C’est à la « Drawing House« , qui – comme son nom ne l’indique pas – est un hôtel, que vous pourrez découvrir le travail d’une artiste étonnante et méconnue du « grand public ». Née à Strasbourg en 1928, elle mourra à Paris en 1995 à l’âge de 63 ans. Anna est danseuse à l’Opéra de Strasbourg puis dans les « Ballets d’Amérique latines » avant d’explorer les possibilités créatrices que lui offre la sculpture.
Par hasard, elle rencontre le sculpteur Zadkine, qui l’encouragea à trouver un atelier pour pouvoir travailler. Mais où ? Et comment le payer? Elle va alors faire quelque chose d’incroyable: s’installer sur les berges de la Seine, au Viaduc d’Auteuil, dont elle récupère les énormes blocs de pierre qu’elle sculptera sur place, dehors, malgré le vent ou la pluie! Cette audace lui vaudra quelques articles de Presse qui la sortent alors de l’anonymat…
Anna Waisman explorera tour à tour le graphisme, la peinture puis ce que l’ordinateur peut lui permettre d’exprimer.
Cette petite exposition (on regrette de n’en voir pas plus!) donne réellement envie de mieux connaître le travail foisonnant d’Anna Waisman, et on peut regretter la maladresse de l’éclairage qui « projette » des barres lumineuses à travers les oeuvres graphiques et une installation vidéo qui massacre le film sur sa vie 🙁 Heureusement, Sibylle Blumenfeld, sa belle-fille, était présente lors de notre visite et a eu la gentillesse de nous autoriser à diffuser ce film:
Sans hésiter, prenez le temps cette semaine de rencontrer ANNA WAISMAN à l’hôtel Drawing House 21 rue Vercingétorix Métro Gaité
Artistes humanistes et engagés, Plantu et Reza ne cessent d’appeler à la fraternité et au dialogue.
Quel autre musée que le Musée de l’Homme à Paris pour accueillir jusqu’au 31 décembre une exposition engagée dans laquelle deux témoins essentiels des grands bouleversements de ces dernières décennies font dialoguer leurs pratiques et leurs visions du monde avec le désir commun de préserver leur liberté de parole et leur liberté d’informer en dépit des menaces. Les œuvres croisées des deux journalistes sont réparties en cinq sections : Documenter les conflits, Dénoncer les inégalités, Suivre les migrations, Mettre l’environnement au premier plan, Défendre la liberté d’expression. On le voit, ce ne sont pas des sujets faciles, et ils sont toujours d’actualité quelques quarante ans après leurs premiers travaux. Tous les sujets sont agrémentés de commentaires de Reza et Plantu sur leurs œuvres respectives, ce qui aide à mieux comprendre ce qui les rapproche. Une exposition brillante, aidant à notre propre réflexion sur les sujets abordés.
Plantu et Reza
L’un, Reza, photographie le monde. Il a connu la torture, l’enfermement et l’exil : En 1974, à l’âge de 22 ans, il est emprisonné pour 3 ans et torturé, dans son pays natal, l’Iran, pour avoir affiché, sur les murs, des photographies dénonçant la misère. Il rencontre de grands intellectuels iraniens, eux aussi emprisonnés. Il déclare: « C’était extraordinaire de se trouver si jeune au milieu des plus prestigieux écrivains, philosophes, romanciers et cinéastes du pays « . Il apprend le français et décide de s’engager aux côtés des populations en détresse. Depuis lors, il n’a jamais cessé de couvrir les conflits pour les rendre visibles aux yeux du monde entier, avec les dangers que cela implique. En 1981, il fuit l’Iran et s’exile à Paris.
Les outils..
de Réza.
L’autre, Plantu, dessine. Il a connu les menaces de mort et les attentats. Il est, depuis plusieurs années sous protection policière. Il a illustré quotidiennement l’actualité à la Une du journal « Le Monde » de 1985 à 2021. Il a obtenu le prix du document rare au Festival du scoop et du journalisme d’Angers en 1991 et le prix de l’engagement démocratique à Strasbourg, en 2019. Il a créé la « Fondation Plantu » dont l’objet est d’établir des passerelles entre jeunes « oublié.es de la République » et artistes, sportifs et professionnels de la cuisine.
Les outils de Plantu.
Plantu et Reza se croisent pour la première fois en avril 2011, aux « Rencontres Internationales du Dessin de Presse » au Mémorial de Caen. Naît, à cette occasion, une complicité qui les conduira, en 2020, à projeter leurs travaux sur un même écran, puis à les marier de manière plus intime, dans un véritable entrelacement artistique. Cette création aboutit à une série d’œuvres communes, publiées dans un livre en 2021 chez Gallimard, et présentées dans cette nouvelle exposition. (Extrait du dossier de presse-avril 2023).
« Dans un contexte où couvrir l’actualité est une prise de risque quotidienne pour les journalistes comme pour les artistes, le Musée de l’Homme tenait à mettre en valeur le travail de ces deux grands défenseurs de la liberté d’expression. » « C’est une alliance intellectuelle et artistique singulière que le Musée de l’Homme met à l’honneur : celle d’un photojournaliste et d’un dessinateur de presse qui ont choisi de marier leurs œuvres… Que celles-ci se rejoignent, se complètent ou s’opposent, (qu’elles aient plusieurs décennies d’écart), elles renouvellent l’occasion de prendre conscience des bouleversements climatiques, politiques, économiques et sociaux de notre temps. (Aurélie Clémente-Ruiz. Directrice du Musée de l’Homme).
Plantu et Réza
Reza et Plantu ont couvert la majorité des grands confits de ces dernières décennies, chacun à sa manière. Si le regard du dessinateur implique par nature un recul et une analyse, celui du photographe le projette forcément sur le terrain, au cœur de l’événement. Deux postures différentes, mais une volonté et un but communs : dénoncer les injustices et faire entendre les voix de ceux qui ne peuvent s’exprimer.
Plantu : « Au début, je voulais faire quelque chose d’assez sage, mais Reza m’a dit : « Non, rentre dans mes photos ». On a gesticulé ensemble entre son idée de photographe, et mes croquis. Mais on retrouve les deux propositions graphiques. Même si j’ajoute les couleurs à ses photos, même s’il y a une fusion, je ne touche pas à l’essentiel. Ce travail sur l’image est mis au service de valeurs démocratiques. La démocratie si on s’endort, on sera balayé. Donc il faut toujours être éveillé. D’où l’intérêt de faire des photos, des dessins, de la chanson, des opéras, du rap… » La proposition la plus importante pour nous, c’est l’imagination du visiteur. » « Chacun de nous connait le danger, précise Reza. Nous connaissons l’impact de ce que nous faisons. Ce travail a créé une nouvelle forme d’image qui a plusieurs couches de lecture, surtout pour les jeunes qui sont beaucoup plus habitués à la bande dessinée et à la photographie par les réseaux sociaux. » « J’ai fait le lien entre une photographie et l’une de mes caricatures. Les coïncidences historiques et esthétiques entre nos deux parcours se sont révélées troublantes » déclare Plantu, tandis que Reza a « le sentiment de partager avec Plantu une forme de compréhension du monde ».
Effectivement, on constate des similitudes inattendues dans un grand nombre de situations présentées ici.
La colombe.Plantu
« Blancs et noirs: égalité«
Par exemple, ci-dessus, Reza photographie en 1984 un enfant effaçant un portrait du dictateur Sekou Touré, qui vient de mourir, tandis que Plantu représente en 1990 un blanc juché sur le dos d’un noir pour peindre un dessin exprimant l’égalité entre les blancs et les noirs !
Dans d’autres exemples, à partir d’une photographie de Reza, Plantu dessine sa propre vision du même sujet ou complète celle de Reza.
Chacun.e son arme
Plantu: « On voit cet Afghan avec sa femme et leur bébé. Ils sont quelque part sous la neige dans la montagne ou pas loin de Kaboul. Ils ont une histoire et j’aime bien penser à l’histoire plus globale de tous ces migrants qui arrivent à Paris, que l’on peut voir porte de la Chapelle, sous le métro. Je l’ai mis en dessin. Chacun de ces migrants a son histoire. Reza nous en donne une. Il y a notre regard sur l’arrivée des migrants d’Afghanistan. Puis il y a l’imaginaire qui travaille. »
Parfois, c’est une photo magnifique de Reza d’un enfant avec un peu de terre dans sa main de laquelle sort une petite pousse que Plantu prolonge avec un dessin qui présente le tragique de l’agrobusiness sur les pays en développement.
Quelquefois, au cliché aérien, Plantu répond par un pas de côté humoristique, ou grinçant. Plus loin, ce sont des regards féminins, ou des corps de femme comme celui, splendide et comme en apesanteur, de Sahar Dehghan en train de danser. » Plantu réagit par un conseil d’administration entièrement masculin dont le chef dicte à une secrétaire « Et comme dit le poète : « La femme est l’avenir de l’homme »… Notez Brigitte ! »
Moderniser les outils !
ARTICLE KADIA RACHEDI PHOTOS: KADIA RACHEDIet MUSÉE DE L’HOMME
« PLANTU-REZA REGARD CROISÉS »
au Musée de l’Homme jusqu’au 31 décembre 2023 17 Place du Trocadéro 75016 PARIS
C’est au film « Germaine Richier » écrit par Laurence Durieu et réalisé par Marthe Le More que j’emprunte le titre, tant il vrai que l’exposition présentée par le musée Fabre à Montpellier jusqu’au 5 novembre éclabousse les visiteurs de sa passion!
Salle de projection du film « Germaine Richier » (Quark Production, coproduit avec le Centre Georges Pompidou)
Michel HILAIRE, directeur du Musée FABRE à Montpellier présente l’exposition :
« Élevée à Castelnau-le-Lez, aux portes de Montpellier, issue d’une famille de minotiers et de viticulteurs, Germaine Richier est marquée dès le plus jeune âge par la nature sauvage et indisciplinée qui entoure son enfance, et les paysages arides de la garrigue. Languedocienne par sa mère et Provençale par son père, Richier grandit dans une propriété aux bords du Lez, dotée de grands platanes, dont elle regarde l’écorce noueuse, où grouille également une faune d’insectes qui nourrira ultérieurement sa pratique artistique. (…) Entre 1921 et 1926, Richier se forme à l’École des beaux-arts de Montpellier, alors située dans le même édifice que le musée Fabre dont les salles sont mitoyennes. Elle étudie auprès du sculpteur Louis-Jacques Guigues, ancien élève d’Auguste Rodin, et directeur de l’école. Installée à Paris à partir de l’année 1926, où elle se forme auprès d’Antoine Bourdelle, Richier n’aura en effet de cesse de s’inspirer de sa Provence natale où elle se rend régulièrement. (…) Dès les années 1930, elle est sollicitée pour orner le pavillon Languedoc Méditerranéen lors de l’exposition universelle de Paris en 1937, autour du thème de l’influence de la mer. Elle réalise à cette occasion une allégorie de la Méditerranée, incarnée par une femme nue qui porte la coiffe de l’Arlésienne. (…) Le bestiaire de Germaine Richier n’aura en outre de cesse de puiser ses sources dans la faune méridionale, qu’il s’agisse de La Sauterelle, La Cigale, mais également La Mante, insecte qu’elle découvre durant sa jeunesse montpelliéraine. D’un point de vue matériel, Richier travaille par ailleurs à l’incorporation d’éléments naturels dans le plâtre au moment du modelage, des essences de bois flotté et de branchages, envoyés par sa famille depuis les côtes méditerranéennes. » Extrait de la présentation de Maud Marron-Wojewodzki, conservatrice du patrimoine et commissaire de l’exposition)
« La mante religieuse » vers 1946
À travers cette remarquable rétrospective de 200 oeuvres, réalisée en collaboration avec le Centre Pompidou, nous allons faire la connaissance d’une artiste vibrante, peu connue du grand public, et qui fut la première femme exposée de son vivant au musée National d’Art Moderne en 1956…
Elle a créé un univers peuplé de personnages étranges, parfois brutaux, qui nous attrapent pour nous immerger dans son imaginaire et le contraste est saisissant entre le visage doux et lumineux de l’artiste et ses créatures!
Germaine Richier
« Plomb avec verre de couleur fixé sur équerre N° 64 ». 1959
Le parcours de l’exposition nous emmène rencontrer Germaine Richier autour de plusieurs thématiques qui illustrent la richesse de son oeuvre et les différentes traversées de son inspiration: sculptures d’après modèles vivants, puis son évolution vers des représentations plus abruptes et plus violentes pendant les années de guerre et son exil, les « hybridations », sortes de personnages mi-humains, mi animaux ou végétaux, les mythes et symboles comme le fameux Christ qui fit scandale, les « sculptures à fil » et, enfin, des expérimentations autour des matériaux et de l’abstraction.
Même s’il est difficile de classer Germaine Richier, elle me fait un peu penser à Giacometti par l’aspect filiforme de certaines oeuvres et la force brute qui s’en dégage.
« L’échiquier grand » Plâtre original peint. 1959
« La sauterelle, grande » 1955-1956
« La chauve-souris » 1946
« Méditerranée » 1937
« Composition n° 8 » 1958
« L’ombre de l’ouragane » 1956
« La vrille » 1956
LE « SCANDALE » DU CHRIST D’ASSY
Son rapport aux mythes et aux symboles s’exprimera pleinement dans la commande publique en 1950 d’un Christ pour l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce à Assy. Ce Christ longiligne, au visage gommé et le corps blessé, suscite la colère et l’indignation de groupes catholiques traditionalistes et déclenche « la querelle de l’art sacré ». Retiré du maître-hôtel en 1951, il n’y sera replacé que dix ans après la mort de Richier, en 1969.
« Notre époque, au fond, est pleine de griffes. Les gens sont hérissés comme après les guerres. Pour moi, dans les œuvres violentes, il y a autant de sensibilité que dans les œuvres poétiques. Il peut y avoirautant de sagesse dans la violence que dans la douceur. » Germaine Richier
C’est curieux de se rappeler qu’en 1994, Pierre Soulages fit scandale en présentant ses vitraux de l’abbaye de Conques…
15
« Le christ d’Assy » 1950
No coment !
À MONTPELLIER BIENTÔT…
La Ville de Montpellier annonce qu’elle va installer un nouveau tirage d’une oeuvre de la sculptrice Germaine Richier, La Spirale. Cette oeuvre prendra place en 2025 sur l’esplanade Charles-de-Gaulle, en Centre Ville de Montpellier, transformée et végétalisée dans le cadre de son réaménagement urbain. Pour concrétiser ce projet, et depuis le lancement de l’exposition, le musée Fabre propose aux entreprises comme aux particuliers de participer à l’acquisition de cette nouvelle oeuvre bientôt accessible et visible de tous, sous forme de souscription publique, d’un partenariat ou sous la forme d’un mécénat personnalisé.
AUTOUR DE L’EXPOSITION
Plusieurs rendez-vous vous sont présentés autour de l’exposition: visite poétique, sortie atelier fonte et bronze, spectacle de danse, conférences etc.
Dans l’exposition même vous pourrez donc voir le film « Germaine Richier », et un salon vous propose l’écoute d’une dizaine de lettres écrites par l’artiste à sa famille, à certains de ses élèves, à son mari Otto Bänninger… Passionnant et émouvant partage de son regard sur l’Art !
Exposition au Musée National des Arts asiatiques-Guimet à Paris, jusqu’au 18 septembre 2023
Musée Guimetà Paris
Des oeuvres d’art que l’on regarde comme des objets… Et réciproquement.
« Conçue comme une expérience originale, un voyage introspectif entre corps et surnaturel, Médecines d’Asie est la première exposition majeure consacrée en France aux trois grandes traditions médicales asiatiques : indienne, chinoise et tibétaine. À travers un parcours scénographique par-delà les frontières et le temps, l’exposition transporte le visiteur dans un univers où se rencontrent pratiques médicales millénaires et œuvres d’art exceptionnelles, évoquant la méditation et le chamanisme, l’équilibre des énergies et la pharmacopée, le massage et l’acupuncture, l’astrologieet l’exorcisme. L’exposition propose une plongée à travers quatre grands thèmes, dans un saisissant face à face avec 300 œuvres pour la plupart montrées pour la première fois, émanant des collections nationales françaises et de grandes institutions patrimoniales européennes. » (Dossier de presse)
Yannick LINTZ. Présidente du Musée GUIMET.
Madame Lintz présente l’exposition.
Pour la visite, c’est à l’entresol qu’il faut se rendre… Quelques marches à descendre et nous quittons la lumière du jour du hall d’accueil pour nous retrouver dans une lumière tamisée, une sorte de pénombre qui engage à baisser le ton, à se déplacer silencieusement pour passer de salle en salle, attiré·es par les éclairages des vitrines pour y découvrir les œuvres exposées selon une scénographie « par de-là les frontières et le temps » mêlant œuvres d’art exceptionnelles, pratiques médicales millénaires, spiritualité, dialogue entre médecines occidentale et orientale…
Aurélie SAMUEL Conservatrice du Patrimoine. Musée GUIMET
Aurélie Samuel présente le parcours scénographique de l’exposition.
Le parcours scénographique nous entraîne de la Chine à l’Inde en passant par le Tibet, à la découverte des croyances et des traditions de ces trois grands pays. Entre sciences et croyances, l’exposition présente ces traditions anciennes, qui peuvent encore perdurer aujourd’hui. Chaque objet est porteur d’histoires incroyables, souvent méconnues en France. Au cours de cette exposition… – On explore ces traditions médicinales sous leur aspect historique et mythologique. Des sculptures aux dorures extraordinaires racontent l’histoire des dieux guérisseurs,
Le general Wen Qiong 17° siècle et Zwenwu, le Dieu du Nord
Paldem Lahmo, déesse du boudhisme tantrique . 19° siècle
Masques chamaniques.
On découvre les systèmes de diagnostics et de soins, massage ou de pharmacopée qui sont utilisées pour soigner le corps
Armoire à pharmacie
Flacons et boîtes à médicaments
Matériel médical
« Le maître des remèdes » Japon 19° siècle
On découvre aussi comment les pratiques d’acupuncture, d’astrologie, de chamanisme, d’exorcisme, sont utilisées pour soigner le corps et l’esprit
Mannequins d’acupuncture.Chine 18° siècle
Croquis pour formation d’acupuncture
Manuscrit Vietnam 19°/20° siècle
Traité de moxibustion . Chine 10° siècle (la moxibustion consiste à réchauffer les points d’acupuncture)
Manuel d’astrologie 18°/19° siècle Cambodge
Chemise talismanique 15°/16° siècle Inde du Nord
On admire les vêtements qui protègent particulièrement les enfants : d’anciens vêtements témoignent des croyances et des protections spéciales dont bénéficiaient les enfants
Coiffes pour enfants à décors de chiens et de tigres et chaussures à têtes de tigres. Chine 19°/20° siècle
On écoute le dialogue entre médecines occidentales et orientales… L’exposition « Médecines d’Asie, l’art de l’équilibre » évoque aussi le contexte historique des pratiques plus populaires, comme la méditation, le yoga… Des disciplines qui ont traversé les siècles et les continents, très en vogue et de plus en plus pratiquées en Occident.
Postures Yoga. Inde vers 1820
Après avoir pris le temps d’admirer chaque œuvre, laissez-vous guider dans l’espace de méditation pour mieux vous imprégner de ces cultures.
Avant de quitter l’exposition « Médecines d’Asie, l’art de l’équilibre » nous vous proposons quelques minutes de méditation 🙂
RÉDACTION ET PHOTOS: KADIA RACHEDI
Le MUSÉE NATIONAL DES ARTS ASIATIQUES-MUSÉE GUIMET se trouve
6 Place d’Iéna à PARIS 16° Arrondissement
Il est ouvert de 10h à 18h tous les jours sauf le mardi.
C’est à Toulouse, dans une ruelle du quartier des Carmes, que LE MUSÉE DES ARTS PRÉCIEUX, abrite depuis 1944 la collection hétéroclite de Paul Dupuy, qui donne son nom au musée. Ce riche négociant fit fortune à la fin du XIXe siècle en vendant des cornichons et des cerises au Royaume-Uni et à la Russie. Très vite, la collection fut complétée par l’important fonds d’arts graphiques de la Ville, puis en 1954, par la collection d’horlogerie d’Édouard Gellis.
Après trois ans de travaux, ce drôle de musée a ré-ouvert ses portes en Novembre dernier, et une mise en espace très travaillée va permettre au public de découvrir les quatre espaces du Musée.
Le rez de chaussée
Au rez-de-chausséeet une partie du sous-sol, le Cabinet de préciosité est divisé en quatre espaces : « Le salon de faïence », « Précieuse nature », « Enfermer la préciosité » et « Préciosité profane, Préciosité sacrée ». La collection d’arts décoratifs du musée est composée de trésors religieux médiévaux, d’ivoires, de faïences toulousaines et régionales, mais aussi de verreries, du parement d’autel des Cordeliers (XIVe siècle), de la pharmacie des Jésuites du XVIIe siècle, de sculptures sur bois, d’armes…
Préciosités sacrées…
Faîences….
Le sous-sol
Au sous-sol, le fonds du musée dédié aux procédés d’optique du pré-cinéma, rarement exposé, est présenté dans Le Cabinet de projection. Deux salles sont consacrées à ces objets : « Vous avez dit peep-show… » et « Du Pathé de campagne au projecteur urbain ». Une plongée délicieuse et humoristique dans le monde des ancêtres du cinéma nous fait découvrir ces machines à fabriquer du mouvement: zootropes, stéréoscopes, praxinoscopes… Qui font toujours la joie des enfants lors des animations scolaires! Puis des projecteurs de divers formats: 8mm et super 8 et 16mm… Et quelques affiches qui changent suivant les périodes de l’année (Halloween, par exemple, a permis d’exposer des affiches de films d’horreur…)
Chronoprojecteur
Stéréoscopes. Début du 19° siècleZootrope
Appareils de projection et affiches.
Le premier étage
Au 1er étage, la collection d’horlogerie ancienne, fleuron du musée, est présentée dans Le Cabinet du Temps. Horloges et montres de prestige, cadrans solaires et chronomètres racontent l’histoire de la mesure du temps de la Renaissance au XXe siècle, de l’Europe jusqu’au Japon. On y trouve ainsi une très étonnante pendule du magicien Houdin, sans mécanisme apparent, que je vous mets au défi de comprendre !
Horloge mystérieuse de J-E ROBERT-HOUDIN1840
C’est aussi à cet étage que sont exposés des objets liés au « temps public »: heures des gares, des tribunaux, des églises par exemple! Et cette incroyable machine à.. diviser les engrenages… Eh oui! Il en fallait bien!
Machine à diviser les engrenages. Fin 18°/Début 19° siècle
Dans le cadre, une aiguille de l’horloge de St Sernin.
Horloge d’édifice, Paris 1900
Différents outils de visite complètent la scénographie claire et élégante, signée Eric Benqué : vidéos, bornes numériques, projections, application dédiée. Ces dispositifs offrent aux visiteurs une expérience de visite augmentée.
Le dernier étage, enfin, reçoit les expositions temporaires. Jusqu’au 12 novembre 2023, vous pourrez voir cette incroyable exposition: « HAUTE VOLTIGE » Oeuvres en plumes de Maxime Leroy, le plumassier du Moulin Rouge à Paris!
« Dans la coquille escargot »
« Voyage, voyage »
Paul DUPUY
Le musée des Arts Précieux Paul Dupuy se situe 13 rue de la Pleau à Toulouse Il est ouvert du mardi au dimanche 10h à 18h.
« Au moyen de projections immersives, de dispositifs interactifs, ludiques et olfactifs, ainsi que d’une création musicale originale, Le Grand Palais Immersif à Paris, nous invite à (re)découvrir la vision humaniste de Mucha, l’influence permanente de son art, de l’affiche à la peinture monumentale, ainsi que son impact sur la culture contemporaine. L’exposition est organisée en 5 sections réparties dans les différents emplacements des lieux: Mucha : Icônes / 1900 / Utopies Dans une salle modulable au rez-de-chaussée, toute première rencontre avec l’exposition en immersion avec un film projeté sur trois écrans monumentaux disposés en triptyque qui nous aspire littéralement. On regarde, captivé·es par les couleurs et la musique, les trois actes qui traversent la vie et l’œuvre d’Alphonse Mucha, depuis sa naissance en Moravie jusqu’à sa mort en 1939. L’œuvre de Mucha en détail Dans le couloir du rez-de-chaussée des écrans interactifs permettent aux visiteurs et visiteuses de choisir les œuvres du film présent dans la salle modulable afin d’en approfondir sa connaissance. Au bout du couloir, Mucha attend les visiteurs et leur parle en tchèque (voix originale) grâce à un hologramme produit à partir d’un portrait photographique de l’artiste. Un écran tactile permet au public de feuilleter le fac-similé du Pater, ouvrage publié en 1899 qui marque un tournant dans la pensée philosophique de Mucha, créé avant la décoration qu’il développera pour le pavillon de la Bosnie-Herzégovine, et qui est un lien indispensable avec le chef-d’œuvre que sera plus tard l’Épopée slave. Les inspirations de Mucha Dans la salle triangle se déploie une animation 3D réalisée à partir des plus beaux décors de l’artiste, rythmés par l’apparition de quatre personnages des fameuses affiches de Mucha : Gismonda, sa première affiche pour Sarah Bernhardt, Lorenzaccio, également dessinée pour la grande actrice, Rêverie et Automne, deux des plus beaux panneaux décoratifs de l’artiste. Les comédiennes (filmées) sont habillées de véritables costumes réalisés à partir des œuvres de Mucha, comme des incarnations de la beauté magnifiée par l’artiste dans toutes ses créations. L’atelier de Mucha La salle dite « le salon » est dédiée au processus de création développé par l’artiste : esquisses, dessins préparatoires, photographies de villes, de passants, mises en scènes photographiées servant de modèle aux futures œuvres, etc. : tous les outils utilisés par Mucha sont présentés au public dans un jeu de projections enveloppantes, mis en regard des œuvres définitives également projetées. Une ambiance olfactive, inspirée des fragrances propres aux ateliers d’artistes au tournant du siècle, vient surprendre le public et accentuer sa perception sensitive de cette section. L’héritage de Mucha Dédiée à l’héritage de l’artiste, cette dernière section située dans la mezzanine, met en lumière la grande influence des inventions graphiques et de l’œuvre de Mucha sur les graphistes et artistes depuis la fin des années 60. Au travers d’une sélection d’œuvres des années 70 (le mouvement « Flower Power » : pochettes de disques, affiches de concerts etc.), de mangas, de street art, de comics, d’œuvres contemporaines et même de tatouages, le visiteur découvre cette influence. » (Extraits du Dossier de Presse)
EXTRAIT DE LA CRÉATION ORIGINALE DE BENOIT DE VILLENEUVE ET BENJAMIN MORANDO STUDIO DE RADIO FRANCE
ALPHONSE MUCHA, maître de l’affiche à Paris, est né dans un petit village dans le sud de la Moravie. Après avoir étudié aux Beaux-Arts de Munich, il arrive à Paris en 1887 pour poursuivre ses études au sein de l’Académie Colarossi et de l’Académie Julian. Dans la capitale, où la création est stimulée par l’exposition universelle de 1889, il travaille comme graphiste, crée des affiches publicitaires et illustre des catalogues, des calendriers et des livres. Il se fait embaucher par la première grande maison d’édition parisienne, Armand Colin. En 1894, la tragédienne Sarah Bernhardt commande de toute urgence une affiche pour sa nouvelle pièce, « Gismonda » jouée au théâtre de la Renaissance qu’elle dirige. Par un hasard de circonstances, c’est Mucha qui compose l’affiche. Séduite par son style sophistiqué, elle embauche l’artiste pour six ans. Les affiches valent à Mucha une notoriété certaine. Elles deviennent rapidement des objets de collection et font connaître son style délié, où les courbes féminines répondent aux motifs floraux.
« Les saisons »
Alphonse MUCHA pionnier de la publicité Par son travail d’affichiste, Alphonse Mucha est considéré comme l’un des pionniers de la publicité. Il imagine aussi, dès 1896, une affiche publicitaire pour la marque de papier à cigarette JOB. Cette affiche représentant une femme blonde en train de fumer est l’une des plus célèbres de l’auteur et il n’en existe pas moins de cinq variantes.
Alphonse Mucha et l’exposition universelle de 1900 Le gouvernement autrichien lui confie la décoration du pavillon de Bosnie Herzégovine au sein de l’Exposition universelle de 1900. L’artiste en fera un manifeste des aspirations slaves. Mucha loue un hangar, il fait défiler des modèles qu’il photographie pour ensuite les intégrer dans d’immenses fresques qui relatent les temps préhistoriques, l’arrivée des Slaves, la coexistence des religions, les légendes. Ces décors préfigurent le cycle monumental de l’Épopée slave. « Au seuil de ce nouveau siècle, je pensais désormais avec assiduité, à la façon dont je pouvais être utile à mon peuple ».
Fresque du Pavillon Bosnie Herzegovine.
Modèle.
Modèles…
Modèles.
Les « femmes Mucha » Dans cette salle, les «femmes Mucha» incarnées par des comédiennes vêtues de costumes réalisés à partir des œuvres de Mucha, prennent vie en descendant l’escalier devant nous, comme « Gismonda » et « Lorenzaccio« , personnages joués par Sarah Bernhard. Les décors animés permettent de découvrir toute une gamme de motifs inspirés des différents styles et cultures dans lesquels Mucha puisait : mondes celtiques, égyptiens, grecs, islamiques… L’artisanat populaire d’Europe de l’Est, la mosaïque byzantine, les décors baroques et les estampes japonaises s’invitent aussi dans la ronde.
« Gismonda »
« Lorenzaccio »
« Rêveries »…
L’épopée slave En 1910 Alphonse Mucha rentre définitivement à Prague. L’autre vie d’Alphonse Mucha commence… Elle va durer trente ans! Mucha réalise alors un ensemble peint monumental, « l’Epopée slave » : 20 tableaux de 8 mètres sur 6 chacun. Pour financer ce programme, il part six fois aux États-Unis, entre 1904 et 1910, enseigner, vendre, chercher et trouver un mécène. Cette œuvre grandiose fait polémique dans les années 1930, la République Tchèque subissant l’influence de la montée du nazisme en Allemagne. Mucha est alors considéré par les nazis comme un artiste décadent, aux tendances judéophiles et franc-maçonnes.
C’est aussi cette fervente adhésion à l’émancipation des peuples qui lui vaut d’être arrêté par la Gestapo dès l’entrée des troupes allemandes à Prague, en 1939. Brisé par son incarcération, celui qui croyait en l’union des forces de la Raison et de l’Amour, meurt quelques mois plus tard.
« L’Épopée slave… »
« Apothéose…
… Épopée slave »
Après (ou avant) de vous rendre au « Grand Palais immersif » à Paris, nous vous proposons de visiter trois expositions sur Alphonse Mucha :
Paris, 1980: Rétrospective au Grand Palais:
Paris, 2018 au Musée du Luxembourg:
Prague 2022: « e-MOTION immersive exhibition »:
Article réalisé par Kadia RACHEDI (écriture et photos)
Pratico-pratique Le Grand Palais Immersif se trouve 110 rue de Lyon à Paris (12° arrondissement) M° Bastille Tous les jours… sauf les mardis 🙂 Voir les horaires sur le site du grand palais immersif
« Narbo Via » à Narbonne dans l’Aude et le Musée Régional d’Art Contemporain (MRAC) de Sérignan dans l’Hérault ont réalisé une exposition très particulière que vous pourrez voir jusqu’à la fin de l’année. Iels ont sélectionné une vingtaine oeuvres d’artistes contemporains et les ont mis en résonance avec les oeuvres antiques du musée Narbo Via. Pour être honnête, j’y suis allée très perplexe… Un peu d’appréhension vis à vis de ce que je nommerais un « phénomène de mode », trop souvent vide de sens et de talent… Et bien, je suis repartie enchantée et amusée par cette audacieuse initiative très réussie!
« C’est une véritable rencontre entre deux collections d’œuvres antiques et contemporaines que les visiteurs sont invités à découvrir. Au total, 21 œuvres sont exposées dans l’espace des collections du musée Narbo Via, selon des affinités thématiques ou formelles, basées sur un contenu (le portrait, le voyage en mer, le décor), ou sur une technique (la peinture, la sculpture, la céramique), proposant un nouveau regard sur les vestiges de la cité romaine de Narbo Martius, et interrogeant l’histoire de l’art par la citation, le détournement, la rupture ou encore le second degré. » (…) Depuis l’entrée du musée Narbo Via, en passant par la galerie lapidaire et son mur monumental, puis tout au long du parcours des collections, des peintures, installations, dessins et sculptures dialoguent ainsi avec les vestiges archéologiques, mais également avec le bâtiment du Musée. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de questionner notre rapport à l’histoire et à la création. Au regard de la collection archéologique présentée au public, y a-t-il un continuum et une vision unifiée de la création artistique ? Ce parcours entre art contemporain et art romain témoigne ainsi de la façon dont les artistes d’aujourd’hui s’inspirent d’œuvres anciennes » (Extraits du dossier de présentation.)
Une nouvelle belle rencontre que je vous invite à découvrir à travers des oeuvres parfois moqueuses et parfois émouvantes… Mais toujours très justement installées.
« Mur de céramique » de Nathalie du Pasquier. 2021 Situé en face du mur lapidaire
« Psychic shift in the blue room » de Rosson Crow. 2013
« Muse I » de N.Devereux et W.Almendra. 2018
Série » Psychoarchitectures » de Berdaguer et Péjus .2010
« Automnale n°4 » de G.Ayat. 2003
Le livret de visite en mains, lisez les biographies et les notes d’intention qui vous permettront de mieux apprécier les « dialogues » proposés entre le contemporain et l’antique… Et savourez les clins d’oeil des artistes ou leurs préoccupations ! D’autres oeuvres sont exposées à l’Horreum et à Amphoralis.
Pratico Pratique
« Narbo Via » est ouvert du mardi au dimanche de 10h à 19h 2 avenue André Mècle 11000 Narbonne tel: 0468902890
C’est dans l‘ancien évêché d’Uzès dans le Gard que vous ferez ces belles rencontres! Après des travaux de rénovation colossaux qui ont duré plusieurs années, un étage entier de l’ancien évêché est désormais consacré aux expositions. La première a eu lieu en 2022, autour de « morceaux choisis » de l’Histoire de l’Art du XIX° et XX° siècle: Dufy, Picasso, Renoir, César…
Escalier d’accès aux salles d’exposition
L’exposition présentée jusqu’au 15 octobre fait se rencontrer deux artistes vraiment différents, et pourtant leur juxtaposition apparaît comme une évidence!
« CÉSAR et CHABAUD,
deux artistes en liberté »
Plus de 70 oeuvres – peintures et sculptures – de ces deux artistes nés dans le Sud, se répondent au gré des salles, et si l’on est surpris au premier abord, la mise en espace très étonnante permet un regard croisé vraiment passionnant! Comme par exemple, une sculpture de César représentant une théière rouge, jaune et noire positionnée juste devant le tableau de Chabaud » Carnaval » dans les mêmes tons exactement…
À noter que la Presse n’a eu le droit de photographier que très peu d’oeuvres… Car elles sont la propriété de collectionneurs privés qui redoutent la copie de faussaires à partir d’une photo et l’organisation d’un trafic! En effet, le démantèlement d’un réseau de faussaires, qui a écoulé des centaines de faux César dans des galeries d’art et chez des commissaires-priseurs, a eu lieu en Septembre 2001. Le procès aboutit à la condamnation de marchands, faussaires et intermédiaires accusés d’avoir contrefait des œuvres du sculpteur.Le principal accusé, le faussaire Éric Piedoie le Tiec, déjà condamné pour contrefaçons, écopera de 4 ans de prison. (Source:Wikipédia)
Auguste CHABAUD est né à Nîmes en 1882. Il rentre aux Beaux-Arts pour se consacrer à sa passion qu’est la peinture. En 1899 il s’installe à Paris où il rencontrera des artistes comme Matisse, Derain et surtout Van Dongen qui l’inspirera fortement. Il va exposer au « Salon des Indépendants », là où ces artistes seront appelés « les Fauves » à cause de leurs partis pris de couleurs violentes et contrastées… On dira de lui que « C’est l’un des fauves le moins soucieux d’être dompté! » Il marquera une fascination pour celles que l’on nommait « Les filles de joie » autant que pour les mondaines et ses portraits aux forts à plats rouges et noirs font ressortir leurs traits et par là leurs destinées de femmes de la « Belle-Époque »… Il s’attachera aussi à des figures comme les pompiers, les spahis, les bourgeois en hauts de forme, les défilés de Carnaval ou les conducteurs de fiacre… Tous ces hommes qui peuplent les rues au quotidien.
« Le pompier devant la grande échelle » 1907.1908
« La femme à l’étole de fourrure » 1907.1908
« Le fiacre » 1906
C’est à Marseille qu’est né César Baldaccini, dit « CÉSAR ». Lui aussi suivra les cours des Beaux-Arts à Marseille, et très vite il obtiendra des prix en dessin, en architecture et en gravure. Lui aussi « montera » à Paris pour entrer à l’École Supérieure Nationale des Beaux-Arts… Devant l’impossibilité pour lui de travailler la pierre, en raison de son coût, il se tournera vers d’autres matériauxcomme le plâtre et le fer et s’initie à la soudure à l’arc. Sa visite à Pompeï et la vision des corps saisis dans la lave va être une source d’inspiration importante… Connu pour ses « compressions » de voitures, il l’est moins pour ses sculptures et cette exposition nous permet d’en voir de très belles! Le sculpteur est aussi le créateur du trophée en bronze de la cérémonie du cinéma français, nommée donc: « Cérémonie des Césars ».
« César » d’honneur 1993 décerné au réalisateur Gérard Oury.
« Compressions »
« Le poisson »
« Compression Segafredo »
En guise de conclusion… Comme je m’étonnais qu’il n’y ait qu’un vigile, car les photos étant interdites et que c’est un travail de surveillance colossal, je me suis rapprochée de Karim, le gardien de l’exposition. Et là, j’ai fait la rencontre que tout amateur d’Art rêve de faire! Karim travaille pour une société de surveillance privée et a l’habitude, comme il dit, de surveiller de façon énergique des magasins etc. Avec un grand sourire, il me raconte sa découverte étonnée du milieu de l’Art, du côté très calme du boulot, et de la rencontre avec Chabaud. Il m’emmène vers un tableau de Chabaud: « Les hauts de forme » et me montre malicieusement ce qui l’a bouleversé: la luminescence des bouts incandescents de leurs cigares.
PRATICO-PRATIQUE
Il faut choisir absolument la visite commentée par le commissaire de l’exposition Marc Stammegna (voir les jours sur le site de la Ville d’Uzès) pour faire la connaissance d’un « personnage » dans le sens théâtral du terme: il vous guidera à la rencontre des deux artistes avec beaucoup d’humour et de passion, truffant sa déambulation d’anecdotes et de « focus » historiques. Jamais pédant, et d’une telle Culture que l’Histoire de l’Art devient savoureuse et si accessible!
L’exposition est ouverte du lundi au dimanche (sauf le mardi) de 10h à 19h. Ancien évêché d’Uzès. 1 place de l’évêché à Uzès ( Gard)
Le Musée du Luxembourg à Paris présente une exposition inédite dédiée à Léon Monet (1836-1917):
« LÉON MONET, FRÈRE DE L’ARTISTE ET COLLECTIONNEUR ».
Chimiste en couleurs, à la fois industriel rouennais dans la chimie des colorants synthétiques et collectionneur d’œuvres d’art, Léon Monet joue un rôle décisif dans la carrière de son frère Claude Monet, le peintre impressionniste (1840-1926) et soutient très tôt les impressionnistes et les artistes rouennais. L’exposition réunit une centaine d’œuvres. On y retrouve, entre autres, des peintures de Claude Monet, Berthe Morisot, Alfred Sisley, Camille Pissarro ou Auguste Renoir, mais aussi des livres de couleurs, des échantillons de tissus, des estampes japonaises, des documents d’archives et de nombreuses photographies de famille. Et parmi des inédits, présentés pour la première fois, le premier carnet de dessins de Claude Monet, daté de 1856 et le portrait de son frère Léon, exécuté par l’artiste en 1874, année de la première exposition impressionniste à Paris. Pour des raisons inconnues, Léon Monet a gardé caché ce portrait qui, aujourd’hui, «s’affiche» pour illustrer cette exposition qui inscrit, définitivement, Léon Monet dans la biographie de Claude et montre l’intérêt partagé des deux frères pour la couleur.
Une histoire de famille
Léon et Claude. 1° salle de l’exposition
Léon et Claude Monet nous accueillent. Entre leurs deux portraits, le tableau « Jardin en fleurs à Sainte-Adresse », peint par Claude vers 1866 : une vue de sa chambre dans la villa « Le Coteau », près du Havre, qui appartient à leur oncle et tante paternels, chez qui la famille s’installe en 1845.
Arbres généalogiques
Farandole de famille
Photo de Famille.
Dès qu’il est en âge de travailler, Léon est recruté comme commis dans l’entreprise familiale d’épicerie en gros. Plus tard, il décide d’étudier la chimie des couleurs. De son côté, Claude s’intéresse à l’art, sa matière préférée et, il commence à dessiner dès l’âge de 15 ans. La tante, Marie-Jeanne Lecadre, peintre amateure, l’encourage et lui présente l’artiste Armand Gautier (1825-1894).
Une histoire de couleurs
Après des études de chimie, Léon Monet quitte le Havre pour Rouen où il est représentant de commerce pour une fabrique d’indienne. Geigy & Co, une société suisse de produits chimiques installée à proximité de Rouen, lui confie la remise en état d’un moulin à papier acheté dans la vallée à Maromme pour la constitution d’une manufacture de produits de teinture dont il devient directeur en 1892. Léon Monet se spécialise dans l’impression des cotons et dans les teintures pour soie, laine et coton. Il y emploie son neveu Jean Monet comme chimiste .
La cour de l’usine de Maromme
Tissus
La palette de Claude Monet..
Claude Monet, «le patriarche» de l’impressionnisme a trouvé la gloire en fusionnant avec la nature. Mais ce que le plein air lui a inspiré, il l’a peint avec des couleurs synthétiques. Et ces tubes de pâte à base de lanoline, c’était Léon, l’industriel de la chimie, qui les produisait. Ce n’est pas anodin : devant de grandes photographies d’usines, ses nuanciers, grands albums ouverts, ou ces échantillons de tissus, mousselines ou indiennes chatoyantes sont exposés à côté de la palette du peintre.
Une histoire de collectionneurs
Les critiques de l’époque s’acharnaient à dire que Claude Monet ne savait pas dessiner. Vraiment ? Léon Monet, son frère, le soutient au point d’acheter ses premiers dessins, réalisés lorsque l’artiste avait seulement 15 ans!
En 1872 et alors que son frère achève la toile fondatrice de l’impressionnisme, «Impression soleil levant» (une vue du port industriel du Havre), Léon Monet co-fonde la Société industrielle de Rouen et décide d’apporter un soutien actif à son frère et ses amis impressionnistes. Ce sont les prémices de la constitution d’une remarquable collection d’art moderne. Léon Monet collectionne des œuvres de Claude Monet, Camille Pissarro, Auguste Renoir et Alfred Sisley. L’exposition révèle également le goût des deux frères pour la couleur, Léon Monet dans l’industrie textile et Claude dans ses peintures et pour les estampes japonaises…
Lettre et dessin à Camille Pissaro
Auguste Renoir: « Claude Monet lisant »
Auguste Renoir: « Institut au Quai Malaquais »
Berthe Morisot: « Sur la plage, Les-Petites-Dalles » Fécamp 1873
Le parcours se clôt sur les œuvres ultimes de Claude Monet, sa représentation de plus en plus abstraite de son jardin de Giverny, unique motif de ses peintures alors qu’il est atteint de la cataracte, ce qui altère sa perception des couleurs. Cependant, l’histoire de famille ne s’arrête pas là: écoutons la Commissaire de l’exposition Géraldine Lefebvre qui nous parle de Giverny et nous explique pourquoi, près d’un siècle après la mort de Claude Monet, s’il est toujours possible de visiter la maison de Claude Monet et les jardins, c’est grâce à la petite-fille de Léon Monet, Françoise, qui a grandi dans le souvenir et l’admiration de son grand-oncle Claude Monet. Dermatologue, elle manie aussi avec passion les crayons et les pinceaux et s’initie au dessin académique. Avant son décès à l’âge de quatre-vingt-onze ans, le 21 décembre 2017, Françoise a émis deux souhaits: voir un jour l’histoire de Léon et de Claude Monet, son grand-père et son grand-oncle, révélée, et que le portrait de Léon Monet, peint par Claude en 1874 rejoigne un jour les collections publiques françaises. Peu à peu abandonnés à la mort du peintre, les jardins seront restaurés à partir de 1977 avant d’être ouverts au public le 1er juin 1980. ( Cf : L’Art d’être Curieux du 15/08/2021)
Géraldine Lefebvre…
… et son ouvrage.2019
Léon Monet et sa fille Louise
Françoise, petite-fille de Léon Monetet son mari
Article et photos de Kadia RACHEDI
Musée du Luxembourg 19 rue de Vaugirard à Paris, dans le 6° arrondissement. Tous les jours de 10h30 à 19h, nocturnes les lundis jusqu’à 22 heures.
Entrée des Carrières de Lumière aux Baux de Provence
… LA FASCINATION RENOUVELÉE!
Depuis l’ouverture des Carrières de Lumière aux Baux de Provence, je n’ai jamais « loupé » une exposition: Dali, Venise, Gaudi, Van Gogh, Klein…. Trouvent là un hommage absolument fascinant! Hommage aussi à ces hommes et ces femmes qui ont travaillé dans ces carrières, et les expositions sont émouvantes de cette complicité entre carriers et artistes.
Si vous ne connaissez pas le concept des Carrières de Lumières, je préfère vous laisser visionner ces 3 courts documentaires, réalisés pour FR3 sur l’exposition Van Gogh en 2019:
« DE VERMEER À VAN GOGH
LES MAÎTRES HOLLANDAIS »
Dès la porte passée, l’étrange ambiance des projections géantes et de la musique nous happe… Sur cette exposition, on va d’abord traverser deux périodes importantes de l’art hollandais: de 1600 à 1750 où se joue une peinture de facture assez classique avec des thématiques comme le portrait, la vie quotidienne, la foi, les paysages…
Puis la peinture éclatante de Van Gogh, à partir de 1850, qui a quitté la Hollande pour venir découvrir la lumière et la chaleur de la Provence et nous offre des tournesols et des champs de blés dorés pour accueillir nos siestes d’été!
Par la mise en mouvement et le focus sur certaines parties des oeuvres projetées, le spectateur pénètre dans le tableau, et y découvre des détails savoureux: un visage, un éclat de lumière, un bijou… Musiques d’époque et parfois airs de jazz ponctuent notre traversée de la peinture des maîtres flamands, et on se surprend à danser doucement en admirant un Rembrandt qui nous enveloppe de ses tons ocrés!
On s’amuse à faire le tour des Carrières dans tous les sens pour voir d’où la vision est la plus exaltante! Jouer avec les lumières et les sons… Ou bien, se poser à un endroit pour laisser venir les images… Tout est permis! Cette absolue liberté est enivrante et l’idée de repartir ne nous effleure même pas quand la projection s’arrête… Là, on découvre les Carrières de pierre, vides et majestueuses… Chercher des signes ou de graffitis témoins des moments de labeurs passés… Et la lumière s’éteint…
MONDRIAN L’ARCHITECTE DES COULEURS
La projection, plus courte, va reprendre sur le peintre Piet Mondrian, artiste et théoricien de l’Art néerlandais du XX° siècle. Le rythme est saccadé et ses carrés de couleurs se succèdent avec rapidité sur tous les murs de façon délirante. Le souffle coupé, on ne sait plus où regarder, tellement cette explosion de couleur éclabousse les Carrières!
Les projections s’éteignent…. Mais les couleurs resteront gravées dans nos yeux et dans nos coeurs.
Photos: Christian AVENEL
Sur l’un des dépliants que l’on vous offre à l’entrée, vous pourrez flasher un « QR code » qui vous permettra d’accéder à une application très bien réalisée, avec des petits articles sur certaine oeuvres, la liste des compositeurs des musiques utilisées… Une sympathique façon d’accompagner votre visite et de vous replongez dans la magie une fois chez vous!
Avant de partir, vous lirez le dépliant sur la Fondation Culturespaces, placée sous l’égide de la Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE), qui s’engage depuis 2009 en faveur de l’accès à la Culture pour les enfants en situation de maladie, de handicap ou de de précarité sociale… En sensibilisant les enfants à l’Art, la Fondation fait rimer solidarité et créativité… www.culturespaces.com