ALLER SANS RETOUR…

« CE QUE J’OUBLIERAI, C’EST MA VIE ENTIÈRE »
Juliette Noureddine

Le musée de l’Homme à Paris présente  jusqu’au 8 juin 2025 l’exposition : « Migration, une odyssée humaine ».

Le Musée de l’Homme s’affirme comme un musée engagé. Alors que la question des migrations humaines est au cœur de débats contemporains, l’exposition « Migrations, une odyssée humaine » propose de prendre du recul sur le phénomène migratoire, à travers un état fiable de la connaissance .

« Comprendre les soubassements des migrations, sortir d’une vision manichéenne et renouer avec la complexité d’un phénomène inhérent au monde vivant sans jugement de valeur : telles sont les ambitions de l’exposition »  Gilles Bloch, président du Muséum 

« Il n’existe pas de vivant sans migrations.
Cette phrase, aussi simple qu’essentielle, a été le point de départ de notre réflexion pour l’exposition « Migrations, une odyssée humaine« . En 2018, le Muséum national d’Histoire naturelle a publié un manifeste affirmant que toutes les espèces migrent, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux ou d’humains, pour des raisons variées. Ainsi, depuis toujours, hommes et femmes ont migré, volontairement ou non. À partir de ce constat, nous avons conçu une exposition inédite, centrée sur l’espèce humaine et ses déplacements ».  Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du Musée de l’Homme 

Face aux fantasmes et aux interprétations antagonistes de chiffres contestables, l’exposition convoque l’anthropologie, la démographie, l’archéologie, la génétique, la sociologie, le droit, la géographie et l’histoire. Son parcours, déployé dans une scénographie audacieuse et colorée, présente des objets issus des collections du Muséum ou de prêts, des témoignages, des films pédagogiques, des visualisations de données, des documents d’archives et des œuvres d’art.
 L’ensemble fournit des clés de compréhension essentielles pour saisir la complexité des phénomènes migratoires, à l’échelle de la planète et sur le temps long. Elle s’appuie sur les représentations des migrations pour mieux les déconstruire, oppose les faits aux idées reçues, les chiffres aux croyances et le temps long aux vues court-termistes.

Entrée dans l’exposition.

Visiter cette exposition au musée de l’Homme, c’est se retrouver, en l’espace d’un instant, dans un univers qui convoque notre imaginaire par l’image et par le mouvement d’une vidéo qui projette des représentations de déplacements humains à différentes époques, des images d’explorateurs héroïques, de pionniers courageux, d’envahisseurs menaçants, d’exilés désespérés…  

Vidéo projetée dans l’exposition.
Les cows-boys
Page d’histoire
Partir avec une charrette…
L’éxode
Des départs plus joyeux que d’autres….
… Sauvetage…

Ces images imprègnent nos consciences et nos inconscients… Avec ces représentations nous nous engageons dans le parcours de l’exposition, un parcours en trois temps :

  • REPRÉSENTER LES MIGRATIONS :

Le premier espace de l’exposition est consacré aux perceptions, aux représentations et aux idées reçues qui entourent les mouvements migratoires. 
Un premier problème : comment nommer ces femmes et ces hommes qui quittent leurs pays : migrant.es, immigré.es, exilé.es, sans-papiers, réfugié.es, expatrié.es… Le sens de ces mots – ni anodin, ni figé – évolue selon les contextes, les pays, les époques. Certains sont des termes juridiques, d’autres des catégories administratives.

Migrants…
… Réfugiés

Les migrations s’accompagnent souvent de discours qui stigmatisent les nouveaux arrivants.
Depuis le 19° siècle, certaines craintes sont récurrentes : la xénophobie, l’inquiétude de la concurrence économique et l’appréhension d’un changement culturel qui viendrait perturber la société. Contrairement à une idée reçue qui dit que la migration « se passait mieux avant », les discours de haine d’aujourd’hui font écho aux stéréotypes et préjugés d’hier.
Les migrations sont associées à l’idée de menace, d’invasion, de submersion. Il est intéressant de noter que 96 % des humains vivent dans leur pays de naissance, un chiffre stable depuis plusieurs décennies.

Illustrations …..
… Par l’humour !
Scénographie d’une salle de l’exposition.
  • ÉTAT DES LIEUX DES MIGRATIONS :
    La deuxième partie de l’exposition dresse un état des lieux des migrations actuelles. 
Les migrations aujourd’hui.
Les idées reçues…
… et les « Violences Politiques ».
Partir à vélo…..
… Prendre une barque.
Déplacement de population.

« Les causes de départ, les trajectoires et les profils des personnes en migration sont multiples.
Le migrant archétypique : masculin, jeune, pauvre et non diplômé, est loin de représenter une majorité dans les faits.
Aujourd’hui, 48 % des migrants sont des migrantes, et les causes des départs (économiques, politiques, climatiques, familiales, éducatives ou récréatives) sont diverses et souvent imbriquées.
Révélatrice des inégalités sociales, économiques et environnementales qui règnent au sein de la population mondiale, la migration est encouragée pour les uns, dépréciée pour les autres.
L’exposition permet de partager ces différents vécus, incarnés par des témoignages et de nombreuses productions artistiques ».  (Extrait du dossier de presse).

Droit du sol et droit du sang dans le monde.
Mortalité des routes migratoires.

Le passage des frontières.
Le nombre d’individus fuyant leur pays a presque triplé en dix ans. Le passage des frontières est devenu de plus en plus périlleux pour ces personnes. 


Cette œuvre monumentale, créée par l’artiste indienne Reena Kallat à partir de câbles électriques tressés en forme de barbelés, présente une vision alternative de la planète, parcourue de trajectoires entremêlées. © Reena Kallat Studio – Jamie Woodley 
Frontière…
Il marche seul…
La Frontière.
Camp de transit à la frontière.
Frontière barbelée.

Des bagages insoupçonnés : Qu’emmènent-ils avec eux et que laissent-ils par choix … ou obligation ?

Objets de toilette….
… Et vêtements abandonnés.
Scénographie de l’exposition.
  • MIGRATIONS ET ÉVOLUTION 

La dernière partie de l’exposition ouvre une fenêtre sur notre passé lointain, pour rappeler que – dès son émergence il y a 300 000 ans – Homo Sapiens n’a cessé de se déplacer, de se disperser sur l’ensemble du globe terrestre. Il suit en cela la dynamique de l’entièreté du vivant, assurant sa pérennité : sans mouvement, il n’y a tout simplement pas de vie !
Partie d’Afrique, l’espèce humaine s’est construite à travers les rencontres, les échanges, les métissages qu’elle a provoqués au cours de ses cheminements.
Dans toutes les directions et à toutes les époques, les humains avancent, laissant sur leur chemin les traces de leurs gènes, de leurs cultures, de leurs idées.

Nous sommes tous les fruits de ces mouvements : nos sociétés, nos langues, nos gènes et même nos traditions culinaires en témoignent.


« Pantone » de Angélica DASS qui vit et travaille en Espagne.

Angelica DASS grandit dans une famille brésilienne aux couleurs de peau très différentes.
S’interrogeant sur cette variété de teintes et sur le racisme dont elle a été victime, elle explore la perception des nuances et la façon de se définir ou de désigner une personne par une seule couleur. Elle associe la teinte des peaux photographiées aux références du nuancier Pantone *, dont elle emplit le fond de l’image : l’infinie variété de nuances de la peau humaine se révèle alors dans une grande mosaïque de visages.

*Le système Pantone est un système de classification et de référencement des couleurs créé par la société Pantone dont le nom vient du préfixe « pan » et du mot anglais « tone » (le ton dans le sens de nuance) = toutes les nuances de couleurs.

Le nuancier « Pantone ».

« Aller sans retour »
Juliette Noureddine écrit cette chanson en 2008,

sans doute inspirée par le souvenir de l’arrivée en France de son grand-père, quittant sa Kabylie natale.

Musée de l’Homme
17 place du Trocadéro et du 11 novembre –
75016 Paris

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