1000 ANS D’IMAGINAIRE JAPONAIS

À LA COUR DU PRINCE GENJI
1000 ans d’imaginaire japonais  

« Organisée avec la fondation franco-japonaise Sasakawa, l’exposition présentée au Musée Guimet, à Paris, jusqu’au 25 Mars 2024, aborde l’œuvre majeure de la littérature japonaise et mondiale:
« Le Dit du Genji ». 

« LE DIT DU GENJI »  源氏物語
Écrit au 11e siècle par la poétesse Murasaki Shikibu, et considéré comme le premier roman de l’Histoire, « Le Dit du Genji » a généré depuis mille ans une iconographie extrêmement riche, influençant jusqu’aux mangaka contemporains. Il a ainsi inspiré de nombreux artistes et artisans du Japon à travers les siècles.  »(Extrait du dossier de presse
(Genji est un titre honorifique donné à un fils d’empereur qui ne peut prétendre au trône.
« Le Dit du Genji », – ou « Histoire du Genji » – qui se présente comme un récit véridique, raconte la vie d’un de ces princes impériaux, d’une beauté extraordinaire, poète accompli et charmeur de femmes. Ce Genji façonnera ainsi la « femme idéale » en élevant une jeune fille avec laquelle il formera un couple que seule la mort séparera.)

En exergue de la présentation de l’exposition, une phrase de Marguerite Yourcenar : 
« Quand on me demande quelle est la romancière que j’admire le plus, c’est le nom de Murasaki Shikibu qui me vient aussitôt à l’esprit, avec un respect et une révérence extraordinaire (…) c’est le Marcel Proust du Moyen Âge nippon.»
Marguerite Yourcenar, Les Yeux ouverts, entretiens avec Matthieu Galey, Paris, Le Centurion, 1980  

Rédigé entre 794 et 1185, le roman témoigne de la sophistication de la cour impériale alors à son apogée et de l’avènement d’une culture spécifiquement japonaise, dans une période marquée par de nombreux bouleversements politiques.

La visite de l’exposition « À la cour du Prince Gengi » commence par une immersion dans la reconstitution d’une maison japonaise traditionnelle, puis nous nous retrouvons dans une salle dont les murs, le sol et le plafond sont recouverts de planches de manga.
Nous poursuivons par une promenade dans les ateliers de tissage de Kyoto et, en fin de parcours, un dispositif olfactif nous permet de découvrir le raffinement de la «voie des parfums».  

Accueilli.es par Boudha nous sommes invité.es à déambuler dans une architecture traditionnelle en bois, rythmée par des panneaux de paille, des cloisons ajourées et des paravents… 

Suite de paravents
Paravent intérieur
Paravent: la tempête »

L’exceptionnelle créativité à laquelle « Le Dit du Genji «  a ouvert la voie, est illustrée dans l’exposition par un ensemble d’objets précieux issus des collections du Musée Guimet et de plusieurs collections françaises et japonaises: des laques, des sculptures et des objets précieux. (Marie-Antoinette elle-même collectionnait des boîtes en laque représentant des scènes du Genji…)

Coffrets et parfums
Nécessaire de cérémonies
Petites boîtes et coffrets à encens
Loupe et écritoire de Maitre Itoro Yamaguchi (maître tisserand)
Écritoire et autres objets
Vase à encens

LES POÉTESSES

Cette époque est une époque de paix, d’effervescence et de créativité artistique qui  voit l’émergence d’une littérature féminine, incarnée par Murasaki Shikibu mais aussi par les poétesses Ono no Komachi et Sei Shônagon et bien d’autres encore… 

Poétesse

« Les femmes aristocrates sont tenues à l’écart de la vie politique et sociale. Mais relativement libres de leur temps, leurs vies sont comblées par les arts, l’étude, la religion, les intrigues de cour, les relations galantes. Ne participant pas directement à la vie politique, elles sont des observatrices de la vie à la cour. Mais affranchies du modèle chinois, les femmes de l’époque vont produire des œuvres mêlant poésie et prose, sous forme de journaux ou d’histoires racontées.  
L’écriture évolue grâce à la réforme de l’éducation et à une simplification des kanjis.(caractères chinois de l’écriture japonaise).
(…) Grâce à cet accès plus aisé à l’écriture, la littérature féminine japonaise va prendre un essor considérable ». (Extrait du Dossier de presse) 

Il est temps de faire connaissance avec la poétesse Murasaki Shikibu, auteure du roman « Le Dit du Genji »: 

Murasaki Shikibu
dav

« Dans « Le Dit du Genji« , Murasaki Shikibu s’inspire de la vie de la cour, des hommes et des femmes, dans leurs complexités et leurs évolutions, sociales et psychologiques.
Surtout, elle met en scène des individus soucieux de leur salut au moment où le bouddhisme s’ancre dans les mœurs et rencontre les croyances locales. C’est ainsi que cette œuvre devient le creuset d’une nouvelle identité japonaise et une source d’inspiration pour tous les artistes, d’hier et d’aujourd’hui ».
(Extrait du dossier de Presse)

« LE DIT DU GENJI » INFLUENCE LES MANGAS

Aujourd’hui encore, de par sa force narrative et ses évocations d’une période fastueuse, le roman « Le dit du Genji » reste une source d’inspiration pour les créateurs contemporains : mangakas et auteurs d’animés japonais continuent à s’en emparer, s’affranchissant parfois des codes classiques avec une époustouflante inventivité. La présentation de leur travail dans une salle qui leur est dédiée atteste ainsi du renouvellement du genre.  

TISSAGES

L’évocation des ateliers de tissage japonais du 19e siècle fait le lien avec la révolution technique du métier Jacquard grâce à des photographies d’époque de tisseurs japonais de Kyoto et par un  hommage à Itarô Yamaguchi (1901-2007), maître tisserand de Kyoto.  

Ouvrières tissage…
… Au travail.
Ouvriers tisseurs
Femme filant la soie avec un rouet

L’exposition « À la cour du prince Genji, 1000 ans d’imaginaire japonais » permet également d’admirer les exceptionnels rouleaux tissés par Maître Itarô Yamaguchi, qui rendent hommage à ce roman magistral et sont montrés ici pour la première fois dans leur intégralité.
En faisant généreusement don de ses œuvres au musée Guimet, Maître Yamaguchi affirme l’art textile comme un art majeur qui doit être exposé en lien avec les peintures, sculptures et autres créations artistiques, rejoignant ainsi la démarche de Krishnâ Riboud, qui légua sa collection de textiles au musée en 2003.  

Itaro Yamaguchi
dav
Fils de soie
Soierie tendue
Détail du rouleau tissé
Estampe: Femme filant de la soie

SENTEURS À L’ÉPOQUE DE HEIAN

Entrée vers les senteurs…


Quatre cloches concentrant les parfums des quatre saisons invitent les visiteurs à découvrir quatre compositions olfactives subtiles et surprenantes. On trouve sous ces cloches des nerikô (littéralement « mélange des parfums »), petites boules parfumées de bois odoriférants usuellement consumées pour le seul plaisir des fragrances. Ce dispositif est proposé grâce à la générosité de Nippon Kodo, fabriquant d’encens et de parfums japonais depuis 1575.   

Cloche à parfum
Panneaux des quatre saisons

 RÉDACTION ET PHOTOS: KADIA RACHEDI

« LE CERISIER
EN VÉRITÉ NOUS ENSEIGNE
PAR SA FLORAISON
ET PAR SON ROUGE FEUILLAGE
QUE CE MONDE EST ÉPHÉMÈRE
« 

DALI… SON ENFANCE ET LE CHRIST…

LE CHRIST

Au « Théatre-Musée Dali » de Figueres, en Espagne, est exposé jusqu’au 30 avril « Le Christ de Portlligat » œuvre du peintre Salvador Dali, créateur du musée.

« Le Christ de Portlligat » Savador Dali.

« Le tableau est exposé début 1952 dans une galerie de Londres où le directeur des Musées de Glasgow le découvre : il juge opportun, pour donner une image plus culturelle à sa ville en pleine période de déclin économique avec une désindustrialisation rapide conduisant à un chômage élevé, d’acheter la peinture et les droits de propriété intellectuelle qui s’y rattachent, afin de pouvoir réaliser des reproductions, des cartes postales…
Une pétition contre cet achat a été présentée au conseil municipal de Glasgow par les étudiants de la Glasgow School of Art qui considèrent que cet argent aurait dû servir à promouvoir les artistes locaux.
Le tableau est exposé au Kelvingrove Art Gallery and Muséum pour la première fois le 23 juin 1952 et durant les six premiers mois, plus de 50 000 visiteurs viennent assurer le succès de cette judicieuse acquisition.
En 2005 la peinture remporte le sondage organisé par le journal « The Herald » sur la peinture écossaise la plus populaire.
La peinture montre Jésus crucifié, pris en perspective plongeante et vu d’au-dessus de la tête. il regarde vers le bas et est le point central de l’œuvre. La partie inférieure du tableau représente un paysage impassible, la baie de Portlligat (Près de Cadaquès en Espagne, où Dali vivait).
Entre le Crucifié et la baie s’intercalent des nuages aux tons mystiques et mystérieux, illuminés par la clarté qui émane du corps de Jésus. Le puissant clair-obscur provoque un effet dramatique.
Le Christ est représenté de façon humaine et simple. Il a les cheveux courts – au contraire des représentations classiques – et est dans une position relaxée.
À la différence des représentations classiques, le Christ n’est pas blessé, n’est pas cloué sur la croix, n’a pas d’entaille, très peu de sang et ne possède aucun des attributs classiques de la crucifixion: clous, couronne d’épines, etc. Il semble flotter accolé à la croix. Dali engagea un cascadeur d’Hollywood comme modèle pour peindre le Christ. » (Source : Wikipédia)

Le modèle accroché pour les besoins du tableau!

« Premièrement, en 1950, j’ai eu un « rêve cosmique » dans lequel je vis en couleur cette image qui, dans mon rêve, représentait le noyau de l’atome. Ce noyau prit par la suite un sens métaphysique, je le considère « l’unité de l’univers », le Christ ! Deuxièmement, grâce aux indications du père Bruno, carme, je vis le Christ dessiné par Saint Jean de la Croix, je résolus géométriquement un triangle et un cercle, qui « esthétiquement » résument toutes mes expériences antérieures et inscrivis mon Christ dans ce triangle ». S.DALI

C’est un des plus beaux tableaux de Dali et la mise en scène proposée par le musée permet de l’apprécier totalement : seul dans une pièce tendue de velours rouge, tel que Dali le souhaitait.
Dans les pièces attenantes, des réalisations vidéos, des carnets de croquis, des photos de l’artiste peignant… Ajoutent à la (re)découverte de l’oeuvre.

Montage vidéo de la Baie de Portlligat et du paysage du « Christ » de Dali:

Appréciable également, le fait que ces salles soient un peu excentrées du reste du musée et que peu de touristes s’y « agglutinent », comme c’est malheureusement le cas dans tout le musée et en rend la visite tout simplement insupportable ! Portables vissés aux mains, les visiteurs n’hésitent pas à passer entre une œuvre et vous, à marcher sur l’emplacement de la tombe de l’artiste, à parler fort, courir etc.
La rentabilité guide probablement les administrateurs des lieux qui vendent un nombre impressionnant de billets/heure, négligeant par là le respect des lieux et des œuvres !

LA CASA NATAL…  « LÀ OÙ TOUT A COMMENCÉ »

Une des pièces de la Casa Natal.

Depuis octobre 2023, la Ville de Figueres a ouvert la maison natale de Dali…
Dans les différentes salles, vous suivrez un parcours guidé dans votre langue, soigneusement écrit et dit, animé grâce à des mises en images mouvantes de scènes reconstituées, des photos d’archives, des interviews…
Fascinant ! Un espace unique et paisible où se déploient les mille facettes de ce personnage étrange, haï ou adoré au fil des années…
De l’enfance aux bains de foule, de la blessure de l’histoire de sa naissance à ses excentricités médiatiques, cette approche remarquablement réalisée est vraiment passionnante, et éclaire sur la personnalité du peintre, quelle que soit votre sentiment sur Dali.

Le père de S.Dali, notaire, dans son bureau…
Photo: (c) Casa Natal
La véranda…
… Où Dali aurait fait son premier dessin avec une fourchette
sur la table de bois…

On voit le peintre avec Bunuel, Garcia Llorca et bien d’autres personnages marqués « à gauche ».
M’étonnant de l’absence de traces de ses amitiés avec Franco, je m’en suis étonnée auprès du service de Presse et voici la réponse :

Bonjour
J’ai transmis votre question à Mariona Seguranyes, historienne d’art, experte de Salvador Dalí et actuelle conseillère à la Culture de la Mairie de Figueres.
Elle me dit ceci :
« À la Casa Natal, il y a une photographie de Dalí avec Franco, justement pour mettre en évidence les contradictions du personnage.
Dalí a une première étape liée au communisme, il se définit comme trotskyste, il fréquente les salles surréalistes avec André Breton plus lié au communisme et ses meilleurs amis étaient des républicains comme Josep Puig Pujades ou de gauche et favorable à l’État catalan comme Jaume Miravitlles. Une fois la guerre civile terminée, Dalí prend un virage beaucoup plus conservateur et finit par vivre avec le franquisme.
Dans la Maison il y a une photographie de Josep Puig Pujades, de Jaume Miravitlles, mais aussi du peintre avec Franco, pour expliquer de manière très schématique ces contradictions et évolutions du personnage ».
Nous espérons avoir répondu à votre question. C’est vrai que c’est une question d’actualité, comme vous le dites, la question de la séparation entre l’artiste/son œuvre et la personne, et dont il faut parler. 
Cordialement
Angels Miralles»

Début février sortira un film de Quentin Dupieux sur S.Dali intitulé : « Daaaaaali »… À voir… peut-être?

Casa Natal:
Carrer de Monturiols, 6 à Figueres (en bas des Ramblas)
www.casanataldali.cat

Musée-Théatre:
5 place Gala-Savador Dali à Figueres
www.salvador-dali.org

Attention: entrées sur réservations…

N’EFFAÇONS PAS LEURS TRACES!

« Préhistomania » au Musée de l’Homme à Paris, jusqu’au 20 mai.

Une exposition temporaire consacrée aux relevés d’art rupestre et pariétal, en partenariat avec l’Institut Frobenius pour la recherche en anthropologie culturelle (Francfort-sur-le-Main).

Entrée de l’exposition « Préhistomania »

Après les expositions « Arts et Préhistoire »  (cf: « L’Art d’être curieux » 11/02/2023) et « Picasso et la Préhistoire », l’exposition « Préhistomania » nous emmène au cœur d’une aventure humaine.

Carte des sites de l’Art rupestre


40000 ans nous séparent de nos lointains ancêtres, ces hommes et ces femmes qui ont réalisé des chefs-d’œuvre, peints ou gravés sur les parois des grottes, et que nous pouvons encore admirer aujourd’hui parce que, plusieurs millénaires plus tard, d’autres hommes et d’autres femmes ont décidé de sauvegarder ce patrimoine de l’humanité.
« Partout, les peintures rupestres représentent une ressource non renouvelable et en danger. Elles posent la question du poids culturel de ce patrimoine qui ne cesse d’attirer et d’inspirer.
Dans cette histoire, le relevé est parfois le dernier témoin de sites endommagés, voire disparus.
Un objet hybride entre l’œuvre, l’archive et le document scientifique, dont l’héritage demeure palpable dans le champ artistique contemporain. »
Avec plus de 200 documents et objets, dont une soixantaine de relevés originaux, l’exposition offre un panorama mondial de ces œuvres, raconte les aventures que furent les expéditions, montre quelle source d’inspiration les relevés devinrent pour les artistes du XXe siècle, et documente les techniques actuelles de transposition et de conservation des peintures rupestres et pariétales. »

(Extrait du Dossier de presse – Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du Musée de l’Homme)

Agnès Schulz, la première dessinatrice à avoir travaillé avec Léo Frobenius, en 1923

À l’entrée de l’exposition, nous sommes accueilli.es par une magnifique et étonnante photo de cette jeune femme dans un décor inhabituel pour une exposition sur la préhistoire !
« Nous voulons que le visiteur éprouve le même choc esthétique qu’ont eu les découvreurs des premiers sites préhistoriques » (Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du Musée de l’Homme.)
Et c’est réussi ! Il suffit de quelques pas pour oublier la lumière naturelle de l’espace d’accueil et pour avoir la sensation d’entrer dans une grotte dès que nous arrivons dans la première salle.
Nous sommes alors transporté.es dans le temps et dans l’espace à travers l’Afrique australe, le Tchad, l’Afrique du Nord, la Papouasie, l’Europe…

Présentation de l’exposition par Egidia Souto, commissaire de l’exposition « Préhistomania », maîtresse de conférences à l’université où elle enseigne le Patrimoine, la Littérature et l’Histoire de l’Art de l’Afrique:

Première salle

PREMIÈRE SALLE:

Nous nous retrouvons en tête-à-tête avec les répliques originales des oeuvres millénaires ornant les grottes et abris sous roche d’Afrique du Sud, du Tchad, de Papouasie-Nouvelle Guinée…
Plongé.es dans la pénombre, nous sommes happé.es par d’immenses papiers peints de formes abstraites, géométriques ou oniriques, représentant des humains, des animaux ou des végétaux dans des compositions harmonieuses aux couleurs flamboyantes.
C’est à la fois troublant, émouvant, saisissant !

« Grands éléphants, animaux et hommes peints ».
Relevé de J. Lutz au Zimbabwe en 1929
© Institut Frobenius, Francfort-sur-le Main »
Zoom sur une partie du tableau – les personnages

SECONDE SALLE: LA FABRIQUE DES RELEVÈS:

Ces relevés ont été réalisés dès le début du XXe siècle lors d’expéditions internationales dont celles de l’allemand Léo Frobenius (1873-1938), celles du français Henri Breuil (1877-1961), celles de Gérard Bailloud (1919-2010) et de Henri Lhote (1903-1991). Ces derniers ont ainsi contribué aux débuts de l’étude de la Préhistoire à l’échelle mondiale.

  • Léo Frobenius :
Portrait de Leo Frobenius par son frère ainé, Hermann Frobenius, en 1924.
© Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main

L’ethnologue allemand passionné d’Afrique, Léo Frobenius, a parcouru le monde accompagné d’équipes d’artistes, essentiellement féminines, toutes diplômées d’écoles d’art.
La plupart des sites étant difficiles d’accès, ces femmes « ont dû trouver des moyens de copier dans des conditions pas idéales, dans des climats souvent secs où les peintures séchaient très vite« , (Egidia Souto, maître de conférence en histoire de l’art de l’Afrique à l’Université Sorbonne Nouvelle et commissaire de l’exposition)

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Photos d’expéditions:

Relevé 2 girafes et 1 éléphant
  • L’Abbé Henri Breuil (connu pour avoir mis à jour la grotte de Lascaux):
    Ordonné prêtre en 1900, il demande à ne pas être rattaché à une paroisse afin de pouvoir se consacrer à la science. Surnommé le « Pape de la Préhistoire », il fut un pionnier en la matière.
    Dès 1901, il réalise des relevés de deux grottes ornées majeures en Dordogne, celles de Combarelles et Font-de-Gaume, qu’il publie.
    Dès lors, il découvre des sites similaires à travers la France, participe à l’étude de nombreux autres sites dans le monde et fonde la base de cette science de la Préhistoire, ce qui fait de lui un spécialiste international de l’art pariétal. Il a passé des centaines de journée sous terre à réaliser des milliers de relevés. L’exposition en présente dix qui n’étaient jamais encore sortis des collections.
« Très sollicité, H. Breuil réalise lui-même une partie des relevés par calque direct, sur site, puis emporte avec lui un certain nombre de notes afin de poursuivre son travail plus tard. Mû par un souci d’exactitude,
il a pour principal objectif la publication scientifique.»
Relevés d’Henri Breuil.
« Le petit cheval rouge »
  • Henri Lhote :
    Autodidacte né avec le XXe siècle, Henri Lhote est l’explorateur à qui l’on doit les fascinantes images du Sahara vert de l’époque Néolithique, peuplé de girafes, d’éléphants, d’humains chassant ou conduisant des troupeaux. Elles témoignent des débuts de l’élevage et d’un climat radicalement différent de celui que connaît aujourd’hui l’Afrique du Nord. Plus d’un millier des relevés d’Henri Lhote sont conservés au Musée de l’Homme.

Les relevés d’Henri Lhote figurent parmi les trésors des collections du Musée de l’Homme. Certains d’entre eux y sont exposés en rotation, c’est-à-dire sur de courtes durées pour optimiser leur conservation. L’exposition donne l’occasion rare d’en admirer une douzaine, et de comprendre le contexte de leur création.

Ce tableau qui représente un être hybride étonnant, démesuré par rapport aux personnages et animaux qui l’entourent, affublé de cornes et levant les bras ,a été restauré pour l’occasion au Musée de l’Homme durant l’été 2023.

Gérard Bailloud,  préhistorien discret :

Gérard Bailloud

Albert Hahn:

TROISIÈME SALLE ET DERNIÈRE SALLE:

Dans un troisième temps, le parcours s’intéresse à la présentation des relevés, dans les musées, dans de grandes expositions, comme à Paris en 1930, au MoMA à New York en 1937…
Ces relevés inspireront de grands artistes tels que Klee, Pollock, Arp et Lam, dont des œuvres sont présentées en regard.


« Les boeufs à points » Pierre Colombel. Gouache sur papier. (c) Musée de l’Homme. Collection Lhote

La dernière salle nous fait découvrir quelles méthodes sont employées aujourd’hui pour décrypter les figures rupestres et en conserver toutes les informations.
Aujourd’hui encore, l’œil et la main restent les premiers outils des archéologues, qui réalisent des croquis de lecture… Avant de s’appuyer sur de la photographie 3D, des techniques (et des spécialités) de plus en plus élaborées.
Ces anciens « tableaux » scientifiques, œuvres longtemps mises de côté, sortent de plus en plus des placards dans lesquelles elles ont été placées, notamment, ceux de l’Institut Frobenius pour la recherche en anthropologie culturelle de Francfort-sur-le-Main (Allemagne).

Pour prolonger la visite:

https://www.parismatch.com/culture/art/prehistomania-plongee-dans-la-prehistoire-les-grandes-expeditions-1er-episode-232220

https://www.parismatch.com/culture/art/prehistomania-plongee-dans-la-prehistoire-ils-remontent-le-temps-de-notre-histoire-2eme-episode-232467

https://www.parismatch.com/culture/art/prehistomania-plongee-dans-la-prehistoire-les-tresors-de-la-prehistoire-3eme-episode-232701

RÉDACTION ET PHOTOS: KADIA RACHEDI

« Préhistomania » se trouve au Musée de l’Homme,
17 place du Trocadéro à Paris.

Tous les jours, sauf les mardis de 11h à 19 h.

COSQUER MÉDITERRANÉE

Restitution de la grotte Cosquer. Photo: (c) Grotte Cosquer

UNE PLONGÉE SAISISSANTE

« Découverte en 1985 dans les calanques de Marseille, par un plongeur nommé Henri Cosquer, la Grotte ornée qui porte son nom est une rareté archéologique. Pour la première fois, une Grotte de ce type était retrouvée à l’est du Rhône.(…)
Mais l’étude de cet ensemble exceptionnel, riche de plus de 500 entités d’art pariétal, est particulièrement difficile : le site est quasi inaccessible, l’accès situé à 37 mètres sous la mer étant réservé à des plongeurs expérimentés ; par ailleurs, en raison de la montée des eaux, l’engloutissement de la Grotte est inéluctable, à plus ou moins long terme.
L’originalité de cette situation, la richesse et la diversité des gravures et peintures, la durée d’occupation du site au Paléolithique supérieur et la menace d’effacement des œuvres pariétales contribuent à faire de la Grotte Cosquer un lieu de portée et d’intérêt universels dont la préservation et l’étude relèvent de l’urgence.
Seul un sauvetage virtuel est possible. Il est en cours. À partir de la réalisation d’un modèle 3D, la restitution de la Grotte permettra de donner accès à ce patrimoine. »

Extrait du Dossier de Presse. 2022.

Inaugurée en Juin 2022, la Grotte Cosquer est une expérience à couper le souffle!
De l’accueil au Rez de Chaussée, vous commencez par descendre en ascenseur pour vous retrouver dans ce que l’on pourrait appeler une base de lancement: là plusieurs wagonnets s’arrêtent en file indienne pour y faire monter les visiteurs par groupe de six personnes, équipées d’audioguide…

Les wagonnets de visite.. Photo: (c) Grotte Cosquer

Les wagons déambulent alors dans la grotte reconstituée, accompagnés du commentaire simple et passionnant diffusé dans vos oreilles.
À certains moments, des traits lumineux soulignent telles ou telle partie des parois pour nous faire découvrir des peintures ou des dessins… Parfois, le wagon tourne sur lui-même pour vous permettre d’admirer la vue sur un ensemble peint, ou une enfilade de stalactiques et de stalagmites.

On voit beaucoup de chevaux, de mains, des phoques et trois très étonnants pingouins,seuls retrouvés dans des grottes ornées… Leur rareté en fera l’emblème de la grotte Cosquer!

UN PATRIMOINE UNIQUE MENACÉ DE DISPARITION

De 1985 à 2022, de la découverte de la Grotte à sa restitution, 30 ans d’investigations, dans des conditions très difficiles, ont révélé un patrimoine exceptionnel, aujourd’hui menacé et virtuellement en cours de sauvetage.
En 1985, un plongeur professionnel, Henri Cosquer, découvre à 37 m sous l’eau, l’entrée d’une galerie. Après plusieurs tentatives, il remonte un siphon immergé sur plus de 116 m, en faisant attention de ne pas soulever la vase accumulée sur la paroi. Parvenu sur la plage d’une caverne, il ose retirer son détenteur. « J’y suis allé plusieurs fois jusqu’au jour où je suis tombé sur une main… Au départ, j’ai cru à des tags, mais sur la pellicule sont apparues six autres mains », raconte-t-il à France Bleu en septembre 2020.
Six ans plus tard le site est révélé. Dans les milieux des plongeurs la nouvelle circule, il y aurait une Grotte ornée du côté du Cap Morgiou. Des plongeurs s’y risquent, mais la noyade de trois d’entre eux, le 1er septembre 1991, contribue à précipiter la révélation de l’existence de la Grotte.
Le 3 septembre, Henri Cosquer déclare sa découverte aux autorités maritimes. Le site est sécurisé et interdit aux plongeurs non-accrédités par le Ministère de la Culture.
Une première expertise de la Grotte est menée à la demande du ministère de la Culture dès septembre 1991. Elle est conduite par le préhistorien Jean Courtin, rejoint par Jean Clottes, et révèle l’existence de peintures et gravures. À partir de prélèvements de charbon de bois, il établit une première datation. Il s’agit bien d’un site paléolithique.
Le 2 septembre 1992, la Grotte est classée au titre des monuments historiques.
La Grotte est située dans la calanque de la Triperie, au Cap Morgiou, près de Cassis, dans une zone qui a été bousculée par des phénomènes sismiques et tectoniques.
On y accède par une galerie remontante de 116 m de long, qui aboutit sur une zone émergée appelée la plage. La topographie de la Grotte est complexe. Elle est constituée de deux grandes salles communiquant par d’étroits passages, de nombreux diverticules sont difficiles d’accès, un grand puits noyé de 24 m de profondeur occupe le fond de la deuxième salle. Les concrétions : stalagmitiques et stalactiques sont nombreuses. Les 4/5e des parois de la Grotte sont sous l’eau. Comme toutes les zones non inondées sont couvertes de gravures, de tracés digitaux et de dessins, on peut imaginer qu’il en était de même dans la majorité des zones aujourd’hui submergées.

Les photos de la restitution ont été aimablement prêtées
par le service communication de la Grotte Cosquer Méditerranée.

LE PARCOURS D’INTERPRÉTATION ET LE BESTIAIRE

Une fois remontés de la restitution de la Grotte Cosquer, vous reprendrez votre souffle en visionnant un film sur la découverte de la grotte et en regardant une petite exposition sur les différentes étapes de cette restitution.
Enfin, vous monterez au 3° étage à la Galerie Méditerranée pour admirer la vue sur la rade de Marseille, suivre un parcours d’interprétation de la préhistoire avec un bestiaire incroyable et ludique, et un travail pédagogique sur la montée des eaux…

Chantier de restitution de la Grotte Cosquer
Cartes et coupes annotées.
La rade de Marseille, vue du 3° étage…
Les conséquences de la montée des eaux…
En 2018….
En 2020.
PODCAST….
Sophie SPAGNOLO.
Responsable de la Communication à Cosquer Méditerranée

La Grotte COSQUER MÉDITERRANÉE est ouverte tous les jours.
Réservation d’un créneau horaire indispensable

Esplanade du J4 à MARSEILLE, face MUCEM
Parking payant sur place

LUMIÈRES D’HIVER

Affiche de l’exposition « Mucha, Dali, Warhol » à « La Galerie d’Art » de Prague.

ÉTERNEL MUCHA… DE PARIS À PRAGUE…

Après « De Prague à Paris, Éternel Mucha » immersion dans l’œuvre d’Alfons Mucha (1860-1939) au Grand Palais Immersif à Paris (L’Art d’Être Curieux juin 2023), aujourd’hui c’est à Prague, du Mucha Museum à la cathédrale Saint-Guy en passant par la Maison Municipale que nous vous emmenons.

Mucha Muséum de Prague

Ouvert au public le 13 février 1998, le musée Alfons Mucha (1860-1939) situé dans le palais baroque Kaunitz au centre de Prague, abrite l’unique collection au monde consacrée à la vie et à l’œuvre de cette « figure internationale » de l’Art Nouveau.
Environ 300 œuvres sont exposées dont un grand nombre de pièces qui proviennent de la collection privée de la famille et présentées pour la première fois au public.
L’exposition, qui se termine par un film documentaire captivant sur la vie et l’œuvre d’Alfons Mucha, nous dévoile des photographies de l’artiste, peintre, affichiste, illustrateur et graphiste, de la famille et des amis de Mucha.

Alfons MUCHA
Mucha, sa femme et ses deux enfants
Photos d’A.Mucha: famille et amis

Mucha était un humaniste, ardent défenseur de l’émancipation des peuples, membre de la franc-maçonnerie, patriote tchèque convaincu.

Artiste de renommée internationale, Alfons Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900.
Sa célébrité lui vient surtout de ses élégantes affiches d’un style très affirmé, emblématique de l’Art Nouveau.
Il a suffi d’une seule affiche pour faire de lui l’artiste parisien le plus en vogue de la fin du XIXe siècle. « À Noël 1894 alors que Mucha était en train de corriger des tirages dans l’imprimerie de Lemercier pour faire une faveur à son ami, l’imprimeur fut contacté par Sarah Bernhardt qui lui réclama une nouvelle affiche pour Gismonda à livrer immédiatement. Comme tous les artistes travaillant pour Lemercier étaient en vacances, ce dernier s’adressa à Mucha pour qu’il se charge de la commande, car une demande de la « divine Sarah » était impossible à ignorer. L’affiche créée par Mucha va constituer une rupture esthétique dans cette catégorie d’expression artistique ».
Enchantée par cette affiche, Sarah Bernhardt propose aussitôt à Mucha un contrat de six ans pour la création de costumes et de décors de scène ainsi que d’affiches.
A la même époque, Mucha signe un contrat exclusif pour la création d’affiches publicitaires et décoratives avec l’imprimeur.

Affiche de Mucha pour « Gismonda »/ épreuve d’essai.

Les deux originaux d’épreuves d’essai pour l’affiche de « Gismonda » présentent plusieurs aspects intéressants. Il a été supposé que cette affiche, trop haute pour correspondre à la taille habituelle d’une pierre lithographique, ait été imprimée sur deux plateaux.

« Les heures du jour »


Après avoir passé plusieurs années à Paris, aux États-Unis et dans les Balkans, Alfons Mucha revient à Prague où il passera les 30 dernières années de sa vie.
Il réalise alors un ensemble peint monumental sur l’histoire des peuples slaves, l’Épopée slave,
20 tableaux de 8 mètres sur 6 chacun, sur lesquels il travaille de 1911 à 1928.
En mettant en scène des comédien.ne.s, il construit des tableaux vivants qui lui serviront de modèles pour la réalisation de ses toiles.

Photos préparatoires pour « l’épopée slave ».
Préparation dans l’atelier

Répétitions
Esquisse
Répétitions
Esquisse « l’épopée slave »
Apothéose « épopée slave »

En 1928, Alfons Mucha qui voyait dans l’Épopée slave sa principale œuvre et son testament artistique fait don de ses toiles allégoriques à la ville de Prague.
Dans son testament, il stipule que son Épopée slave, devait être exposée à Prague, à condition que la ville érige un bâtiment spécial pour l’héberger.

Ce n’est qu’en 2018 que le souhait de l’artiste sera exaucé avec l’installation de l’Épopée slave au Musée lapidaire, un bâtiment construit en 1891 également dans le style Art Nouveau, mouvement artistique et décoratif populaire vers la fin du XIXe et au début du XXe siècles.
Les nouveaux espaces d’exposition hauts de 11,5 mètres sont intégrés dans le bâtiment déjà existant de l’ancien Musée lapidaire au Parc des Expositions de Prague.

Le musée Lapidaire. Prague.

Dans les années 1930, la République Tchèque subit l’influence de la montée du nazisme en Allemagne et cette réalisation magistrale fait polémique. Mucha est alors considéré par les nazis comme un artiste décadent, aux tendances franc-maçonnes. Il est arrêté par la Gestapo dès l’entrée des troupes allemandes à Prague, en 1939, et emprisonné.
Alfons Mucha qui croyait en « l’union des forces de la Raison et de l’Amour« , meurt d’une pneumonie le 14 juillet 1939, peu de temps après sa libération.
Après le Musée Mucha, poursuivons la visite en nous rendant à La Maison Municipale, œuvre d’art totalement de style Art Nouveau, associant l’architecture et la décoration intérieure, majestueuse, en un ensemble indissociable.

Façade de la Maison Municipale. Prague
The Municipal House (Obecní Dum) Ceiling by Alphonse Mucha, Prague

Il reste encore une surprise à découvrir…
C’est dans la Cathédrale Saint-Guy cachée dans la cour du Château de Prague que nous la trouvons: 

Cathédrale St Guy. Prague
Fronton de la cathédrale St Guy. Prague
Vitraux….
d’Alfons…
MUCHA
« La Galerie d’Art à Prague« , exposition Dali, Mucha et Warhol.

CET ARTICLE ET LES PHOTOS ONT ÉTÉ RÉALISÉS
PAR NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À PRAGUE:
KADIA RACHEDI

UNE FEMME BRILLANTE

Après l’éclat des œuvres de Mucha, nous allons vous faire partager un moment lumineux et sympathique en écoutant Magali TEISSEIRE, responsable du département Joaillerie chez Sotheby’s France*
Interview réalisée pour la série «femmes brillantes» du blog «Il était une fois le bijou».

(*Sotheby’s est l’une des quatre maisons de vente aux enchères de luxe les plus anciennes au monde…)

Magali Teisseire …
… En plein travail

ANIMATIONS DE FIN D’ANNÉE:

  • À l’occasion de l’évènement national « Contes et Histoires 2023 »  de nombreux musées nationaux vous attendent du 16/12 au 07/01 avec des animations pour tous les âges.
    Programmes sur: https://www.monuments-nationaux.fr/grand-evenement-multi-site/9883186
  • Sur l’exposition «Préhistomania» (dont nous parlerons en Janvier...) le Musée de l’Homme à Paris propose des visites guidées et des ateliers. Les visiteurs de tous âges sont invités à se plonger dans les merveilles de l’art rupestre.
  • La Cité de l’Architecture à Paris met en place plusieurs activités : maquettes, jeux de construction..
  • Narbo Via à Narbonne : visites découvertes sur les sites.
  • Sur l’exposition «Félins» à Paris : atelier-jeu immersif et collaboratif dédiés aux félins moins connus .
  • Au musée de Millau en Aveyron : visites décalées en chanson, création en terre d’une forêt peuplée d’animaux et participez aux Saturnales (Fêtes de fin d’année à la romaine) mumig.fr
  • « Un Noël aux musées » à Perpignan (66) : En décembre, les musées municipaux sont le théâtre d’animations et activités jeune public avec des visites flash et des ateliers d’arts plastiques…

Et puis… Si vous êtes en Provence,
ne ratez pas « TINTIN » les mercredis et samedis après-midi
aux Carrières de Lumière (Baux de Provence) …
Un moment jubilatoire ponctué de musiques des Beatles… 🙂

L’AMBITION DE TOUTE UNE VIE

« CHANA ORLOFF SCULPTER L’ÉPOQUE »
Jusqu’au 31 mars 2024.

Chana Orloff (1888–1968), est à l’honneur au musée Zadkine à Paris, le premier musée français à consacrer une exposition monographique à la sculptrice franco-ukrainienne, témoin malgré elle des plus grands drames du XXᵉ siècle.
L’exposition est organisée en partenariat avec les « Ateliers-musée Chana Orloff », et bénéficie du soutien de la « Fondation pour la Mémoire de la Shoah ».
Ariane Tamir et Eric Justman, commissaires associés et petits-enfants de Chana Orloff, ont contribué activement à la réalisation de l’exposition, avec de nombreux prêts issus de la maison-atelier de l’artiste.

Musée Zadkine, le jardin.

Rassemblant une centaine d’œuvres, l’exposition n’est pas une rétrospective mais un parcours à travers les œuvres de Chana Orloff et une mise en regard avec certaines œuvres d’Ossip Zadkine.
Les deux artistes ont beaucoup de choses en commun : ils se connaissent, sont tous les deux d’origine russe et de confession juive, ont choisi Paris comme terre d’accueil et meurent à un an d’intervalle. Pour autant, leurs styles sont assez différents et c’est ce que montre cette exposition qui a pour titre « Sculpter l’époque », parce qu’à un journaliste qui lui demandait quelle était son intention lorsqu’elle sculptait, Chana Orloff avait apporté cette réponse : « faire l’époque ».  

Chana Orloff

Rien ne prédestinait Chana Orloff, née dans l’actuelle Ukraine, à devenir une artiste emblématique au parcours hors du commun. Huitième d’une famille de neuf enfants, sa mère et sa grand-mère sont sages-femmes, son père est instituteur. Quand les juifs ont eu l’interdiction d’exercer ce métier, il devient commerçant. En 1905, sa famille émigre en Palestine (dans l’Empire ottoman), et Chana aide ses parents en faisant des travaux de couture. 
En 1910, âgée de 22 ans, elle vient à Paris pour obtenir un diplôme de couturière.  Elle travaille comme apprentie pour la maison de couture « Paquin » jusqu’en 1912. 
L’un de ses professeurs remarque ses talents de dessinatrice et l’encourage à développer ses dons artistiques. Elle est admise à l’École des Arts Décoratifs, et elle fréquente l’Académie Vassilieff.
Au contact des artistes de Montparnasse, parmi lesquels Amedeo Modigliani, Chaïm Soutine ou Marc Chagall, elle se découvre un intérêt pour la sculpture et trouve rapidement son propre langage, un peu à l’écart des mouvements qui dominent à l’époque. Elle s’installe dans un atelier à proximité de celui de Ossip Zadkine. 

Chana Orloff dans son atelier.

En 1916, elle épouse Ary Justman, un poète avec lequel elle a collaboré à une revue littéraire.
De cette union nait, en 1918,  Elie, surnommé Didi qui contracte la poliomyélite.
En 1919, Ary, engagé dans la Croix-Rouge américaine, meurt de la grippe espagnole, laissant Chana et leur fils seuls à Paris.
Tous ces malheurs auraient pu l’abattre, mais elle fait face avec courage et continue sa carrière jusqu’à sa mort en 1968 au moment où elle préparait une rétrospective dans le musée national de Tel Aviv.   

En 1926, elle s’installe dans une maison-atelier conçue par Auguste Perret dans la cité d’artistes de la Villa Seurat dans le 14e arrondissement de Paris. (Auguste Perret est un architecte français qui fut le premier à utiliser le béton armé dans les constructions. On lui doit -entre autres- la reconstruction de la ville du Havre, rasée à 80% par les bombardements de la guerre 39/45.)

Les portraits 

C’est pour l’encourager que ses amis les plus proches, comme les Chagall, lui commande des œuvres. La sculptrice s’exécute avec beaucoup de facilité, utilisant des matériaux aussi divers que le bois, le plâtre (pour des tirages en bronze) ou le ciment et faisant en sorte que le résultat soit toujours reconnaissable, même si elle stylise beaucoup les traits de ses modèles.
Rapidement Chana Orloff devient lune des portraitistes les plus recherchées de son époque. L’exposition ouvre avec les portraits de personnalités du monde des arts et des lettres qui ont fait sa réputation et lui ont permis d’acquérir l’indépendance financière mais aussi avec des portraits d’ami.es proches. On y voit d’abord les portraits qui la rendirent célèbre et qui sont des têtes, mais aussi des sculptures en pieds, comme celle de la fille de l’éditeur Lucien Vogel, Nadine (Chana Orloff avait une prédilection pour les sculptures d’enfants). Pour preuve de son renom, elle obtient la Légion d’honneur et est une des rares sculptrices à prendre part à la grande exposition des « Maîtres de l’Art Indépendant » au Petit Palais à Paris en 1937. 

« Bustes de femmes« 
« Buste de Ruven Rubin« 
« Nadine » et » l’homme à la pipe »
« Ida Chagall« 
G.Lepape / V.Rey
Sans titre
« Torse »

Femmes en mouvements 

À rebours des préjugés au sujet de la sculpture, réputée art physique difficile et plutôt masculin, Chana Orloff s’inscrit dans l’histoire de l’art en pionnière.
Elle développe tout au long de sa carrière une esthétique personnelle, figuration stylisée volontiers synthétique. On y voit de nombreuses représentations féminines, car l’artiste a accordé une place centrale aux femmes en mouvements, comme les danseuses, les sportives ou les garçonnes de l’entre-deux-guerres.
Elle participe de l’évolution de la représentation du corps féminin, et capture dans la pierre ou dans le bois, le mouvement des danseuses, sportives et autres amazones de l’entre-deux-guerres. 

« Deux danseuses« 
« Femmes en mouvement« 
« La dame à l’éventail« 
« Baigneuse accroupie »

Maternités 

Et cette femme, l’artiste n’a pas hésité non plus à la représenter enceinte, avec le ventre et les seins proéminents, ce qui était encore très peu courant à l’époque. Ou bien l’a montrée en fusion avec son enfant, dans des œuvres où l’on a presque du mal à distinguer le corps de l’un et de l’autre (elle-même protégeait beaucoup son fils malade).

« La femme enceinte »
« La grand mère et la petite-fille »
« La mère et l’enfant dans les bras »
« Maternité allaitant »
À gauche: « La sainte famille » O.Zadkine
À droite: « Le baiser » C.Orloff
« La dame enceinte »

Dans une interview, Chana Orloff affirme que les artistes qui sont « également mères » sont meilleures que les hommes pour traiter cette thématique. Lorsqu’elle choisit, pour un magazine, de se faire photographier, ce ne sera pas au travail mais avec son fils Élie… Entourée de ses sculptures, elle revendique sa double identité de mère et d’artiste renommée. 

Chana Orloff et son fils, à l’atelier.

L’ Après –guerre : les monuments du retour  

En juillet 1942, l’histoire se répète.  La guerre éclate et Chana Orloff, qui est juive, échappe de peu à la rafle du Vel d’Hiv. Elle parvient à se réfugier en Suisse avec son fils. Durant cet exil elle continue à sculpter aidée par des ami.es.
En 1945, elle expose ses œuvres réalisées en Suisse à la galerie « Georges-Moos » à Genève ; la critique est enthousiaste.
Elle revient à Paris à la Libération et trouve son atelier saccagé et pillé par les nazis.  
Elle se remet au travail, abandonne la forme lisse pour un modelé plus inquiet avec des thèmes intimistes comme celui de la femme assise.
Un an plus tard, elle expose à la « Galerie de France » une trentaine de sculptures et une série de dessins.
La sculpture intitulée « Le Retour », exprimant le calvaire d’un déporté, bouleverse la critique. 

« Le retour »
« La veuve ou la dame assise »
Étude pour « Le retour »

La Seconde Guerre mondiale met un terme à la fulgurante carrière de Chana. Ses sculptures animalières se transforment en messages politiques. Alors que les Nazis assimilent le peuple juif à l’insecte nuisible de la sauterelle, elle retourne la critique en exposant une sauterelle-char, qui – selon elle – est le véritable danger. 

« La sauterelle »
Oiseau blessé

Le bestiaire 

L’exposition offre également un aperçu du bestiaire sculpté par Chana Orloff, nourri par la symbolique et la culture juive, qui emprunte à la tradition hébraïque. Les animaux occupent une place importante dans son travail : poissons, oiseaux et chiens qu’elle s’est efforcée de représenter à la manière de François Pompon (Sculpteur français 1855-1933) c’est-à-dire en ne conservant que les attributs qui lui permettent de donner un caractère particulier à chacune des bêtes.

« Panthère » François Pompon
« Oiseau »
« La chèvre »
« Couple »

Après l’indépendance d’Israël (1948) Chana Orloff va y passer plus en plus de temps. Elle y arrive en  1949, après une tournée triomphale en Europe et aux États-Unis. Elle expose au musée de Tel-Aviv, à Jérusalem et à Haifa. Elle travaille dans le pays et réalise, entre autres, le portrait de David Ben-Gourion ainsi que la Maternité érigée à Ein Guev à la mémoire de Chana Tuchman Alderstein, membre de ce kibboutz, tombée au cours de la guerre de libération. 

« Maternité » à Ein Guev 1952

En 1968, Chana Orloff arrive en Israël pour une exposition rétrospective au musée de Tel-Aviv, à l’occasion de son 80e anniversaire. Tombée malade, elle s’éteint près de Tel-Aviv, le 18 décembre 1968 (un an après Zadkine). Elle est enterrée à Tel-Aviv, et son fils Elie fera poser sur sa tombe le monument funéraire sur lequel elle travaillait. 

Dans le 14eme arrondissement de Paris, sa maison-atelier dans laquelle elle vécut et travaillé de 1926 de 1968 a été conservée par ses héritiers dans l’état dans lequel l’artiste l’a laissée.
Cette maison-atelier a été labellisée en 2020 « Maison des Illustres » par le Ministère de la Culture.

L’œuvre de Chana Orloff compte près de 500 sculptures, constituée de plâtres, de bois, de bronzes, de marbres, de pierres, de terres et de ciments. 
À cette collection importante s’ajoute celle du fonds de dessins de l’artiste (3000 dessins et esquisses) ainsi qu’un ensemble de gravures. Enfin, une partie de sa collection personnelle de tableaux la représentant, peints par des amis artistes, est exposée, évoquant une femme forte et ancrée dans son époque. 
Les héritiers ont également poursuivi les recherches afin d’obtenir la restitution des œuvres spoliées. Certaines ont retrouvées leurs places dans l’atelier : 

Retour des sculptures après spoliation
Retour d’oeuvres après pillage

TEXTES ET PHOTOS DE L’ARTICLE: KADIA RACHEDI

Le musée ZADKINE se trouve 100 bis rue d’Assas
dans le 6e arrondissement de Paris

AMPHORALIS ET NARBO VIA…

NARBO VIA

… QUAND LE PASSÉ SE CONJUGUE AU FUTUR

Musée d’Amphoralis

AMPHORALIS

Mis à jour à partir de 1976, l’atelier de potiers gallo-romains de Sallèles-d’Aude, « Amphoralis » est un site unique en Europe. Il fait partie de l’EPCC (Établissement Public de Coopération Culturelle) NARBO VIA, qui comprend aussi l’Horréum et le musée Narbo Via à Narbonne.
(Cf « L’Art d’être Curieux » 19/09/2021, 04/03/2022, 07/02/2023 et 26/05/2023…)


La visite d’Amphoralis commence par un musée posé sur pilotis qui permet de regarder les fouilles archéologiques, grâce à des passerelles qui les surplombent et de suivre la fabrication, la cuisson et la commercialisation des productions, dans plusieurs salles attenantes.

Fouilles
Fouilles
Marque d’artisan
Marque d’artisan

Pour terminer la visite du musée, vous pourrez regarder le documentaire de Marc Azéma:
« Amphoralis, de l’histoire à l’expérimentation ».
Marc Azéma est Docteur en Préhistoire, chercheur archéologue spécialisé dans l’étude de l’Art préhistorique, documentariste et passionné de nouvelles technologies… Il est l’auteur de nombreux ouvrages très abordables pour le « grand public » et d’une conférence passionnante sur les « Origines paléolithiques de la narration graphique et du cinématographe ». ( à voir sur YouTube…)
Il est aussi décoré Chevalier de l’Ordre National du Mérite depuis avril 2023…

Marc Azéma

En suivant le fléchage du parc attenant au musée vous découvrirez la remarquable reconstitution d’un village de potiers : habitats, fours, ateliers ainsi qu’un jardin de plus de 150 espèces de plantes telles qu’elles existaient dans l’Antiquité, et un arboretum planté d’essences utilisées pour les cuissons…

Le grand four.

La beauté du lieu, la minutie des reconstitutions et l’accueil sympathique des personnels font d’Amphoralis un lieu passionnant et un inoubliable voyage dans le temps!
Vous pourrez également, au gré des programmations culturelles, vous familiariser au travail de la terre, au mode de vie des potiers ou aux actualités des recherches archéologiques, car Amphoralis est aussi un centre d’expérimentation.

AU MUSÉE NARBO-VIA : « AU TEMPS DES GALLO-ROMAINS »
SECRETS DE FABRICATION D’UN LIVRE JEUNESSE.

Pour qui est passionné.e d’Histoire et d’Histoire de l’Art, NARBO VIA est un vrai bonheur!
En parallèle à la collection permanente retraçant la naissance et la vie de Narbo Martius, capitale de la province romaine de la Narbonnaise, l’équipe de l’EPCC déborde d’imagination et d’initiatives pour faire de ces trois lieux des moments uniques et hors du temps! Installations d’Art Contemporain, expositions d’architecture, animations vers tous les publics, concerts, boutique, création d’un restaurant… Tout est mis en oeuvre pour captiver les visiteurs et les inciter à revenir, comme on revient dans un lieu familier!

Jusqu’au 7 janvier 2024, l’exposition gratuite : « Au temps des Gallo-romains » retrace les différentes étapes de création d’un livre jeunesse à partir de l’ouvrage de Michel Piquemal (auteur) et Philippe Archer (dessinateur) : « Au temps des Gallo-romains » (ed. Cabardès).
Depuis les premières esquisses, avec leurs modifications et les interrogations des auteurs, jusqu’aux planches définitives, on suivra cette naissance étonnante, accompagnée des objets archéologiques, issus des collections du musée, qui ont inspiré leur travail.

1° crayonné
2° crayonné
Image finale, prête à l’impression.
Objets archéologiques qui appuient la réflexion des auteurs.

Des interviews des auteurs viennent éclairer ce processus de création, mis en exposition pour la première fois.

Projection de linterview de Michel Piquemal

Photos: Christian AVENEL.

Dimanche 26 Novembre à 15h30:
Table ronde avec Michel Piquemal, Philippe Archer et Monique Subra suivie d’une séance de dédicaces

Autour des expositions et des collections permanentes, le musée foisonne d’animations : « Visites amoureuses », « Shubertiades », « Espace Game », Muséofête » … Et propose également des stages de poteries, de mosaïque etc.

Pour la Journée Internationale du Handicap, le 5 décembre, Narbo Via proposera des activités accessibles avec des enfants, notamment un NarboPhilo enfant GRATUIT sur le thème « Comment vivre avec nos différences ? » à 10h30.

  • L’activité est introduite par une temps de découverte avec la médiatrice culturelle au coeur du musée, qui en profitera pour présenter les dispositifs d’accompagnement des visiteurs en situation de handicap, comme des éléments tactiles.
  • Le temps de débat « Comment vivre avec nos différences ? » est proposé par Amandine Hours et Catherine Vermand de l’Université Populaire de la Narbonnaise.

Et aussi…

  • Présentation du projet mosaïque réalisé par l’IME (Institut Médico-Éducatif) Louis Signoles de Narbonne, en continu de 10h à 18h.
  • Présentation des premiers moulages d’œuvres qui composeront notre galerie tactile, en continu de 10h à 18h.
  • Stands de sensibilisation aux différents types de handicap, en continu de 11h à 12h30 et de 14h à 16h30.
  • Visite des 5 sens à 11h.
  • Café-signes en Langue des Signes Française à 12h.
  • Déambulation dansée en Signadanse à 14h30 et à 16h30.

  • le Musée se situe 2 avenue André Mècle 11000 Narbonne
    lemusée@narbovia.fr
  • Amphoralis est Allée des Potiers à Sallèles-d’Aude 11590 (environ 10km au Nord de Narbonne)
    amphoralis@narbovia.fr
  • l’Horréum est au 7 rue Rouget de Lisle 11000 Narbonne
    horreum@narbovia.fr

FASCINANTS FÉLINS

« Ils peuplent notre histoire, nos fantasmes et nos maisons depuis des millénaires…
Pourtant nous savons peu de choses à leurs sujets, car ces animaux discrets sont souvent difficiles à observer dans la nature.
Promenez-vous à pas de velours pour découvrir l’étonnante famille des Félidés et les menaces qui pèsent sur leur avenir.

Observez leur anatomie, leur comportement de prédateurs et les défis qu’ils doivent relever, ainsi que leur importance dans les cultures à travers le monde.
Vous irez au-delà des idées reçues sur le lion, le tigre, la panthère… Et bien sûr le chat, qui vous accompagnera tout au long de votre voyage. »

Dès l’entrée de l’exposition, on est saisi par l’ambiance feutrée et mystérieuse des lieux…
Si un gentil petit chat nous guide dans les différentes salles, on se retrouve tout de même
d’emblée projeté.es au milieu de félins plutôt intimidants!

Sur 1000 m2 d’expositions, grâce à une très belle scénographie et la présentation de pièces d’anthropologie et d’archéologie, des naturalisations, des squelettes, des objets et de remarquables photos et films, le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris met à l’honneur cette exceptionnelle famille d’animaux que sont les félins.
Comment vivent-ils ? Qui les menace ? Et eux, qui menacent-ils ? Pourquoi ont-ils été domestiqués ?
Que représentent-ils dans les cultures anciennes et la mythologie ?

Toutes ces questions, et bien d’autres encore, trouveront une réponse au fil de la traversée des grandes salles de l’exposition, chacune abordant un thème particulier: « Fascinants félins », « de parfaits prédateurs ? » « des félins et des hommes » , « apprivoisés ou domestiqués ? » …
Documentaires, reconstitutions, panneaux didactiques ludiques et souvent humoristiques vont nous apprendre à les reconnaître, à identifier les 38 espèces qui composent cette famille et nous familiariser avec leurs moeurs.

Arbre à chats!


Projections…
…traduites en langue des signes.
Suite des projections…

PÉDAGOGIE…

Les différentes façons de nous transmettre les connaissances sont réellement subtiles : qualité des documents présentés, humour, jeux interactifs passionnent aussi bien les adultes que les enfants:

MYTHES ET LÉGENDES…

Dès l’entrée de la troisième salle, une ambiance particulière capte le visiteur et l’emporte au cœur de plusieurs pays et civilisations : Égypte, Grèce, Afrique, Asie, etc. En un coup d’œil, il balaie aussi plusieurs époques. En effet, partout sur la planète et depuis fort longtemps, les félins symboles de puissance, de protection et de bravoure, fascinent les humains dont les rois, reines, guerriers et autre puissants reprennent l’esthétique. Au sein des mythes, légendes, cultures, cultes, les félins sont ainsi représentés de diverses manières.

« Mithridate ». Copie romaine en marbre. 1° siècle. Italie
« Déesse Sekhmet ». Égypte antique

DES CHATS ET DES HOMMES…

Pour terminer ce parcours fantastique dans l’univers des félidés, la dernière salle nous présente quelques figures connues avec leurs petits félins apprivoisés!

Sonia Delaunay
À BIENTÔT !
TIENS, TIENS….
…. ON S’CONNAIT ?

L’exposition « FÉLINS » est présentée à la Grande Galerie de l’Évolution,
au Muséum National d’Histoire Naturelle .

36 rue Geoffroy Saint-Hilaire 75005 PARIS
Tous les jours de 10h à 18h (sauf les mardis)
JUSQU’AU 7 JANVIER 2024

L’INVENTION D’UN LANGAGE ?

« Gertrude Stein et Pablo Picasso, l’invention du langage »
Jusqu’au 28 janvier 2024 au Musée du Luxembourg à Paris

Entrée de l’exposition

Cécile Debray et Assia Quesnel, commissaires de l’exposition, révèlent un aspect méconnu de l’histoire de l’art : l’amitié féconde de deux géants du 20e siècle, Gertrude Stein et Pablo Picasso :
« C’est l’histoire d’une amitié hors norme, entre deux icônes du XXe siècle, Pablo Picasso et Gertrude Stein, celle qui fut sa première mécène. Le Musée du Luxembourg pose un regard décalé sur le maître espagnol, plaçant cette relation au cœur de la première avant-garde artistique du siècle dernier. Nous sommes ici, à Paris, Picasso est alors un jeune espagnol fraîchement arrivé dans la capitale. Il rencontre Gertrude Stein qui n’est pas encore la grande figure de la littérature américaine qu’elle deviendra. C’est l’évidence. Chez elle, Picasso découvre les peintures de Cézanne et de Matisse. Il décide de réaliser son portrait… Après 90 séances de pose, l’œuvre est enfin achevée. Les deux artistes se sont apprivoisés. S’ensuivra une amitié sans faille et une collaboration artistique exceptionnelle, mêlant les mots de l’une aux couleurs de l’autre, jusqu’à poser les fondements d’un nouveau langage artistique. Le cubisme était né. »

Gertrude Stein, écrivaine, poétesse, mécène a été la figure incontournable du monde de l’art de la première moitié du 20e siècle. Elle est née le 3 février 1874 en Pennsylvanie (USA) dans une famille juive, aisée, émigrée d’Allemagne.
Elle fait des études en psychologie et s’intéresse à ce que l’on nommait «l’hystérie féminine» et à une pathologie particulière liée aux troubles de l’écriture.
Très vite, elle se rend compte que c’est l’écriture même qui l’intéresse. En 1904, elle quitte les États Unis pour rejoindre son frère Léo, collectionneur de tableaux, qui s’est installé à Paris en 1902.
En 1907, elle rencontre Alice Toklas (la secrétaire de son frère Léo) qui restera sa compagne jusqu’à sa mort en 1946. Très rapidement, elles s’installent ensemble et reçoivent des écrivains ainsi que des peintres avant-gardistes comme Picasso, Matisse, Braque…

À l’automne 1905, Picasso rencontre Gertrude et Léo Stein, qui lui achètent de très nombreuses toiles, ce qui lui permet à la fois une aisance financière et une nouvelle stimulation intellectuelle.
La même année, Gertrude Stein accepte de poser pour lui et il commence «Le Portrait de Gertrude Stein» (New York, Metropolitan Museum of Art) qu’il terminera en 1906.

D’autres peintres feront le portrait de Gertrude Stein (Félix Valloton, Françis Picabia) et, après sa mort, elle devient «la muse» d’autres artistes. Par exemple, Andy Warhol l’inclut dans « 10 portraits de juifs au XXème siècle».

Le portrait de Gertrude Stein est le 2° en haut,
en partant de la gauche

Une affiche en trompe l’oeil ?

Pour la plus grande majorité des visiteurs et visiteuses, l’affiche est la première sollicitation qui invite à aller voir une exposition. Puis, dès l’entrée dans les lieux, la lecture du texte d’intention (rédigé par la ou le commissaire de l’exposition) donne la trame de ce que nous allons voir, regarder, admirer ou tout simplement, découvrir.
Pour l’exposition «Gertrude Stein et Pablo Picasso – L’invention du langage», il en est de même tant au niveau de l’affiche que de la lecture du texte d’intention, et nous nous préparons alors à voir une exposition sur Picasso, conforté.es que nous sommes par les diverses commémorations du cinquantenaire de la mort de ce dernier en 1973.
Et, c’est là que, pour le public, les interrogations commencent… Même si vingt huit œuvres de Picasso, Braque et Juan Gris sont présentées dans l’exposition, nous réalisons rapidement qu’une pièce «majeure» manque : Le « Portrait de Gertrude Stein » par Picasso (resté au Metropolitan muséum à New York) qui, pour nous, devait représenter le lien entre Gertrude Stein et Pablo Picasso. On ne l’aperçoit qu’au fond du salon de Gertrude Stein, pris en photo par Man Ray… Une reproduction en couleur dans l’exposition aurait été bienvenue!

« Le salon de Gertrude Stein » Photo de Man Ray

Cependant, regarder, contempler les tableaux de Pablo Picasso, de Braque, de Juan Gris nous permet d’avancer dans le cubisme à travers ses différentes étapes.

Pablo Picasso « Femmes aux mains jointes »

Mais, comment comprendre le lien avec « l’invention du langage » entre l’écrivaine et le peintre  qui n’est représenté que par la citation de Gertrude Stein sur le mur, à l’entrée de l’exposition ?

C’est lorsque nous arrivons dans un nouvel espace, dit «second temps de l’exposition», consacré essentiellement à Gertrude Stein et aux artistes qu’elle a inspirés, que nous comprenons que :
«Loin de raconter les liens unissant la poétesse et le peintre, cette exposition fait la part belle à l’influence de Gertrude Stein sur les artistes du XXe siècle
Olivier Cena dans Télérama, 13 septembre 2023.

En 1922, Gertrude Stein publie un recueil de poésie : «Géographie et autres pièces» dans lequel elle travaille sur la répétition : « A rose is a rose is a rose is a rose » qui deviendra sa devise.

La singularité de l’écriture de Gertrude Stein, réside dans la répétition des mots, plusieurs fois mise en exergue dans l’exposition :

Ses écrits inspirent toujours des artistes affiliés au mouvement de «l’art conceptuel »: Ellen Gallagher, en 2000, aborde la question des esclaves noirs américains, comme Gertrude Stein en son temps.

D’autres artistes contemporains – inspirés peut-être malgré eux par Gertrude Stein! – posent aussi la question genrée de l’écriture : « Elle/Il/She/He » résonne avec les questionnements actuels sur l’écriture inclusive:

De la même façon, des compagnies de danse contemporaine, de théâtre, et autres expressions artistiques puisent toujours leur inspiration dans son travail…

Merce Cunningham
Salle de projection, dans l’exposition, d’extraits de spectacles de danse et/ou de théâtre

Si les peintures et autres œuvres exposées dans les premières salles nous donnent à voir le début d’un nouveau style d’expression dans la peinture : le cubisme, initié par Picasso, dans le second temps de l’exposition nous sommes dans l’influence de Gertrude Stein et son héritage dans l’art moderne et conceptuel.
Une exposition «en trompe l’œil» ou deux expositions dans une ?
Initialement, le musée du Luxembourg avait prévu une exposition sur Picasso et la Russie. L’actualité géopolitique a suspendu ce projet, et le musée a dû s’orienter différemment pour rendre un hommage à Pablo Picasso pour le cinquantième anniversaire de sa mort, tout en donnant de la visibilité à une personnalité peu ou pas connue.
À quand une exposition consacrée à Gertrude Stein ?
«Si Gertrude Stein avait été un homme elle aurait été, sans doute, l’écrivain le plus important de la littérature américaine moderne»
Carl André, peintre et sculpteur de l’Art minimaliste américain.

Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 PARIS
Tous les jours de 10h30 à 19h
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COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU 24 OCTOBRE 2023


MUSÉE SOULAGES

Agnès Varda: « Pierre Soulages » 2009-2011
(c)Succession Varda

Un an déjà

Pierre Soulages nous a quittés le 25 octobre 2022. Un an déjà et pourtant… Le peintre n’a jamais été aussi présent dans son musée, dans le cœur de ceux qui aiment son œuvre.
En ce jour anniversaire du décès du peintre le musée Soulages adresse ses affectueuses pensées à son épouse Colette.
L’exposition Les Derniers Soulages 2010 – 2022 actuellement présentée dans le musée se poursuit jusqu’au 7 janvier 2024.
Elle incarne l’énergie et la curiosité qui fut celle du peintre jusqu’à la fin : 44 œuvres de 2010 à 2022 brossant un tableau varié des Outrenoir, des œuvres monumentales comme intimes. Les visiteurs, déjà plus de 75000, ont découvert un Soulages inédit, des toiles plus lumineuses que jamais, une matière expressive, des détails très significatifs. Soulages toujours conjugue le futur au présent.
Figure dans cette exposition la toile ultime, Peinture 102 x 130 cm, 15 mai 2022, qui fait partie de l’importante donation de 7 peintures Outrenoir offertes au musée par Colette Soulages en juin dernier. Elles viennent s’ajouter à l’incomparable ensemble monographique retraçant de manière exhaustive l’œuvre de Soulages de 1934 à 2022.
En 2024 le musée Soulages célèbrera son dixième anniversaire s’affirmant plus que jamais comme le lieu de référence pour aller à la rencontre de ce peintre majeur de notre temps.
En 2020 de jeunes plasticiens et éditeurs demandaient au peintre le mot qu’il aimait le plus, pour l’imprimer sur un rouleau de toile, une œuvre : il répondit Encore.

MUSÉE SOULAGES
epcc RODEZ

MODIGLIANI

« Amedeo Modigliani
Un peintre et son marchand »
Jusqu’au 15 janvier 2024

Entrée de l’exposition à l’Orangerie. (c) Sophie Crepy

Le musée de l’Orangerie à Paris prend le parti original de présenter l’oeuvre d’Amedeo Modigliani à travers sa rencontre avec Paul Guillaume, jeune marchand d’art qui l’accompagnera durant cinq ans et le soutiendra en lui louant un atelier.
Toutes les œuvres de l’exposition ont un lien particulier avec Paul Guillaume, soit qu’il les avait achetées, ou vendues à d’autres, ou encore qu’il les ait commentées dans la revue qu’il dirigeait : «Les Arts à Paris».

Au fil des différentes salles, on découvrira de multiples facettes de la vie et l’oeuvre d’Amedeo Modigliani.
L’ artiste est né en 1884 à Livourne en Italie. Installé à Paris en 1906 après des études artistiques à Florence et à Venise, il fera partie de ce que l’on appellera «L’école de Paris». ( « L’École de Paris » désigne l’ensemble des artistes, dont un grand nombre d’étrangers, qui ont travaillé à Paris de 1900 à 1960, faisant de cette ville un centre d’art de premier plan dans le monde. Wikipédia )
D’abord sculpteur, il se consacrera uniquement à la peinture à partir de 1915.

Modigliani dans son atelier rue Ravignan à Paris.

Paris, musée de l’Orangerie, don de M.Alain Bouret Photo © RMN-Grand Palais (musée de l’Orangerie) / Archives Alain Bouret, image Dominique Couto
Service Presse Musée de l’Orangerie.
Paul Guillaume, portrait de Modigliani et photo.
Photo: (c) Sophie Crepy.

Dans les premières salles de l’exposition, on perçoit immédiatement l’influence de l’art africain, qui inspira le style allongé et apuré de ses dessins puis de ses portraits peints et de ses sculptures.

Le portrait « La fille rousse » par l’artiste et masque antropomorphe du Gabon.
Gros plan du masque
détail de la bouche de « La jeune fille rousse »
Masque d’un artiste Fang (Gabon) et « La femme au ruban de velours »
Ce drôle de regard un peu vide du portrait évoque vraiment un masque…
« Tête de femme » de Modigliani. 1911-1913.

Baigné dans les milieux artistiques parisiens, il fera les portraits de ses célèbres proches : Soutine, Brancusi, Picasso et bien d’autres. 

En 1916, il va peindre plusieurs nus féminins, inspirés par des œuvres de peintres classiques comme Rubens, Botticelli, Goya… Mais ces nus sont perçus comme choquants et on lui demandera de ne plus les exposer, car ils montrent … Des poils pubiens !
Bien sur, on sourit à cette évocation… Pourtant, dans bien des coins du Monde, encore aujourd’hui, des femmes sont toujours obligées de cacher leurs corps sous peine de mort…

Photo: (c) Sophie Crepy
Photo: (c) Sophie Crepy
Photo: (c) Sophie Crepy

Mais c’est la guerre et Paris n’est plus sûr… Comme, en plus, son état de santé se dégrade et que la tuberculose l’affaiblit, il partira à Nice où il réalise des œuvres fortes, peignant des anonymes, des enfants et même des paysages.
Il «remonte» à Paris en 1919 et meurt le 24 janvier 1920, à l’âge de 36 ans.

« Le jeune apprenti  » (1917-1919)
Paris, musée de l’Orangerie
© RMN-Grand Palais (Musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski
Service Presse Musée de l’Orangerie

Pour terminer cette exposition, un film – très réussi – réalisé grâce à des photos d’archive et des dessins, nous permet de « visiter » les différents appartements de Paul Guillaume, où s’expriment ses goûts en matière d’art. Les œuvres de Modigliani y côtoient celles de Matisse, Renoir, Cézanne, Picasso ou Derain.

Enfin, un espace ludique clôt le parcours de l’exposition où jeunes et moins jeunes peuvent s’essayer aux portraits, toucher des sculptures etc.
Une façon bien agréable et pédagogique d’approcher le travail de l’artiste !

À VOIR:

Le 8 octobre la chaîne télévisée ARTE a diffusé un passionnant documentaire de 52 mn
de Jacques LOEUILLE: «Modigliani et ses secrets» que vous pouvez visionner en suivant ce lien :

https://www.arte.tv/fr/videos/089091-000-A/modigliani-et-ses-secrets/

« Amedeo Modigliani
Un peintre et son marchand« 
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries, côté Place de la Concorde
75001 PARIS

ATTENTION:
Vue l’affluence, il est prudent de réserver sur le créneau le plus tôt du matin, au risque de ne voir l’exposition qu’à travers les portables de vos voisins 🙂