Les représentations médiévales illustrent et enseignent les dogmes essentiels de l’Église et de la Bible.
Au Moyen Âge, l’ensemble de la société est chrétienne. Cela signifie que ces croyants reconnaissent que Jésus est le fils de Dieu, qu’il est mort sur la croix et ressuscité pour assurer le salut de l’humanité. Le livre de l’Apocalypse (dernier livre du Nouveau Testament) est une source d’inspiration majeure. De nombreux Christs en gloire célèbrent la victoire du bien sur le mal.
Seule une part minime de la population médiévale dispose de capacités de lecture. L’accès à l’éducation est limité aux élites, même si l’Église et certains souverains se préoccupent de l’instruction du peuple.
L’une des fonctions des scènes religieuses, commandées par les clercs, est donc pédagogique : il s’agit d’initier les fidèles aux mystères de la religion, de les instruire et de les amener à méditer sur ces modèles de piété. Elles matérialisent la liturgie et le divin. Mais si l’art a pour mission d’enseigner, il ne se refuse pas d’émouvoir, et si l’art roman est un art de symboles, c’est aussi un art humain. Aussi, ces peintures murales sont représentatives de l’univers mental et culturel de la population de l’âge roman.
Dans beaucoup d’édifices, on note une influence byzantine à travers le hiératisme des figures, l’allongement des corps et les costumes.
Dans les peintures murales, les couleurs utilisées relèvent de la gamme des ocres rouges et jaunes et des verts. L’usage du bleu, pigment plus rare et plus coûteux, est souvent réservé aux vêtements de Jésus ( le Christ) et Marie (sa mère) .
Quand on parle des peintures de l’époque romane, on emploie souvent le mot: « fresques »…
Mais ce n’est pas tout à fait correct!
Pour faire simple: les fresques sont des peintures délayées à l’eau, qui se font très rapidement sur un enduit frais ( on dit « a fresco ») alors que la peinture murale sera réalisée sur un enduit sec ( on dit « a secco »).
La chapelle Saint-Pierre de Montbazin dans
l’Hérault.
C’est par un dimanche pluvieux et froid, comme seul l’Hérault en a le secret, que j’ai eu le privilège de pouvoir admirer les peintures murales de la Chapelle Saint-Pierre de Montbazin dans l’Hérault.
J’ai été accueillie par Daniel Beauron, Président du « Cercle de Recherches du Patrimoine Montbazinois » (CRPM) et Marie-Antoinette Fisher, adjointe au Maire de Montbazin, chargée du Patrimoine, que vous pourrez écouter tous deux en podcast à la fin de la page.
Dans cette très belle chapelle, tout est là pour porter à la sérénité: les proportions « magiques » de cet édifice, les pierres d’une étonnante qualité, une luminosité feutrée et ces peintures murales rares, représentant le Christ et les douze apôtres…
Enfin … Seulement 10 apôtres, car un architecte de génie du XV° siècle a ouvert une fenêtre à l’emplacement de deux peintures d’apôtres!
Comme s’il avait joué aux quilles: « Allez tiens! Deux de moinsss! »
Bon…
On se dira qu’il ne l’a pas fait exprès le bougre, car peut-être n’étaient-elles pas visibles à ce moment là! Mais quand même… Ça fait mal!
« Une vaste composition se déployait à l’origine sur les cinq pans de la voûte. Les douze apôtres y étaient représentés debout, imberbes, nimbés et drapés à l’antique, leurs mains présentant une taille démesurée. Tenant d’une main un rouleau ou un livre, ils semblent désigner de l’autre le Christ en majesté, inscrit dans une mandorle (ovale) et dont seule la sinopie (dessin avec pigment rouge) est encore visible dans le panneau central.
Tous sont de grande taille (1.90 m environ) ; les traits sont vigoureusement dessinés : visages ronds, nez busqués, lèvres charnues, sourcils jointifs sur le front au-dessus d’yeux globuleux. Leurs positions sont différentes, chaque port de tête a une inclinaison différente. Vêtus de longues tuniques et d’amples manteaux dont les plis sont soulignés par des traits noirs, ils se détachent sur un fond blanc, traités dans une palette réduite : ocre jaune, ocre rouge et brun. Côté Nord, les six apôtres sont relativement bien conservés ; côté Sud, un seul subsiste car une partie de ce décor a été détruite au XVe siècle lors de l’ouverture d’une large fenêtre dans la voûte sud de l’abside.
Ces fresques romanes sont d’autant plus précieuses qu’il s’agit de l’unique exemple, en bas Languedoc, d’une peinture murale dont les couleurs ocre jaunes, bistre et brun ne soient pas totalement délavées.
Un expert a reconnu dans ces personnages les caractéristiques des icônes byzantines.
Ce modèle oriental pourrait avoir transité par l’Italie et avoir été peint à Montbazin par un artiste toscan. »
Extrait du bulletin du CRPM.
PODCASTS
Interview de Marie-Antoinette FISHER
Adjointe au Maire de Montbazin, déléguée au Patrimoine.
Interview de Daniel BEAURON,
Président du Cercle de Recherche du Patrimoine Montbazinois
Sources documentaires:
« La peinture romane » de J. Pichard. Edtions Rencontre / Lausanne.