MAX JACOB…

« Max Jacob . Portrait à l’étoile jaune » Jean Boullet. 1943

… LE CUBISME FANTASQUE

Le Musée d’Art Moderne de Céret (66) propose jusqu’au 1° décembre prochain une rencontre surprenante avec Max Jacob, à travers ses propres oeuvres et celles des amis artistes qui ont croisé son chemin.

 » À la fois poète, peintre, critique d’art, romancier et épistolier à l’origine de l’une des plus riches correspondances de son temps, Max Jacob est l’un des premiers soutiens de Pablo Picasso à Paris en 1901. Il est également le témoin de la naissance du cubisme et de ses évolutions auxquelles il participe. (…) À Céret en 1913, l’artiste réalise un exceptionnel ensemble de travaux qui reflètent ses expérimentations artistiques.(…) Forte de plus de 120 oeuvres parmi lesquelles de nombreuses pièces inédites, l’exposition réunit les travaux de Max Jacob et de ses contemporains, de Pablo Picasso à Juan Gris, en passant par Manolo, Jean Metzinger, Marie Laurencin, Jean Cocteau, Marie Vassilieff, Amedeo Modigliani, Alice Halicka, Serge Férat, ou encore la baronne d’Oettingen.
À l’occasion des 80 ans de la déportation et de la mort de l’artiste au camp de Drancy, le musée d’art moderne de Céret retrace la vie et l’œuvre de celui qui n’a « jamais poli » son style, entre art et littérature, à travers ses liens avec certains des plus grands artistes de son temps. »
( Extraits du dossier de Presse)

Max Jacob est né en 1876 à Quimper. Il s’installe à Paris vers 1900 où il travaille comme critique d’art, tout en occupant divers emplois. Il va y rencontrer Pablo Picasso qui aura une influence importante sur lui, notamment en l’incitant à se consacrer entièrement à la poésie. Son style littéraire inédit est marqué par la dérision et un humour grinçant…
Max Jacob était né juif (converti au christianisme en 1915) et homosexuel. Il sera déporté au camp de Drancy en février 1944 où il meurt le 5 mars 1944.

Max Jacob

À travers les différentes salles de cette très riche exposition, le visiteur pourra se familiariser avec cet artiste aux multiples facettes artistiques et aux engagements parfois contradictoires!
Il faut prendre le temps d’explorer les écrits, les photos, les dessins… Regarder les films… Écouter les sons diffusés par les petits hauts-parleurs dans certaines salles… Aller puis revenir… S’arrêter et sourire… S’interroger…

« Portrait de Max Jacob en soulier venu » Jean Cocteau 1961.
« Portrait de Max Jacob » Marie Laurencin. 1908
« Le fou » Pablo Picasso. 1905
Projet de masque pour « Les mamelles de Tiresias »
Serge Férat. 1916-1917
( drame surréaliste sur lequel ont collaboré Ferat, Appollinaire et Jacob)
« Scène de cirque » Max Jacob
« Crucifix » Max Jacob. 1913 ou 1914.
« Au cirque » Max Jacob. 1928
« Le match de boxe » Max Jacob. 1914
« Portrait de Max Jacob » Jean Metzinger 1913.
« Autoportrait » Max Jacob. Vers 1932

Avec l’aimable autorisation de l’auteur, voici des extraits de l’article d’Antoine PERRAUD
pour « Médiapart » du 29 Juin dernier:

 » À Céret, une exposition Max Jacob comme pour sauver la France d’elle même ».
Dans les Pyrénées Orientales, terre de mission de l’extême-droite, le musée d’Art Moderne de Céret propose une magnifique exposition qui tombe à pic, consacrée à l’oeuvre foisonnante et au destin tragique du poète Max Jacob, mort parce que juif et haï comme tel.

(…) Par les temps intolérants qui courent, et dans un département où l’extrême-droite s’avère à son aise, s’ouvre une exposition vertigineuse, aussi passionnante que salutaire.(…)

Max Jacob fut-il pris à partie par la presse d’extrême-droite pour son homosexualité – l’Action Française chassait avec ferveur les « invertis » ? Il incarnait pour sûr ce que détestait et continue de détester le nationalisme intégral: la dualité et la pluralité des identités.
Pendant l’occupation nazie, qui permit aux fascistes français d’exulter dans la haine de l’Autre, Max Jacob est arrêté à la fin février 1944. Conduit par la Gestapo à la prison militaire d’Orléans, il y divertit ses co-détenus en leur chantant des airs d’Opéra-Bouffe.
Toutes les tentatives de le sortir des griffes hitléro-pétainistes échouent. Conduit au camp de Drancy, il y meurt le 5 mars – pneumonie et collapsus cardiaque. Il allait être déporté à Auschwitz.
Son frère et sa soeur l’y avait précédé.

Picasso, suspect et surveillé, n’a rien pu faire.
Jean Cocteau et Sacha Guitry, introduit auprès de la puissance occupante, n’ont rien su faire.

Si vous le pouvez, offrez-vous le superbe catalogue de l’exposition,
qui reprend tous les axes de la mise en oeuvre de l’expo. (35 euros)

Musée d’Art Moderne de Céret
8 Bd Maréchal Foch
66400 CÉRET


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