L’AMBITION DE TOUTE UNE VIE

« CHANA ORLOFF SCULPTER L’ÉPOQUE »
Jusqu’au 31 mars 2024.

Chana Orloff (1888–1968), est à l’honneur au musée Zadkine à Paris, le premier musée français à consacrer une exposition monographique à la sculptrice franco-ukrainienne, témoin malgré elle des plus grands drames du XXᵉ siècle.
L’exposition est organisée en partenariat avec les « Ateliers-musée Chana Orloff », et bénéficie du soutien de la « Fondation pour la Mémoire de la Shoah ».
Ariane Tamir et Eric Justman, commissaires associés et petits-enfants de Chana Orloff, ont contribué activement à la réalisation de l’exposition, avec de nombreux prêts issus de la maison-atelier de l’artiste.

Musée Zadkine, le jardin.

Rassemblant une centaine d’œuvres, l’exposition n’est pas une rétrospective mais un parcours à travers les œuvres de Chana Orloff et une mise en regard avec certaines œuvres d’Ossip Zadkine.
Les deux artistes ont beaucoup de choses en commun : ils se connaissent, sont tous les deux d’origine russe et de confession juive, ont choisi Paris comme terre d’accueil et meurent à un an d’intervalle. Pour autant, leurs styles sont assez différents et c’est ce que montre cette exposition qui a pour titre « Sculpter l’époque », parce qu’à un journaliste qui lui demandait quelle était son intention lorsqu’elle sculptait, Chana Orloff avait apporté cette réponse : « faire l’époque ».  

Chana Orloff

Rien ne prédestinait Chana Orloff, née dans l’actuelle Ukraine, à devenir une artiste emblématique au parcours hors du commun. Huitième d’une famille de neuf enfants, sa mère et sa grand-mère sont sages-femmes, son père est instituteur. Quand les juifs ont eu l’interdiction d’exercer ce métier, il devient commerçant. En 1905, sa famille émigre en Palestine (dans l’Empire ottoman), et Chana aide ses parents en faisant des travaux de couture. 
En 1910, âgée de 22 ans, elle vient à Paris pour obtenir un diplôme de couturière.  Elle travaille comme apprentie pour la maison de couture « Paquin » jusqu’en 1912. 
L’un de ses professeurs remarque ses talents de dessinatrice et l’encourage à développer ses dons artistiques. Elle est admise à l’École des Arts Décoratifs, et elle fréquente l’Académie Vassilieff.
Au contact des artistes de Montparnasse, parmi lesquels Amedeo Modigliani, Chaïm Soutine ou Marc Chagall, elle se découvre un intérêt pour la sculpture et trouve rapidement son propre langage, un peu à l’écart des mouvements qui dominent à l’époque. Elle s’installe dans un atelier à proximité de celui de Ossip Zadkine. 

Chana Orloff dans son atelier.

En 1916, elle épouse Ary Justman, un poète avec lequel elle a collaboré à une revue littéraire.
De cette union nait, en 1918,  Elie, surnommé Didi qui contracte la poliomyélite.
En 1919, Ary, engagé dans la Croix-Rouge américaine, meurt de la grippe espagnole, laissant Chana et leur fils seuls à Paris.
Tous ces malheurs auraient pu l’abattre, mais elle fait face avec courage et continue sa carrière jusqu’à sa mort en 1968 au moment où elle préparait une rétrospective dans le musée national de Tel Aviv.   

En 1926, elle s’installe dans une maison-atelier conçue par Auguste Perret dans la cité d’artistes de la Villa Seurat dans le 14e arrondissement de Paris. (Auguste Perret est un architecte français qui fut le premier à utiliser le béton armé dans les constructions. On lui doit -entre autres- la reconstruction de la ville du Havre, rasée à 80% par les bombardements de la guerre 39/45.)

Les portraits 

C’est pour l’encourager que ses amis les plus proches, comme les Chagall, lui commande des œuvres. La sculptrice s’exécute avec beaucoup de facilité, utilisant des matériaux aussi divers que le bois, le plâtre (pour des tirages en bronze) ou le ciment et faisant en sorte que le résultat soit toujours reconnaissable, même si elle stylise beaucoup les traits de ses modèles.
Rapidement Chana Orloff devient lune des portraitistes les plus recherchées de son époque. L’exposition ouvre avec les portraits de personnalités du monde des arts et des lettres qui ont fait sa réputation et lui ont permis d’acquérir l’indépendance financière mais aussi avec des portraits d’ami.es proches. On y voit d’abord les portraits qui la rendirent célèbre et qui sont des têtes, mais aussi des sculptures en pieds, comme celle de la fille de l’éditeur Lucien Vogel, Nadine (Chana Orloff avait une prédilection pour les sculptures d’enfants). Pour preuve de son renom, elle obtient la Légion d’honneur et est une des rares sculptrices à prendre part à la grande exposition des « Maîtres de l’Art Indépendant » au Petit Palais à Paris en 1937. 

« Bustes de femmes« 
« Buste de Ruven Rubin« 
« Nadine » et » l’homme à la pipe »
« Ida Chagall« 
G.Lepape / V.Rey
Sans titre
« Torse »

Femmes en mouvements 

À rebours des préjugés au sujet de la sculpture, réputée art physique difficile et plutôt masculin, Chana Orloff s’inscrit dans l’histoire de l’art en pionnière.
Elle développe tout au long de sa carrière une esthétique personnelle, figuration stylisée volontiers synthétique. On y voit de nombreuses représentations féminines, car l’artiste a accordé une place centrale aux femmes en mouvements, comme les danseuses, les sportives ou les garçonnes de l’entre-deux-guerres.
Elle participe de l’évolution de la représentation du corps féminin, et capture dans la pierre ou dans le bois, le mouvement des danseuses, sportives et autres amazones de l’entre-deux-guerres. 

« Deux danseuses« 
« Femmes en mouvement« 
« La dame à l’éventail« 
« Baigneuse accroupie »

Maternités 

Et cette femme, l’artiste n’a pas hésité non plus à la représenter enceinte, avec le ventre et les seins proéminents, ce qui était encore très peu courant à l’époque. Ou bien l’a montrée en fusion avec son enfant, dans des œuvres où l’on a presque du mal à distinguer le corps de l’un et de l’autre (elle-même protégeait beaucoup son fils malade).

« La femme enceinte »
« La grand mère et la petite-fille »
« La mère et l’enfant dans les bras »
« Maternité allaitant »
À gauche: « La sainte famille » O.Zadkine
À droite: « Le baiser » C.Orloff
« La dame enceinte »

Dans une interview, Chana Orloff affirme que les artistes qui sont « également mères » sont meilleures que les hommes pour traiter cette thématique. Lorsqu’elle choisit, pour un magazine, de se faire photographier, ce ne sera pas au travail mais avec son fils Élie… Entourée de ses sculptures, elle revendique sa double identité de mère et d’artiste renommée. 

Chana Orloff et son fils, à l’atelier.

L’ Après –guerre : les monuments du retour  

En juillet 1942, l’histoire se répète.  La guerre éclate et Chana Orloff, qui est juive, échappe de peu à la rafle du Vel d’Hiv. Elle parvient à se réfugier en Suisse avec son fils. Durant cet exil elle continue à sculpter aidée par des ami.es.
En 1945, elle expose ses œuvres réalisées en Suisse à la galerie « Georges-Moos » à Genève ; la critique est enthousiaste.
Elle revient à Paris à la Libération et trouve son atelier saccagé et pillé par les nazis.  
Elle se remet au travail, abandonne la forme lisse pour un modelé plus inquiet avec des thèmes intimistes comme celui de la femme assise.
Un an plus tard, elle expose à la « Galerie de France » une trentaine de sculptures et une série de dessins.
La sculpture intitulée « Le Retour », exprimant le calvaire d’un déporté, bouleverse la critique. 

« Le retour »
« La veuve ou la dame assise »
Étude pour « Le retour »

La Seconde Guerre mondiale met un terme à la fulgurante carrière de Chana. Ses sculptures animalières se transforment en messages politiques. Alors que les Nazis assimilent le peuple juif à l’insecte nuisible de la sauterelle, elle retourne la critique en exposant une sauterelle-char, qui – selon elle – est le véritable danger. 

« La sauterelle »
Oiseau blessé

Le bestiaire 

L’exposition offre également un aperçu du bestiaire sculpté par Chana Orloff, nourri par la symbolique et la culture juive, qui emprunte à la tradition hébraïque. Les animaux occupent une place importante dans son travail : poissons, oiseaux et chiens qu’elle s’est efforcée de représenter à la manière de François Pompon (Sculpteur français 1855-1933) c’est-à-dire en ne conservant que les attributs qui lui permettent de donner un caractère particulier à chacune des bêtes.

« Panthère » François Pompon
« Oiseau »
« La chèvre »
« Couple »

Après l’indépendance d’Israël (1948) Chana Orloff va y passer plus en plus de temps. Elle y arrive en  1949, après une tournée triomphale en Europe et aux États-Unis. Elle expose au musée de Tel-Aviv, à Jérusalem et à Haifa. Elle travaille dans le pays et réalise, entre autres, le portrait de David Ben-Gourion ainsi que la Maternité érigée à Ein Guev à la mémoire de Chana Tuchman Alderstein, membre de ce kibboutz, tombée au cours de la guerre de libération. 

« Maternité » à Ein Guev 1952

En 1968, Chana Orloff arrive en Israël pour une exposition rétrospective au musée de Tel-Aviv, à l’occasion de son 80e anniversaire. Tombée malade, elle s’éteint près de Tel-Aviv, le 18 décembre 1968 (un an après Zadkine). Elle est enterrée à Tel-Aviv, et son fils Elie fera poser sur sa tombe le monument funéraire sur lequel elle travaillait. 

Dans le 14eme arrondissement de Paris, sa maison-atelier dans laquelle elle vécut et travaillé de 1926 de 1968 a été conservée par ses héritiers dans l’état dans lequel l’artiste l’a laissée.
Cette maison-atelier a été labellisée en 2020 « Maison des Illustres » par le Ministère de la Culture.

L’œuvre de Chana Orloff compte près de 500 sculptures, constituée de plâtres, de bois, de bronzes, de marbres, de pierres, de terres et de ciments. 
À cette collection importante s’ajoute celle du fonds de dessins de l’artiste (3000 dessins et esquisses) ainsi qu’un ensemble de gravures. Enfin, une partie de sa collection personnelle de tableaux la représentant, peints par des amis artistes, est exposée, évoquant une femme forte et ancrée dans son époque. 
Les héritiers ont également poursuivi les recherches afin d’obtenir la restitution des œuvres spoliées. Certaines ont retrouvées leurs places dans l’atelier : 

Retour des sculptures après spoliation
Retour d’oeuvres après pillage

TEXTES ET PHOTOS DE L’ARTICLE: KADIA RACHEDI

Le musée ZADKINE se trouve 100 bis rue d’Assas
dans le 6e arrondissement de Paris

AMPHORALIS ET NARBO VIA…

NARBO VIA

… QUAND LE PASSÉ SE CONJUGUE AU FUTUR

Musée d’Amphoralis

AMPHORALIS

Mis à jour à partir de 1976, l’atelier de potiers gallo-romains de Sallèles-d’Aude, « Amphoralis » est un site unique en Europe. Il fait partie de l’EPCC (Établissement Public de Coopération Culturelle) NARBO VIA, qui comprend aussi l’Horréum et le musée Narbo Via à Narbonne.
(Cf « L’Art d’être Curieux » 19/09/2021, 04/03/2022, 07/02/2023 et 26/05/2023…)


La visite d’Amphoralis commence par un musée posé sur pilotis qui permet de regarder les fouilles archéologiques, grâce à des passerelles qui les surplombent et de suivre la fabrication, la cuisson et la commercialisation des productions, dans plusieurs salles attenantes.

Fouilles
Fouilles
Marque d’artisan
Marque d’artisan

Pour terminer la visite du musée, vous pourrez regarder le documentaire de Marc Azéma:
« Amphoralis, de l’histoire à l’expérimentation ».
Marc Azéma est Docteur en Préhistoire, chercheur archéologue spécialisé dans l’étude de l’Art préhistorique, documentariste et passionné de nouvelles technologies… Il est l’auteur de nombreux ouvrages très abordables pour le « grand public » et d’une conférence passionnante sur les « Origines paléolithiques de la narration graphique et du cinématographe ». ( à voir sur YouTube…)
Il est aussi décoré Chevalier de l’Ordre National du Mérite depuis avril 2023…

Marc Azéma

En suivant le fléchage du parc attenant au musée vous découvrirez la remarquable reconstitution d’un village de potiers : habitats, fours, ateliers ainsi qu’un jardin de plus de 150 espèces de plantes telles qu’elles existaient dans l’Antiquité, et un arboretum planté d’essences utilisées pour les cuissons…

Le grand four.

La beauté du lieu, la minutie des reconstitutions et l’accueil sympathique des personnels font d’Amphoralis un lieu passionnant et un inoubliable voyage dans le temps!
Vous pourrez également, au gré des programmations culturelles, vous familiariser au travail de la terre, au mode de vie des potiers ou aux actualités des recherches archéologiques, car Amphoralis est aussi un centre d’expérimentation.

AU MUSÉE NARBO-VIA : « AU TEMPS DES GALLO-ROMAINS »
SECRETS DE FABRICATION D’UN LIVRE JEUNESSE.

Pour qui est passionné.e d’Histoire et d’Histoire de l’Art, NARBO VIA est un vrai bonheur!
En parallèle à la collection permanente retraçant la naissance et la vie de Narbo Martius, capitale de la province romaine de la Narbonnaise, l’équipe de l’EPCC déborde d’imagination et d’initiatives pour faire de ces trois lieux des moments uniques et hors du temps! Installations d’Art Contemporain, expositions d’architecture, animations vers tous les publics, concerts, boutique, création d’un restaurant… Tout est mis en oeuvre pour captiver les visiteurs et les inciter à revenir, comme on revient dans un lieu familier!

Jusqu’au 7 janvier 2024, l’exposition gratuite : « Au temps des Gallo-romains » retrace les différentes étapes de création d’un livre jeunesse à partir de l’ouvrage de Michel Piquemal (auteur) et Philippe Archer (dessinateur) : « Au temps des Gallo-romains » (ed. Cabardès).
Depuis les premières esquisses, avec leurs modifications et les interrogations des auteurs, jusqu’aux planches définitives, on suivra cette naissance étonnante, accompagnée des objets archéologiques, issus des collections du musée, qui ont inspiré leur travail.

1° crayonné
2° crayonné
Image finale, prête à l’impression.
Objets archéologiques qui appuient la réflexion des auteurs.

Des interviews des auteurs viennent éclairer ce processus de création, mis en exposition pour la première fois.

Projection de linterview de Michel Piquemal

Photos: Christian AVENEL.

Dimanche 26 Novembre à 15h30:
Table ronde avec Michel Piquemal, Philippe Archer et Monique Subra suivie d’une séance de dédicaces

Autour des expositions et des collections permanentes, le musée foisonne d’animations : « Visites amoureuses », « Shubertiades », « Espace Game », Muséofête » … Et propose également des stages de poteries, de mosaïque etc.

Pour la Journée Internationale du Handicap, le 5 décembre, Narbo Via proposera des activités accessibles avec des enfants, notamment un NarboPhilo enfant GRATUIT sur le thème « Comment vivre avec nos différences ? » à 10h30.

  • L’activité est introduite par une temps de découverte avec la médiatrice culturelle au coeur du musée, qui en profitera pour présenter les dispositifs d’accompagnement des visiteurs en situation de handicap, comme des éléments tactiles.
  • Le temps de débat « Comment vivre avec nos différences ? » est proposé par Amandine Hours et Catherine Vermand de l’Université Populaire de la Narbonnaise.

Et aussi…

  • Présentation du projet mosaïque réalisé par l’IME (Institut Médico-Éducatif) Louis Signoles de Narbonne, en continu de 10h à 18h.
  • Présentation des premiers moulages d’œuvres qui composeront notre galerie tactile, en continu de 10h à 18h.
  • Stands de sensibilisation aux différents types de handicap, en continu de 11h à 12h30 et de 14h à 16h30.
  • Visite des 5 sens à 11h.
  • Café-signes en Langue des Signes Française à 12h.
  • Déambulation dansée en Signadanse à 14h30 et à 16h30.

  • le Musée se situe 2 avenue André Mècle 11000 Narbonne
    lemusée@narbovia.fr
  • Amphoralis est Allée des Potiers à Sallèles-d’Aude 11590 (environ 10km au Nord de Narbonne)
    amphoralis@narbovia.fr
  • l’Horréum est au 7 rue Rouget de Lisle 11000 Narbonne
    horreum@narbovia.fr

FASCINANTS FÉLINS

« Ils peuplent notre histoire, nos fantasmes et nos maisons depuis des millénaires…
Pourtant nous savons peu de choses à leurs sujets, car ces animaux discrets sont souvent difficiles à observer dans la nature.
Promenez-vous à pas de velours pour découvrir l’étonnante famille des Félidés et les menaces qui pèsent sur leur avenir.

Observez leur anatomie, leur comportement de prédateurs et les défis qu’ils doivent relever, ainsi que leur importance dans les cultures à travers le monde.
Vous irez au-delà des idées reçues sur le lion, le tigre, la panthère… Et bien sûr le chat, qui vous accompagnera tout au long de votre voyage. »

Dès l’entrée de l’exposition, on est saisi par l’ambiance feutrée et mystérieuse des lieux…
Si un gentil petit chat nous guide dans les différentes salles, on se retrouve tout de même
d’emblée projeté.es au milieu de félins plutôt intimidants!

Sur 1000 m2 d’expositions, grâce à une très belle scénographie et la présentation de pièces d’anthropologie et d’archéologie, des naturalisations, des squelettes, des objets et de remarquables photos et films, le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris met à l’honneur cette exceptionnelle famille d’animaux que sont les félins.
Comment vivent-ils ? Qui les menace ? Et eux, qui menacent-ils ? Pourquoi ont-ils été domestiqués ?
Que représentent-ils dans les cultures anciennes et la mythologie ?

Toutes ces questions, et bien d’autres encore, trouveront une réponse au fil de la traversée des grandes salles de l’exposition, chacune abordant un thème particulier: « Fascinants félins », « de parfaits prédateurs ? » « des félins et des hommes » , « apprivoisés ou domestiqués ? » …
Documentaires, reconstitutions, panneaux didactiques ludiques et souvent humoristiques vont nous apprendre à les reconnaître, à identifier les 38 espèces qui composent cette famille et nous familiariser avec leurs moeurs.

Arbre à chats!


Projections…
…traduites en langue des signes.
Suite des projections…

PÉDAGOGIE…

Les différentes façons de nous transmettre les connaissances sont réellement subtiles : qualité des documents présentés, humour, jeux interactifs passionnent aussi bien les adultes que les enfants:

MYTHES ET LÉGENDES…

Dès l’entrée de la troisième salle, une ambiance particulière capte le visiteur et l’emporte au cœur de plusieurs pays et civilisations : Égypte, Grèce, Afrique, Asie, etc. En un coup d’œil, il balaie aussi plusieurs époques. En effet, partout sur la planète et depuis fort longtemps, les félins symboles de puissance, de protection et de bravoure, fascinent les humains dont les rois, reines, guerriers et autre puissants reprennent l’esthétique. Au sein des mythes, légendes, cultures, cultes, les félins sont ainsi représentés de diverses manières.

« Mithridate ». Copie romaine en marbre. 1° siècle. Italie
« Déesse Sekhmet ». Égypte antique

DES CHATS ET DES HOMMES…

Pour terminer ce parcours fantastique dans l’univers des félidés, la dernière salle nous présente quelques figures connues avec leurs petits félins apprivoisés!

Sonia Delaunay
À BIENTÔT !
TIENS, TIENS….
…. ON S’CONNAIT ?

L’exposition « FÉLINS » est présentée à la Grande Galerie de l’Évolution,
au Muséum National d’Histoire Naturelle .

36 rue Geoffroy Saint-Hilaire 75005 PARIS
Tous les jours de 10h à 18h (sauf les mardis)
JUSQU’AU 7 JANVIER 2024

L’INVENTION D’UN LANGAGE ?

« Gertrude Stein et Pablo Picasso, l’invention du langage »
Jusqu’au 28 janvier 2024 au Musée du Luxembourg à Paris

Entrée de l’exposition

Cécile Debray et Assia Quesnel, commissaires de l’exposition, révèlent un aspect méconnu de l’histoire de l’art : l’amitié féconde de deux géants du 20e siècle, Gertrude Stein et Pablo Picasso :
« C’est l’histoire d’une amitié hors norme, entre deux icônes du XXe siècle, Pablo Picasso et Gertrude Stein, celle qui fut sa première mécène. Le Musée du Luxembourg pose un regard décalé sur le maître espagnol, plaçant cette relation au cœur de la première avant-garde artistique du siècle dernier. Nous sommes ici, à Paris, Picasso est alors un jeune espagnol fraîchement arrivé dans la capitale. Il rencontre Gertrude Stein qui n’est pas encore la grande figure de la littérature américaine qu’elle deviendra. C’est l’évidence. Chez elle, Picasso découvre les peintures de Cézanne et de Matisse. Il décide de réaliser son portrait… Après 90 séances de pose, l’œuvre est enfin achevée. Les deux artistes se sont apprivoisés. S’ensuivra une amitié sans faille et une collaboration artistique exceptionnelle, mêlant les mots de l’une aux couleurs de l’autre, jusqu’à poser les fondements d’un nouveau langage artistique. Le cubisme était né. »

Gertrude Stein, écrivaine, poétesse, mécène a été la figure incontournable du monde de l’art de la première moitié du 20e siècle. Elle est née le 3 février 1874 en Pennsylvanie (USA) dans une famille juive, aisée, émigrée d’Allemagne.
Elle fait des études en psychologie et s’intéresse à ce que l’on nommait «l’hystérie féminine» et à une pathologie particulière liée aux troubles de l’écriture.
Très vite, elle se rend compte que c’est l’écriture même qui l’intéresse. En 1904, elle quitte les États Unis pour rejoindre son frère Léo, collectionneur de tableaux, qui s’est installé à Paris en 1902.
En 1907, elle rencontre Alice Toklas (la secrétaire de son frère Léo) qui restera sa compagne jusqu’à sa mort en 1946. Très rapidement, elles s’installent ensemble et reçoivent des écrivains ainsi que des peintres avant-gardistes comme Picasso, Matisse, Braque…

À l’automne 1905, Picasso rencontre Gertrude et Léo Stein, qui lui achètent de très nombreuses toiles, ce qui lui permet à la fois une aisance financière et une nouvelle stimulation intellectuelle.
La même année, Gertrude Stein accepte de poser pour lui et il commence «Le Portrait de Gertrude Stein» (New York, Metropolitan Museum of Art) qu’il terminera en 1906.

D’autres peintres feront le portrait de Gertrude Stein (Félix Valloton, Françis Picabia) et, après sa mort, elle devient «la muse» d’autres artistes. Par exemple, Andy Warhol l’inclut dans « 10 portraits de juifs au XXème siècle».

Le portrait de Gertrude Stein est le 2° en haut,
en partant de la gauche

Une affiche en trompe l’oeil ?

Pour la plus grande majorité des visiteurs et visiteuses, l’affiche est la première sollicitation qui invite à aller voir une exposition. Puis, dès l’entrée dans les lieux, la lecture du texte d’intention (rédigé par la ou le commissaire de l’exposition) donne la trame de ce que nous allons voir, regarder, admirer ou tout simplement, découvrir.
Pour l’exposition «Gertrude Stein et Pablo Picasso – L’invention du langage», il en est de même tant au niveau de l’affiche que de la lecture du texte d’intention, et nous nous préparons alors à voir une exposition sur Picasso, conforté.es que nous sommes par les diverses commémorations du cinquantenaire de la mort de ce dernier en 1973.
Et, c’est là que, pour le public, les interrogations commencent… Même si vingt huit œuvres de Picasso, Braque et Juan Gris sont présentées dans l’exposition, nous réalisons rapidement qu’une pièce «majeure» manque : Le « Portrait de Gertrude Stein » par Picasso (resté au Metropolitan muséum à New York) qui, pour nous, devait représenter le lien entre Gertrude Stein et Pablo Picasso. On ne l’aperçoit qu’au fond du salon de Gertrude Stein, pris en photo par Man Ray… Une reproduction en couleur dans l’exposition aurait été bienvenue!

« Le salon de Gertrude Stein » Photo de Man Ray

Cependant, regarder, contempler les tableaux de Pablo Picasso, de Braque, de Juan Gris nous permet d’avancer dans le cubisme à travers ses différentes étapes.

Pablo Picasso « Femmes aux mains jointes »

Mais, comment comprendre le lien avec « l’invention du langage » entre l’écrivaine et le peintre  qui n’est représenté que par la citation de Gertrude Stein sur le mur, à l’entrée de l’exposition ?

C’est lorsque nous arrivons dans un nouvel espace, dit «second temps de l’exposition», consacré essentiellement à Gertrude Stein et aux artistes qu’elle a inspirés, que nous comprenons que :
«Loin de raconter les liens unissant la poétesse et le peintre, cette exposition fait la part belle à l’influence de Gertrude Stein sur les artistes du XXe siècle
Olivier Cena dans Télérama, 13 septembre 2023.

En 1922, Gertrude Stein publie un recueil de poésie : «Géographie et autres pièces» dans lequel elle travaille sur la répétition : « A rose is a rose is a rose is a rose » qui deviendra sa devise.

La singularité de l’écriture de Gertrude Stein, réside dans la répétition des mots, plusieurs fois mise en exergue dans l’exposition :

Ses écrits inspirent toujours des artistes affiliés au mouvement de «l’art conceptuel »: Ellen Gallagher, en 2000, aborde la question des esclaves noirs américains, comme Gertrude Stein en son temps.

D’autres artistes contemporains – inspirés peut-être malgré eux par Gertrude Stein! – posent aussi la question genrée de l’écriture : « Elle/Il/She/He » résonne avec les questionnements actuels sur l’écriture inclusive:

De la même façon, des compagnies de danse contemporaine, de théâtre, et autres expressions artistiques puisent toujours leur inspiration dans son travail…

Merce Cunningham
Salle de projection, dans l’exposition, d’extraits de spectacles de danse et/ou de théâtre

Si les peintures et autres œuvres exposées dans les premières salles nous donnent à voir le début d’un nouveau style d’expression dans la peinture : le cubisme, initié par Picasso, dans le second temps de l’exposition nous sommes dans l’influence de Gertrude Stein et son héritage dans l’art moderne et conceptuel.
Une exposition «en trompe l’œil» ou deux expositions dans une ?
Initialement, le musée du Luxembourg avait prévu une exposition sur Picasso et la Russie. L’actualité géopolitique a suspendu ce projet, et le musée a dû s’orienter différemment pour rendre un hommage à Pablo Picasso pour le cinquantième anniversaire de sa mort, tout en donnant de la visibilité à une personnalité peu ou pas connue.
À quand une exposition consacrée à Gertrude Stein ?
«Si Gertrude Stein avait été un homme elle aurait été, sans doute, l’écrivain le plus important de la littérature américaine moderne»
Carl André, peintre et sculpteur de l’Art minimaliste américain.

Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 PARIS
Tous les jours de 10h30 à 19h
.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU 24 OCTOBRE 2023


MUSÉE SOULAGES

Agnès Varda: « Pierre Soulages » 2009-2011
(c)Succession Varda

Un an déjà

Pierre Soulages nous a quittés le 25 octobre 2022. Un an déjà et pourtant… Le peintre n’a jamais été aussi présent dans son musée, dans le cœur de ceux qui aiment son œuvre.
En ce jour anniversaire du décès du peintre le musée Soulages adresse ses affectueuses pensées à son épouse Colette.
L’exposition Les Derniers Soulages 2010 – 2022 actuellement présentée dans le musée se poursuit jusqu’au 7 janvier 2024.
Elle incarne l’énergie et la curiosité qui fut celle du peintre jusqu’à la fin : 44 œuvres de 2010 à 2022 brossant un tableau varié des Outrenoir, des œuvres monumentales comme intimes. Les visiteurs, déjà plus de 75000, ont découvert un Soulages inédit, des toiles plus lumineuses que jamais, une matière expressive, des détails très significatifs. Soulages toujours conjugue le futur au présent.
Figure dans cette exposition la toile ultime, Peinture 102 x 130 cm, 15 mai 2022, qui fait partie de l’importante donation de 7 peintures Outrenoir offertes au musée par Colette Soulages en juin dernier. Elles viennent s’ajouter à l’incomparable ensemble monographique retraçant de manière exhaustive l’œuvre de Soulages de 1934 à 2022.
En 2024 le musée Soulages célèbrera son dixième anniversaire s’affirmant plus que jamais comme le lieu de référence pour aller à la rencontre de ce peintre majeur de notre temps.
En 2020 de jeunes plasticiens et éditeurs demandaient au peintre le mot qu’il aimait le plus, pour l’imprimer sur un rouleau de toile, une œuvre : il répondit Encore.

MUSÉE SOULAGES
epcc RODEZ

MODIGLIANI

« Amedeo Modigliani
Un peintre et son marchand »
Jusqu’au 15 janvier 2024

Entrée de l’exposition à l’Orangerie. (c) Sophie Crepy

Le musée de l’Orangerie à Paris prend le parti original de présenter l’oeuvre d’Amedeo Modigliani à travers sa rencontre avec Paul Guillaume, jeune marchand d’art qui l’accompagnera durant cinq ans et le soutiendra en lui louant un atelier.
Toutes les œuvres de l’exposition ont un lien particulier avec Paul Guillaume, soit qu’il les avait achetées, ou vendues à d’autres, ou encore qu’il les ait commentées dans la revue qu’il dirigeait : «Les Arts à Paris».

Au fil des différentes salles, on découvrira de multiples facettes de la vie et l’oeuvre d’Amedeo Modigliani.
L’ artiste est né en 1884 à Livourne en Italie. Installé à Paris en 1906 après des études artistiques à Florence et à Venise, il fera partie de ce que l’on appellera «L’école de Paris». ( « L’École de Paris » désigne l’ensemble des artistes, dont un grand nombre d’étrangers, qui ont travaillé à Paris de 1900 à 1960, faisant de cette ville un centre d’art de premier plan dans le monde. Wikipédia )
D’abord sculpteur, il se consacrera uniquement à la peinture à partir de 1915.

Modigliani dans son atelier rue Ravignan à Paris.

Paris, musée de l’Orangerie, don de M.Alain Bouret Photo © RMN-Grand Palais (musée de l’Orangerie) / Archives Alain Bouret, image Dominique Couto
Service Presse Musée de l’Orangerie.
Paul Guillaume, portrait de Modigliani et photo.
Photo: (c) Sophie Crepy.

Dans les premières salles de l’exposition, on perçoit immédiatement l’influence de l’art africain, qui inspira le style allongé et apuré de ses dessins puis de ses portraits peints et de ses sculptures.

Le portrait « La fille rousse » par l’artiste et masque antropomorphe du Gabon.
Gros plan du masque
détail de la bouche de « La jeune fille rousse »
Masque d’un artiste Fang (Gabon) et « La femme au ruban de velours »
Ce drôle de regard un peu vide du portrait évoque vraiment un masque…
« Tête de femme » de Modigliani. 1911-1913.

Baigné dans les milieux artistiques parisiens, il fera les portraits de ses célèbres proches : Soutine, Brancusi, Picasso et bien d’autres. 

En 1916, il va peindre plusieurs nus féminins, inspirés par des œuvres de peintres classiques comme Rubens, Botticelli, Goya… Mais ces nus sont perçus comme choquants et on lui demandera de ne plus les exposer, car ils montrent … Des poils pubiens !
Bien sur, on sourit à cette évocation… Pourtant, dans bien des coins du Monde, encore aujourd’hui, des femmes sont toujours obligées de cacher leurs corps sous peine de mort…

Photo: (c) Sophie Crepy
Photo: (c) Sophie Crepy
Photo: (c) Sophie Crepy

Mais c’est la guerre et Paris n’est plus sûr… Comme, en plus, son état de santé se dégrade et que la tuberculose l’affaiblit, il partira à Nice où il réalise des œuvres fortes, peignant des anonymes, des enfants et même des paysages.
Il «remonte» à Paris en 1919 et meurt le 24 janvier 1920, à l’âge de 36 ans.

« Le jeune apprenti  » (1917-1919)
Paris, musée de l’Orangerie
© RMN-Grand Palais (Musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski
Service Presse Musée de l’Orangerie

Pour terminer cette exposition, un film – très réussi – réalisé grâce à des photos d’archive et des dessins, nous permet de « visiter » les différents appartements de Paul Guillaume, où s’expriment ses goûts en matière d’art. Les œuvres de Modigliani y côtoient celles de Matisse, Renoir, Cézanne, Picasso ou Derain.

Enfin, un espace ludique clôt le parcours de l’exposition où jeunes et moins jeunes peuvent s’essayer aux portraits, toucher des sculptures etc.
Une façon bien agréable et pédagogique d’approcher le travail de l’artiste !

À VOIR:

Le 8 octobre la chaîne télévisée ARTE a diffusé un passionnant documentaire de 52 mn
de Jacques LOEUILLE: «Modigliani et ses secrets» que vous pouvez visionner en suivant ce lien :

https://www.arte.tv/fr/videos/089091-000-A/modigliani-et-ses-secrets/

« Amedeo Modigliani
Un peintre et son marchand« 
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries, côté Place de la Concorde
75001 PARIS

ATTENTION:
Vue l’affluence, il est prudent de réserver sur le créneau le plus tôt du matin, au risque de ne voir l’exposition qu’à travers les portables de vos voisins 🙂

Société Protectrice des Animaux


Portes Ouvertes de la SPA les 7 et 8 octobre 2023,
Partout en France!

Il est parfois compliqué de changer nos petites habitudes… Mais l’amour nous fait pousser des ailes ! 
Rendez-vous aux Portes Ouvertes de la SPA les 7 et 8 octobre prochains et découvrez si vous vous sentez prêt.e à changer pour l’un des 8 000 animaux qui attendent actuellement dans les refuges de la SPA une nouvelle famille à aimer…

Vous pouvez aussi venir juste pour rencontrer les salarié.es et les bénévoles, passer un moment pour découvrir leurs quotidien, faire un don…

CHAGALL . KLEE

ATELIER DES LUMIÈRES À PARIS
JUSQU’AU 7 JANVIER 2024

C’est dans l’ancienne fonderie du Chemin Vert que Culturespaces a installé le Centre d’Art Numérique de Paris.
Une fois encore, la magie d’un lieu de labeur ressuscité s’imprime dès l’entrée : cheminées, fours de fusion… Les traces de l’usinage et la projection d’oeuvres d’art sur les murs sont un hommage incontestable et émouvant au travail des ouvriers et des artistes !

Une fonderie…
Introduction Chagall.Klee à l’Atelier des Lumières

UNE CRÉATION ARTISTIQUE

Je n’aime pas beaucoup l’expression : «exposition immersive» car trop de lieux actuellement s’approprient cette façon d’attirer les visiteurs en plaquant quelques effets numériques sur un tableau…

Ce qui est présenté là est une réelle création artistique réalisée à partir de focus sur un œuvre peint, à l’aide de l’outil numérique.
Le choix minutieux des détails, des mises en mouvements et des superpositions accordé aux rythmes musicaux nous propulse à travers les œuvres, et nos déambulations accentuent cette impression d’explosions lumineuses.

Tour à tour, les auteurs nous racontent la vie des artistes à travers des projections de photos en noir et blanc, puis nous entraînent dans leurs univers créatifs : le bestiaire en gros plans de Chagall, les drôles de personnages de Klee nous suivent ou nous précèdent et l’on se prend à essayer de leur jouer des tours en s’arrêtant ou en reculant au rythme des musiques! Mais ils reviennent, puis s’évanouissent pour laisser place à d’autres figures de cirque ou de poissons dorés… Somptueux !

Dans une rotonde centrale, on peut voir les tableaux entiers, fixes et légendés. Sympathique initiative qui permet aux visiteurs de mieux apprécier le spectacle:

«Chagall, Paris-New York» est réalisé par Gianfranco Iannuzzi,
«Paul Klee, peindre la musique» est une création de Cutback.

Marc CHAGALL

Marc CHAGALL
« Les mariés de la Tour Eiffel » 1938

Né en Bielorussie en 1887, il est mort en France en 1985.
C’est un artiste inclassable, proche des surréalistes, influencé par la religion juive et le folklore russe, ses tableaux sont des allégories symboliques très colorées.
Il abordera la peinture et le vitrail, la sculpture , la mosaïque et la céramique. Il répondra à de nombreuses commandes (plafond de l’Opéra de Paris, églises catholiques, synagogues, théâtres…)

Plafond de l’Opéra de Paris . Détail
Plafond de l’Opéra de Paris

Paul KLEE

Paul Klee
« Chameaux dans un paysage rythmé d’arbres » 1920

Paul Klee est né en 1879 près de Berne en Suisse. Il mourra en 1940 à Locarno.
Ses œuvres qualifiées d’énigmatiques sont d’abord dites « constructives » (formes géométriques/traits) puis viennent s’y poser des formes souples, plus « spirituelles ».
Il travaillera le dessin, la lithographie et la gravure. Sur les 10000 œuvres réalisées, on ne compte pratiquement aucune sculpture…

Savourez….
MERCI À CHRISTIAN VOULGAROPOULOS
voulgaropoulos@gmail.com

Atelier des Lumières
38 rue Saint Maur
75011 PARIS

www.atelier-lumière.com

MOUVEMENTS

ANNA WAISMAN

C’est à la « Drawing House« , qui – comme son nom ne l’indique pas – est un hôtel, que vous pourrez découvrir le travail d’une artiste étonnante et méconnue du « grand public ».
Née à Strasbourg en 1928, elle mourra à Paris en 1995 à l’âge de 63 ans.
Anna est danseuse à l’Opéra de Strasbourg puis dans les « Ballets d’Amérique latines » avant d’explorer les possibilités créatrices que lui offre la sculpture.

Par hasard, elle rencontre le sculpteur Zadkine, qui l’encouragea à trouver un atelier pour pouvoir travailler. Mais où ? Et comment le payer?
Elle va alors faire quelque chose d’incroyable: s’installer sur les berges de la Seine, au Viaduc d’Auteuil, dont elle récupère les énormes blocs de pierre qu’elle sculptera sur place, dehors, malgré le vent ou la pluie! Cette audace lui vaudra quelques articles de Presse qui la sortent alors de l’anonymat…

Anna Waisman explorera tour à tour le graphisme, la peinture puis ce que l’ordinateur peut lui permettre d’exprimer.

Cette petite exposition (on regrette de n’en voir pas plus!) donne réellement envie de mieux connaître le travail foisonnant d’Anna Waisman, et on peut regretter la maladresse de l’éclairage qui « projette » des barres lumineuses à travers les oeuvres graphiques et une installation vidéo qui massacre le film sur sa vie 🙁
Heureusement, Sibylle Blumenfeld, sa belle-fille, était présente lors de notre visite et a eu la gentillesse de nous autoriser à diffuser ce film:

Sans hésiter, prenez le temps cette semaine de rencontrer
ANNA WAISMAN
à l’hôtel Drawing House
21 rue Vercingétorix
Métro Gaité

ENTRÉE LIBRE

REGARDS CROISÉS…

PLANTU-REZA

Artistes humanistes et engagés, Plantu et Reza ne cessent d’appeler à la fraternité et au dialogue.

Quel autre musée que le Musée de l’Homme à Paris pour accueillir jusqu’au 31 décembre une exposition engagée dans laquelle deux témoins essentiels des grands bouleversements de ces dernières décennies font dialoguer leurs pratiques et leurs visions du monde avec le désir commun de préserver leur liberté de parole et leur liberté d’informer en dépit des menaces.
Les œuvres croisées des deux journalistes sont réparties en cinq sections : Documenter les conflits, Dénoncer les inégalités, Suivre les migrations, Mettre l’environnement au premier plan, Défendre la liberté d’expression.
On le voit, ce ne sont pas des sujets faciles, et ils sont toujours d’actualité quelques quarante ans après leurs premiers travaux.
Tous les sujets sont agrémentés de commentaires de Reza et Plantu sur leurs œuvres respectives, ce qui aide à mieux comprendre ce qui les rapproche. Une exposition brillante, aidant à notre propre réflexion sur les sujets abordés.

Plantu et Reza

L’un, Reza, photographie le monde. Il a connu la torture, l’enfermement et l’exil : En 1974, à l’âge de 22 ans, il est emprisonné pour 3 ans et torturé, dans son pays natal, l’Iran, pour avoir affiché, sur les murs, des photographies dénonçant la misère. Il rencontre de grands intellectuels iraniens, eux aussi emprisonnés. Il déclare: « C’était extraordinaire de se trouver si jeune au milieu des plus prestigieux écrivains, philosophes, romanciers et cinéastes du pays « . Il apprend le français et décide de s’engager aux côtés des populations en détresse. Depuis lors, il n’a jamais cessé de couvrir les conflits pour les rendre visibles aux yeux du monde entier, avec les dangers que cela implique. En 1981, il fuit l’Iran et s’exile à Paris.

Les outils..
de Réza.

L’autre, Plantu, dessine. Il a connu les menaces de mort et les attentats. Il est, depuis plusieurs années sous protection policière. Il a illustré quotidiennement l’actualité à la Une du journal « Le Monde » de 1985 à 2021. Il a obtenu le prix du document rare au Festival du scoop et du journalisme d’Angers en 1991 et le prix de l’engagement démocratique à Strasbourg, en 2019.
Il a créé la « Fondation Plantu » dont l’objet est d’établir des passerelles entre jeunes « oublié.es de la République » et artistes, sportifs et professionnels de la cuisine.

Les outils de Plantu.

Plantu et Reza se croisent pour la première fois en avril 2011, aux « Rencontres Internationales du Dessin de Presse » au Mémorial de Caen.
Naît, à cette occasion, une complicité qui les conduira, en 2020, à projeter leurs travaux sur un même écran, puis à les marier de manière plus intime, dans un véritable entrelacement artistique.
Cette création aboutit à une série d’œuvres communes, publiées dans un livre en 2021 chez Gallimard, et présentées dans cette nouvelle exposition. (Extrait du dossier de presse-avril 2023).

« Dans un contexte où couvrir l’actualité est une prise de risque quotidienne pour les journalistes comme pour les artistes, le Musée de l’Homme tenait à mettre en valeur le travail de ces deux grands défenseurs de la liberté d’expression. »
« C’est une alliance intellectuelle et artistique singulière que le Musée de l’Homme met à l’honneur : celle d’un photojournaliste et d’un dessinateur de presse qui ont choisi de marier leurs œuvres… Que celles-ci se rejoignent, se complètent ou s’opposent, (qu’elles aient plusieurs décennies d’écart), elles renouvellent l’occasion de prendre conscience des bouleversements climatiques, politiques, économiques et sociaux de notre temps. (
Aurélie Clémente-Ruiz. Directrice du Musée de l’Homme).

Plantu et Réza

Reza et Plantu ont couvert la majorité des grands confits de ces dernières décennies, chacun à sa manière. Si le regard du dessinateur implique par nature un recul et une analyse, celui du photographe le projette forcément sur le terrain, au cœur de l’événement. Deux postures différentes, mais une volonté et un but communs : dénoncer les injustices et faire entendre les voix de ceux qui ne peuvent s’exprimer.

Plantu : « Au début, je voulais faire quelque chose d’assez sage, mais Reza m’a dit : « Non, rentre dans mes photos ». On a gesticulé ensemble entre son idée de photographe, et mes croquis. Mais on retrouve les deux propositions graphiques. Même si j’ajoute les couleurs à ses photos, même s’il y a une fusion, je ne touche pas à l’essentiel. Ce travail sur l’image est mis au service de valeurs démocratiques. La démocratie si on s’endort, on sera balayé. Donc il faut toujours être éveillé. D’où l’intérêt de faire des photos, des dessins, de la chanson, des opéras, du rap…  » La proposition la plus importante pour nous, c’est l’imagination du visiteur. »
« Chacun de nous connait le danger, précise Reza. Nous connaissons l’impact de ce que nous faisons. Ce travail a créé une nouvelle forme d’image qui a plusieurs couches de lecture, surtout pour les jeunes qui sont beaucoup plus habitués à la bande dessinée et à la photographie par les réseaux sociaux. »
« J’ai fait le lien entre une photographie et l’une de mes caricatures. Les coïncidences historiques et esthétiques entre nos deux parcours se sont révélées troublantes » déclare Plantu, tandis que Reza a « le sentiment de partager avec Plantu une forme de compréhension du monde ».


Effectivement, on constate des similitudes inattendues dans un grand nombre de situations présentées ici.

La colombe.Plantu
« Blancs et noirs: égalité« 

Par exemple, ci-dessus, Reza photographie en 1984 un enfant effaçant un portrait du dictateur Sekou Touré, qui vient de mourir, tandis que Plantu représente en 1990 un blanc juché sur le dos d’un noir pour peindre un dessin exprimant l’égalité entre les blancs et les noirs !

Dans d’autres exemples, à partir d’une photographie de Reza, Plantu dessine sa propre vision du même sujet ou complète celle de Reza.

Chacun.e son arme

Plantu:
« On voit cet Afghan avec sa femme et leur bébé. Ils sont quelque part sous la neige dans la montagne ou pas loin de Kaboul.
Ils ont une histoire et j’aime bien penser à l’histoire plus globale de tous ces migrants qui arrivent à Paris, que l’on peut voir porte de la Chapelle, sous le métro. Je l’ai mis en dessin. Chacun de ces migrants a son histoire. Reza nous en donne une. Il y a notre regard sur l’arrivée des migrants d’Afghanistan. Puis il y a l’imaginaire qui travaille. »


Parfois, c’est une photo magnifique de Reza d’un enfant avec un peu de terre dans sa main de laquelle sort une petite pousse que Plantu prolonge avec un dessin qui présente le tragique de l’agrobusiness sur les pays en développement.

Quelquefois, au cliché aérien, Plantu répond par un pas de côté humoristique, ou grinçant. Plus loin, ce sont des regards féminins, ou des corps de femme comme celui, splendide et comme en apesanteur, de Sahar Dehghan en train de danser. » Plantu réagit par un conseil d’administration entièrement masculin dont le chef dicte à une secrétaire « Et comme dit le poète : « La femme est l’avenir de l’homme »… Notez Brigitte ! »

Moderniser les outils !

ARTICLE KADIA RACHEDI
PHOTOS: KADIA RACHEDI et MUSÉE DE L’HOMME

« PLANTU-REZA REGARD CROISÉS »

au Musée de l’Homme jusqu’au 31 décembre 2023
17 Place du Trocadéro
75016 PARIS

La sculpture dans la peau

GERMAINE RICHIER À MONTPELLIER

C’est au film « Germaine Richier » écrit par Laurence Durieu et réalisé par Marthe Le More que j’emprunte le titre, tant il vrai que l’exposition présentée par le musée Fabre à Montpellier jusqu’au 5 novembre éclabousse les visiteurs de sa passion!

Salle de projection du film « Germaine Richier »
(Quark Production, coproduit avec le Centre Georges Pompidou)
Michel HILAIRE, directeur du Musée FABRE à Montpellier présente l’exposition :

« Élevée à Castelnau-le-Lez, aux portes de Montpellier, issue d’une famille de minotiers et de viticulteurs, Germaine Richier est marquée dès le plus jeune âge par la nature sauvage et indisciplinée qui entoure son enfance, et les paysages arides de la garrigue. Languedocienne par sa mère et Provençale par son père, Richier grandit dans une propriété aux bords du Lez, dotée de grands platanes, dont elle regarde l’écorce noueuse, où grouille également une faune d’insectes qui nourrira ultérieurement sa pratique artistique.
(…) Entre 1921 et 1926, Richier se forme à l’École des beaux-arts de Montpellier, alors située dans le même édifice que le musée Fabre dont les salles sont mitoyennes. Elle étudie auprès du sculpteur Louis-Jacques Guigues, ancien élève d’Auguste Rodin, et directeur de l’école.
Installée à Paris à partir de l’année 1926, où elle se forme auprès d’Antoine Bourdelle, Richier n’aura en effet de cesse de s’inspirer de sa Provence natale où elle se rend régulièrement.
(…) Dès les années 1930, elle est sollicitée pour orner le pavillon Languedoc Méditerranéen lors de l’exposition universelle de Paris en 1937, autour du thème de l’influence de la mer. Elle réalise à cette occasion une allégorie de la Méditerranée, incarnée par une femme nue qui porte la coiffe de l’Arlésienne.
(…) Le bestiaire de Germaine Richier n’aura en outre de cesse de puiser ses sources dans la faune méridionale, qu’il s’agisse de La Sauterelle, La Cigale, mais également La Mante, insecte qu’elle découvre durant sa jeunesse montpelliéraine. D’un point de vue matériel, Richier travaille par ailleurs à l’incorporation d’éléments naturels dans le plâtre au moment du modelage, des essences de bois flotté et de branchages, envoyés par sa famille depuis les côtes méditerranéennes. »

Extrait de la présentation de Maud Marron-Wojewodzki, conservatrice du patrimoine et commissaire de l’exposition)

« La mante religieuse » vers 1946

À travers cette remarquable rétrospective de 200 oeuvres, réalisée en collaboration avec le Centre Pompidou, nous allons faire la connaissance d’une artiste vibrante, peu connue du grand public, et qui fut la première femme exposée de son vivant au musée National d’Art Moderne en 1956…

Elle a créé un univers peuplé de personnages étranges, parfois brutaux, qui nous attrapent pour nous immerger dans son imaginaire et le contraste est saisissant entre le visage doux et lumineux de l’artiste et ses créatures!

Germaine Richier
« Plomb avec verre de couleur fixé sur équerre N° 64 ». 1959

Le parcours de l’exposition nous emmène rencontrer Germaine Richier autour de plusieurs thématiques qui illustrent la richesse de son oeuvre et les différentes traversées de son inspiration: sculptures d’après modèles vivants, puis son évolution vers des représentations plus abruptes et plus violentes pendant les années de guerre et son exil, les « hybridations », sortes de personnages mi-humains, mi animaux ou végétaux, les mythes et symboles comme le fameux Christ qui fit scandale, les « sculptures à fil » et, enfin, des expérimentations autour des matériaux et de l’abstraction.

Même s’il est difficile de classer Germaine Richier, elle me fait un peu penser à Giacometti par l’aspect filiforme de certaines oeuvres et la force brute qui s’en dégage.

« L’échiquier grand » Plâtre original peint. 1959
« La sauterelle, grande » 1955-1956
« La chauve-souris » 1946
« Méditerranée » 1937
« Composition n° 8 » 1958
« L’ombre de l’ouragane » 1956
« La vrille » 1956

LE « SCANDALE » DU CHRIST D’ASSY

Son rapport aux mythes et aux symboles s’exprimera pleinement dans la commande publique en 1950 d’un Christ pour l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce à Assy.
Ce Christ longiligne, au visage gommé et le corps blessé, suscite la colère et l’indignation de groupes catholiques traditionalistes et déclenche « la querelle de l’art sacré ».
Retiré du maître-hôtel en 1951, il n’y sera replacé que dix ans après la mort de Richier, en 1969.

« Notre époque, au fond, est pleine de griffes. Les gens sont hérissés comme après les guerres. Pour moi, dans les œuvres violentes, il y a autant de sensibilité que dans les œuvres poétiques. Il peut y avoir autant de sagesse dans la violence que dans la douceur. » Germaine Richier

C’est curieux de se rappeler qu’en 1994, Pierre Soulages fit scandale en présentant ses vitraux de l’abbaye de Conques…

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« Le christ d’Assy » 1950
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À MONTPELLIER BIENTÔT…

La Ville de Montpellier annonce qu’elle va installer un nouveau tirage d’une oeuvre de la sculptrice Germaine Richier, La Spirale. Cette oeuvre prendra place en 2025 sur l’esplanade Charles-de-Gaulle, en Centre Ville de Montpellier, transformée et végétalisée dans le cadre de son réaménagement urbain.
Pour concrétiser ce projet, et depuis le lancement de l’exposition, le musée Fabre propose aux entreprises comme aux particuliers de participer à l’acquisition de cette nouvelle oeuvre bientôt accessible et visible de tous, sous forme de souscription publique, d’un partenariat ou sous la forme d’un mécénat personnalisé.

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Plusieurs rendez-vous vous sont présentés autour de l’exposition: visite poétique, sortie atelier fonte et bronze, spectacle de danse, conférences etc.

Dans l’exposition même vous pourrez donc voir le film « Germaine Richier », et un salon vous propose l’écoute d’une dizaine de lettres écrites par l’artiste à sa famille, à certains de ses élèves, à son mari Otto Bänninger… Passionnant et émouvant partage de son regard sur l’Art !