ELLE L’A FAIT !

C’était devenu son rêve…

Figure centrale du modernisme brésilien, créatrice d’une œuvre originale et évocatrice puisant dans les imaginaires indigéniste et populaire autant que dans les instances modernisatrices d’un pays en pleine transformation, la peintre TARSILA DO AMARAL (1886-1973) qui a fait de nombreux séjours en France, n’y avait encore jamais été le sujet d’une rétrospective.
50 ans après sa mort, cette exposition réunit près de 150 œuvres et documents, au musée du Luxembourg à Paris, jusqu’au 2 février 2025 : « Tarsila do Amaral. Peindre le Brésil moderne. »
Cette rétrospective sera ensuite présentée au musée Guggenheim de Bilbao, du 28 février au 8 juin 2025.

Tarsila do Amaral

Issue d’une famille de grands propriétaires terriens de la région de São Paulo, Tarsila do Amaral est élevée dans un environnement privilégié. Elle s’initie très jeune aux arts, à la musique et au français avec une préceptrice belge. À 16 ans elle fait son premier voyage avec ses parents, en France et en Espagne. Par la suite, elle visitera un très grand nombre de pays : Brésil, Amérique latine, France, Espagne, Italie, Grèce, Moyen-Orient, Union soviétique…

Carnet de voyage

En 1913, lorsque son époux refuse de soutenir son désir de peindre, elle prend une décision radicale. Déterminée à suivre sa vocation artistique, elle divorce et s’installe à São Paulo, où elle poursuit ses cours de piano, peint et compose des poèmes. Puis, son choix va s’orienter vers la peinture.
En 1917, elle fréquente les cours de Pedro Alexandrino, peintre académique. La même année, elle ouvre le premier atelier d’artistes de Sao Paulo, rue Vitoria. Encore apprentie, elle le met à la disposition de son professeur, qui y dispense des cours collectifs.

En 1920, encouragée par Souza Lima, pianiste et ami de la famille, Tarsila entreprend son premier voyage d’études à Paris où elle loue une chambre rue du Louvre.
Elle fréquente l’académie Julian et y suit les cours réservés aux femmes, se consacrant à l’étude de nu.es qu’elle peut réaliser pour la première fois d’après des modèles vivants.

Elle découvre alors le Cubisme, le Futurisme et Dada dans les salons parisiens :

« Mains sur le piano » 1923
« Composition avec horloge » 1923
« Nature morte avec horloge »
« étude pour la tasse » 1923

« En tant qu’artiste brésilienne à Paris, Tarsila doit composer avec un certain nombre de stéréotypes pour se frayer un chemin dans un système de l’art « eurocentré » et dominé par les hommes.
Si son physique et son style vestimentaire ne passent jamais inaperçus, la critique attend d’elle, comme de sa peinture, une « fraîcheur exotique » et une « délicatesse toute féminine » – comme on le lit dans les chroniques parisiennes de ses premières expositions. Tarsila joue donc de son apparence pour construire son personnage, alors inédit, de femme artiste moderne brésilienne, contournant, dans ses autoportraits, les canons établis.
Telle une « Caipirinha (« campagnarde ») habillée par Poiret » (selon les vers que lui dédie Oswald de Andrade) elle se veut la porte-parole d’un « Brésil profond », tout en étant parfaitement à la page des goûts parisiens, sans négliger ce brin d’excentrisme, censé faire d’elle une véritable artiste d’avant-garde. »
(Extraits du Dossier de Presse)

Autoportrait 1924
« Caipirinha » (Petite Caipira : petite campagnarde) 1923

 « Caipirinha » :
Commencé au printemps 1923, ce tableau est pour Tarsila do Amaral l’une des premières tentatives de s’affranchir des codes de la figuration académique à travers des langages d’avant-garde.
Dans une lettre à ses parents, elle décrit ce tableau comme une façon de « s’autoreprésenter » en jeune fille de la campagne brésilienne (une petite « caipira ») jouant avec les branches du jardin comme elle le faisait, enfant, dans la fazenda (« ferme ») familiale. Cette identification avec la culture populaire des régions rurales, de la part d’une femme très cultivée de la haute bourgeoisie, annonce l’idéalisation d’une appartenance nationale qui dépasse volontairement les clivages culturels et sociaux de la population brésilienne. 

C’est après son retour à São Paulo, en 1922, que Tarsila prend ses distances avec les modèles académiques. En lien avec Anita Malfatti, artiste brésilienne considérée comme la pionnière du mouvement moderniste au Brésil, elle adopte des couleurs plus contrastées et des solutions moins conventionnelles comme dans ce portrait de femme, peint au tout début de l’année 1923 :

« Figure en bleu » 1923

Tarsila do Amaral participe personnellement à ce renouveau moderniste, au sein du « Groupe des Cinq », aux côtés de la peintre Anita Malfatti et des écrivains Paulo Menotti del Picchia, Mário de Andrade et Oswald de Andrade qui deviendra son mari.
En 1923, le couple voyage en Espagne et au Portugal, puis s’installe de nouveau à Paris.
Tarsila et Oswald rencontrent le poète Blaise Cendrars au mois de mai, qui leur ouvre les portes du monde artistique parisien : Constantin Brancusi, Jean Cocteau, Georges Braque, Robert et Sonia Delaunay, Albert Gleizes, Fernand Léger, Pablo Picasso, Léonce Rosenberg…

« JE VEUX ÊTRE LA PEINTRE DE MON PAYS » 
C’est lors de ce second séjour à Paris que Tarsila do Amaral réalise l’importance de réinterpréter l’identité brésilienne en mêlant influences cubistes, contes populaires et engagement politique.
De cette prise de conscience naît « A Negra  » en 1923 et quelques années plus tard  « Abaporu »  en 1928, des créations qui questionnent « la brésilianité » dans un retour au primitif.

« A Negra » 1923

« A Negra »:
Ce tableau est l’une des œuvres la plus marquante de la période « Pau-Brasil », le mouvement théorisé en 1924 par Oswald de Andrade et Tarsila do Amaral et qui prône une réappropriation de l’art brésilien par les brésiliens eux-mêmes : « Retrouver les racines profondes du pays à travers un retour au primitif en cherchant à redécouvrir « un paradis perdu » pour refonder l’identité brésilienne.
Le tableau A Negra soulève des questions sur l’identité, le métissage et les représentations sociales
 ».

C’est Tarsila qui titre cette œuvre « La Négresse » lorsqu’elle l’expose à Paris. Fait-elle référence à la « Négresse blanche » que Brancusi sculpte la même année ?
Pour illustrer la couverture du recueil de poèmes qu’il consacre à son voyage brésilien, Blaise Cendrars choisit ce portrait comme celui d’une icône « primitive » et « moderne » selon les canons parisiens de l’époque.
Tarsila dit que ce portrait est celui d’une nourrice de son enfance. Dans ce sens, « A Negra » renoue avec l’iconographie toute brésilienne de la « mère noire », esthétisant la figure des femmes afro-descendantes dans le rôle de nourrices auquel elles ont été longtemps reléguées.
Mais ce tableau peut, aussi, renvoyer aux stéréotypes racistes et sexistes qui avaient cours dans la société brésilienne – comme dans la société française – dans les années 1920, stéréotypes qui perdurent encore aujourd’hui.

En 1924 Tarsila do Amaral redécouvre l’identité brésilienne. De retour au Brésil, elle plonge dans les souvenirs de son enfance. Paysages pittoresques, églises baroques, nature luxuriante et traditions populaires nourrissent ses créations. Ses toiles sont marquées par des couleurs vives et une audace renouvelée, explorant avec passion le métissage culturel du Brésil.

« Le marché » 1924
« Palmiers » 1925
« Carnaval a Madureira » 1924
Quartier populaire de Rio de Janeiro où se trouve une réplique en bois de la Tour Eiffel.
« La poupée » 1928
« Chemin de fer Central du Brésil  » 1924

En 1928, Tarsila peint pour son mari, Oswald de Andrade, un tableau aussi fascinant qu’intrigant intitulé « Abaporu » (« homme qui mange un autre homme » en tupi-guarani)… Un cadeau de mariage à l’origine d’un tournant artistique et révolutionnaire !
Inspirée par un voyage à Salvador de Bahia, où la population afro-descendante survit difficilement, « Abaporu » est l’une de ses œuvres les plus emblématiques et une réalisation qui symbolise une identité brésilienne nouvelle et affirmée.
Pour Tarsila, cette œuvre présente un personnage avec un pied disproportionné, un cactus géant et un soleil éclatant. Ce tableau est un symbole de la « dévoration » des influences étrangères pour créer un art profondément brésilien, donnant ainsi naissance au mouvement « anthropophagique » (cannibalisme culturel) que Tarsila et son mari ont impulsé. L’anthropophagie fait référence à une pratique autochtone consistant à dévorer l’autre pour en assimiler ses qualités. Métaphoriquement, cela décrit la manière dont les Brésiliens s’approprient et réinventent les cultures étrangères et colonisatrices pour créer une identité brésilienne unique.

« Abaporu » 1928
Étude pour « Abaporu » 1928

Tarsila do Amaral puise également son inspiration dans les récits fantastiques du Brésil.
Dans le bestiaire, elle représente une étrange créature jaune, La « Cuca », inspirée d’une sorcière à tête d’alligator, figure terrifiante des contes pour enfants. « La Cuca est un redoutable croquemitaine et les personnages que Tarsila dit avoir inventés sont en réalité tirés des motifs autochtones que l’artiste étudie dans les musées ethnologiques ».

Bestiaire 1928
Bestiaire 1928
À gauche: « o touro » 1928, Au centre: « Urutu » 1928, à droite: « o sapo » (le crapaud)1928

Dans les années 1930, Tarsila prend aussi position sur les grands enjeux sociaux de son époque. Malgré son succès, l’artiste est frappée de plein fouet par la crise de 1929 et elle est contrainte d’hypothéquer son domaine familial et de travailler.
Elle s’implique dans des mouvements marxistes et dans la Révolution constitutionnaliste contre le régime autoritaire de Getúlio Vargas.
Toujours en quête d’une identité plus affirmée, elle s’intéresse aux idéologies de gauche et se rend en URSS en 1931. Ce voyage, ses nouvelles amitiés et ses convictions politiques – qui lui coûtent la prison l’année suivante – influencent profondément son travail. Elle intègre les préceptes du réalisme social, peignant dans un style renouvelé les thématiques de la ruralité, du milieu industriel, de la classe ouvrière, avec une attention particulière pour les conditions de travail des femmes.
Cette expérience marquante nourrit son art, et donne naissance à des œuvres poignantes comme « Operários » (« Ouvriers »), où elle dénonce les inégalités sociales et les conditions de vie des travailleurs brésiliens.

« Couturières » 1950
« Operarios » 1933

Fin 1929, séparée d’Oswald de Andrade, Tarsila do Amaral subit de plein fouet les conséquences du krach boursier de New York. Ses propriétés sont hypothéquées et elle doit s’habituer à un mode de vie bien plus modeste que celui qu’elle a connu jusqu’alors.
Aux côtés d’Osorio César, jeune médecin et intellectuel de gauche, elle s’intéresse au modèle économique et social promu par le gouvernement soviétique. Un voyage en URSS et ses idées politiques – qui lui coûtent la prison en 1932, sous le gouvernement de Getulio Vargas – marquent le contenu et le style de ses nouvelles peintures qui suivent les préceptes du « réalisme social ».
Les classes populaires, évoquées par les silhouettes anonymes des tableaux des années 1920, deviennent désormais les véritables protagonistes de ses fresques sociales, à mesure que les couleurs vives laissent place à des tons plus sombres.
Alors que, dès 1937, la dictature relègue les artistes femmes à des modèles traditionnels et à des thèmes intimistes, Tarsila continue d’explorer le monde du travail avec un regard critique ou poétique, que ce soit dans un milieu rural, urbain ou industriel, s’intéressant aussi à la condition féminine. 

« Voyage en seconde classe » . Peinture inachevée.

Dans les années 1950, Tarsila do Amaral retourne à ses premières sources d’inspiration.
Elle délaisse la peinture réaliste et sociale et revient aux paysages semi-cubistes, un style hérité de ses rencontres parisiennes et qu’elle garde jusqu’à la fin de sa vie. 
Elle se consacrera alors à des commandes variées, à des projets d’illustration et continuera à exposer ses œuvres tout en capturant les transformations urbaines de son pays.

« Paysage » 1965
« Paysage avec quinze maisons » 1965
« A Metropole » 1958
« Nouveaux paysages »
Tableau année 1960
Tarsila do Amaral peignant. Années 1960

En 1965 – 1966, à la suite d’une chute, une opération de la colonne vertébrale laisse Tarsila paraplégique. Dans la même période, sa fille Dulce meurt du diabète à l’âge de 60 ans.
Tarsila do Amaral s’éteint à São Paulo en 1973, laissant derrière elle un héritage de 270 œuvres. 
Par son travail, elle a non seulement marqué son époque, mais a aussi largement contribué à faire rayonner l’art moderne brésilien sur la scène internationale.

Cecilia Braschi, commissaire de l’exposition.

Le Musée du Luxembourg se trouve 19 rue de Vaugirard
dans le sixième arrondissement de Paris.

FIGURES DU FOU…

DU MOYEN-ÂGE AUX ROMANTIQUES.

Jusqu’au 3 février 2025, le Musée du Louvre à Paris consacre cette fin d’année – damnée ? 🙂 – aux figures du Fou, de la période du Moyen-Âge aux Romantiques.

Hall d’entrée de l’exposition. Musée du Louvre. Paris.

« Au commencement était « l’insensé », pauvre fou dépourvu de sagesse qui se détourne de Dieu. Relégué dans les marges, il sort de la sphère religieuse au cours du Moyen Âge pour s’épanouir dans le monde profane et devenir tour à tour celui qui divertit, met en garde, dénonce, inverse les valeurs, voire renverse l’ordre établi.
Reconnaissable à ses attributs emblématiques – capuchon à oreilles d’âne ou à crête de coq, grelots, clochettes, marotte, costume bariolé -, cette figure évolue au fil des siècles et s’incarne en de multiples avatars : fous de cour, fous d’amour ou bouffons envahissent alors tout l’espace artistique occidental.

(…) Le Fou est partout et s’impose comme une figure fascinante, trouble et subversive dans une époque de ruptures, pas si éloignée de la nôtre. » (extrait du catalogue de l’exposition)

Que signifient ces fous ? Quels rôles jouent-ils dans la société ?
Cette magnifique exposition nous plonge dans un univers à la fois attirant et inquiétant, réunissant dans l’espace du hall Napoléon plus de trois cents œuvres européennes (sculptures, tableaux, tapisseries, enluminures..) prêtées par 90 institutions françaises, européennes et américaines.
Ce parcours dans l’art de l’Europe du Nord met en lumière un Moyen Âge profane, passionnant et bien plus complexe qu’on ne le croit.
L’exposition explore également la disparition du fou lorsque triomphent « la Raison et les Lumières » (par leur engagement contre les oppressions religieuses et politiques, les membres de ce mouvement se voyaient comme une élite avancée œuvrant pour un progrès du monde.) avant un retour à la fin du XVIIIe siècle et pendant le XIXe siècle.
Le fou devient alors la figure à laquelle les artistes s’identifient : « Et si le fou, c’était moi ?»

Le terme « fou » peut désigner quelqu’un qui se comporte de façon « déraisonnable », voire dangereuse pour elle ou les autres…
Cependant, un grain de folie boosterait la créativité et peut-être le bonheur : un rien de bizarrerie et une touche de fantaisie sont des atouts contre la monotonie du quotidien. Les écrivains et les artistes aussi sont un peu fous…

L’image du Fou est toujours inscrite dans notre quotidien, à travers les jeux notamment: le Fou des échecs qui se déplace en diagonale (donc de façon atypique), le Joker des cartes qui permet de détourner les règles, habillé comme les Fous du Moyen-âge. (Ethymologiquement le mot « joker » vient de l’anglais « joke » qui signifie : « blague ».)

Joker.
Le fou, pièce de jeu d’échec.

Il existe aussi des centaines de proverbes ou citations autour du fou… Parmi eux, certains sont savoureux :

  • « Le Fou a un faux-pli dans sa cervelle » (Cervantès dans Don Quichotte)
  • « Le Fou copie l’artiste et l’artiste ressemble au Fou » (André Malraux)
  • « Au Fou et au vent il faut livrer passage » ( Proverbe espagnol)
  • « La différence entre un Fou et moi, c’est que moi je ne suis pas fou » (Salvador Dali)
  • « On finirait par devenir fou, ou par mourir, si on ne pouvait pas pleurer » (Guy de Maupassant)
  • « Ciascuno ha un pazzo nella sua manica » (« Chacun a un Fou dans sa manche » Proverbe italien)
Fou jouant de la cornemuse. Pays-Bas 1510.

L’exposition «  Figures du fou » n’est pas une histoire de la folie, mais un cheminement à travers plusieurs thématiques.  Des cartouches permettent de pénétrer dans l’univers proposé par chacune des thématiques et d’en comprendre les méandres assez complexes qui, parfois, font écho aux questionnements actuels… S’ensuivent des manuscrits, tableaux, sculptures illustrant le propos du thème.

Chaque thématique est annoncée par un travail graphique très soigné, par exemple :

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est fou-et-dieu.jpg.
  • « Le Fou et Dieu »:
Le Christ et Pilate
Détail d’une enluminure d’un texte sacré.
Fou avec une cuillère
  • « Les Fous en Ville » :
Les gargouilles de Notre-Dame de Paris.
  • « Le Fou à la Cour » :
Visage de Fou
Jeanne de Castille
  • « Le Fou et l’Amour » :
Aristote et Phyllis (« Le Fou et l’Amour »)
Cartouche destiné aux enfants (« Le Fou et l’Amour ») avec un jeu de cocotte pour trouver des réponses à des devinettes.
  • « Résurgence et modernité du Fou » :
La folle monomane du jeu
  • « Entre Humanisme et Réforme » :
    Nous retrouvons là avec délectation Jérôme Bosch et Brueghel tant le foisonnement des détails nous aspire.
Jérôme Bosch « Satire des noceurs débauchés » dit « La Nef des Fous » vers 1505.
Détail de la Nef des Fous
Jérôme Bosch : « Le concert dans l’oeuf » .
Détail « Le concert dans l’Oeuf »
Pietr Brueghel l’ancien : « Le combat de Carnaval et Carême » 1525-1569 .
« Le prophète » d’après un original de 1480 de Erasmus Grasser
Regardons….
« LE TEMPS DES FOUS »
de Jacques LOEUILLE
(53 mn)

Comme toujours au Musée du Louvre, beaucoup de conférences, visites thématiques, concerts, spectacles, ateliers et animations sont proposés tout au long de la durée de l’exposition
Figures de Fous (programme sur le site du musée)… Entres autres :

  • Pour les enfants, le parcours de l’expo est jalonné de cartouches amusants en liaison avec un jeu de « cocottes » permettant de répondre à des Quiz.
Pictogramme du parcours « enfants »
  • Pour les ados un atelier philo : Hey Bouffon ! (En famille dès 10 ans)
    Le bouffon n’est plus celui qui fait rire, qui amuse, c’est celui dont on se moque, que l’on bouscule, voire que l’on harcèle.
    À partir de l’observation des œuvres de l’exposition, chaque participant est invité à s’interroger sur les représentations de bouffons et sur l’évolution de ce mot devenu insulte.
    Les dimanches 8 décembre et 19 janvier à 10h30.


L’entrée principale du Musée du Louvre se trouve au Carroussel
99 rue de Rivoli 75001 PARIS

Il est indispensable de réserver un créneau horaire pour votre visite (de préférence le matin)
car il y a un monde…
Fou!

UNE QUESTION DE REGARD(S)

« Janine Niépce, regard sur les femmes et le travail »


Dans le cadre de sa saison culturelle (septembre – décembre 2024) consacrée au travail, la Cité de l’Économie Citéco, explore l’évolution de la place des femmes dans le monde du travail à travers le regard de la photographe Janine Niépce.

Chaque exposition nous réserve une part d’inattendu qui va résider sur le choix des œuvres, la scénographie ou tout autre objet…
Ici, notre premier regard se pose sur l’architecture et l’histoire du bâtiment qui abrite La Cité de l’Économie « Citeco » 

« Citéco ». Hôtel Gaillard, Paris, façade.

Hall Defrasse Citéco

À CITÉCO l’espace de l’exposition est entouré de cloisons en bois, comme dans un écrin, au centre du hall Defrasse, un très vaste espace qui accueille une grande partie de l’exposition permanente.

Entrée de l’exposition : « Janine Niépce, regard sur les femmes et le travail »


La magie opère quand on se retrouve devant ces scènes de vies de femmes et que l’on se laisse embarquer pour suivre leurs trajectoires.
« … La seconde moitié du XXe siècle a été capitale pour l’intégration des femmes dans la vie active. Cette évolution a eu des répercussions aussi bien dans la sphère publique que dans les foyers.
Janine Nièpce, a su documenter avec une rare authenticité les grandes manifestations ainsi que les scènes du quotidien qui ont marqué les transformations de cette époque ».
(Extrait du Dossier Presse)

Janine Niépce (1921 – 2007) est une parente éloignée de Nicéphore Niépce (1765 – 1833) l’inventeur du premier procédé photographique ou héliographie.
Elle étudie l’histoire de l’art et l’archéologie. En parallèle de ses années à la Sorbonne et pendant l’Occupation nazie, elle prend des cours de photographie par correspondance, s’engage dans la Résistance et développe des films pour les réseaux de renseignements, puis participe à la Libération de Paris en qualité d’agent de liaison.
Diplômée en 1944, elle devient en 1946 l’une des premières femmes photo-reporter et elle reste, à ce jour, la seule photographe qui témoigna pendant un demi-siècle de l’évolution des femmes et de leur histoire.
Son regard sur le travail des femmes des années 1950 à 1990 ouvre un autre regard sur l’émancipation féminine, elle en documente l’avant, le pendant et l’après, appareil photo « Leica » à la main.

De l’invisibilité du travail domestique dans la sphère privée à la visibilité des femmes au travail dans la sphère publique :

Ingénieure du Gaz de France . 1982

Jusque dans les années 1950 – 1960, la majorité des femmes exerce leurs activités à la maison.
On les appelle « femme et/ou mère au foyer ».  Elles sont, à la fois, femme de ménage, cuisinière, intendante, soignante, mère attentive, épouse docile et dévouée…

Dans le monde rural, à toutes ces taches s’ajoutent les travaux les champs, les soins aux animaux…
Leur travail est « invisibilisé » et non rémunéré. D’ailleurs, dans les travaux des statisticiens, leur travail n’existe pas. Les femmes au foyer sont considérées comme « inactives ».

Qu’elles vivent en ville ou à la campagne, en portant son regard sur ces femmes, Janine Niépce révèle leur statut de travailleuses à part entière, sans oublier celles qui sont dans le commerce.

… Et les ouvrières qui travaillent à l’usine.
Le salaire de celles qui travaillent à l’extérieur amène un complément de revenus dans le foyer mais, pour elles, c’est la double journée. Elles doivent s’organiser entre l’usine et le travail domestique. En 2024, cette « double journée » pour les femmes est toujours d’actualité même si les contextes sociétaux ont fait un peu changer les choses.

Femmes à l’usine.

À la fin des années 1960, la nature du travail des femmes évolue. Les luttes féministes ont accompagné des changements sociaux fondamentaux, telles la légalisation de la contraception avec la Loi Neuwirth en 1967, l’Interruption Volontaire de Grossesse avec la Loi Veil en 1975…
Autant d’événements majeurs que Janine Niépce a suivi entre 1965 et 1980.

Défilé de femmes pour la contraception. Paris 1973
Suite à ces grandes luttes féministes et à l’évolution des mœurs, de plus grandes possibilités de carrières s’ouvrent pour les femmes. 

Janine Niépce immortalise également les femmes qui travaillent dans les métiers du soin, institutrices, sages-femmes, infirmières… Ces professions essentielles à la société, majoritairement occupées par des femmes, et encore mal rémunérées de nos jours.

« Le soin et l’instruction…. »
La maîtresse d’école 1967
Défilé d’infirmières 1988
L’évolution passe aussi par des codes et des comportements masculins que les femmes s’approprient, ce qui commence à les rendre visibles dans l’espace public. C’est un regard nouveau sur les femmes et la photo-reporter s’intéresse à leur vie professionnelle qui, bien que restreinte, ne se limite plus au foyer. 
Les femmes se font peu à peu une place sur les chantiers ou au sein de filières scientifiques ou juridiques jusque-là réservées aux hommes.
Images d’une jeunesse.
Émancipation…

Janine Niépce a aussi immortalisé des femmes remarquables qui ont joué un rôle important pour soutenir les luttes des femmes pour leurs droits :

L’ordonnance du 21 avril 1944 (Journal Officiel) du Gouvernement provisoire de la République Française installé à Alger, accorde le droit de vote et l’éligibilité aux femmes. Les femmes voteront pour la première fois le 21 avril 1945 pour les élections municipales.
« Quand j’ai voté en 1945, je suis vraiment devenue adulte. C’était la première fois, les femmes pouvaient mettre leur bulletin dans les urnes en France. Olympe de Gouges n’était pas morte inutilement, guillotinée, pour avoir réclamé ce droit aux révolutionnaires en 1793. Par tradition, les hommes de ma famille revêtaient leurs habits du dimanche pour remplir ce devoir civique. Ils votaient la tête découverte, le chapeau à la main. J’avais mis ma plus belle robe. Mes tantes ont refusé de me confier leur choix, m’expliquant : « Tu devrais savoir qu’on ne révèle ni son salaire, ni ses opinions politiques, cela peut nuire. ». Réserve qui fait sourire les Américains.
Dans les bureaux, des jeunes femmes photographiées et interviewées me laissaient perplexe : prendre des responsabilités politiques leur semblait incompatible avec une vie de travail et leurs obligations familiales. Par ailleurs, en tant que citoyennes, elles auraient aimé inventer avec les hommes de nouvelles façons de penser et d’agir. »
(« Janine NIEPCE par elle-même » : postface du livre « France 1947-1992 » préfacé par Marguerite Duras)

Avant de quitter l’exposition, écoutons deux jeunes filles d’un lycée parisien, venues à Citéco avec leur classe et leur professeur:

L’exposition « Janine Niépce, regard sur les femmes et le travail » est installée à
CITÉCO – La Cité de l’Économie
Place du Général-Catroux, 75017
Jusqu’au 5 janvier 2025

Et pour faire écho à cette très belle exposition, il faut voir aussi le bouleversant film italien
« Il reste encore demain » (« C’è ancora domani ») de Paola Cortellesi…

LABYRINTHE…

Pour le centenaire du Surréalisme, le Centre Georges Pompidou à Paris propose une très riche exposition sur le mouvement surréaliste.
Né en 1924 avec le « Manifeste du Surréalisme » d’André Breton (1896-1966, poète et écrivain français, principal animateur et théoricien du surréalisme) ce mouvement tant pictural/visuel que littéraire et musical, va marquer l’histoire de l’Art, par ce qu’il va bousculer les codes artistiques de l’époque, en projetant le « spectateur » dans l’imaginaire, le rêve et le fantasme…
Le mot « surréalisme » fait toujours partie de notre langage pour désigner ce qui n’est pas ordinaire ou qui échappe à la réalité. C’est le poète Guillaume Appollinaire qui attribuera le mot à ce mouvement artistique : « Il ne s’agit pas d’imiter la réalité mais de provoquer le rire en rompant avec les conventions. »

Une fois passée la « porte », l’exposition commence dans un tambour central où sont projetés des documents originaux comme le « Manifeste du Surréalisme » d’A.Breton,
prêté par la Bibliothèque Nationale…

« La porte »
Le tambour central…
Extrait d’une projection sur les murs du « tambour central »
Extrait des projections sur les murs du « tambour central »

Notre déambulation dans l’exposition nous emmènera chronologiquement à travers treize chapitres sur les artistes phares du mouvement et leurs thèmes de prédilection: « Entrée des médiums », « Trajectoire du rêve », « Lautréamont », « Chimères », « Alice »,  » Monstres politiques », « Le royaume des mères », « Mélusine », « Forêts », « La pierre philosophale », « Hymnes à la nuit », Les larmes d’Éros » et « Cosmos ».

Aborder le Surréalisme, c’est sortir des codes académiques de l’Art et accepter d’être un peu bousculé.e ! Les surréalistes nous envoient des images ou des sons qui reflètent leurs visions du monde, et nous invitent à les partager…
Une grande part de leur inspiration viendra des rêves ou des envies de rêves !
Qui ne voudrait pas se retrouver dans un nuage, un champ de fleurs, éventé par une plume ou la palme d’un arbre géant ?
Parfois ce sont des cauchemars: la projection du fascisme naissant et de ses absurdités nauséabondes et meurtrières…
Si on remarque avec joie quelques tableaux connus de Dali, Miro ou Magritte, l’exposition nous permet de découvrir des oeuvres moins connues de ces artistes et d’autres créateurs et créatrices moins célèbres. L’exposition fait aussi une place importante aux femmes qui ont participé au mouvement surréaliste.
On peut aussi re-voir des films un peu oubliés comme « Le chien Andalou » de Luis Bunuel (1929) ou « La maison du Docteur Edwards » d’Alfred Hitchcock (1940).

Extrait de : »La maison du Docteur Edwards » Alfred Hitchcock (1940).
Tableau: Grete Stern: « interprétation des rêves ». Et projection du film d’ Alfred Hitchcock
Victor Hugo est considéré par les Surréalistes comme l’un des leurs.
« Taches en forme de paysage » vers 1857
.
Joan Miro: « Femmes encerclées par un vol d’oiseaux » 1941 et « L’étoile matinale » 1940.
A.Giacometti: « table » 1933.
Marcel Jean: « armoire surréaliste ».
Max Ernst : « La femme 100 têtes » 1929.
Série de collages de revues du 19° siècle.
« La femme 100 têtes » de Max Ernst…
… Détails.
S.Dali: « Le téléphone aphrodisiaque » 1938.
René Magritte: « La durée poignardée » 1938.
Matta: « Xpace and the ego » 1945.
Eileen Agar: « Angel of Anarchy » 1936-1940.
Man Ray: « l’écriture automatique » vers 1938

L’écriture automatique et les « Cadavres exquis »: l’exploration littéraire.

  • Inspirée de la psychanalyse, et surtout de la poésie d’Arthur Rimbaud et de Lautréamont, l’écriture automatique consiste à écrire si rapidement que la raison et les idées préconçues n’ont pas le temps d’exercer leur contrôle. Le premier texte issu de cette méthode, Les Champs magnétiques de 1919, a été rédigé tour à tour par André Breton et Philippe Soupault:

« Prisonniers des gouttes d’eau, nous ne sommes que des animaux perpétuels. Nous courons dans les villes sans bruits et les affiches enchantées ne nous touchent plus.
À quoi bon ces grands enthousiasmes fragiles, ces sauts de joie desséchés ? Nous ne savons plus rien que les astres morts ; nous regardons les visages ; et nous soupirons de plaisir. Notre bouche est plus sèche que les plages perdues ; nos yeux tournent sans but, sans espoir. Il n’y a plus que ces cafés où nous nous réunissons pour boire ces boissons fraîches, ces alcools délayés et les tables sont plus poisseuses que ces trottoirs où sont tombées nos ombres mortes de la veille. […] Lorsque les grands oiseaux prennent leur vol, ils partent sans un cri et le ciel strié ne résonne plus de leur appel. Ils passent au-dessus des lacs, des marais fertiles… »

  • Le « cadavre exquis » est un jeu d’écriture toujours actuellement pratiqué dans les ateliers d’écriture ou lors de cours de Français de collèges et lycées.
    Il s’agit de faire tourner une feuille de papier auprès de plusieurs personnes qui écriront les unes à la suite des autres, sur une consigne donnée : « un sujet », « un verbe », « un adjectif » etc. sans voir ce que la précédente personne a écrit, le papier étant plié avant de le passer à la suivante…
    Imaginons deux phrases de deux participant.es:
    – « L’oiseau s’envole lentement vers le ciel immaculé, en piaillant. »
    – « La chaise tombe avec fracas dans la poubelle, en tournoyant. »
    En appliquant le principe de ce jeu, on arrive à ces phrases là:

Le nom « Cadavre Exquis » fut inventé par André Breton, Marcel Duhamel, Jacques Prévert et Yves Tanguy quand, lors d’une partie de jeu, cette phrase émergea :
« Le cadavre exquis boira le vin nouveau. »
Le même système s’applique aussi en dessinant et un grand pan de mur lui est consacré sur l’exposition.

Cadavre exquis de : A.Breton, M.Duhamel, M.Morise, Y.Tanguy. 1928.

Les monstres politiques .

André Masson: « Portrait charge de Franco ». Vers 1938-1939.

Ce sixième chapitre de l’exposition souligne l’engagement politique des surréalistes.
Mépris de l’autorité, refus de l’ordre établi et des valeurs bourgeoises, éthique de la liberté, éloge du désir et des passions… Loin de se réduire à un mouvement littéraire et artistique, le surréalisme intègre une véritable dimension politique : attente révolutionnaire teintée d’éthique libertaire, espoir de « changer la vie » en édifiant une société plus inventive, libérée des chaînes de la morale et de la tradition. Une ambition qui a conduit ses principaux représentants à se rapprocher des partis politiques et à épouser, provisoirement ou durablement, les idéologies de leur temps troublé.

Aujourd’hui, ce chapitre de l’exposition résonne amèrement!

Didier Ottinger (commissaire de l’exposition) :
« Qu’il s’agisse du surréalisme ou de n’importe quel autre sujet, historique ou thématique, toute exposition, particulièrement au Centre Pompidou, n’a selon moi de sens que dès lors qu’elle est capable d’entrer en résonance avec l’art et avec les questionnements de l’époque.
Avec le surréalisme, on peut difficilement faire mieux !

Au fil de sa longue histoire (40 ans, rappelons-le), le surréalisme a toujours veillé à marcher sur deux jambes, à concilier le « changer la vie » de Rimbaud et le « transformer le monde » de Marx.
Dès sa fondation, le surréalisme a voulu agir dans le champ politique.
Il a dénoncé le colonialisme (en 1925 en condamnant la guerre du Rif, en 1931 lors de la grande exposition coloniale parisienne,lors des guerres d’Indochine, d’Algérie…), a combattu les totalitarismes (au moment de la montée des fascismes dans l’Europe des années trente, lors du « coup de Prague » de 1948, de l’insurrection de Budapest en 1956…). Les biennales internationales et la Documenta,
qui se transforment en forums ouverts aux questions politiques de l’heure, témoignent
de l’actualité d’un mouvement prompt à réagir à toutes les menaces pesant sur la liberté
et à toutes les atteintes à la dignité humaine.

Quelle actualité encore que celle d’un surréalisme qui, quelques années après sa fondation, essaime de Prague à Tokyo, de Londres au Caire, reliant les points d’une constellation seulement fédérée par un idéal d’émancipation. Actualité encore d’un mouvement qui, plus qu’aucun autre en son temps, s’est largement ouvert aux femmes.
Au-delà de ces caractères formels qui auguraient ce qu’est devenu l’«art contemporain», c’est par le modèle qu’il porte que le surréalisme s’affirme comme «remarquablement contemporain ».
Héritier du romantisme (allemand en particulier), le surréalisme n’a cessé de contester le culte voué par les sociétés modernes à la technique et au machinisme, de dénoncer l’obsession matérialiste et le consumérisme des sociétés « avancées » (la dernière des expositions surréalistes, « L’écart absolu », en 1965, place un « consommateur grotesque » au centre de ses salles).

En 1938, le poète Benjamin Péret rédigeait un texte que lui inspirait la photographie d’une locomotive abandonnée au cœur de la forêt amazonienne. Le titre de son texte, La nature dévore le progrès et le dépasse, résonne singulièrement, comme menace ou comme espoir, aux oreilles de nos contemporains… » (Extrait du dossier de Presse).

Premier acte de leur engagement politique, les surréalistes se rapprochent des jeunes communistes du groupe Clarté avec lesquels il signe en 1925 un manifeste opposé à la guerre coloniale menée par la France au Maroc.
Si chacun veille à rendre étanche la frontière entre création poétique et engagement politique, les tensions qui résultent de la montée des fascismes dans l’Europe des années trente incitent nombre d’artistes à reconsidérer cette imperméabilité.
Le surréalisme se peuple de monstres qui représentent la montée des totalitarismes.
Un an avant l’avènement d’Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne, le mouvement se dote d’une nouvelle revue qui se donne comme emblème une figure bestiale : Le Minotaure.

Il est obligatoire de réserver un créneau horaire d’entrée en prenant votre billet.
Le musée est évacué 15mn avant sa fermeture, aussi prévoyez une tranche de deux heures au moins pour savourer toute la richesse de cette exposition.

Sortie de l’exposition « Surréalisme » à 21 heures…

Le Centre Georges Pompidou se trouve:

Place Georges-Pompidou
75004 Paris

Photos: (c) Sylvie Maugis et Kadia Rachedi.

IMPROBABLE RENCONTRE…

« We Are Here »
Une exploration d’art urbain au Petit Palais, prolongée jusqu’au 19 janvier 2025.

Il est assez inattendu qu’une exposition temporaire partage les salles et les murs de l’exposition permanente d’un musée, et pourtant, ça existe !

Construit pour l’Exposition universelle de 1900, lors de laquelle il accueillit l’exposition rétrospective de l’art français des origines à 1800, le Petit Palais (devenu Palais des Beaux-Arts de la Ville de Paris en 1902, puis musée des Beaux Arts) a organisé certaines des plus importantes expositions françaises.

Pour la première fois, il ouvre ses portes à l’art urbain :
« Le Petit Palais est très heureux d’accueillir la première exposition d’art urbain de cette envergure au sein d’une institution publique, accessible à tous et totalement gratuite, dans un souci de partage de la culture avec le plus grand nombre, fidèle aux principes qui animent le mouvement Street art ».
Annick Lemoine, directrice du Petit Palais, commissaire générale de l’exposition.
« Paris, plus que jamais, incarne ainsi la première ville à reconnaître l’immensité du mouvement Street art en donnant une fois encore le ton au rythme de l’histoire. Une exposition qui propulsera avec audace notre capitale dans une modernité assumée tout en valorisant son histoire passée. Un événement à l’envergure du lieu et de son histoire qui sublimera la pratique des artistes pour offrir plus que des installations inédites mais un véritable dialogue avec l’histoire. Paris s’affirme à nouveau comme le rendez-vous incontournable des plus grands artistes français et internationaux de ce mouvement puissant qui bouscule les codes et bouge les lignes. We Are Here* ! ».
Mehdi Ben Cheikh, directeur de la Galerie Itinerrance, commissaire scientifique.

Treize artistes majeurs du mouvement Street Art comme Shepard Fairey, Invader, D*Face, Seth, Cleon Peterson, Hush, Swoon, Vhils, Inti, Add Fuel, Conor Harrington et encore Swoon (l’une des rares femmes street artistes dans cette exposition) sont invité.es à engager un dialogue subtil avec ses collections permanentes et son architecture.

ITW de Mehdi Ben Cheikh Commissaire scientifique de l’exposition.

Le titre de l’exposition, « We Are Here« , est utilisé comme slogan dans divers contextes historiques et contemporains, tels que les luttes pour les droits civils.
Il évoque des sentiments d’affirmation, de résilience et de revendications et exprime la visibilité et la légitimité acquises par le mouvement street-art.
Cependant, il n’est pas toujours évident de décrypter ce que sous-tendent comme sentiments, ressentis et/ou revendications les œuvres exposées. Les explications présentent sous divers supports (cartouches, QR code) permettent au public la rencontre entre le travail et les intentionnalités du (de la) Street Artiste.

Annick Lemoine , Directrice du Petit Palais, dans la salle des sculptures

Avant d’accéder à la vaste salle des sculptures, une « sculpture street art » se dresse devant nous, comme une borne d’accueil, réalisée par D*FACE dont on retrouvera d’autres réalisations au cours de la déambulation.

La borne d’accueil « D*FACE Flutterdies & Splutterdies, 2024
Objets urbains réutilisés – panneaux en acier rouillé, affiches publicitaires, enseignes de magasin et portes de voiture – combinés à des pochoirs, collages en techniques mixtes,
résine imprim
ée et peinture acrylique.

La visite commence…

Une fois passée la « borne d’accueil », se trouve un lampadaire majestueux orné d’une fleur de lotus.
Comme une réplique, un reflet, un tableau lui fait face qui nous plonge directement dans la démarche du Street art : le pied du lampadaire remplacé par une mitraillette … Une nouvelle manière de s’exprimer et de donner son opinion, de faire passer un message politique fort ou dénoncer la société.

Le reflet : Lotus and AR-15 SHEPARD FAIREY (OBEY)

Après cette première rencontre, ce premier dialogue entre deux cultures, la vaste salle des sculptures nous réserve bien d’autres découvertes :

Sculptures et papillons sur les vitres
DFACE DFace Gives You Wings, 2024
Papillons naturalisés, bouchons de spray en plastique, crânes en résine et peinture acrylique,
Détail.
« La pensée » D*FACE
« Les doigts » S.Fairey (OBEY)
« Un visage » S.Fairey (OBEY)
Camille Alaphilippe. « Dame au singe » (vue de face). Grès, bronze, 1908. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

Poursuivant notre déambulation, nous arrivons dans la salle dédiée à la Célébration de la République qui fut un des grands thèmes de la production artistique française, comme le montrent les collections du Petit Palais.
« Le drapeau tricolore, la Marianne, ou encore la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » deviennent ainsi matière artistique et source d’inspiration, montrant la virtuosité de ces artistes engagés.
En explorant ces codes, les artistes invités – dans la richesse de leurs différences – réinvestissent les valeurs de la République et célèbrent la diversité et la pluralité qui caractérisent la France d’aujourd’hui. Les artistes provoquent ainsi le dialogue et la réflexion sur les enjeux sociaux et politiques contemporains. » (Extrait du dossier de presse)

Après la Célébration de la République, nous arrivons dans une toute petite salle propice au calme de la lecture mais ce n’est pas si simple…
Seth, Street artiste n’est pas si naïf. Son univers innocent et poétique maquille les murs du monde entier pour dénoncer la guerre et la misère. En Ukraine, en Palestine ou encore en France, le Street artiste Seth prend l’enfance comme prétexte pour aborder des sujets graves. 

« La Tour de Babel ». Sculpture. Seth 2018
« La Tour de Babel ». Vortex Seth. 2024

Pas de parcours « imposé », on se déplace librement…
C’est ce que nous allons faire maintenant en allant à la découverte d’une autre grande salle, appelée « la galerie des grands formats »

« Thalassa » . Swoon . 2024
Gravure sur linoléum imprimée sur mylar et peinte à la main.

Le street art ne se conjuguerait-il qu’au masculin ? Comme dans de (trop) nombreux domaines, l’art de rue est largement dominé par les hommes, et ce depuis le début de son histoire.
Parmi les treize artistes majeurs du mouvement Street art, il n’y a qu’une seule femme, Swoon, de son vrai nom Caledonia Dance Curry, née en 1977 à New London dans l’État du Connecticut, est une artiste américaine du mouvement dit de l’Art urbain ou Street Art dont les collages de portraits à figure humaine de taille réelle sont affichés dans les rues de Brooklyn à partir de 1999.

Il reste une dernière salle à découvrir : la Salle Concorde, investie par plus de 60 artistes* du street art des quatre coins du monde, est un vibrant hommage au légendaire premier Salon des Refusés de 1863 organisé au Palais de l’Industrie, en lieu et place du Petit Palais et du Grand Palais et qui bravait les conventions. Pour mémoire, ce salon accueillait les artistes de l’avant-garde exclus des cercles académiques, malgré leur talent et leur audace.
Or, rappelons-nous que ce sont les artistes du Salon des Refusés – à l’instar de Manet et de son œuvre emblématique « Le Déjeuner sur l’herbe » – qui ont notamment ouvert les portes au mouvement impressionniste, écrivant une page majeure de l’histoire de l’Art.
Aujourd’hui, l’accrochage-hommage de la salle Concorde perpétue cet esprit novateur.
Les artistes dont les œuvres couvrent les murs du sol au plafond défient en effet les normes établies et les barrières des institutions officielles. Ils imposent les nouveaux codes artistiques, en perpétuel mouvement, qui se déploient de manière organique et exponentielle sur les murs des villes à travers le monde, repoussant sans cesse les limites de leur pratique.

La Salle Concorde témoigne de la vitalité, de l’originalité et de la diversité de la scène street art. L’accrochage à « touche-touche », typique des Salons artistiques du XIXe, révèle la puissance d’évocation et la virtuosité graphique des œuvres contemporaines de street art… en d’autres termes, leur dimension muséale.

*(les 60 artistes) ADD FUEL, ARDIF, BANJER, BANKSY, BOM-K, BTOY, CLEON PETERSON, CODEX URBANUS, CONOR HARRINGTON, CRYPTIK, DFACE, DABRO, DANHOO, DAVID DE LA MANO, DEYA, ELMAC, ELSEED, ETHOS, EVAZESIR, FAILE, FENIX, FERNAND KAYSER, FKDL, FLOG, GERADA, GUYDENNING, HERA, HOROR, HUSH, INTI, INVADER, JANA & JS, JACE, KONGO, KOOM, LECYKLOP, M-CITY, MAT X ZEKKY, MAYE, MIST, MONKEY BIRD, MOSKO, NASTY, NEBAY, NILKO,SHEPARD FAIREY (OBEY), PANTONIO, RNST, ROA, SAINER, SANER, SAX, SETH, SHAKA, SHOOF, ST4, SVEN, SWOON, TINHO, TRISTAN EATON, VHILS, WISSEM EL ABED, XARE,YRAK.

Salle « Concorde »
Salle « Concorde »

Le Petit Palais se trouve Avenue Winston Churchill
75008 PARIS

Côté jardin…

MYKOLA TOLMACHEV…

Mikola Tolmachev: « Combien de temps vivront les papillons ?  » 2023 (Détail)

LE DÉSIR DU DESSIN…

Le musée Maillol de Banuyls ( Pyrénées-Orientales) propose jusqu’au 17 Novembre une exposition très intrigante: les dessins de Mykola Tolmachev.
Le tracé est fin et très précis et les thématiques drôles et parfois dérangeantes…
À voir absolument pour commencer l’automne en beauté, et pour aussi (re)voir ce si bel endroit et les oeuvres du sculpteur Maillol !

« La fleur du mal » 2023
« Poutine » 2023
« Les plaisirs du mariage » 2014.
Trois aquarelles sur papier. 2023

Musée Maillol
Vallée de la Roume 
66650 Banyuls-sur-Mer

MAX JACOB…

« Max Jacob . Portrait à l’étoile jaune » Jean Boullet. 1943

… LE CUBISME FANTASQUE

Le Musée d’Art Moderne de Céret (66) propose jusqu’au 1° décembre prochain une rencontre surprenante avec Max Jacob, à travers ses propres oeuvres et celles des amis artistes qui ont croisé son chemin.

 » À la fois poète, peintre, critique d’art, romancier et épistolier à l’origine de l’une des plus riches correspondances de son temps, Max Jacob est l’un des premiers soutiens de Pablo Picasso à Paris en 1901. Il est également le témoin de la naissance du cubisme et de ses évolutions auxquelles il participe. (…) À Céret en 1913, l’artiste réalise un exceptionnel ensemble de travaux qui reflètent ses expérimentations artistiques.(…) Forte de plus de 120 oeuvres parmi lesquelles de nombreuses pièces inédites, l’exposition réunit les travaux de Max Jacob et de ses contemporains, de Pablo Picasso à Juan Gris, en passant par Manolo, Jean Metzinger, Marie Laurencin, Jean Cocteau, Marie Vassilieff, Amedeo Modigliani, Alice Halicka, Serge Férat, ou encore la baronne d’Oettingen.
À l’occasion des 80 ans de la déportation et de la mort de l’artiste au camp de Drancy, le musée d’art moderne de Céret retrace la vie et l’œuvre de celui qui n’a « jamais poli » son style, entre art et littérature, à travers ses liens avec certains des plus grands artistes de son temps. »
( Extraits du dossier de Presse)

Max Jacob est né en 1876 à Quimper. Il s’installe à Paris vers 1900 où il travaille comme critique d’art, tout en occupant divers emplois. Il va y rencontrer Pablo Picasso qui aura une influence importante sur lui, notamment en l’incitant à se consacrer entièrement à la poésie. Son style littéraire inédit est marqué par la dérision et un humour grinçant…
Max Jacob était né juif (converti au christianisme en 1915) et homosexuel. Il sera déporté au camp de Drancy en février 1944 où il meurt le 5 mars 1944.

Max Jacob

À travers les différentes salles de cette très riche exposition, le visiteur pourra se familiariser avec cet artiste aux multiples facettes artistiques et aux engagements parfois contradictoires!
Il faut prendre le temps d’explorer les écrits, les photos, les dessins… Regarder les films… Écouter les sons diffusés par les petits hauts-parleurs dans certaines salles… Aller puis revenir… S’arrêter et sourire… S’interroger…

« Portrait de Max Jacob en soulier venu » Jean Cocteau 1961.
« Portrait de Max Jacob » Marie Laurencin. 1908
« Le fou » Pablo Picasso. 1905
Projet de masque pour « Les mamelles de Tiresias »
Serge Férat. 1916-1917
( drame surréaliste sur lequel ont collaboré Ferat, Appollinaire et Jacob)
« Scène de cirque » Max Jacob
« Crucifix » Max Jacob. 1913 ou 1914.
« Au cirque » Max Jacob. 1928
« Le match de boxe » Max Jacob. 1914
« Portrait de Max Jacob » Jean Metzinger 1913.
« Autoportrait » Max Jacob. Vers 1932

Avec l’aimable autorisation de l’auteur, voici des extraits de l’article d’Antoine PERRAUD
pour « Médiapart » du 29 Juin dernier:

 » À Céret, une exposition Max Jacob comme pour sauver la France d’elle même ».
Dans les Pyrénées Orientales, terre de mission de l’extême-droite, le musée d’Art Moderne de Céret propose une magnifique exposition qui tombe à pic, consacrée à l’oeuvre foisonnante et au destin tragique du poète Max Jacob, mort parce que juif et haï comme tel.

(…) Par les temps intolérants qui courent, et dans un département où l’extrême-droite s’avère à son aise, s’ouvre une exposition vertigineuse, aussi passionnante que salutaire.(…)

Max Jacob fut-il pris à partie par la presse d’extrême-droite pour son homosexualité – l’Action Française chassait avec ferveur les « invertis » ? Il incarnait pour sûr ce que détestait et continue de détester le nationalisme intégral: la dualité et la pluralité des identités.
Pendant l’occupation nazie, qui permit aux fascistes français d’exulter dans la haine de l’Autre, Max Jacob est arrêté à la fin février 1944. Conduit par la Gestapo à la prison militaire d’Orléans, il y divertit ses co-détenus en leur chantant des airs d’Opéra-Bouffe.
Toutes les tentatives de le sortir des griffes hitléro-pétainistes échouent. Conduit au camp de Drancy, il y meurt le 5 mars – pneumonie et collapsus cardiaque. Il allait être déporté à Auschwitz.
Son frère et sa soeur l’y avait précédé.

Picasso, suspect et surveillé, n’a rien pu faire.
Jean Cocteau et Sacha Guitry, introduit auprès de la puissance occupante, n’ont rien su faire.

Si vous le pouvez, offrez-vous le superbe catalogue de l’exposition,
qui reprend tous les axes de la mise en oeuvre de l’expo. (35 euros)

Musée d’Art Moderne de Céret
8 Bd Maréchal Foch
66400 CÉRET


OCCITANIE…

… La fraîcheur des musées occitans!

La canicule écrase tout le Sud de France, aussi c’est le moment d’apprécier les beaux musées de la Région Occitanie 🙂

  • MILLAU:
    Le MUMIG (Musée de Millau et des Grands Causses)
    Le musée et le site archéologique de la Graufesenque, vous invite à voyager dans le temps au coeur d’une ville et d’un territoire singuliers, à travers des collections et des vestiges archéologiques exceptionnels. L’entrée du musée est libre et gratuite. 
    L’exposition « AUTOCHTONIE » vous racontera comment les êtres vivants ont entretenu des rapports avec leurs milieux…
  • RODEZ:

Le musée SOULAGES et le musée FENAILLE vous accueilleront tout l’été … Retrouvez-les déjà dans l’article de ce blog  » RODEZ L’INCONTOURNABLE » de début juillet!

Musée SOULAGES
Collection de statues menhirs du musée FENAILLE
  • LODÈVE:

Ce très intéressant musée propose plusieurs parcours de visite autour de la Préhistoire ou de Paul Dardé et des expositions temporaires toujours très réussies… Cet été:
« PSYCHOSES L’expressionnisme dans l’Art et le Cinéma ».

musée de Lodève.
  • NARBONNE:

Trois sites à ne manquer sous aucun prétexte à Narbonne, réunis sous le sigle « NARBOVIA ».
Le Musée, l’Horréum et Amphorallis.
Tout au long de ce mois d’Aout les trois lieux foisonnent d’inventivité : animations pour tous âges, ateliers, concerts, expositions, promenades en bateau, cinéma en plein-air… Et la nouvelle exposition :
« ESCALE EN MÉDITERRANÉE ROMAINE » : plus de 10 ans de recherches et des pièces exceptionnelles qui dévoilent l’un des plus grands ports de la Méditerranée

  • BANYULS-SUR-MER

Le musée MAILLOL, géré par la Fondation Dina Vierny, est installé dans la métairie du sculpteur Aristide Maillol, où ce dernier aimait venir travailler et se reposer.
Il s’agit d’une petite ferme isolée à 4 km du centre-ville de Banyuls-sur-Mer, village natal de l’artiste. La vallée entourant le lieu a été classée, sous l’impulsion de Dina Vierny, son modèle et sa muse, afin de préserver le calme et la beauté du lieu.
Selon les souhaits de l’artiste, sa dépouille y est déplacée 1964, vingt ans après sa mort, afin de reposer sous son emblématique sculpture : « Méditerranée » (1905). 
Le musée présente de nombreuses œuvres de Maillol (bronzes, terres cuites, peintures, lithographies, etc.) ainsi que la vie quotidienne du sculpteur dans la Métairie. Des expositions temporaires, consacrées à l’art du XXème et XXIème siècle, y sont organisées chaque année. Cet été:
« MYKOLA TOLMACHEV Le désir du dessin »

Exposition Tolmachev
Tombe d’Aristide Maillol au musée de Banyuls.
  • PERPIGNAN

Le MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE fait partie de nos coups de coeur de cette saison !
Rénové depuis peu, c’est un petit endroit délicieux… En accès libre
Dans ses salles modernes vous apprécierez les incroyables « bijoux » de sa collection, dont une momie égyptienne.

Entrée du Muséum d’Histoire Naturelle de Perpignan.
Momie du muséum.
  • CÉRET

Le MUSÉE D’ART MODERNE est l’un des plus beaux de la Région… Outre la richesse de ses collections permanentes, le musée organise régulièrement des expositions originales.
Cet été, et jusqu’en décembre, c’est MAX JACOB que vous découvrirez à travers ses écrits, ses peintures, mais aussi les oeuvres de ses proches comme Picasso.

« Portrait à l’étoile » de Jean Boullet.1943
Hommage à Max Jacob
.


« MAX JACOB, LE CUBISME FANTASQUE »
ouvrira la saison de « L’Art d’être Curieux » début Septembre…

Nous vous souhaitons un beau mois d’Août,

culturel et reposant!

J-O:PARLONS HISTOIRE!

Dans les coulisses des Olympiades…

Les soubresauts du monde

Palais de la Porte Dorée à Paris.

Avec près de 600 œuvres, documents, films d’archives, objets, articles de presse et photographies, l’exposition « OLYMPISME, UNE HISTOIRE DU MONDE 1896-2024 », présentée au Palais de la Porte Dorée à Paris jusqu’au 8 Septembre, fait dialoguer événements historiques, figures sportives et grands témoins de l’histoire.
L’exposition plonge le public dans les coulisses de chacune des 33 olympiades, d’Athènes en 1896 à Paris en 2024, incluant celles qui ont été annulées (1916, 1940, 1944).
Cent trente ans d’évolutions géopolitiques, politiques, sociales et culturelles depuis la création des Jeux Olympiques modernes, à travers les exploits des plus grands champions et championnes olympiques.
«  Le parti pris des commissaires est de raconter, « autrement », l’histoire des Jeux Olympiques : celle des luttes pour l’égalité menées par les femmes et les minorités mais aussi des conflits géopolitiques, à l’image de la puissance des dictatures face aux démocraties durant l’entre-deux-guerres, de la guerre froide, des décolonisations, jusqu’à notre monde multipolaire. C’est une histoire à l’échelle humaine qui, au travers de l’engagement de sportives et de sportifs, prend une forme concrète et incarnée. Nous parlons de sport, d’exploits, mais aussi d’engagements et de symboles qui sont restés dans l’histoire. Tous ces combats et, en premier lieu, les luttes pour les libertés fondamentales, la démocratie, l’égalité raciale et de genre, sont au cœur de l’exposition et de son catalogue ». (Extraits du dossier presse)

1896 – 1920 : La renaissance de l’olympisme : Les jeux olympiques modernes

« Pierre de Coubertin (1863 – 1937) est à l’origine de la renaissance des Jeux Olympiques antiques et de la création du Comité International Olympique (CIO), fondé le 23 juin 1984. L’objectif du CIO est de promouvoir l’éducation physique de la jeunesse et un universalisme sportif au service de la paix.
Le choix originel de l’amateurisme traduit l’élitisme d’une aristocratie à l’origine du projet et limite la participation des athlètes issus des classes populaires. »
(Extrait du dossier de presse)

Tableau des Olympiades. K.Rachedi.

Les trois éditions qui suivent les premiers Jeux Olympiques Modernes d’Athènes en 1896, (Paris en 1900, St Louis aux États Unis en 1904 et Londres en 1908) sont diluées dans le programme de grandes expositions universelles ou internationales, ce qui va générer quelques confusions dans l’esprit des sportifs qui ne réalisent pas qu’ils participent à une compétition sportive.

1900 : Paris
Les Jeux Olympiques se déroulent dans le cadre de l’Exposition Universelle. Les organisateurs ont étalé les compétitions sur près de cinq mois, tout en minimisant le statut olympique des compétitions, à tel point que de nombreux athlètes n’ont jamais vraiment su qu’ils avaient réellement participé aux Jeux Olympiques!
Ces Jeux permettent toutefois d’assister aux premières compétitions exclusivement féminines (tennis, golf, voile, croquet et sports équestres) en dépit des préventions du baron de Coubertin pour qui les femmes n’avaient pas leur place dans ces Jeux.
Dans un texte datant de 1912, nommé «Les femmes aux Jeux olympiques», Pierre de Coubertin affirmait, entre autres déclarations: «impratique, inintéressante, inesthétique, et nous ne craignons pas d’ajouter: incorrecte, telle serait à notre avis cette demi-Olympiade féminine».
Il persiste en 1928 : «Quant à la participation des femmes aux Jeux, j’y demeure hostile. C’est contre mon gré qu’elles ont été admises à un nombre grandissant d’épreuves». Puis, en 1935, il aurait ajouté que «le véritable héros olympique est, à mes yeux, l’adulte mâle individuel […]. Aux JO, [le rôle des femmes] devrait surtout [être], comme aux anciens tournois, de couronner les vainqueurs».
Le 11 juillet 1900, la joueuse de tennis britannique, Charlotte Cooper, devient la première championne olympique. Par contre, l’affiche de promotion des concours d’escrime est trompeuse car la discipline, comme bien d’autres, demeure exclusivement masculine.

Charlotte COOPER première femme médaillée.

Peu à peu, les comités d’organisation successifs posent les jalons d’un projet olympique universaliste qui exclut les femmes puis limite leur participation à certaines épreuves.
Une rameuse et nageuse française, Alice Milliat (1888-1957), pionnière du sport féminin de haut niveau, « infatigable militante de l’égalité dans le sport » va lutter contre cette discrimination pour imposer les premières olympiades féminines en 1922.
Présidente du club Fémina sport en 1915, elle est présidente et cofondatrice de la Fédération des sociétés féminines et sportives de France en 1919, puis fondatrice et présidente de la Fédération sportive féminine internationale en 1921. Elle milite pour la participation des femmes aux Jeux olympiques. « Devant le refus du CIO, présidé par le baron Pierre de Coubertin, elle décide d’organiser des compétitions féminines, nationales puis internationales ».
En 1922, la première édition des Jeux mondiaux féminins a lieu à Paris, deux ans avant les Jeux olympiques de Paris.
Quatre éditions auront lieu entre 1922 et 1934, puis ces Jeux olympiques sont passés à la trappe… Oubliés dans l’histoire… Ou presque… Ces premières olympiades n’ont d’ailleurs pas de numéro.
« Le sport féminin a sa place dans la vie sociale au même titre que le sport masculin. Il devrait même passer au premier plan des préoccupations du gouvernement ; je n’exagère pas ». En prononçant ces mots en 1917, Alice Milliat était clairement en avance sur son temps.
Au début du XXe siècle, elle a activement milité au niveau national et international pour que les femmes exercent tous les sports. Si aujourd’hui, chacune dans leur discipline, des championnes peuvent prétendre participer au JO 2024, c’est en grande partie grâce à Alice Milliat :

Alice MILLLLIAT
Équipe de natation féminine britannique
Football féminin.

En 1928, la participation des femmes atteignait près de 10%. La liste des compétitions où les femmes ont été admises n’a cessé de s’accroître, jusqu’aux Jeux de Rio (au golf, sport réintroduit, et au rugby). Maintenant, «le principe de l’égalité des sexes est inscrit dans la Charte olympique, laquelle impose au CIO d’encourager et de soutenir la promotion des femmes dans le sport à tous les niveaux”», peut-on lire sur le site du Comité International Olympique.

Les jeux de Saint-Louis aux Etats-Unis en 1904:
Ces jeux sont le premier exemple manifeste du caractère politique, raciste, esclavagiste de la gouvernance d’un pays, que l’on retrouvera dans bien d’autres Jeux Olympiques, avec les réactions d’athlètes et leurs prises de position au cours du déroulement des jeux.
À Saint-Louis, les organisateurs reproduisent la même erreur que pour les Jeux de Paris en associant les Jeux à l’Exposition Universelle qui célèbre le centenaire de l’achat de la Louisiane par les États-Unis. Au cours de cette exposition, sont organisées des « journées anthropologiques » qui visent à démontrer la supériorité de la « race blanche » sur les prétendus « peuples sauvages ».
Sans entrainement, pour des épreuves dont ils ignorent les règles, les « Indigènes » exhibés dans le cadre de l’Exposition Universelle établissent de faibles performances. Le jeune Pygmée Mbuti Ota Benga, kidnappé en 1904 au Congo, est l’un d’eux. Il est à nouveau exhibé au zoo de New York aux Jeux intercalaires de 1906 (organisés par la Grèce pour célébrer les 10 ans de la rénovation des Jeux olympiques). Il se suicide en 1916, ayant perdu tout espoir de retour chez lui.

Affiche de l’Exposition Universelle de 1904
Mbuti Ota Benga à l’Exposition Universelle 1904

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale provoque l’annulation des jeux de 1916 prévus à Berlin. Le rêve de Pierre de Coubertin d’une compétition capable de dépasser les conflits semble alors s’effondrer.

1920-1945: le temps des nationalismes


Le bilan tragique de la Grande Guerre encourage le CIO à poursuivre son œuvre pacifiste.
Les symboles olympiques vont faire leur apparition à ce moment-là.
En 1920, à Anvers, l’introduction du drapeau et du serment olympiques symbolise la concorde des nations (néanmoins, tous les vaincus de la guerre en sont exclus).
Les jeux d’Amsterdam (1928) voient, pour la première fois, l’allumage de la flamme olympique.

« Les JO et les symboles olympiques le drapeau, le serment, le salut »
Extraits de l’émission « Secrets d’histoire » . France Inter 1er juillet 2024,

avec deux des commissaires de l’exposition,
les historien.nes Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire:

À Paris en 1924 et Amsterdam en 1928, l’Allemagne sera absente. Les jeux sont le théâtre d’exploits sportifs réalisés par des athlètes de tous horizons, notamment issus des «minorités» ou des empires coloniaux. L’avènement des premières stars médiatiques ébranle le principe de l’amateurisme toujours fermement défendu par le CIO.
En 1932, en pleine crise économique, les Jeux de Los Angeles sont marqués par les victoires des athlètes italiens érigés en ambassadeurs du régime fasciste.
Quatre ans plus tard, la politisation de l’événement franchit un cap lors des Jeux de Berlin, au service de la propagande nazie. Malgré l’exclusion des athlètes juifs allemands au mépris des valeurs fondamentales de l’olympisme, l’organisation et la modernité affichée des Jeux de Berlin apparaissent comme autant de succès pour Adolf Hitler.
La Seconde Guerre mondiale empêche la tenue des éditions de 1940 et 1944.
Anvers 1920 : Les Jeux olympiques de 1916 sont annulés en raison de la Première Guerre mondiale et, après l’armistice de 1918, ceux de 1920 sont attribués à la ville flamande le 5 avril 1919 en hommage à la souffrance et à la bravoure des Belges pendant la guerre.
Vaincus et considérés comme responsables de la guerre, les Empires centraux et leurs successeurs (Allemagne, Autriche, Bulgarie, Empire ottoman et Hongrie) ne sont pas invités aux Jeux.
La participation atteint tout de même un record de 29 nations et 2 626 athlètes (dont 65 femmes). Six délégations font leurs débuts aux Jeux olympiques : le Brésil, l’Estonie, Monaco, la Nouvelle-Zélande, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.

« Les J-O d’Anvers »
Extraits de l’émission « Secrets d’histoire » . France Inter 1er juillet 2024,

avec deux des commissaires de l’exposition,
les historien.nes Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire:

Paris 1924 :
Les athlètes sont hébergés dans le premier village olympique de l’histoire des jeux.

« PARIS 1924 »
Extraits de l’émission « Secrets d’histoire » . France Inter 1er juillet 2024,
avec deux des commissaires de l’exposition,
les historien.nes Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire:

Il est important de noter que c’est la ville de Berlin qui avait été choisie pour les Jeux Olympiques de 1924. La guerre en a décidé autrement et, malgré l’avis du Président du CIO, le baron de Coubertin, qui voulait faire des Jeux un lieu de la réconciliation franco-allemande, c’est Paris qui a été choisie.
En 1928, les Jeux se déroulent à Amsterdam et, comme nous l’avons évoqué, c’est dans cette ville que la flamme olympique sera allumée pour la première fois.
En 1931, Berlin se voit attribuer l’organisation des Jeux olympiques de 1936. L’Allemagne est alors gouvernée par la République de Weimar, nom donné par les historiens au régime politique en place depuis 1918. En janvier 1933, changement de régime: Adolf Hitler est nommé chancelier du Reich et il reçoit les pleins pouvoirs en mars de la même année, instaurant une dictature totalitaire, impérialiste, antisémite, raciste…

« Les Jeux olympiques de Berlin, 1936. Qu’en pensait P. de Coubertin ? »
Extraits de l’émission « Secrets d’histoire » . France Inter 1er juillet 2024,

avec deux des commissaires de l’exposition,
les historien.nes Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire:
« 

1948-1990 Des athlètes au coeur de l’Histoire

(Pas de jeux olympiques en 1940 et 1944 pendant la seconde guerre mondiale).
Bien des péripéties et conflits géopolitiques et géostratégiques ont ébranlé l’organisation des 30 Olympiades d’été successives. Et si l’apolitisme fut l’un des principes de base des JO, les conflits (mondiaux à deux reprises), les gouvernements autoritaires ou dictatoriaux, les régimes racistes et d’apartheid de certaines nations, ont fait surgir des mouvements spectaculaires de rejet jusqu’à la fin du XXe siècle, qu’ils viennent du Comité Olympique international et, le plus souvent, des nations elles-mêmes.
L’esprit de compétition de l’olympisme sera assez vite envahi par les sentiments nationalistes et idéologiques portés par les États, et chaque Olympiade aura ses figures marquantes.
Tout au long du parcours, « Olympisme une histoire du monde » convoque des images mémorables, des archives exceptionnelles et des portraits d’athlètes aux destins incroyables.
Après avoir évoqué Jesse Owens qui, lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936, remporte quatre médailles d’or et piétine les thèses racistes du régime nazi, nous allons maintenant parcourir d’autres olympiades et vous présenter quelques unes des figures d’athlètes impliqué.es qui ont marqué certaines olympiades :
Melbourne 1956 : le 4 novembre 1956 les chars soviétiques envahissent Budapest pour mettre fin à l’insurrection hongroise et réprimer dans le sang cette révolte à la fois populaire et nationale.
Quelques jours plus tard débutent les Jeux Olympiques d’été à Melbourne en Australie.
Le match de water-polo opposant la Hongrie à l’URSS, apparaît alors pour les hongrois comme une revanche par le sport sur la géopolitique. La rencontre va se terminer par une bagarre générale dans une piscine rougie par le sang!
Mexico 1968 : à l’issue du 200 mètres masculin, dans un geste spectaculaire, poing levé ganté de noir, tête baissée, Tommy Smith et John Carlos, médaillés d’or et de bronze, montreront au monde entier leur colère et leur rébellion contre l’injustice raciale des USA.

– Munich 1972 : la politique internationale s’invitera aussi tragiquement à Munich, qui voit ses Jeux ensanglantés par une prise d’otages dramatique dont furent victimes les athlètes israéliens aux mains de ravisseurs de l’Organisation de Libération de la Palestine.

Les années 50 et 60 verront l’arrivée de pays africains issus de la décolonisation. Le CIO servira ainsi de tremplin à ces mouvements de libération nationale. De la chute du mur de Berlin émergeront également des nations sorties de l’orbite soviétique qui viendront grossir les rangs des compétiteurs. Sidney mettra en valeur, pour les Jeux du millénaire, le peuple premier de la terre australienne, les Aborigènes, dont une représentante, Cathy Freeman, gagnera la médaille d’or du 400 mètres.

Afrique, puissance olympique.
Cathy Freeman


Barcelone 1992 verra enfin les Jeux de la détente internationale!
Comment oublier le triomphe des tours de stade de Derartu Tulu et Elana Meyer à Barcelone en 1992, symboles fort de fraternité ? A l’échelle de la France, on retiendra Laura Flessel et Marie-Josée Pérec.

M-J Perec et l’épée de L.Flessel
Affiche des J-O de Barcelone 1992


L’olympisme, heureusement, ne vivra pas que des drames et des tensions. Il offrira de superbes et fréquents moments d’union et de paix entre les peuples, conformément à sa vocation.
Rome en 1960, loin du second conflit mondial, réintégrera opportunément les femmes dans les compétitions, disparues depuis les Jeux d’Amsterdam, et introduira les premiers Jeux Paralympiques après plus de soixante ans d’ignorance.
En 2024 à Paris les Jeux Olympiques et Paralympiques sont rassemblés sous les mêmes emblèmes. Le modèle olympique devient alors une voie d’affirmation sociale pour les personnes en situation de handicap. Conformément aux termes du chapitre 1 de la Charte olympique.

Une exposition dédiée est organisée au Panthéon jusqu’en septembre:  » Histoires paralympiques: de l’intégration sportive à l’inclusion sociale »

Jeux Paralympique de Sidney 2000.

Jeux Paralympiques Bruxelles 1966.


QUEL FUTUR POUR LES JEUX ?


L’exposition « Olympisme, une histoire du monde » dépasse le temps présent.
Comment penser des Jeux plus démocratiques ? Plus ouverts ? Plus respectueux de l’environnement ? Par exemple, c’est dans le cadre des JO à Londres en 2012 que se posent les premières questions d’éco-responsabilité pour continuer à faire face aux défis environnementaux.
L’exposition et son catalogue traitent aussi de la démesure des Jeux que ce soit à Athènes en 2004 après la crise financière ou en 2014 à Sotchi en Russie et abordent aussi la question de la politisation des Jeux Olympiques par des régimes non-démocratiques, de Mexico en 1968 jusqu’à Pékin en 2008. « S’attacher aux Jeux Olympiques et leur histoire, c’est découvrir que les stades sont des arènes où se jouent, sous les yeux du monde entier, le futur de nos sociétés.
À travers l’exposition, sa programmation et ses ateliers de médiation, le public est invité à questionner et imaginer le futur des jeux : intégration de nouveaux sports, redéfinition des catégories d’athlètes, nouvelles infrastructures éco-responsables… »
(Extrait du dossier de presse)
Et, pour clore cet article, l’affiche des Jeux de Paris 2024 qui a été fortement décriée … 🙂

Affiche J-O Paris 2024

Nous vous invitons à écouter l’émission « DÉBAT DU JOUR » sur RFI ( Radio France Internationale),
animée par Adrien DELGRANGE

« Sport: Parité n’est pas égalité »:

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/d%C3%A9bat-du-jour/20240716-sport-parit%C3%A9-n-est-pas-%C3%A9galit%C3%A

293 Avenue Daumesnil 75012 PARIS

RODEZ… L’ INCONTOURNABLE!

Vue aérienne de RODEZ. (c) Ville de Rodez.

CET ÉTÉ – ET JUSQU’À L’AUTOMNE – À RODEZ :

  • LE MUSÉE SOULAGES, qui fête ses 10 ans, propose une très étonnante exposition des oeuvres de LUCIO FONTANA ainsi que les DERNIÈRES OEUVRES de PIERRE SOULAGES,
  • LE MUSÉE FENAILLE nous emmène découvrir des STÈLES ETHIOPIENNES.

Le Musée Soulages: un musée en constante effervescence!

Lucio Fontana: « Structure au néon » Milan 1951 (c) Fondazione Lucio Fontana


Comme toujours au Musée Soulages, les expositions temporaires sont lumineuses et envoutantes!
LUCIO FONTANA est très peu connu du grand public français, et c’est vraiment dommage….
Rodez est la seule ville en France, (hors de Paris en 1987 et 2014), à offrir au public une rétrospective de ce peintre et sculpteur essentiel et d’une immense influence sur ses contemporains.
L’exposition propose un voyage dans l’ensemble de l’œuvre de Fontana, avant et après la Seconde Guerre mondiale, en Argentine, où il est né en 1899, et en Italie, où il s’installe définitivement à partir de 1947 : peintures, papiers, sculptures, céramiques et installations lumineuses et spatiales.
Le public découvrira, au-delà des « concepts spatiaux » avec les « attentes » et les « trous », une production surprenante et radicale d’un artiste figuratif et informel, un homme classique et futuriste, représentatif du « spatialisme », mouvement créé par plusieurs artistes italiens vers 1948.

« L’exposition Lucio Fontana: « Il y a bien eu un futur – Un Futuro c’è stato » est née d’une conversation en 2020 avec Pierre Soulages : nous avions comparé les œuvres de ces artistes bien différents et pour autant liés par un rapport poignant, étroit, entre le temps et l’espace. Pierre Soulages a rencontré Lucio Fontana dont il admirait la singularité. Aux côtés de Joan Miró, Fernand Léger, Yves Klein, Lucio Fontana est un artiste, plus sculpteur que peintre sans doute, que Soulages voyait bien un jour exposé dans son musée. Un idéaliste. » ( Extrait du dossier de Presse)

« Soulages aimait l’œuvre de Fontana pour de bonnes raisons : d’abord parce qu’il le considérait comme un artiste primordial du XXe siècle, un polyinstrumentiste.
Fontana, une figure de l’avant-garde, eut sa bonne étoile française : Paris n’est pas si éloigné de Milan… Ensuite parce que Soulages trouvait chez son aîné – 20 ans de différence d’âge – un intérêt conséquent et suivi pour le temps et l’espace, deux fondements qui le passionnaient. Le fondateur du spatialisme, mouvement échafaudé par plusieurs artistes italiens autour de 1948 et dont Lucio Fontana, le fer de lance, fut le plus pugnace et représentatif, ne pouvait que plaire à Pierre Soulages, qui arrivait à Paris en 1946 et qui exposait pour la première fois au Salon des surindépendants en 1947. »

Benoît Decron, directeur du musée Soulages.

Pierre Soulages et Lucio Fontana

« Concept spatial » 1960
En haut: « Concept spatial » « Le pain » 1950
En bas: « Concept spatial » 1954
« Concept spatial » 1962-1963
« Pilule » (violet bleu) 1967
 » Concept spatial  »
attentes 1966
« Concept spatial »
New-York gratte-ciel 1962

Sorti.es de l’exposition Lucio Fontana, vous vous retrouvez immergé.es dans les oeuvres de PIERRE SOULAGES…
Une petite exposition de photos du peintre vous accueille et les différentes visites guidées transforment le lieu en une joyeuse ruche où des enfants, des ados, des adultes écoutent et questionnent les guides passionné.es !

Pierre Soulages

Laissez vous emporter … Comme l’aurait voulu le peintre:

Depuis quelques mois, certaines des dernières oeuvres de Pierre Soulages sont exposées au musée:

18 Août 2018. Donation Colette Soulages.
4 juillet 2021. Donation Colette Soulages.
17 mars 2019. Donation Colette Soulages.
28 Février 2019. Collection particulière,
en dépôt au musée depuis 2024
« Ce n’est pas noir.. C’est tout autre chose! »
Pierre Soulages

Bel hommage aussi rendu par la plasticienne Jeanne Vicerial:

« Présence 3 Totem ». Jeanne Vicerial. 2021.
Devant deux oeuvres de P.Soulages.

Le musée Fenaille, un lieu exceptionnel !

Entrons au Musée Fenaille…

Au coeur d’un ancien hôtel particulier, le musée Fenaille possède la plus importante collection de statues-menhirs d’Europe, chères à Pierre Soulages, exposées en permanence, à côté d’oeuvres du Moyen-Age et de la Renaissance.


L’exposition temporaire « ÉTHIOPIE, LA VALLÉE DES STÈLES » nous fera découvrir les différents sites archéologiques de la vallée du Rift, au sud de l’Éthiopie, où ont été identifiées des milliers de stèles phalliques ou anthropomorphes.
Depuis près d’un siècle, plusieurs générations de chercheurs tentent de percer les secrets de ces mystérieux mégalithes. A la faveur d’une nouvelle mission archéologique française dans la région, le musée Fenaille présente pour la première fois une synthèse de ces travaux autour d’une sélection unique de stèles provenant du site de Tuto Fela.
À travers sept salles, vous cheminerez auprès des chercheurs qui, depuis des générations, travaillent sur l’histoire et la signification de ces mégalithes.
Près d’une dizaine de monolithes provenant du site de Tuto Fela sont présentés pour la première fois en France. Cette sélection est complétée par un large choix de sculptures, objets, photographies et archives de fouilles provenant de collections publiques françaises et allemandes.
Cet ensemble restitue le contexte culturel et politique de ces grandes missions archéologiques dans l’Éthiopie impériale comme l’aventure scientifique liée à la découverte de ces milliers de stèles.

Carte de l’Éthiopie.
Objets quotidiens d’une Éthiopie fantasmée
Tirages photographiques de la mission Jensen, dans le sud de l’Éthiopie. 1934-1935.
Stèles du site de TUTO FELA.
Ces stèles phalliques ont été taillées dans de l’ingnimbrite ( roche volcanique tendre) . XIII° et XV° siècle.
Détail d’une stèle de Tuto Fela.
Alf Bayrle: relevé d’une stèle de Midjidja. 1936.
Carnet de terrain de R.Joussaume. 1972.
Autres stèles du site de Tuto Fela
Une stèle….
Alignement sous un autre angle.

La visite de cette très dense exposition se poursuit par la projection dans le grand auditorium
du film: « Éthiopie, le mystère des mégalithes » d’Alain Tixier.

Capture d’écran: « Éthiopie, le mystère des mégalithes »
Regardons….
LES STATUES-MENHIRS

Musée SOULAGES : Avenue Victor Hugo – Jardins du Foirail
Musée FENAILLE : 14 place Eugène Raynaldy

Juillet et Août: tous les jours de 10h à 18h.