UN ART SANS ENTRAVES

T’ANG HAYWEN. Un peintre chinois à Paris
Musée Guimet, jusqu’au 17 juin 2024

T’ang HAYWEN photographie de Yonfan
© Avec l’aimable autorisation de T’ang Haywen Archives

À travers une sélection d’une centaine d’œuvres majeures, l’exposition présente un panorama des grandes étapes de la carrière du peintre T’ang HAYWEN ainsi que l’essentiel des facettes du travail d’un artiste qui recherchait, selon ses propres mots, « une peinture idéale, unissant le monde visible et le monde de la pensée ». (Extrait de T’ang Haywen archives)

Yannick LINTZ, Présidente du Musée National des Arts Asiatiques-Guimet :

T’ANG HAYMEN naît en Chine, en 1927, dans une famille de commerçants aisés. En 1937 la famille quitte la Chine pour le Vietnam, où elle s’installe à Saigon – future Ho Chi Minh-Ville – dans le quartier chinois de Cholon. Élève au Lycée Français, T’ang Haywen est initié à la calligraphie par son grand-père mais il ne suit pas de cursus artistique classique.
En 1948, à 21 ans, il rejoint Paris afin de poursuivre des études de médecine qu’il abandonne rapidement. Il s’inscrit en lettres à la Sorbonne et aux Langues Orientales.
Logé dans le quartier Montparnasse, il découvre un pays où la création est en pleine effervescence. Parallèlement à ses études, il suit des cours à « l’Académie de la Grande Chaumière » près de Montparnasse. ( « L’Académie de la Grande Chaumière » est un cours libre de dessin et sculpture, fondé en 1904 – et qui existe toujours – très réputé au début du 20° siècle. Le sculpteur Bourdelle, entre autre, y suivront des cours.)
Lettré moderne, insatiable curieux des arts et cultures de l’Occident, il trouve à Paris sa vocation de peintre. Artiste discret, T’ang Haywen s’affirme pourtant progressivement comme une figure majeure de la création contemporaine et de la modernité chinoise. (Extrait du dossier de presse)

La singularité de l’artiste se manifeste doublement:
D’une part, sa signature à l’encre rouge, semblable à un sceau, composée de son nom vietnamien romanisé (T’ang) et de son nom chinois Haywen (Peut-être l’affirmation de sa double culture ?)
Et d’autre part, sur les cartouches, il n’y a pas de titre pour nommer l’œuvre, seulement l’année de la création, le support et la technique utilisée. « Mes peintures ne sont ni figuratives, ni abstraites, et elles n’appartiennent pas non plus à l’école néo-figurative. Cette classification est trop restrictive pour moi. Je recherche un art sans entraves, un art qui naît sans contraintes ». 
Quand vous visiterez l’exposition, vous remarquerez que la grande majorité des œuvres provient de « la Donation de la Direction Nationale d’Intervention Domaniale ».
La D.N.I.D., (Direction Nationale d’Interventions Domaniale) est connue en France sous l’appellation “Les Domaines”. Elle participe de différentes manières à la gestion des biens de l’état : il arrive parfois qu’à la suite d’une affaire judiciaire des biens soient saisis par la justice et ensuite confiés à la DNID qui les met en vente aux enchères.
Dans ce cas précis, T’ang Haywen Archives a été approché par la DNID pour expertiser et authentifier un groupe d’œuvres, de dessins et d’archives présentées comme étant de T’ang Haywen. Une fois cette expertise réalisée et devant l’importance de cette collection, il a été convenu avec Alain Caumeil, Directeur de la DNID, qu’une partie représentative de ce groupe d’œuvres ainsi que tous les dessins et archives devaient être donnés aux collections nationales françaises. A l’initiative de la DNID, Madame Valérie Zaleski, conservatrice au musée Guimet et Philippe Koutouzis, expert de l’œuvre, ont sélectionné des œuvres et recensé les dessins et archives.  (Extrait de T’ang Haywen archives)

Créations de jeunesse:

L’exposition, chronologique, présente dans un premier espace les créations des années 60, ses années d’apprentissage. Formé à la peinture occidentale, ses carnets de dessin révèlent qu’il visite régulièrement les musées parisiens, dont le musée Guimet, et qu’il s’inspire de la ville dans des paysages urbains croqués rapidement au stylo à bille ou des paysages entre couleurs vives et monochromes, aquarelles et gouaches, paysages quelquefois très identifiables, parfois abstraits, qui posent d’emblée et de manière singulière T’ang Haywen à la jonction de deux mondes, occidental et extrême-oriental.
Il y a aussi des pièces inédites tirées de son atelier et exposées pour la première fois comme des cartes de vœux envoyées à ses amis.

Détails….
des oeuvres du grand tableau.
« Pablo Picasso et Françoise Gilot » . Sans date
Sans titres….
1956.
Sans titres….
1955.
Sans titres….
1967.
Carte de vœux, 1955 – 1960, aquarelle, encre et gouache sur papier, MA 13393 © T’ang Haywen Archives © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024

Petits formats, faciles à transporter

La période du début des années 1970 (qui voient s’épanouir son format de prédilection: 70 x 100 cm) et jusque vers 1983-1985 est évoquée par des peintures à la gouache ou à l’encre, polychromes ou monochromes.

Sans titre. 1985


Puis viennent les œuvres de la maturité : des diptyques épurés à l’encre de Chine, de minuscules triptyques colorés évoquant, au choix, des paravents chinois ou les Nymphéas de Monet, et de petits formats carrés à la puissance graphique troublante. Le peintre était, en effet, un grand voyageur, préférant les formats modestes facilement transportables.

« Visage-paysage » vers 1970
Sans titre 1983-1984
Triptyque vers 1983
Triptype vers 1983


Des formats plus importants, présentés dans l’exposition, permettent à T’ang Haywen de donner à voir des paysages abstraits à l’encre monochrome.

Portraits :

C’est au cours des années 1950, c’est à dire dès les débuts de son apprentissage, que Tan’g Haywen s’essaie aux portraits, rapidement esquissés à l’encre et au pinceau.

Autoportrait vers 1960

La reconnaissance internationale survient dans les années 1980 avec de nombreuses expositions dans les galeries et les grandes institutions du monde entier, à l’instar du Centre Pompidou en 1989.
Tan’g Haywen décède en 1991.
Le Musée Guimet organisera une grande rétrospective en 2002. 

« T’ang Haywen – Dix œuvres de la collection Leszek Kanczugowski, ami de l’artiste« :

RÉDACTION ET PHOTOS DE KADIA RACHEDI

Le Musée National des Arts Asiatiques – Guimet se trouve à Paris, 6 place d’Iéna 75016.
Émile Guimet est le fondateur du Musée, en 1889, appelé initialement « musée des religions » 🙂

Tags: No tags