C’est dans l‘ancien évêché d’Uzès dans le Gard que vous ferez ces belles rencontres!
Après des travaux de rénovation colossaux qui ont duré plusieurs années, un étage entier de l’ancien évêché est désormais consacré aux expositions.
La première a eu lieu en 2022, autour de « morceaux choisis » de l’Histoire de l’Art du XIX° et XX° siècle: Dufy, Picasso, Renoir, César…
L’exposition présentée jusqu’au 15 octobre fait se rencontrer deux artistes vraiment différents, et pourtant leur juxtaposition apparaît comme une évidence!
« CÉSAR et CHABAUD,
deux artistes en liberté »
Plus de 70 oeuvres – peintures et sculptures – de ces deux artistes nés dans le Sud, se répondent au gré des salles, et si l’on est surpris au premier abord, la mise en espace très étonnante permet un regard croisé vraiment passionnant! Comme par exemple, une sculpture de César représentant une théière rouge, jaune et noire positionnée juste devant le tableau de Chabaud » Carnaval » dans les mêmes tons exactement…
À noter que la Presse n’a eu le droit de photographier que très peu d’oeuvres… Car elles sont la propriété de collectionneurs privés qui redoutent la copie de faussaires à partir d’une photo et l’organisation d’un trafic!
En effet, le démantèlement d’un réseau de faussaires, qui a écoulé des centaines de faux César dans des galeries d’art et chez des commissaires-priseurs, a eu lieu en Septembre 2001. Le procès aboutit à la condamnation de marchands, faussaires et intermédiaires accusés d’avoir contrefait des œuvres du sculpteur. Le principal accusé, le faussaire Éric Piedoie le Tiec, déjà condamné pour contrefaçons, écopera de 4 ans de prison. (Source:Wikipédia)
Auguste CHABAUD est né à Nîmes en 1882. Il rentre aux Beaux-Arts pour se consacrer à sa passion qu’est la peinture. En 1899 il s’installe à Paris où il rencontrera des artistes comme Matisse, Derain et surtout Van Dongen qui l’inspirera fortement.
Il va exposer au « Salon des Indépendants », là où ces artistes seront appelés « les Fauves » à cause de leurs partis pris de couleurs violentes et contrastées… On dira de lui que « C’est l’un des fauves le moins soucieux d’être dompté! »
Il marquera une fascination pour celles que l’on nommait « Les filles de joie » autant que pour les mondaines et ses portraits aux forts à plats rouges et noirs font ressortir leurs traits et par là leurs destinées de femmes de la « Belle-Époque »…
Il s’attachera aussi à des figures comme les pompiers, les spahis, les bourgeois en hauts de forme, les défilés de Carnaval ou les conducteurs de fiacre… Tous ces hommes qui peuplent les rues au quotidien.
C’est à Marseille qu’est né César Baldaccini, dit « CÉSAR ». Lui aussi suivra les cours des Beaux-Arts à Marseille, et très vite il obtiendra des prix en dessin, en architecture et en gravure. Lui aussi « montera » à Paris pour entrer à l’École Supérieure Nationale des Beaux-Arts…
Devant l’impossibilité pour lui de travailler la pierre, en raison de son coût, il se tournera vers d’autres matériaux comme le plâtre et le fer et s’initie à la soudure à l’arc. Sa visite à Pompeï et la vision des corps saisis dans la lave va être une source d’inspiration importante…
Connu pour ses « compressions » de voitures, il l’est moins pour ses sculptures et cette exposition nous permet d’en voir de très belles!
Le sculpteur est aussi le créateur du trophée en bronze de la cérémonie du cinéma français, nommée donc: « Cérémonie des Césars ».
En guise de conclusion…
Comme je m’étonnais qu’il n’y ait qu’un vigile, car les photos étant interdites et que c’est un travail de surveillance colossal, je me suis rapprochée de Karim, le gardien de l’exposition.
Et là, j’ai fait la rencontre que tout amateur d’Art rêve de faire!
Karim travaille pour une société de surveillance privée et a l’habitude, comme il dit, de surveiller de façon énergique des magasins etc. Avec un grand sourire, il me raconte sa découverte étonnée du milieu de l’Art, du côté très calme du boulot, et de la rencontre avec Chabaud.
Il m’emmène vers un tableau de Chabaud: « Les hauts de forme » et me montre malicieusement ce qui l’a bouleversé: la luminescence des bouts incandescents de leurs cigares.
Il faut choisir absolument la visite commentée par le commissaire de l’exposition Marc Stammegna (voir les jours sur le site de la Ville d’Uzès) pour faire la connaissance d’un « personnage » dans le sens théâtral du terme: il vous guidera à la rencontre des deux artistes avec beaucoup d’humour et de passion, truffant sa déambulation d’anecdotes et de « focus » historiques.
Jamais pédant, et d’une telle Culture que l’Histoire de l’Art devient savoureuse et si accessible!
L’exposition est ouverte du lundi au dimanche (sauf le mardi) de 10h à 19h.
Ancien évêché d’Uzès. 1 place de l’évêché à Uzès ( Gard)