LÉON MONET… FRÈRE DE L’AUTRE

Une histoire de famille, de couleurs…

… De collectionneurs et de transmission

Le Musée du Luxembourg à Paris présente une exposition inédite dédiée à Léon Monet (1836-1917):

« LÉON MONET, FRÈRE DE L’ARTISTE ET COLLECTIONNEUR ».


Chimiste en couleurs, à la fois industriel rouennais dans la chimie des colorants synthétiques et collectionneur d’œuvres d’art, Léon Monet joue un rôle décisif dans la carrière de son frère Claude Monet, le peintre impressionniste (1840-1926) et soutient très tôt les impressionnistes et les artistes rouennais.
L’exposition réunit une centaine d’œuvres. On y retrouve, entre autres, des peintures de Claude Monet, Berthe Morisot, Alfred Sisley, Camille Pissarro ou Auguste Renoir, mais aussi des livres de couleurs, des échantillons de tissus, des estampes japonaises, des documents d’archives et de nombreuses photographies de famille.
Et parmi des inédits, présentés pour la première fois, le premier carnet de dessins de Claude Monet, daté de 1856 et le portrait de son frère Léon, exécuté par l’artiste en 1874, année de la première exposition impressionniste à Paris. Pour des raisons inconnues, Léon Monet a gardé caché ce portrait qui, aujourd’hui, «s’affiche» pour illustrer cette exposition qui inscrit, définitivement, Léon Monet dans la biographie de Claude et montre l’intérêt partagé des deux frères pour la couleur.

Une histoire de famille

Léon et Claude. 1° salle de l’exposition

Léon et Claude Monet nous accueillent. Entre leurs deux portraits, le tableau « Jardin en fleurs à Sainte-Adresse », peint par Claude vers 1866 : une vue de sa chambre dans la villa « Le Coteau », près du Havre, qui appartient à leur oncle et tante paternels, chez qui la famille s’installe en 1845.

Arbres généalogiques
Farandole de famille
Photo de Famille.

Dès qu’il est en âge de travailler, Léon est recruté comme commis dans l’entreprise familiale d’épicerie en gros. Plus tard, il décide d’étudier la chimie des couleurs.
De son côté, Claude s’intéresse à l’art, sa matière préférée et, il commence à dessiner dès l’âge de 15 ans. La tante, Marie-Jeanne Lecadre, peintre amateure, l’encourage et lui présente l’artiste Armand Gautier (1825-1894).

Une histoire de couleurs

Après des études de chimie, Léon Monet quitte le Havre pour Rouen où il est représentant de commerce pour une fabrique d’indienne.
Geigy & Co, une société suisse de produits chimiques installée à proximité de Rouen, lui confie la remise en état d’un moulin à papier acheté dans la vallée à Maromme pour la constitution d’une manufacture de produits de teinture dont il devient directeur en 1892. Léon Monet se spécialise dans l’impression des cotons et dans les teintures pour soie, laine et coton. Il y emploie son neveu Jean Monet comme chimiste .

La cour de l’usine de Maromme
Tissus
La palette de Claude Monet..

Claude Monet, «le patriarche» de l’impressionnisme a trouvé la gloire en fusionnant avec la nature. Mais ce que le plein air lui a inspiré, il l’a peint avec des couleurs synthétiques. Et ces tubes de pâte à base de lanoline, c’était Léon, l’industriel de la chimie, qui les produisait. Ce n’est pas anodin : devant de grandes photographies d’usines, ses nuanciers, grands albums ouverts, ou ces échantillons de tissus, mousselines ou indiennes chatoyantes sont exposés à côté de la palette du peintre.

Une histoire de collectionneurs

Les critiques de l’époque s’acharnaient à dire que Claude Monet ne savait pas dessiner.
Vraiment ? Léon Monet, son frère, le soutient au point d’acheter ses premiers dessins, réalisés lorsque l’artiste avait seulement 15 ans!

En 1872 et alors que son frère achève la toile fondatrice de l’impressionnisme, «Impression soleil levant» (une vue du port industriel du Havre), Léon Monet co-fonde la Société industrielle de Rouen et décide d’apporter un soutien actif à son frère et ses amis impressionnistes. Ce sont les prémices de la constitution d’une remarquable collection d’art moderne. Léon Monet collectionne des œuvres de Claude Monet, Camille Pissarro, Auguste Renoir et Alfred Sisley. L’exposition révèle également le goût des deux frères pour la couleur, Léon Monet dans l’industrie textile et Claude dans ses peintures et pour les estampes japonaises… 

Lettre et dessin à Camille Pissaro
Auguste Renoir: « Claude Monet lisant »
Auguste Renoir: « Institut au Quai Malaquais »
Berthe Morisot: « Sur la plage, Les-Petites-Dalles  » Fécamp 1873

Le parcours se clôt sur les œuvres ultimes de Claude Monet, sa représentation de plus en plus abstraite de son jardin de Giverny, unique motif de ses peintures alors qu’il est atteint de la cataracte, ce qui altère sa perception des couleurs.
Cependant, l’histoire de famille ne s’arrête pas là: écoutons la Commissaire de l’exposition Géraldine Lefebvre qui nous parle de Giverny et nous explique pourquoi, près d’un siècle après la mort de Claude Monet, s’il est toujours possible de visiter la maison de Claude Monet et les jardins, c’est grâce à la petite-fille de Léon Monet, Françoise, qui a grandi dans le souvenir et l’admiration de son grand-oncle Claude Monet. Dermatologue, elle manie aussi avec passion les crayons et les pinceaux et s’initie au dessin académique.
Avant son décès à l’âge de quatre-vingt-onze ans, le 21 décembre 2017, Françoise a émis deux souhaits: voir un jour l’histoire de Léon et de Claude Monet, son grand-père et son grand-oncle, révélée, et que le portrait de Léon Monet, peint par Claude en 1874 rejoigne un jour les collections publiques françaises.
Peu à peu abandonnés à la mort du peintre, les jardins seront restaurés à partir de 1977 avant d’être ouverts au public le 1er juin 1980. ( Cf : L’Art d’être Curieux du 15/08/2021)

Géraldine Lefebvre
… et son ouvrage.2019
Léon Monet et sa fille Louise
Françoise, petite-fille de Léon Monet et son mari

Article et photos de Kadia RACHEDI

Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard à Paris, dans le 6° arrondissement.
Tous les jours de 10h30 à 19h, nocturnes les lundis jusqu’à 22 heures.

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