musées sous la Révolution, qui a été gratuite pour l’éducation de tous. Dans tous les temps, on a eu besoin d’argent, et l’on a maintenu le principe de la gratuité, qui est le meilleur, je crois. » Le sculpteur n’était pas seul à défendre alors la gratuité car la même année, c’est Clémenceau qui s’était fendu d’un manifeste en faveur des musées gratuits, Le Louvre libre. Et c’est dire si le débat agitait largement, en cette fin du XIXe siècle : on en discutait alors à l’Assemblée Nationale!

Le musée du LOUVRE

Depuis 1905, à Paris, un premier musée avait déjà entrepris de faire payer l’entrée : celui des Arts Décoratifs. Cinq autres musées municipaux l’avaient suivi rapidement. La décision d’introduire un portillon à l’entrée du Louvre sera quant à elle tranchée en 1921, qui emboîtait le pas à d’autres grands musées à l’étranger, à l’instar du Victoria and Albert Museum, à Londres, qui avait déjà commencé à faire payer certains jours. L’adage qui clamait « la nation est chez elle au Louvre » avait déjà vécu.
Toutes les décennies suivantes seront marquées par un autre débat : comment amener ceux qui ne vont pas au musée à franchir sa porte ?
Deux décennies avaient passé, que Rodin avait déjà changé d’avis. Au moment de transmettre son œuvre à l’État, contre la promesse d’un lieu qui lui serait dédié et qui deviendra le futur musée Rodin, dans le VIIe arrondissement à Paris, où l’on peut toujours voir ses sculptures jusqu’aux allées du jardin attenant, Auguste Rodin avait finalement dévoilé son testament : l’Hôtel de Biron et toute l’œuvre qui se trouvait à l’intérieur seraient bien légués à l’État… À la condition expresse qu’un musée pérennise sa trace à raison d’1 franc par visiteur. Il y voyait la garantie qu’on sécuriserait ainsi l’indépendance financière du nouveau lieu à sa gloire.
Pour déminer la polémique qui entoure l’augmentation du prix du billet d’entrée au Louvre, à Paris, le musée répond que plus d’un français sur deux qui entre au Louvre ne paye pas!
(Extraits du podcast de France Culture « Info culturelle » . Janvier 2024.)

Les premières Maisons de la Culture

Nous avons rencontré Christian AVENEL, cinéaste, peintre et photographe, qui fut animateur à « l’Unité Enfants » dès la création de la Maison de la Culture du Havre….

Christian Avenel devant les personnages de « Yellow Submarine », réalisés pour la MC du Havre…

Les enfants jouent avec les lettres de l’Alphabet de Sonia Delaunay
réalisées par l’Unité Enfants de la MC du Havre:

Vous pouvez retrouver toutes les créations de Christian Avenel sur son site: www.empreintesdefeu.fr

CHAPITRE 2 : L’ACCÈS À LA CULTURE …

Olivier DONNAT

PAR LA PRATIQUE ARTISTIQUE ?

GaëlLE est Moniteur-rice Éducateur-rice dans un GEM , Groupe d’Entraide Mutuelle, une association portée par et pour des usagers en santé mentale. 
La pratique artistique est l’un de ses outils de travail, au service de l’accompagnement
d’adultes en situation de handicap:

SUNRA à Montpellier (2018)
André Manoukian

André Manoukian est auteur-compositeur et pianiste. Il est également chroniqueur, présentateur d’émissions de radio et de télévision et comédien.

« La culture, c’est la curiosité avant tout. C’est une question de survie. Sans elle, on s’éteint, on devient idiot. C’est dans la zone du cerveau qu’on appelle le ragot que les grands singes sont passés d’animalité à homme, parce que le ragot, ou l’information sur l’autre, nous a permis de créer des groupes de personnes de plus en plus grands, plus puissants et, petit à petit, l’information s’est transformée par l’histoire, le mythe et c’est comme ça qu’on a constitué des sociétés.
La culture fait le lien entre les personnes et c’est ce qui constitue les sociétés humaines.
Que ce soit dans la peinture, la littérature ou ce que vous voulez, la culture est aussi l’apprentissage d’un vocabulaire avec lequel vous allez vous exprimer. Puis le talent, vous en avez deux sortes. Le premier, c’est celui qui sait imiter le geste qu’on lui a appris jusqu’à la perfection. Celui-là, il est foutu ! Comme il arrive à reproduire parfaitement le talent de son maître, il ne va jamais s’inscrire vraiment. Puis vous avez le talent de celui qui n’arrive pas à imiter le maître et qui va l’accepter. Celui-là, il est sauvé. Ce sont ses défauts qui vont lui donner une particularité. J’ai fait un concert à Sarlat dernièrement. J’ai vu les grottes de Lascaux dont les dessins sont d’un stylisme et d’une modernité incroyables. Comment ils faisaient, les gars ? C’était il y a plus de 20 000 ans. Donc la première étape, c’est l’apprentissage d’une technique, le piano par exemple, et la deuxième, c’est l’assimilation de cette technique. Après c’est votre curiosité qui fera vous tourner vers le travail d’autres et qui enrichira votre talent. »

André MANOUKIAN

Pour clore ce premier numéro, nous allons écouter Patrick Ruffat, Président de l’association « Art et Culture » dans les Pyrénées Orientales, qui nous explique le pourquoi de son investissement associatif:

http://artsetculturevinca.fr/

Pieter Bruegel: « Kermesse villageoise »

Dans la prochaine publication, nous écouterons des salarié.es de lieux culturels nous parler de leurs métiers et de leurs passions…

LA MÉMOIRE SUR LE SABLE…

L’année 2024 marque les 85 ans de l’exil républicain espagnol et de la création du camp d’Argelès, dans les Pyrénées Orientales à quelques kms de Perpignan.
En cette année symbolique, la ville d’Argelès-sur-Mer et le Mémorial du camp vous donnent rendez-vous sur la plage Nord pour partager des mémoires du camp au fil d’une exposition de 50 photographies issus de nombreux fonds. Des photographies d’époque du camp, in situ, sur le lieu même où il fut installé en février 1939 : sur le sable, face au Monolithe.

Si vous fuyez les stations de ski déneigées et que vous voulez vous diriger vers la mer, prenez le temps de vous arrêter sur la plage d’Argelès (face au grand Hôtel du Lido)…
Plantées sur le sable, à l’endroit exact de l’emplacement du camp d’Argelès sur Mer, cette exposition inattendue, évoque ce moment terrible, dans le seul bruit du ressac de la mer …
À voir… Absolument!

L’exposition

1000 ANS D’IMAGINAIRE JAPONAIS

À LA COUR DU PRINCE GENJI
1000 ans d’imaginaire japonais  

« Organisée avec la fondation franco-japonaise Sasakawa, l’exposition présentée au Musée Guimet, à Paris, jusqu’au 25 Mars 2024, aborde l’œuvre majeure de la littérature japonaise et mondiale:
« Le Dit du Genji ». 

« LE DIT DU GENJI »  源氏物語
Écrit au 11e siècle par la poétesse Murasaki Shikibu, et considéré comme le premier roman de l’Histoire, « Le Dit du Genji » a généré depuis mille ans une iconographie extrêmement riche, influençant jusqu’aux mangaka contemporains. Il a ainsi inspiré de nombreux artistes et artisans du Japon à travers les siècles.  »(Extrait du dossier de presse
(Genji est un titre honorifique donné à un fils d’empereur qui ne peut prétendre au trône.
« Le Dit du Genji », – ou « Histoire du Genji » – qui se présente comme un récit véridique, raconte la vie d’un de ces princes impériaux, d’une beauté extraordinaire, poète accompli et charmeur de femmes. Ce Genji façonnera ainsi la « femme idéale » en élevant une jeune fille avec laquelle il formera un couple que seule la mort séparera.)

En exergue de la présentation de l’exposition, une phrase de Marguerite Yourcenar : 
« Quand on me demande quelle est la romancière que j’admire le plus, c’est le nom de Murasaki Shikibu qui me vient aussitôt à l’esprit, avec un respect et une révérence extraordinaire (…) c’est le Marcel Proust du Moyen Âge nippon.»
Marguerite Yourcenar, Les Yeux ouverts, entretiens avec Matthieu Galey, Paris, Le Centurion, 1980  

Rédigé entre 794 et 1185, le roman témoigne de la sophistication de la cour impériale alors à son apogée et de l’avènement d’une culture spécifiquement japonaise, dans une période marquée par de nombreux bouleversements politiques.

La visite de l’exposition « À la cour du Prince Gengi » commence par une immersion dans la reconstitution d’une maison japonaise traditionnelle, puis nous nous retrouvons dans une salle dont les murs, le sol et le plafond sont recouverts de planches de manga.
Nous poursuivons par une promenade dans les ateliers de tissage de Kyoto et, en fin de parcours, un dispositif olfactif nous permet de découvrir le raffinement de la «voie des parfums».  

Accueilli.es par Boudha nous sommes invité.es à déambuler dans une architecture traditionnelle en bois, rythmée par des panneaux de paille, des cloisons ajourées et des paravents… 

Suite de paravents
Paravent intérieur
Paravent: la tempête »

L’exceptionnelle créativité à laquelle « Le Dit du Genji «  a ouvert la voie, est illustrée dans l’exposition par un ensemble d’objets précieux issus des collections du Musée Guimet et de plusieurs collections françaises et japonaises: des laques, des sculptures et des objets précieux. (Marie-Antoinette elle-même collectionnait des boîtes en laque représentant des scènes du Genji…)

Coffrets et parfums
Nécessaire de cérémonies
Petites boîtes et coffrets à encens
Loupe et écritoire de Maitre Itoro Yamaguchi (maître tisserand)
Écritoire et autres objets
Vase à encens

LES POÉTESSES

Cette époque est une époque de paix, d’effervescence et de créativité artistique qui  voit l’émergence d’une littérature féminine, incarnée par Murasaki Shikibu mais aussi par les poétesses Ono no Komachi et Sei Shônagon et bien d’autres encore… 

Poétesse

« Les femmes aristocrates sont tenues à l’écart de la vie politique et sociale. Mais relativement libres de leur temps, leurs vies sont comblées par les arts, l’étude, la religion, les intrigues de cour, les relations galantes. Ne participant pas directement à la vie politique, elles sont des observatrices de la vie à la cour. Mais affranchies du modèle chinois, les femmes de l’époque vont produire des œuvres mêlant poésie et prose, sous forme de journaux ou d’histoires racontées.  
L’écriture évolue grâce à la réforme de l’éducation et à une simplification des kanjis.(caractères chinois de l’écriture japonaise).
(…) Grâce à cet accès plus aisé à l’écriture, la littérature féminine japonaise va prendre un essor considérable ». (Extrait du Dossier de presse) 

Il est temps de faire connaissance avec la poétesse Murasaki Shikibu, auteure du roman « Le Dit du Genji »: 

Murasaki Shikibu
dav

« Dans « Le Dit du Genji« , Murasaki Shikibu s’inspire de la vie de la cour, des hommes et des femmes, dans leurs complexités et leurs évolutions, sociales et psychologiques.
Surtout, elle met en scène des individus soucieux de leur salut au moment où le bouddhisme s’ancre dans les mœurs et rencontre les croyances locales. C’est ainsi que cette œuvre devient le creuset d’une nouvelle identité japonaise et une source d’inspiration pour tous les artistes, d’hier et d’aujourd’hui ».
(Extrait du dossier de Presse)

« LE DIT DU GENJI » INFLUENCE LES MANGAS

Aujourd’hui encore, de par sa force narrative et ses évocations d’une période fastueuse, le roman « Le dit du Genji » reste une source d’inspiration pour les créateurs contemporains : mangakas et auteurs d’animés japonais continuent à s’en emparer, s’affranchissant parfois des codes classiques avec une époustouflante inventivité. La présentation de leur travail dans une salle qui leur est dédiée atteste ainsi du renouvellement du genre.  

TISSAGES

L’évocation des ateliers de tissage japonais du 19e siècle fait le lien avec la révolution technique du métier Jacquard grâce à des photographies d’époque de tisseurs japonais de Kyoto et par un  hommage à Itarô Yamaguchi (1901-2007), maître tisserand de Kyoto.  

Ouvrières tissage…
… Au travail.
Ouvriers tisseurs
Femme filant la soie avec un rouet

L’exposition « À la cour du prince Genji, 1000 ans d’imaginaire japonais » permet également d’admirer les exceptionnels rouleaux tissés par Maître Itarô Yamaguchi, qui rendent hommage à ce roman magistral et sont montrés ici pour la première fois dans leur intégralité.
En faisant généreusement don de ses œuvres au musée Guimet, Maître Yamaguchi affirme l’art textile comme un art majeur qui doit être exposé en lien avec les peintures, sculptures et autres créations artistiques, rejoignant ainsi la démarche de Krishnâ Riboud, qui légua sa collection de textiles au musée en 2003.  

Itaro Yamaguchi
dav
Fils de soie
Soierie tendue
Détail du rouleau tissé
Estampe: Femme filant de la soie

SENTEURS À L’ÉPOQUE DE HEIAN

Entrée vers les senteurs…


Quatre cloches concentrant les parfums des quatre saisons invitent les visiteurs à découvrir quatre compositions olfactives subtiles et surprenantes. On trouve sous ces cloches des nerikô (littéralement « mélange des parfums »), petites boules parfumées de bois odoriférants usuellement consumées pour le seul plaisir des fragrances. Ce dispositif est proposé grâce à la générosité de Nippon Kodo, fabriquant d’encens et de parfums japonais depuis 1575.   

Cloche à parfum
Panneaux des quatre saisons

 RÉDACTION ET PHOTOS: KADIA RACHEDI

« LE CERISIER
EN VÉRITÉ NOUS ENSEIGNE
PAR SA FLORAISON
ET PAR SON ROUGE FEUILLAGE
QUE CE MONDE EST ÉPHÉMÈRE
« 

DALI… SON ENFANCE ET LE CHRIST…

LE CHRIST

Au « Théatre-Musée Dali » de Figueres, en Espagne, est exposé jusqu’au 30 avril « Le Christ de Portlligat » œuvre du peintre Salvador Dali, créateur du musée.

« Le Christ de Portlligat » Savador Dali.

« Le tableau est exposé début 1952 dans une galerie de Londres où le directeur des Musées de Glasgow le découvre : il juge opportun, pour donner une image plus culturelle à sa ville en pleine période de déclin économique avec une désindustrialisation rapide conduisant à un chômage élevé, d’acheter la peinture et les droits de propriété intellectuelle qui s’y rattachent, afin de pouvoir réaliser des reproductions, des cartes postales…
Une pétition contre cet achat a été présentée au conseil municipal de Glasgow par les étudiants de la Glasgow School of Art qui considèrent que cet argent aurait dû servir à promouvoir les artistes locaux.
Le tableau est exposé au Kelvingrove Art Gallery and Muséum pour la première fois le 23 juin 1952 et durant les six premiers mois, plus de 50 000 visiteurs viennent assurer le succès de cette judicieuse acquisition.
En 2005 la peinture remporte le sondage organisé par le journal « The Herald » sur la peinture écossaise la plus populaire.
La peinture montre Jésus crucifié, pris en perspective plongeante et vu d’au-dessus de la tête. il regarde vers le bas et est le point central de l’œuvre. La partie inférieure du tableau représente un paysage impassible, la baie de Portlligat (Près de Cadaquès en Espagne, où Dali vivait).
Entre le Crucifié et la baie s’intercalent des nuages aux tons mystiques et mystérieux, illuminés par la clarté qui émane du corps de Jésus. Le puissant clair-obscur provoque un effet dramatique.
Le Christ est représenté de façon humaine et simple. Il a les cheveux courts – au contraire des représentations classiques – et est dans une position relaxée.
À la différence des représentations classiques, le Christ n’est pas blessé, n’est pas cloué sur la croix, n’a pas d’entaille, très peu de sang et ne possède aucun des attributs classiques de la crucifixion: clous, couronne d’épines, etc. Il semble flotter accolé à la croix. Dali engagea un cascadeur d’Hollywood comme modèle pour peindre le Christ. » (Source : Wikipédia)

Le modèle accroché pour les besoins du tableau!

« Premièrement, en 1950, j’ai eu un « rêve cosmique » dans lequel je vis en couleur cette image qui, dans mon rêve, représentait le noyau de l’atome. Ce noyau prit par la suite un sens métaphysique, je le considère « l’unité de l’univers », le Christ ! Deuxièmement, grâce aux indications du père Bruno, carme, je vis le Christ dessiné par Saint Jean de la Croix, je résolus géométriquement un triangle et un cercle, qui « esthétiquement » résument toutes mes expériences antérieures et inscrivis mon Christ dans ce triangle ». S.DALI

C’est un des plus beaux tableaux de Dali et la mise en scène proposée par le musée permet de l’apprécier totalement : seul dans une pièce tendue de velours rouge, tel que Dali le souhaitait.
Dans les pièces attenantes, des réalisations vidéos, des carnets de croquis, des photos de l’artiste peignant… Ajoutent à la (re)découverte de l’oeuvre.

Montage vidéo de la Baie de Portlligat et du paysage du « Christ » de Dali:

Appréciable également, le fait que ces salles soient un peu excentrées du reste du musée et que peu de touristes s’y « agglutinent », comme c’est malheureusement le cas dans tout le musée et en rend la visite tout simplement insupportable ! Portables vissés aux mains, les visiteurs n’hésitent pas à passer entre une œuvre et vous, à marcher sur l’emplacement de la tombe de l’artiste, à parler fort, courir etc.
La rentabilité guide probablement les administrateurs des lieux qui vendent un nombre impressionnant de billets/heure, négligeant par là le respect des lieux et des œuvres !

LA CASA NATAL…  « LÀ OÙ TOUT A COMMENCÉ »

Une des pièces de la Casa Natal.

Depuis octobre 2023, la Ville de Figueres a ouvert la maison natale de Dali…
Dans les différentes salles, vous suivrez un parcours guidé dans votre langue, soigneusement écrit et dit, animé grâce à des mises en images mouvantes de scènes reconstituées, des photos d’archives, des interviews…
Fascinant ! Un espace unique et paisible où se déploient les mille facettes de ce personnage étrange, haï ou adoré au fil des années…
De l’enfance aux bains de foule, de la blessure de l’histoire de sa naissance à ses excentricités médiatiques, cette approche remarquablement réalisée est vraiment passionnante, et éclaire sur la personnalité du peintre, quelle que soit votre sentiment sur Dali.

Le père de S.Dali, notaire, dans son bureau…
Photo: (c) Casa Natal
La véranda…
… Où Dali aurait fait son premier dessin avec une fourchette
sur la table de bois…

On voit le peintre avec Bunuel, Garcia Llorca et bien d’autres personnages marqués « à gauche ».
M’étonnant de l’absence de traces de ses amitiés avec Franco, je m’en suis étonnée auprès du service de Presse et voici la réponse :

Bonjour
J’ai transmis votre question à Mariona Seguranyes, historienne d’art, experte de Salvador Dalí et actuelle conseillère à la Culture de la Mairie de Figueres.
Elle me dit ceci :
« À la Casa Natal, il y a une photographie de Dalí avec Franco, justement pour mettre en évidence les contradictions du personnage.
Dalí a une première étape liée au communisme, il se définit comme trotskyste, il fréquente les salles surréalistes avec André Breton plus lié au communisme et ses meilleurs amis étaient des républicains comme Josep Puig Pujades ou de gauche et favorable à l’État catalan comme Jaume Miravitlles. Une fois la guerre civile terminée, Dalí prend un virage beaucoup plus conservateur et finit par vivre avec le franquisme.
Dans la Maison il y a une photographie de Josep Puig Pujades, de Jaume Miravitlles, mais aussi du peintre avec Franco, pour expliquer de manière très schématique ces contradictions et évolutions du personnage ».
Nous espérons avoir répondu à votre question. C’est vrai que c’est une question d’actualité, comme vous le dites, la question de la séparation entre l’artiste/son œuvre et la personne, et dont il faut parler. 
Cordialement
Angels Miralles»

Début février sortira un film de Quentin Dupieux sur S.Dali intitulé : « Daaaaaali »… À voir… peut-être?

Casa Natal:
Carrer de Monturiols, 6 à Figueres (en bas des Ramblas)
www.casanataldali.cat

Musée-Théatre:
5 place Gala-Savador Dali à Figueres
www.salvador-dali.org

Attention: entrées sur réservations…

N’EFFAÇONS PAS LEURS TRACES!

« Préhistomania » au Musée de l’Homme à Paris, jusqu’au 20 mai.

Une exposition temporaire consacrée aux relevés d’art rupestre et pariétal, en partenariat avec l’Institut Frobenius pour la recherche en anthropologie culturelle (Francfort-sur-le-Main).

Entrée de l’exposition « Préhistomania »

Après les expositions « Arts et Préhistoire »  (cf: « L’Art d’être curieux » 11/02/2023) et « Picasso et la Préhistoire », l’exposition « Préhistomania » nous emmène au cœur d’une aventure humaine.

Carte des sites de l’Art rupestre


40000 ans nous séparent de nos lointains ancêtres, ces hommes et ces femmes qui ont réalisé des chefs-d’œuvre, peints ou gravés sur les parois des grottes, et que nous pouvons encore admirer aujourd’hui parce que, plusieurs millénaires plus tard, d’autres hommes et d’autres femmes ont décidé de sauvegarder ce patrimoine de l’humanité.
« Partout, les peintures rupestres représentent une ressource non renouvelable et en danger. Elles posent la question du poids culturel de ce patrimoine qui ne cesse d’attirer et d’inspirer.
Dans cette histoire, le relevé est parfois le dernier témoin de sites endommagés, voire disparus.
Un objet hybride entre l’œuvre, l’archive et le document scientifique, dont l’héritage demeure palpable dans le champ artistique contemporain. »
Avec plus de 200 documents et objets, dont une soixantaine de relevés originaux, l’exposition offre un panorama mondial de ces œuvres, raconte les aventures que furent les expéditions, montre quelle source d’inspiration les relevés devinrent pour les artistes du XXe siècle, et documente les techniques actuelles de transposition et de conservation des peintures rupestres et pariétales. »

(Extrait du Dossier de presse – Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du Musée de l’Homme)

Agnès Schulz, la première dessinatrice à avoir travaillé avec Léo Frobenius, en 1923

À l’entrée de l’exposition, nous sommes accueilli.es par une magnifique et étonnante photo de cette jeune femme dans un décor inhabituel pour une exposition sur la préhistoire !
« Nous voulons que le visiteur éprouve le même choc esthétique qu’ont eu les découvreurs des premiers sites préhistoriques » (Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du Musée de l’Homme.)
Et c’est réussi ! Il suffit de quelques pas pour oublier la lumière naturelle de l’espace d’accueil et pour avoir la sensation d’entrer dans une grotte dès que nous arrivons dans la première salle.
Nous sommes alors transporté.es dans le temps et dans l’espace à travers l’Afrique australe, le Tchad, l’Afrique du Nord, la Papouasie, l’Europe…

Présentation de l’exposition par Egidia Souto, commissaire de l’exposition « Préhistomania », maîtresse de conférences à l’université où elle enseigne le Patrimoine, la Littérature et l’Histoire de l’Art de l’Afrique:

Première salle

PREMIÈRE SALLE:

Nous nous retrouvons en tête-à-tête avec les répliques originales des oeuvres millénaires ornant les grottes et abris sous roche d’Afrique du Sud, du Tchad, de Papouasie-Nouvelle Guinée…
Plongé.es dans la pénombre, nous sommes happé.es par d’immenses papiers peints de formes abstraites, géométriques ou oniriques, représentant des humains, des animaux ou des végétaux dans des compositions harmonieuses aux couleurs flamboyantes.
C’est à la fois troublant, émouvant, saisissant !

« Grands éléphants, animaux et hommes peints ».
Relevé de J. Lutz au Zimbabwe en 1929
© Institut Frobenius, Francfort-sur-le Main »
Zoom sur une partie du tableau – les personnages

SECONDE SALLE: LA FABRIQUE DES RELEVÈS:

Ces relevés ont été réalisés dès le début du XXe siècle lors d’expéditions internationales dont celles de l’allemand Léo Frobenius (1873-1938), celles du français Henri Breuil (1877-1961), celles de Gérard Bailloud (1919-2010) et de Henri Lhote (1903-1991). Ces derniers ont ainsi contribué aux débuts de l’étude de la Préhistoire à l’échelle mondiale.

  • Léo Frobenius :
Portrait de Leo Frobenius par son frère ainé, Hermann Frobenius, en 1924.
© Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main

L’ethnologue allemand passionné d’Afrique, Léo Frobenius, a parcouru le monde accompagné d’équipes d’artistes, essentiellement féminines, toutes diplômées d’écoles d’art.
La plupart des sites étant difficiles d’accès, ces femmes « ont dû trouver des moyens de copier dans des conditions pas idéales, dans des climats souvent secs où les peintures séchaient très vite« , (Egidia Souto, maître de conférence en histoire de l’art de l’Afrique à l’Université Sorbonne Nouvelle et commissaire de l’exposition)

.

Photos d’expéditions:

Relevé 2 girafes et 1 éléphant
  • L’Abbé Henri Breuil (connu pour avoir mis à jour la grotte de Lascaux):
    Ordonné prêtre en 1900, il demande à ne pas être rattaché à une paroisse afin de pouvoir se consacrer à la science. Surnommé le « Pape de la Préhistoire », il fut un pionnier en la matière.
    Dès 1901, il réalise des relevés de deux grottes ornées majeures en Dordogne, celles de Combarelles et Font-de-Gaume, qu’il publie.
    Dès lors, il découvre des sites similaires à travers la France, participe à l’étude de nombreux autres sites dans le monde et fonde la base de cette science de la Préhistoire, ce qui fait de lui un spécialiste international de l’art pariétal. Il a passé des centaines de journée sous terre à réaliser des milliers de relevés. L’exposition en présente dix qui n’étaient jamais encore sortis des collections.
« Très sollicité, H. Breuil réalise lui-même une partie des relevés par calque direct, sur site, puis emporte avec lui un certain nombre de notes afin de poursuivre son travail plus tard. Mû par un souci d’exactitude,
il a pour principal objectif la publication scientifique.»
Relevés d’Henri Breuil.
« Le petit cheval rouge »
  • Henri Lhote :
    Autodidacte né avec le XXe siècle, Henri Lhote est l’explorateur à qui l’on doit les fascinantes images du Sahara vert de l’époque Néolithique, peuplé de girafes, d’éléphants, d’humains chassant ou conduisant des troupeaux. Elles témoignent des débuts de l’élevage et d’un climat radicalement différent de celui que connaît aujourd’hui l’Afrique du Nord. Plus d’un millier des relevés d’Henri Lhote sont conservés au Musée de l’Homme.

Les relevés d’Henri Lhote figurent parmi les trésors des collections du Musée de l’Homme. Certains d’entre eux y sont exposés en rotation, c’est-à-dire sur de courtes durées pour optimiser leur conservation. L’exposition donne l’occasion rare d’en admirer une douzaine, et de comprendre le contexte de leur création.

Ce tableau qui représente un être hybride étonnant, démesuré par rapport aux personnages et animaux qui l’entourent, affublé de cornes et levant les bras ,a été restauré pour l’occasion au Musée de l’Homme durant l’été 2023.

Gérard Bailloud,  préhistorien discret :

Gérard Bailloud

Albert Hahn:

TROISIÈME SALLE ET DERNIÈRE SALLE:

Dans un troisième temps, le parcours s’intéresse à la présentation des relevés, dans les musées, dans de grandes expositions, comme à Paris en 1930, au MoMA à New York en 1937…
Ces relevés inspireront de grands artistes tels que Klee, Pollock, Arp et Lam, dont des œuvres sont présentées en regard.


« Les boeufs à points » Pierre Colombel. Gouache sur papier. (c) Musée de l’Homme. Collection Lhote

La dernière salle nous fait découvrir quelles méthodes sont employées aujourd’hui pour décrypter les figures rupestres et en conserver toutes les informations.
Aujourd’hui encore, l’œil et la main restent les premiers outils des archéologues, qui réalisent des croquis de lecture… Avant de s’appuyer sur de la photographie 3D, des techniques (et des spécialités) de plus en plus élaborées.
Ces anciens « tableaux » scientifiques, œuvres longtemps mises de côté, sortent de plus en plus des placards dans lesquelles elles ont été placées, notamment, ceux de l’Institut Frobenius pour la recherche en anthropologie culturelle de Francfort-sur-le-Main (Allemagne).

Pour prolonger la visite:

https://www.parismatch.com/culture/art/prehistomania-plongee-dans-la-prehistoire-les-grandes-expeditions-1er-episode-232220

https://www.parismatch.com/culture/art/prehistomania-plongee-dans-la-prehistoire-ils-remontent-le-temps-de-notre-histoire-2eme-episode-232467

https://www.parismatch.com/culture/art/prehistomania-plongee-dans-la-prehistoire-les-tresors-de-la-prehistoire-3eme-episode-232701

RÉDACTION ET PHOTOS: KADIA RACHEDI

« Préhistomania » se trouve au Musée de l’Homme,
17 place du Trocadéro à Paris.

Tous les jours, sauf les mardis de 11h à 19 h.

COSQUER MÉDITERRANÉE

Restitution de la grotte Cosquer. Photo: (c) Grotte Cosquer

UNE PLONGÉE SAISISSANTE

« Découverte en 1985 dans les calanques de Marseille, par un plongeur nommé Henri Cosquer, la Grotte ornée qui porte son nom est une rareté archéologique. Pour la première fois, une Grotte de ce type était retrouvée à l’est du Rhône.(…)
Mais l’étude de cet ensemble exceptionnel, riche de plus de 500 entités d’art pariétal, est particulièrement difficile : le site est quasi inaccessible, l’accès situé à 37 mètres sous la mer étant réservé à des plongeurs expérimentés ; par ailleurs, en raison de la montée des eaux, l’engloutissement de la Grotte est inéluctable, à plus ou moins long terme.
L’originalité de cette situation, la richesse et la diversité des gravures et peintures, la durée d’occupation du site au Paléolithique supérieur et la menace d’effacement des œuvres pariétales contribuent à faire de la Grotte Cosquer un lieu de portée et d’intérêt universels dont la préservation et l’étude relèvent de l’urgence.
Seul un sauvetage virtuel est possible. Il est en cours. À partir de la réalisation d’un modèle 3D, la restitution de la Grotte permettra de donner accès à ce patrimoine. »

Extrait du Dossier de Presse. 2022.

Inaugurée en Juin 2022, la Grotte Cosquer est une expérience à couper le souffle!
De l’accueil au Rez de Chaussée, vous commencez par descendre en ascenseur pour vous retrouver dans ce que l’on pourrait appeler une base de lancement: là plusieurs wagonnets s’arrêtent en file indienne pour y faire monter les visiteurs par groupe de six personnes, équipées d’audioguide…

Les wagonnets de visite.. Photo: (c) Grotte Cosquer

Les wagons déambulent alors dans la grotte reconstituée, accompagnés du commentaire simple et passionnant diffusé dans vos oreilles.
À certains moments, des traits lumineux soulignent telles ou telle partie des parois pour nous faire découvrir des peintures ou des dessins… Parfois, le wagon tourne sur lui-même pour vous permettre d’admirer la vue sur un ensemble peint, ou une enfilade de stalactiques et de stalagmites.

On voit beaucoup de chevaux, de mains, des phoques et trois très étonnants pingouins,seuls retrouvés dans des grottes ornées… Leur rareté en fera l’emblème de la grotte Cosquer!

UN PATRIMOINE UNIQUE MENACÉ DE DISPARITION

De 1985 à 2022, de la découverte de la Grotte à sa restitution, 30 ans d’investigations, dans des conditions très difficiles, ont révélé un patrimoine exceptionnel, aujourd’hui menacé et virtuellement en cours de sauvetage.
En 1985, un plongeur professionnel, Henri Cosquer, découvre à 37 m sous l’eau, l’entrée d’une galerie. Après plusieurs tentatives, il remonte un siphon immergé sur plus de 116 m, en faisant attention de ne pas soulever la vase accumulée sur la paroi. Parvenu sur la plage d’une caverne, il ose retirer son détenteur. « J’y suis allé plusieurs fois jusqu’au jour où je suis tombé sur une main… Au départ, j’ai cru à des tags, mais sur la pellicule sont apparues six autres mains », raconte-t-il à France Bleu en septembre 2020.
Six ans plus tard le site est révélé. Dans les milieux des plongeurs la nouvelle circule, il y aurait une Grotte ornée du côté du Cap Morgiou. Des plongeurs s’y risquent, mais la noyade de trois d’entre eux, le 1er septembre 1991, contribue à précipiter la révélation de l’existence de la Grotte.
Le 3 septembre, Henri Cosquer déclare sa découverte aux autorités maritimes. Le site est sécurisé et interdit aux plongeurs non-accrédités par le Ministère de la Culture.
Une première expertise de la Grotte est menée à la demande du ministère de la Culture dès septembre 1991. Elle est conduite par le préhistorien Jean Courtin, rejoint par Jean Clottes, et révèle l’existence de peintures et gravures. À partir de prélèvements de charbon de bois, il établit une première datation. Il s’agit bien d’un site paléolithique.
Le 2 septembre 1992, la Grotte est classée au titre des monuments historiques.
La Grotte est située dans la calanque de la Triperie, au Cap Morgiou, près de Cassis, dans une zone qui a été bousculée par des phénomènes sismiques et tectoniques.
On y accède par une galerie remontante de 116 m de long, qui aboutit sur une zone émergée appelée la plage. La topographie de la Grotte est complexe. Elle est constituée de deux grandes salles communiquant par d’étroits passages, de nombreux diverticules sont difficiles d’accès, un grand puits noyé de 24 m de profondeur occupe le fond de la deuxième salle. Les concrétions : stalagmitiques et stalactiques sont nombreuses. Les 4/5e des parois de la Grotte sont sous l’eau. Comme toutes les zones non inondées sont couvertes de gravures, de tracés digitaux et de dessins, on peut imaginer qu’il en était de même dans la majorité des zones aujourd’hui submergées.

Les photos de la restitution ont été aimablement prêtées
par le service communication de la Grotte Cosquer Méditerranée.

LE PARCOURS D’INTERPRÉTATION ET LE BESTIAIRE

Une fois remontés de la restitution de la Grotte Cosquer, vous reprendrez votre souffle en visionnant un film sur la découverte de la grotte et en regardant une petite exposition sur les différentes étapes de cette restitution.
Enfin, vous monterez au 3° étage à la Galerie Méditerranée pour admirer la vue sur la rade de Marseille, suivre un parcours d’interprétation de la préhistoire avec un bestiaire incroyable et ludique, et un travail pédagogique sur la montée des eaux…

Chantier de restitution de la Grotte Cosquer
Cartes et coupes annotées.
La rade de Marseille, vue du 3° étage…
Les conséquences de la montée des eaux…
En 2018….
En 2020.
PODCAST….
Sophie SPAGNOLO.
Responsable de la Communication à Cosquer Méditerranée

La Grotte COSQUER MÉDITERRANÉE est ouverte tous les jours.
Réservation d’un créneau horaire indispensable

Esplanade du J4 à MARSEILLE, face MUCEM
Parking payant sur place

LUMIÈRES D’HIVER

Affiche de l’exposition « Mucha, Dali, Warhol » à « La Galerie d’Art » de Prague.

ÉTERNEL MUCHA… DE PARIS À PRAGUE…

Après « De Prague à Paris, Éternel Mucha » immersion dans l’œuvre d’Alfons Mucha (1860-1939) au Grand Palais Immersif à Paris (L’Art d’Être Curieux juin 2023), aujourd’hui c’est à Prague, du Mucha Museum à la cathédrale Saint-Guy en passant par la Maison Municipale que nous vous emmenons.

Mucha Muséum de Prague

Ouvert au public le 13 février 1998, le musée Alfons Mucha (1860-1939) situé dans le palais baroque Kaunitz au centre de Prague, abrite l’unique collection au monde consacrée à la vie et à l’œuvre de cette « figure internationale » de l’Art Nouveau.
Environ 300 œuvres sont exposées dont un grand nombre de pièces qui proviennent de la collection privée de la famille et présentées pour la première fois au public.
L’exposition, qui se termine par un film documentaire captivant sur la vie et l’œuvre d’Alfons Mucha, nous dévoile des photographies de l’artiste, peintre, affichiste, illustrateur et graphiste, de la famille et des amis de Mucha.

Alfons MUCHA
Mucha, sa femme et ses deux enfants
Photos d’A.Mucha: famille et amis

Mucha était un humaniste, ardent défenseur de l’émancipation des peuples, membre de la franc-maçonnerie, patriote tchèque convaincu.

Artiste de renommée internationale, Alfons Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900.
Sa célébrité lui vient surtout de ses élégantes affiches d’un style très affirmé, emblématique de l’Art Nouveau.
Il a suffi d’une seule affiche pour faire de lui l’artiste parisien le plus en vogue de la fin du XIXe siècle. « À Noël 1894 alors que Mucha était en train de corriger des tirages dans l’imprimerie de Lemercier pour faire une faveur à son ami, l’imprimeur fut contacté par Sarah Bernhardt qui lui réclama une nouvelle affiche pour Gismonda à livrer immédiatement. Comme tous les artistes travaillant pour Lemercier étaient en vacances, ce dernier s’adressa à Mucha pour qu’il se charge de la commande, car une demande de la « divine Sarah » était impossible à ignorer. L’affiche créée par Mucha va constituer une rupture esthétique dans cette catégorie d’expression artistique ».
Enchantée par cette affiche, Sarah Bernhardt propose aussitôt à Mucha un contrat de six ans pour la création de costumes et de décors de scène ainsi que d’affiches.
A la même époque, Mucha signe un contrat exclusif pour la création d’affiches publicitaires et décoratives avec l’imprimeur.

Affiche de Mucha pour « Gismonda »/ épreuve d’essai.

Les deux originaux d’épreuves d’essai pour l’affiche de « Gismonda » présentent plusieurs aspects intéressants. Il a été supposé que cette affiche, trop haute pour correspondre à la taille habituelle d’une pierre lithographique, ait été imprimée sur deux plateaux.

« Les heures du jour »


Après avoir passé plusieurs années à Paris, aux États-Unis et dans les Balkans, Alfons Mucha revient à Prague où il passera les 30 dernières années de sa vie.
Il réalise alors un ensemble peint monumental sur l’histoire des peuples slaves, l’Épopée slave,
20 tableaux de 8 mètres sur 6 chacun, sur lesquels il travaille de 1911 à 1928.
En mettant en scène des comédien.ne.s, il construit des tableaux vivants qui lui serviront de modèles pour la réalisation de ses toiles.

Photos préparatoires pour « l’épopée slave ».
Préparation dans l’atelier

Répétitions
Esquisse
Répétitions
Esquisse « l’épopée slave »
Apothéose « épopée slave »

En 1928, Alfons Mucha qui voyait dans l’Épopée slave sa principale œuvre et son testament artistique fait don de ses toiles allégoriques à la ville de Prague.
Dans son testament, il stipule que son Épopée slave, devait être exposée à Prague, à condition que la ville érige un bâtiment spécial pour l’héberger.

Ce n’est qu’en 2018 que le souhait de l’artiste sera exaucé avec l’installation de l’Épopée slave au Musée lapidaire, un bâtiment construit en 1891 également dans le style Art Nouveau, mouvement artistique et décoratif populaire vers la fin du XIXe et au début du XXe siècles.
Les nouveaux espaces d’exposition hauts de 11,5 mètres sont intégrés dans le bâtiment déjà existant de l’ancien Musée lapidaire au Parc des Expositions de Prague.

Le musée Lapidaire. Prague.

Dans les années 1930, la République Tchèque subit l’influence de la montée du nazisme en Allemagne et cette réalisation magistrale fait polémique. Mucha est alors considéré par les nazis comme un artiste décadent, aux tendances franc-maçonnes. Il est arrêté par la Gestapo dès l’entrée des troupes allemandes à Prague, en 1939, et emprisonné.
Alfons Mucha qui croyait en « l’union des forces de la Raison et de l’Amour« , meurt d’une pneumonie le 14 juillet 1939, peu de temps après sa libération.
Après le Musée Mucha, poursuivons la visite en nous rendant à La Maison Municipale, œuvre d’art totalement de style Art Nouveau, associant l’architecture et la décoration intérieure, majestueuse, en un ensemble indissociable.

Façade de la Maison Municipale. Prague
The Municipal House (Obecní Dum) Ceiling by Alphonse Mucha, Prague

Il reste encore une surprise à découvrir…
C’est dans la Cathédrale Saint-Guy cachée dans la cour du Château de Prague que nous la trouvons: 

Cathédrale St Guy. Prague
Fronton de la cathédrale St Guy. Prague
Vitraux….
d’Alfons…
MUCHA
« La Galerie d’Art à Prague« , exposition Dali, Mucha et Warhol.

CET ARTICLE ET LES PHOTOS ONT ÉTÉ RÉALISÉS
PAR NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À PRAGUE:
KADIA RACHEDI

UNE FEMME BRILLANTE

Après l’éclat des œuvres de Mucha, nous allons vous faire partager un moment lumineux et sympathique en écoutant Magali TEISSEIRE, responsable du département Joaillerie chez Sotheby’s France*
Interview réalisée pour la série «femmes brillantes» du blog «Il était une fois le bijou».

(*Sotheby’s est l’une des quatre maisons de vente aux enchères de luxe les plus anciennes au monde…)

Magali Teisseire …
… En plein travail

ANIMATIONS DE FIN D’ANNÉE:

  • À l’occasion de l’évènement national « Contes et Histoires 2023 »  de nombreux musées nationaux vous attendent du 16/12 au 07/01 avec des animations pour tous les âges.
    Programmes sur: https://www.monuments-nationaux.fr/grand-evenement-multi-site/9883186
  • Sur l’exposition «Préhistomania» (dont nous parlerons en Janvier...) le Musée de l’Homme à Paris propose des visites guidées et des ateliers. Les visiteurs de tous âges sont invités à se plonger dans les merveilles de l’art rupestre.
  • La Cité de l’Architecture à Paris met en place plusieurs activités : maquettes, jeux de construction..
  • Narbo Via à Narbonne : visites découvertes sur les sites.
  • Sur l’exposition «Félins» à Paris : atelier-jeu immersif et collaboratif dédiés aux félins moins connus .
  • Au musée de Millau en Aveyron : visites décalées en chanson, création en terre d’une forêt peuplée d’animaux et participez aux Saturnales (Fêtes de fin d’année à la romaine) mumig.fr
  • « Un Noël aux musées » à Perpignan (66) : En décembre, les musées municipaux sont le théâtre d’animations et activités jeune public avec des visites flash et des ateliers d’arts plastiques…

Et puis… Si vous êtes en Provence,
ne ratez pas « TINTIN » les mercredis et samedis après-midi
aux Carrières de Lumière (Baux de Provence) …
Un moment jubilatoire ponctué de musiques des Beatles… 🙂