« We Are Here »
Une exploration d’art urbain au Petit Palais, prolongée jusqu’au 19 janvier 2025.
Il est assez inattendu qu’une exposition temporaire partage les salles et les murs de l’exposition permanente d’un musée, et pourtant, ça existe !
Construit pour l’Exposition universelle de 1900, lors de laquelle il accueillit l’exposition rétrospective de l’art français des origines à 1800, le Petit Palais (devenu Palais des Beaux-Arts de la Ville de Paris en 1902, puis musée des Beaux Arts) a organisé certaines des plus importantes expositions françaises.
Pour la première fois, il ouvre ses portes à l’art urbain :
« Le Petit Palais est très heureux d’accueillir la première exposition d’art urbain de cette envergure au sein d’une institution publique, accessible à tous et totalement gratuite, dans un souci de partage de la culture avec le plus grand nombre, fidèle aux principes qui animent le mouvement Street art ».
Annick Lemoine, directrice du Petit Palais, commissaire générale de l’exposition.
« Paris, plus que jamais, incarne ainsi la première ville à reconnaître l’immensité du mouvement Street art en donnant une fois encore le ton au rythme de l’histoire. Une exposition qui propulsera avec audace notre capitale dans une modernité assumée tout en valorisant son histoire passée. Un événement à l’envergure du lieu et de son histoire qui sublimera la pratique des artistes pour offrir plus que des installations inédites mais un véritable dialogue avec l’histoire. Paris s’affirme à nouveau comme le rendez-vous incontournable des plus grands artistes français et internationaux de ce mouvement puissant qui bouscule les codes et bouge les lignes. We Are Here* ! ».
Mehdi Ben Cheikh, directeur de la Galerie Itinerrance, commissaire scientifique.
Treize artistes majeurs du mouvement Street Art comme Shepard Fairey, Invader, D*Face, Seth, Cleon Peterson, Hush, Swoon, Vhils, Inti, Add Fuel, Conor Harrington et encore Swoon (l’une des rares femmes street artistes dans cette exposition) sont invité.es à engager un dialogue subtil avec ses collections permanentes et son architecture.
Le titre de l’exposition, « We Are Here« , est utilisé comme slogan dans divers contextes historiques et contemporains, tels que les luttes pour les droits civils.
Il évoque des sentiments d’affirmation, de résilience et de revendications et exprime la visibilité et la légitimité acquises par le mouvement street-art.
Cependant, il n’est pas toujours évident de décrypter ce que sous-tendent comme sentiments, ressentis et/ou revendications les œuvres exposées. Les explications présentent sous divers supports (cartouches, QR code) permettent au public la rencontre entre le travail et les intentionnalités du (de la) Street Artiste.
Avant d’accéder à la vaste salle des sculptures, une « sculpture street art » se dresse devant nous, comme une borne d’accueil, réalisée par D*FACE dont on retrouvera d’autres réalisations au cours de la déambulation.
La visite commence…
Une fois passée la « borne d’accueil », se trouve un lampadaire majestueux orné d’une fleur de lotus.
Comme une réplique, un reflet, un tableau lui fait face qui nous plonge directement dans la démarche du Street art : le pied du lampadaire remplacé par une mitraillette … Une nouvelle manière de s’exprimer et de donner son opinion, de faire passer un message politique fort ou dénoncer la société.
Après cette première rencontre, ce premier dialogue entre deux cultures, la vaste salle des sculptures nous réserve bien d’autres découvertes :
Poursuivant notre déambulation, nous arrivons dans la salle dédiée à la Célébration de la République qui fut un des grands thèmes de la production artistique française, comme le montrent les collections du Petit Palais.
« Le drapeau tricolore, la Marianne, ou encore la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » deviennent ainsi matière artistique et source d’inspiration, montrant la virtuosité de ces artistes engagés.
En explorant ces codes, les artistes invités – dans la richesse de leurs différences – réinvestissent les valeurs de la République et célèbrent la diversité et la pluralité qui caractérisent la France d’aujourd’hui. Les artistes provoquent ainsi le dialogue et la réflexion sur les enjeux sociaux et politiques contemporains. » (Extrait du dossier de presse)
Après la Célébration de la République, nous arrivons dans une toute petite salle propice au calme de la lecture mais ce n’est pas si simple…
Seth, Street artiste n’est pas si naïf. Son univers innocent et poétique maquille les murs du monde entier pour dénoncer la guerre et la misère. En Ukraine, en Palestine ou encore en France, le Street artiste Seth prend l’enfance comme prétexte pour aborder des sujets graves.
Pas de parcours « imposé », on se déplace librement…
C’est ce que nous allons faire maintenant en allant à la découverte d’une autre grande salle, appelée « la galerie des grands formats »
Le street art ne se conjuguerait-il qu’au masculin ? Comme dans de (trop) nombreux domaines, l’art de rue est largement dominé par les hommes, et ce depuis le début de son histoire.
Parmi les treize artistes majeurs du mouvement Street art, il n’y a qu’une seule femme, Swoon, de son vrai nom Caledonia Dance Curry, née en 1977 à New London dans l’État du Connecticut, est une artiste américaine du mouvement dit de l’Art urbain ou Street Art dont les collages de portraits à figure humaine de taille réelle sont affichés dans les rues de Brooklyn à partir de 1999.
Il reste une dernière salle à découvrir : la Salle Concorde, investie par plus de 60 artistes* du street art des quatre coins du monde, est un vibrant hommage au légendaire premier Salon des Refusés de 1863 organisé au Palais de l’Industrie, en lieu et place du Petit Palais et du Grand Palais et qui bravait les conventions. Pour mémoire, ce salon accueillait les artistes de l’avant-garde exclus des cercles académiques, malgré leur talent et leur audace.
Or, rappelons-nous que ce sont les artistes du Salon des Refusés – à l’instar de Manet et de son œuvre emblématique « Le Déjeuner sur l’herbe » – qui ont notamment ouvert les portes au mouvement impressionniste, écrivant une page majeure de l’histoire de l’Art.
Aujourd’hui, l’accrochage-hommage de la salle Concorde perpétue cet esprit novateur.
Les artistes dont les œuvres couvrent les murs du sol au plafond défient en effet les normes établies et les barrières des institutions officielles. Ils imposent les nouveaux codes artistiques, en perpétuel mouvement, qui se déploient de manière organique et exponentielle sur les murs des villes à travers le monde, repoussant sans cesse les limites de leur pratique.
La Salle Concorde témoigne de la vitalité, de l’originalité et de la diversité de la scène street art. L’accrochage à « touche-touche », typique des Salons artistiques du XIXe, révèle la puissance d’évocation et la virtuosité graphique des œuvres contemporaines de street art… en d’autres termes, leur dimension muséale.
*(les 60 artistes) ADD FUEL, ARDIF, BANJER, BANKSY, BOM-K, BTOY, CLEON PETERSON, CODEX URBANUS, CONOR HARRINGTON, CRYPTIK, DFACE, DABRO, DANHOO, DAVID DE LA MANO, DEYA, ELMAC, ELSEED, ETHOS, EVAZESIR, FAILE, FENIX, FERNAND KAYSER, FKDL, FLOG, GERADA, GUYDENNING, HERA, HOROR, HUSH, INTI, INVADER, JANA & JS, JACE, KONGO, KOOM, LECYKLOP, M-CITY, MAT X ZEKKY, MAYE, MIST, MONKEY BIRD, MOSKO, NASTY, NEBAY, NILKO,SHEPARD FAIREY (OBEY), PANTONIO, RNST, ROA, SAINER, SANER, SAX, SETH, SHAKA, SHOOF, ST4, SVEN, SWOON, TINHO, TRISTAN EATON, VHILS, WISSEM EL ABED, XARE,YRAK.
Le Petit Palais se trouve Avenue Winston Churchill
75008 PARIS