REGARDER LES SONS… ÉCOUTER LES COULEURS

Jusqu’au 1e février 2026, la Philarmonie de Paris (Cité de la Musique) nous emmène dans l’univers déroutant du peintre Kandinsky.

Considéré comme l’un des peintres les plus importants du XXe siècle, il est souvent désigné comme l’auteur de la première œuvre d’art abstrait de l’époque moderne, bien que des historiens d’art soupçonnent Kandinsky d’avoir antidaté cette oeuvre !

Vassily Kandinsky grandit à Moscou et Odessa dans une famille cultivée. En amateur, il pratique le violoncelle et l’harmonium. Il s’enthousiasme bientôt pour Wagner, et la musique agit sur lui comme un révélateur.
Lui-même affirme qu’elle nourrit et détermine sa vocation d’artiste par son langage abstrait.
Affûtant sa réflexion auprès de musiciens d’avant-garde, Kandinsky réinvente le langage de la peinture suivant le modèle abstrait de la musique, dont témoignent notamment sa série d’Improvisations et de Compositions.

Vassily Kandinsky avait une particularité très rare : la synesthésie. C’est un phénomène neurologique par lequel une personne va associer deux sens. Kandinsky associait la musique à la couleur : lorsqu’il assistait à un concert, son cerveau lui envoyait des couleurs différentes à chaque note entendue.

Par exemple, l’opéra de Wagner « Lohengrin« , par cet effet de synesthésie, lui semble représenter Moscou. « Je voyais mentalement toutes mes couleurs, elles se tenaient devant mes yeux. Des lignes sauvages, presque folles se dessinaient devant moi. »

Vassily Kandinsky.

« Tendez votre oreille à la musique, ouvrez votre œil à la peinture. Et… ne pensez pas !
Examinez-vous, si vous voulez, après avoir entendu et après avoir vu.

Demandez-vous, si vous voulez, si cette œuvre vous a fait “promener” dans un monde inconnu auparavant. Si oui, que voulez-vous encore ? »
Vassily Kandinsky

Aucune exposition n’avait jusqu’à présent replacé l’œuvre du peintre dans l’effervescence musicale de son temps. Cette exposition – riche de plus d’une centaine d’oeuvres et installations – renouvelle le regard sur l’œuvre du peintre en nous entrainant, à l’aide d’un parcours où les musiques chères au peintre sont diffusées au casque, dans un jeu subtil de correspondances entre musique, formes et couleurs.

Le parcours dévoile également un cabinet imaginaire exprimant la mélomanie de Kandinsky. Les partitions qu’il acquiert, les livres et prospectus musicaux qu’il collecte, les photos de ses amitiés musicales, sa collection de disques comme les gravures de chants populaires qu’il affectionne, constituent des objets essentiels de sa culture artistique.

Une partie de la collection de disques de Kandinsky.


Au cœur du cabinet, une sélection d’outils de son atelier sonde la musicalité du processus de création de Kandinsky, notamment son travail sur la « sonorité » des couleurs ou ses études visuelles sur la 5e symphonie de Beethoven :

Kandinsky : étude visuelle sur la 5e symphonie de Beethoven.


Quelques panneaux didactiques permettent aux visiteurs d’approcher la démarche du peintre, à travers l’étude d’un tableau : « Improvisation 3 » :

Kandinsky : « Improvisation 3 », 1909.

BASCULEMENT VERS L’ABSTRACTION…

Esquisse pour « Dimanche » (Vieille Russie) . Scène de style figuratif réalisée en 1904.
« Improvisation 19a » , 1911.
Détail
Étude pour « Petites joies » ,1913.
« Improvisation 12 » (Le cavalier), 1910.

COMME DE GRANDES PARTITIONS COSMIQUES…

L’abstraction amorcée entre 1910 et 1914 va progressivement se développer et prendra de plus en plus de force lorsque Kandinsky rejoint le Bahaus pour y enseigner. ( Le Bahaus est une école d’architecture et d’arts appliqués, fondée en 1919 en Allemagne. Par extension, « Bauhaus » désigne un courant artistique concernant, notamment, l’architecture et le design, la modernité. En 1933, le Bauhaus (installé à Berlin) subit des pressions des nazis, qui le considèrent comme une école enseignant un «art dégénéré». Sa dissolution est prononcée par ses responsables, qui fuient pour échapper au nazisme)

« Composition IX », 1936.

INSTALLATIONS…

Cette exposition se distingue d’un accrochage traditionnel par la création d’installations originales inspirées de son oeuvre, qui offrent au public une découverte sensible et musicale de l’univers du peintre.

Si vous souhaitez mieux connaître l’oeuvre de Kandinsky, nous vous proposons ce documentaire
de la chaîne ARTE, qui retrace sa vie et son oeuvre :

La Philarmonie de Paris / Cité de la Musique se trouve
221 avenue Jean Jaurès dans le XIXe arrondissement de Paris.

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