IL N’Y A PAS DE HASARD, IL N’Y A QUE DES RENDEZ-VOUS

Le Musée Maillol de Paris présente  l’exposition :
« ROBERT DOISNEAU – INSTANTS DONNÉS »
Une importante rétrospective, (350 clichés sélectionnés parmi les 450 000 que renferme la collection) conçue par un commissariat collectif associant « Tempora » (organisateur d’expositions belge)
et « l’Atelier Doisneau » conduit par Annette Doisneau et Francine Deroudille (filles du photographe)
et la collaboration du Musée Maillol.

Témoignant de son époque des années 1930 aux années 1980, Robert Doisneau a photographié l’enfance, sa banlieue parisienne, les ateliers d’artistes peintres et sculpteurs rencontrant au passage l’œuvre de Maillol, la mode et le luxe d’après-guerre tout en dressant le constat social d’un monde sans indulgence dont il se sentit toujours solidaire.
« Le parcours se décline autour d’une dizaine de thématiques transversales de l’œuvre de Robert Doisneau. Des titres simples qui reprennent le classement de l’agence, et par la suite de l’Atelier (Enfance, Bistrots, Écrivains etc…). Plusieurs salles et dispositifs qui offrent des focus inédits pour découvrir l’univers créatif complet de l’artiste. Pour Robert Doisneau, la photographie n’est pas qu’un simple reflet du réel : elle est un moyen d’expression destiné à nos sens et à nos émotions . » (Extraits du Dossier de Presse)

Né le 14 avril 1912 à Gentilly (Seine, Val-de-Marne), orphelin de père et mère à l’âge de 8 ans, il sera élevé par sa tante. À 13 ans, après son certificat d’études, il entre à l’École Estienne, (École supérieure des arts et métiers graphiques de Paris), pour y apprendre la gravure lithographique. Il obtient son diplôme de graveur et lithographe.
Il a souvent confié qu’il n’avait pas aimé ses années à l’école Estienne. La pédagogie y était en effet très archaïque dans les années 1920. Cependant, durant ces quatre années d’études et de formation,  il apprend à dessiner et à regarder. Autant de compétences précieuses qui influenceront son œil de photographe.

En 1931, Robert Doisneau abandonne sa carrière de lithographe et devient l’assistant d’André Vigneau, photographe moderniste. En 1932, il vend sa première photographie au magazine « Excelsior ».


Autoportrait de Robert Doisneau -© libre de droit licences CCO – Réalisé au Rolleiflex en 1947, « l’appareil dont on avait tous envie », dira le photographe qui finira par en user le vernis noir qui en recouvre la surface à force de manipulations.
R.Doisneau
Documents professionnels.
Le Rolleiflex ….
… Et le Leica
  • L’ENFANCE :
    «  Les journées paraissent courtes à l’enfant qui folâtre dans la rue pleine de trouvailles possibles et, parfois, de mystères qui font un peu peur. » Robert Doisneau
Salle « Enfance » de l’exposition.

Ce thème traverse l’œuvre de Doisneau qui ne cessa de photographier l’enfance, tout attiré qu’il est par l’innocence de ses modèles, leur enthousiasme et bonheur de l’instant partagé ; par ce qu’ils lui rappellent aussi de sa propre enfance, lui qui fut orphelin de mère et de père à l’âge de 8 ans : « Désobéir me paraît une fonction vitale et je dois dire que je ne m’en suis pas privé ».

« L’affiche, « Le saut » (Paris 1936) donne le ton de cette première séquence… Le regard des enfants, des images graphique, dynamiques, une lumière naturelle comme dans toutes les photos en noir et blanc de Doisneau… Une photo rare et quasiment jamais publiée. » (Extrait du Dossier de Presse.)

« La première maîtresse » 1935.
« Le temps des bérets » 1936
« Les rêveurs ».
« En cercle » (Intérieur) 1956.
« En cercle » (Extérieur) 1950.
« Les jardins du Champs de Mars » La fin de la guerre 1945.
  • ATELIERS D’ARTISTES :

« Il n’y a pas de hasard, il n’a que des rendez-vous »

Pendant les années de guerre (1939 – 1945) Robert Doisneau, réfractaire au Service du Travail Obligatoire, va réaliser, tout au long de l’Occupation, toutes sortes de faux papiers pour la Résistance, grâce à ses talents de graveur-lithographe.
Entre deux commandes et deux travaux clandestins, il capturait quelques scènes de la vie quotidienne sous l’Occupation : files d’attente devant les boutiques, refuges dans le métro durant les alertes, etc. Pendant ces années noires, Doisneau fit une rencontre importante, celle de Paul Barabé dit Baba. Concierge de son immeuble, Barabé brûle la liste des communistes de Montrouge et évite ainsi leur arrestation par la Gestapo. Touché par cet acte de bravoure, Doisneau l’embauche en tant qu’assistant pour faire ses tirages et les livraisons.

Le lapin de M.Barabé. 1945.

Entre fin 1944 et le début 1945, Robert Doisneau prend 48 photos de la reconstitution de l’activité des imprimeurs clandestins, pour illustrer le numéro de mars 1945 de la revue artistique et littéraire le Point de Pierre Betz. Cette édition est consacrée aux imprimeries clandestines de la Résistance qui permirent la diffusion de tracts, affiches et journaux durant la guerre. 
Cette rencontre va être déterminante pour Robert Doisneau puisque Pierre Betz va le nommer photographe attitré de la revue. Il y restera jusqu’en 1960.
C’est ainsi qu’il va aller à la rencontre d’artistes dans leurs ateliers. Doisneau photographie le lieu où l’idée devient œuvre. Il applique à l’atelier le même principe que pour tous les métiers : être au plus près de l’outil de travail. Les ateliers constituent un environnement naturel pour Robert Doisneau où il déploie son talent de portraitiste et de metteur en scène. 

Salle des ateliers d’artistes.
Gaston Chaissac (peintre) 1952
Giacometti dans son atelier .1957
Braque. Paris. 1957.
Niki de Saint Phalle et ses « nanas ». 1971
Les pains de Picasso. 1952

La photo « Les pains de Picasso » a une histoire : « Picasso aura été l’un des meilleurs modèles qui soient entrés dans ma petite boîte noire… Quand j’arrive chez lui à Vallauris, le matin, après avoir roulé toute la nuit, il est entrain de prendre son petit déjeuner. Sur la nappe, deux petits pains en forme de mains.
‘’ Vous voyez, c’est une idée de boulanger, ils n’ont que quatre doigts. C’est pour cela qu’il les a baptisés des Picasso ‘’.
Comme il paraissait d’excellente humeur, j’ai osé mettre un pain de chaque côté de son assiette. Il a fait le geste que je souhaitais, mettant les bras au ras de la table avec les pains dans leur prolongement… Avec Picasso, c’était bien facile, il suffisait de lui tendre un accessoire, il improvisait immédiatement un pas de deux… Impatient jusqu’à me dire ‘’Qu’attendez-vous ?’’. Précisément, j’attendais qu’il me dise ‘’qu’attendez-vous ?’’ »
Extrait du livre « Robert Doisneau – A l’imparfait de l’objectif – souvenirs et portraits » Editions Babel 1989 »

  • AGENCES, PUBLICATIONS, PUBLICITÉS :

Avant d’être engagé par Pierre Betz de la revue artistique et littéraire « Le Point », Robert Doisneau a fait connaissance avec Charles Rado, immigré hongrois qui crée à Paris la première agence de presse photographique, « RAPHO » pour organiser la profession de photographe illustrateur qui est en train de s’inventer. Robert Doisneau le rencontre dès 1939 alors qu’il vient d’être licencié des usines Renault dans lesquelles il était photographe depuis 1934. Il espère pouvoir rejoindre cette agence dans laquelle il dépose un premier reportage. L’Histoire en décide autrement. La déclaration de guerre met un frein brutal au projet, provoque l’exil américain définitif de Charles Rado, et la fermeture de l’agence.

L’agence Rapho redémarre en 1946. Doisneau la rejoint et y reste jusqu’à la fin de sa vie.
Il y côtoie Willy Ronis, Sabine Weiss, Janine Niepce, Jean-Philippe Charbonnier, Édouard Boubat.
Tous représenteront la photographie dite « humaniste ». Robert Doisneau fait également partie du « Groupe des XV » fondé à Paris en 1946. (Ces quinze photographes ont pour objectifs de faire reconnaître la photographie comme moyen d’expression artistique à part entière ainsi que la sauvegarde du patrimoine photographique français. Le groupe est dissous en 1957.)

En 1947, Robert Doisneau remporte le prix Kodak, destiné à récompenser les jeunes talents.
Les reportages s’enchainent, Robert Doisneau travaille beaucoup pour la presse au lendemain de la guerre, comme par exemple « Action » l’hebdomadaire communiste dirigé par Pierre Courtade, « La Vie Ouvrière », organe de presse de la CGT, mais aussi « Regards », « Point de vue – Images du monde », « Réalités », « Match » ou encore le magazine américain « Life ». Ses clichés étaient utilisés pour la presse généraliste ou spécialisée, de toutes tendances. Il choisissait des mannequins dans son entourage et il réalisait les montages en studio.

L’équipe de l’Agence « Rapho ». De gauche à droite: R.Doisneau, W.Ronis, R. Grosset, J.Niepce, J-P Charbonnier, E.Boubat et S. Weiss.
Couvertures de magazines des années 30 à 80.
Couverture Février 1945
La salle « Vogue ». (« Magazine féminin »)
  • LA SALLE DES ÉCRIVAINS ET LES BISTROTS :
Salle des écrivains ( à droite photo de Jacques Prévert, poête)
Mademoiselle Anita. 1951.

«Mademoiselle Anita » (1951), est l’une des photos de la série que Robert Doisneau consacre aux bistrots : « S’il vous plaît, ne changez rien, ne bougez rien, je vous expliquerai après » demande Doisneau à son modèle. « Elle a dû se rendre compte de l’effet produit car, sans même lever les yeux, elle a gardé cette attitude de pudeur obstinée qui lui allait si bien… ».

«Les bouchers mélomanes » (1953). « Je maintiens qu’il est bon de posséder un bistrot familier. Deux, c’est encore mieux », affirmait Doisneau pour cette photo prise dans un bistrot du quartier Mouffetard à Paris.
« Est-ce que ça vous ennuie si je fais une photo de vous ? », demanda Doisneau à la chanteuse. « Non », lui répondit-elle.
« Alors j’ai mis discrètement un peu d’argent dans la soucoupe : ça a dû lui plaire. Et j’ai deux trois photos d’elle. En fait, la meilleure photo d’elle, que j’ai, c’est ce jour-là ».

  • GRAVITÉS :
Scène de vie.
Boulevard St Michel. Mai 1968.

«L’usine Bobin, à Montrouge » (1945). Doisneau a beaucoup photographié les ouvriers de l’industrie d’un monde en pleine mutation. Autant de sites photogéniques au cœur desquels l’objectif du photographe se confronte au réel d’une classe sociale dont il exprimera sans relâche les difficultés.

  • BANLIEUES :
  • FACE À L’OEUVRE :

Au Louvre, en 1945, la Joconde est présentée sur un chevalet, la foule pouvant circuler devant et autour d’elle, en grande proximité. Doisneau scute alors les expressions des visiteurs…

Devant la Joconde…
… 1945.

En 1948, Robert Giraud écrivain et ami de Doisneau, gardien de la galerie Romi, lui signale que le tableau d’un certain Wagner suscite de réactions cocasses… Rendez-vous est pris…
« Bien installé dans un moelleux fauteuil, appareil posé sur un meuble, je voyais au travers de la glace dont les reflets me rendaient invisibles, les passages et les réactions des différents iconolâtres »

Vitrine de la galerie Romi….
… 1948.
  • RENCONTRES :
« Sèvres ET Babylone »
« Les coiffeuses au soleil » 1966.

« Les coiffeuses au soleil » : une scène de rue parisienne, comme Doisneau les affectionnait tant.
« On se met à un tel endroit, où ça vous arrange. Donc… c’est… c’est une espèce de faux témoignage… Ah oui… Mais on se sert de matériaux vrais, ça c’est… c’est bien. Ça donne une solidité. Mais on y croit comme ça », exprimera Robert Doisneau sur ce type de cadrage.

  • DIALOGUE DOISNEAU/MAILLOL :

Le 29 juin 1964, Robert Doisneau se rend à l’agence Rapho… En traversant le Jardin des Tuileries avec son Leica en bandoulière, il croise des costauds de la Maison Gougeon, transporteurs d’art, et il assiste au déballage de sculptures de Maillol dont l’installation avait été décidée par le ministre de la Culture, André Malraux, et Dina Vierny, dernier modèle de Maillol.
L’occasion est trop belle ! Il oublie sa commande publicitaire et passe la journée à photographier la pose des statues, sous l’œil de Dina Vierny (en bas à gauche sur la photo de droite) qui le gratifie de sa présence…
Un merveilleux cadeau du hasard… ou un rendez-vous ?  🙂

La dépose des statues de Maillol. 1964.
  • LE BAISER DE L’HÔTEL DE VILLE :

Doisneau a également été sous contrat avec le groupe américain Conde Nast pour le magazine de mode féminin « Vogue » entre 1949 et 1951. 

C’est en 1950, dans le cadre d’une commande d’un reportage sur l’amour à Paris pour le magazine Life, qu’il réalise « Le Baiser de l’Hôtel de Ville ».
Cette photographie ressortira avec grand succès dans les années 1980 et deviendra une image iconique du Paris des années 1950.
A elle seule, cette image en noir et blanc d’un couple d’anonymes s’embrassant devant la Mairie de Paris suffit pour que le nom de Doisneau soit prononcé… Mythique !
« Cette photo m’inquiète un peu : ce succès montre que c’est une chose très, très facile, un effet facile … C’est une photo qui fait l’unanimité. Et quand il y a unanimité, il y a souvent au départ une erreur. » Robert Doisneau

Exemple de détournements de la photo : « Le baiser de l’Hotel de Ville » , lors des attentats de 2015, du Covid etc.

C’est sur cette photo projetée sur un rideau que s’achève la visite de l’exposition :
« Robert Doisneau – Instants volés » 

Robert Doisneau qui photographia l’enfance, les gens de labeur, les gens de peu, les gens de rien, Paris, la banlieue, leurs bistrots, les ateliers d’artistes, les écrivains, la mode aussi… Bref, la vie, avait sinon un œil de lynx, la patience du chat.
« Oh là là, Si vous me voyiez faire ! J’ai honte. D’abord honte de rester sur place parce que… J’ai l’air d’hésiter, mais j’hésite… En réalité. Je ne sais pas ce que j’attends… Mais j’attends. J’attends. J’ai l’espoir. Et alors… ».


« Toute ma vie je me suis amusé, je me suis fabriqué mon petit théâtre. » Robert Doisneau 

Musée Maillol :
61 rue de Grenelle
75007 PARIS

Kadia et Sylvie vont prendre un peu le large
et vous retrouveront mi septembre !

  • Photo : »Francine et Annette » les filles de Robert Doisneau…

CÉZANNE PEINT

Jusqu’au 12 Octobre, la municipalité d’Aix en Provence invite le public à rencontrer Paul Cézanne dans sa maison natale, « le Jas de Bouffan » – magnifique bastide du XVIIIe siècle – puis dans son atelier « l’Atelier des Lauves« , et enfin à travers une exposition de plus de 130 oeuvres venant du monde entier et réunies pour la première fois (dessins, peintures, photos..) au musée Granet : « Cézanne au Jas de Bouffan »).

Paul Cézanne est un personnage intrigant qui dévoile – à travers cet événement – un caractère plutôt fantasque… Sa personnalité changeante et exacerbée le conduira à des actions étonnantes comme d’utiliser les murs du grand salon du Jas de Bouffan comme support de ses peintures, ou réaliser 97 versions de la montagne Ste Victoire… (Dont une seule est exposée au musée Granet…)
« Précurseur de l’Art Moderne », comme se plaisent à dire les historiens d’Art, il est surtout un homme d’une vive sensibilité qui va chercher à faire partager sa vision du monde qui l’entoure en simplifiant formes et détails pour faire surgir l’émotion.


  • LE JAS DE BOUFFAN :

Né en 1839 et mort en 1906, Paul Cézanne était un amoureux de la Provence, qu’il n’a cessé de sublimer dans son œuvre. S’il aimait sa ville natale, Aix-en-Provence, il préférait s’éloigner du centre-ville pour peindre au calme. Et c’est ici-même, dans cette Bastide, que le peintre a débuté .
« Le Jas de Bouffan, tant à l’intérieur, qu’à l’extérieur, deviendra le motif privilégié de Cezanne pendant une longue période« , raconte Bruno Ely, directeur du musée Granet.

Le Jas de Bouffan.
La cuisine du Jas de Bouffan.

En 1859, au moment de l’acquisition du Jas de Bouffan par Louis-Auguste Cezanne, le père de Paul Cezanne, la propriété de quatorze hectares est essentiellement agricole, puisqu’à côté d’amandiers, mûriers, oliviers, on y cultive la vigne. 

Cette demeure familiale restera la propriété des Cezanne pendant 40 ans. 
Jusqu’en 1870, elle ne sera occupée que durant les périodes estivales. 

Opposé au projet de son fils d’être peintre, Louis-Auguste Cezanne va l’« autoriser » à peindre sur les murs du salon … Pour mesurer ses talents ?
C’est ainsi que, dans cette grande bastide du XVIIIᵉ siècle, le jeune peintre de 20 ans va  se dépenser pour recouvrir tous les panneaux disponibles d’une peinture à l’huile que d’aucuns appelaient « couillarde », c’est à dire empâtée, agressive parfois, une peinture d’un Cezanne qui, avant l’impressionnisme, se découvre puissamment peintre. 

Ce grand salon fut son premier atelier, et pourtant, Cézanne n’a pas hésité à recouvrir ses toutes premières œuvres. C’est ce que révèle la visite du Jas de Bouffan. Si la plus grande partie de ces premières œuvres ont pu être transposées sur toile, et exposées au musée Granet, il reste encore aujourd’hui des fragments découverts récemment dans le Grand Salon.

Le Grand Salon : reconstitution numérique.
COMMENTAIRES SUR LE GRAND SALON DE DENIS COUTAGNE. CO-COMMISSAIRE.

Cézanne va entretenir un lien très fort avec cette maison familiale qui a nourri sa peinture et qui est devenue le centre de gravité de sa vie. Jusqu’en 1899, il reviendra sans cesse au Jas de Bouffan.
À partir des années 1870, la famille va occuper à plein temps le Jas. Finalement convaincu par les capacités de son fils à être un artiste peintre, son père lui installe un atelier au deuxième étage, éclairé par une grande verrière fendant la toiture, d’où sortiront ses plus grands chefs-d’œuvre.

Atelier du Jas de Bouffan

Dans cet atelier, Cézanne ne va pas seulement représenter la bastide, il y peint également ses premiers portraits : des membres de sa famille, des amis ou des ouvriers agricoles de la ferme voisine. 

Galerie de portraits. Entrée du Jas de Bouffan.
La galerie de portraits de Cézanne.
COMMENTAIRES DE LA GALERIE DE PORTRAITS PAR BRUNO ELY
DIRECTEUR DU MUSÉE GRANET.
L’allée des marronniers.
L’étang.
DANS LA SALLE À MANGER DU JAS DE BOUFFAN :
EXPOSITION DES TABLEAUX DESTINÉS À ÊTRE INSTALLÉS EN EXTERIEUR
,
LÀ OÙ CÉZANNE LES A PEINTS.

A la mort de son père en 1886, Paul Cézanne partage la propriété en indivision avec ses deux sœurs (Marie et Rose) mais, à la mort de leur mère en 1897, Rose veut récupérer sa part.
Le Jas de Bouffan sera donc vendu en 1899.

  • L’ATELIER DES LAUVES :

Après la vente du domaine familial, Cézanne s’installe dans le quartier de l’Hôtel de Ville – rue Boulegon précisément – et il achète un terrain sur la colline des Lauves, au dessus de la cathédrale d’Aix, pour s’y construire un atelier qui deviendra son dernier espace de création à partir de 1902. 

Entre 1902 et 1906, Paul Cézanne dispose alors d’un atelier construit à sa demande, selon ses plans, en un lieu choisi par lui sur la colline des Lauves, qu’il qualifie « de grand atelier à la campagne ».
De l’atelier, on domine Aix et sur la colline au dessus de l’atelier, on voit la montagne Sainte-Victoire au lieu dit « la terrasse des peintres » : Cézanne va peindre là ses dernières « Montagne Sainte-Victoire« . 


DAVID KIRCHTALER
Chargé des opérations monuments historiques 
Le jardin de l’atelier des Lauves.
L’atelier des Lauves.
Façade de l’Atelier des Lauves.
Dans l’atelier.

Cézanne, qui disait en 1866 qu’il fallait sortir de l’atelier, (« tous les tableaux faits à l’intérieur, dans l’atelier, ne vaudront jamais les choses faites en plein air ») y revient délibérément dans ce nouveau lieu de création, certain qu’avec lui son travail « sur nature » s’en trouverait accru.
Il y poursuit en tout cas ses études : « Je dois travailler six mois encore à la toile que j’ai commencée. » écrit-il à Gasquet en septembre 1903. On peut imaginer qu’il s’agit d’une version des Grandes Baigneuses qui ne seront jamais achevées.
Si le peintre préserva sa solitude pour l’unique réalisation de sa vie, la peinture (« La peinture est ce qui me vaut le mieux » lettre à son fils 26 août 1906), il n’en reçut pas moins avec affabilité et attention les amis et admirateurs. »
L’œuvre ultime s’accomplit dans le recueillement et le silence. Cézanne peint quelques natures mortes et autres tableaux…
C’est dans l’atelier des Lauves qu’il poursuivra le travail sur ses Grandes Baigneuses (visibles aujourd’hui à la Barnes Foundation de Philadelphie), le tableau qu’il avait commencé au Jas de Bouffan, et jamais achevé.

Paul Cézanne dans son atelier.
Paul Cézanne : « Les baigneuses ». Croquis.

On dit que Cézanne s’était juré de mourir en peignant. Il y est presque parvenu…
Le 15 octobre 1906, non loin de la route du Tholonet qu’il parcourait à l’adolescence avec Émile Zola, le peintre est surpris par un orage alors qu’il travaille sur un paysage. Il s’obstine, malgré la pluie torrentielle, et s’évanouit. Un homme le découvre inconscient et le ramène chez lui sur une charrette.

Le lendemain, il se rend malgré tout dans son atelier, bien décidé à finir le portrait de son jardinier Vallier. Il fait un nouveau malaise et succombe à une vilaine pleurésie, le 23 octobre 1906, à l’âge de 67 ans. Paul Cézanne repose au cimetière Saint-Pierre d’Aix-en-Provence. La ville de cœur d’un génie intemporel.

Paul Cézanne : « Le jardinier Vallier ». 1906.
Paul Cézanne sortant de l’atelier des Lauves.
peut-être pour s’installer sur sa terrasse et regarder la Sainte-Victoire  🙂

  • Le MUSÉE GRANET :
Entrée du Musée Granet.

Pour cet événement « Cézanne 2025 », le musée Granet a fait le choix d’exposer des oeuvres de Paul Cézanne réalisées au Jas de Bouffan, sa maison natale que vous venez de découvrir !

Une grande part est laissée au fameux grand salon de la bastide du Jas de Bouffan que Cézanne a utilisé comme terrain d’expérimentation artistique.
Dans un premier temps, il couvrira les murs de paysages puis peindra « Les quatre saisons » en les signant « Ingres » (?) et au centre desquelles il positionne le portrait de son père… Il fera des ajouts, recouvrira, repeindra etc. Il se cherche et surtout affirme son regard et sa ténacité à faire vivre son art.
Ces tatonnements, hésitations, retours en arrière, effacements… Vont lui permettre de décider de son style et le propulse parmi les peintres les plus connus, alors même qu’en France il ne sera pas vraiment reconnu !
Un grand chantier de restauration du Jas de Bouffan, en 2023, a permis l’étude de ces panneaux muraux, et très récemment, de nouvelles fresques ont retrouvées qui seront étudiées de près dès la fin des expositions.
Les conditions de préservation n’étant pas optimum au Jas de Bouffan(problèmes de températures, d’hygrométrie et de sécurité..) les peintures du Grand Salon sont exposées au musée et, comme vous l’avez vu, une reconstitution vidéo est proposée au Jas.

Dépose des peintures du Grand Salon.
Reconstitution du Grand Salon du Jas de Bouffan au Musée Granet.

L’autre thématique développée dans l’exposition est le portrait.
Cézanne s’exercera au portrait avec ardeur en captant les proches venus en visite au Jas…


Une salle des portraits.
Cézanne:  » Portrait d’Émile Zola ».
Cézanne :  » Portrait d’Anthony Valabrègue » 1870

Au détour d’une salle, on aperçoit un curieux assemblage de portraits : il s’agit des portraits de sa mère et de sa soeur peints recto et verso et tête bêche :

Portrait de Marie Cézanne, soeur de l’artiste. 1866
Portrait de la mère de Cézanne. 1866

Parmi ces portraits, on découvre de nombreux autoportraits… Comme pour guider le visiteur, ils sont placés par ordre chronologique dans chaque salle, pour montrer le regard que l’artiste porte sur lui-même…

Autoportrait sur fond rose . 1875.
Autoportrait. 1878-1880.

Cézanne aimait aussi peindre les « gens du peuple » qui l’entouraient.. Le jardinier Vallier ou des anonymes comme des paysans, des joueurs de cartes, des femmes…

Cézanne: « Les joueurs de cartes. » 1893-1896.
Détail des joueurs de cartes.
Cézanne : « l’homme qui fume » étude au crayon
pour « Les joueurs de cartes ».
Cézanne : « L’homme en blouse bleue ». 1896-1897.

En 2013, Bruno ELY, actuel Directeur et Conservateur du musée Granet,
racontait avec passion son coup de coeur pour un portrait peint par Cézanne :
« La femme à la cafetière » (1890)
Il explique là comment on peut déceler dans ce portrait les débuts de la peinture moderne :

Le Jas de Bouffan, c’est aussi pour Paul Cézanne l’apprentissage du paysage et des natures mortes.
Inlassablement l’artiste saisit les formes, les couleurs et organise la composition de ses tableaux en cherchant le meilleur équilibre… Alignements d’arbres, éclats de touches de couleurs, objets aux seconds plans…

« Dans le peintre il y a deux choses : l’oeil et le cerveau, tous deux doivent s’entraider ; il faut travailler à leur développement mutuel ; à l’oeil par sa vision de la nature ; au cerveau par la logique des sensations organisées (…) L’oeil doit concentrer, englober, le cerveau formulera ». (In « Cézanne » de Joachim Gasquet. 1921)

Une salle des paysages.
Cézanne : « Environs du Jas de Bouffan » 1885-1887.
Cézanne : « La montagne Ste Victoire »
Collection Gurlitt.

Bruno ELY, directeur du musée GRANET,
nous raconte la curieuse histoire de ce tableau de Cézanne,
appelé : « La Montagne Ste Victoire de la Collection Gurlitt. » :

Une salle des natures mortes.
Cézanne : « Nature morte aux pommes et melons » 1895.
Cézanne : « Nature morte aux pommes » 1895-1898.

« Une autre section de l’exposition sera réservée aux Baigneurs et Baigneuses. Entre dessins, peintures et aquarelles, ce thème met en lumière les recherches sur la figure humaine dans l’œuvre de Cezanne. Nous y retrouvons à la fois l’inspiration liée au thème classique des bacchanales, ainsi que les recherches plus modernes sur les volumes. Dans ces compositions, l‘expression érotique s’intègre à la volonté du peintre d’exprimer des recherches purement plastiques. Les corps des baigneurs et des baigneuses ont des formes anatomiques irrégulières, qui s’intègrent dans le paysage environnant, sans jamais perdre leur caractère charnel.
Ce thème a hanté Cezanne durant toute sa vie : il réalise autour de 200 compositions de baigneurs et baigneuses, parfois les laissant inachevées. Il est certain qu’il a élaboré ces compositions lentement, jusqu’à aboutir aux tableaux des Grandes Baigneuses. Certainement, il a commencé cette entreprise au Jas de Bouffan pour la poursuivre, sans jamais l’achever, à l’atelier des Lauves pendant les dernières années de sa vie. »

(Extrait du Dossier de Presse)

Cézanne : « Baigneuses et baigneurs » 1899-1904.
Plusieurs tableaux des Baigneuses…

Avant de quitter Aix en Provence,
des couleurs plein les yeux et le chant des cigales qui nous accompagne sur ce départ…
Nous avons voulu savoir comment on prépare un tel événement…
Johan KRAFT Responsable de la Communication du musée Granet
a bien voulu se prêter au jeu de nos questions :

Johan KRAFT
Photo : (c) Melania Avanzato
PRENONS LE TEMPS D’ÉCOUTER RADIO CLASSIQUE QUI NOUS OFFRE LE RÉCIT D’UNE AMITIÉ :
Magnifique hommage…
« Cézanne peint  » de Michel Berger.
Interprété par France Gall. 1985.

UN ÉTÉ AVEC AGNÈS

« Le Paris d’Agnès Varda de-ci, de-là » au musée Carnavalet à Paris
Jusqu’au 24 Août 2025.

« Je suis curieuse. Point. » au musée Soulages à Rodez
Jusqu’au 4 janvier 2026.


Peut-être pensez-vous connaître Agnès Varda ? Peut-être ne la connaissez-vous pas ?
Ces deux expositions, d’un bout à l’autre de la France, vous feront découvrir le génie inventif de cette grande artiste
!

« Née le 30 mai 1928 à Bruxelles, Agnès Varda passe son enfance à Sète dans l’Hérault, puis étudie la photographie et l’histoire de l’art à Paris. Amie d’enfance de l’épouse de Jean Vilar, elle devient photographe du TNP (Théâtre National Populaire à Paris), enregistrant tout, des maquettes audio aux répétitions et aux spectacles, de 1951 à 1961. Ses photos de Gérard Philipe feront le tour du monde et fourniront la matière d’une magnifique exposition au festival d’Avignon de 2007. Mais, voulant se mesurer au mouvement et à la parole, elle conçoit toute seule à vingt-cinq ans et réalise, sans expérience cinématographique, un long-métrage, « La Pointe courte ». Remarqué en marge du festival de Cannes 1955, le film fait de cette jeune femme cinéaste une pionnière bientôt internationalement reconnue et lui permet de réaliser trois courts-métrages. Elle se retrouve bientôt plongée dans le bouillonnement créatif et critique qui annonce la « nouvelle vague » et rencontre Jacques Demy, son futur époux.

Agnès Varda - crédits : Micheline Pelletier/ Gamma-Rapho/ Getty Images
Agnès Varda Micheline Pelletier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

(…) À partir de là, Agnès Varda va édifier une œuvre inclassable et abondante dont la singularité réside dans l’exercice d’une marginalité assumée, indissociable de son existence même. Sa création s’investit d’abord dans la photographie, puis des films et enfin des installations d’artiste.
Mais c’est l’intelligente complexité de son cinéma qui fonde la cohérence de son triptyque de vie, articulant sa curiosité et sa passion tant pour les arts (classiques et contre-culture) que pour les gens. »

Extrait de l’Encyclopédia Universalis.

Lors du vernissage de l’exposition « Je suis curieuse. Point. » au musée Soulages, Rosalie Varda, la fille d’Agnès Varda, nous parle de sa mère…

Rosalie Varda devant une photo de sa mère
au musée Soulages à Rodez.
interview de Rosalie Varda

LE PARIS D’AGNÈS VARDA. DE-CI, DE-LÀ » au musée Carnavalet à Paris

« Il m’est naturel d’aller de-ci, de-là, de dire quelque chose puis le contraire, et de me sentir moins piégée parce que je ne choisis pas une seule version des choses. » Agnès Varda

L’exposition met en valeur l’œuvre photographique encore méconnue de l’artiste et révèle la place primordiale de la cour-atelier de la rue Daguerre (Du nom d’un photographe!) à Paris, lieu de vie et de création, de 1951 à 2019. Elle montre l’importance de Paris dans une œuvre libre et foisonnante qui ne cède jamais à la facilité et fait merveilleusement dialoguer documentaire et fiction.

L’exposition s’appuie essentiellement sur le fonds photographique d’Agnès Varda et met en regard l’œuvre de Varda photographe avec celle de Varda cinéaste à travers un ensemble de 130 tirages, dont de nombreux inédits, et des extraits de films entièrement ou en partie tournés à Paris.
Elle présente également des publications, des documents, des objets ayant appartenu à l’artiste, des affiches, des photographies de tournage ainsi qu’une sculpture de sa chatte Nini.

« Nini »

Après avoir révélé les premiers pas d’Agnès Varda comme photographe, le parcours propose une première immersion dans la cour-atelier, à l’époque où elle est à la fois un studio de prise de vue, un laboratoire de développement et de tirages et le lieu de sa première exposition personnelle en 1954.

« Le photographe photographié ». Une facétie d’Agnès Varda :

Scène 1 : Agnès Varda sort de son atelier rue Daguerre à Paris…

Scène 2 : Elle installe son appareil photo dans la rue…

Scène 3 : puis son modèle… Le photographe Brassaï !

Plaque à l’effigie d’A.Varda installée ds la cour de l’atelier. 1952
L’atelier de la rue Daguerre. Reconstitution pour l’exposition.

Vient ensuite un ensemble de photographies qui soulignent le regard décalé, teinté d’humour et d’étrangeté que l’artiste porte sur les gens et les rues de la capitale. Agnès Varda a en effet répondu à de nombreuses commandes, notamment de portraits mais aussi de reportages, traités à sa façon, avec originalité.
De son passage au Théâtre National Populaire (TNP) on admirera de très beaux portraits de comédiennes, comédiens, metteurs en scène…
On découvre aussi les photos « de commande » pour des journaux, pubs etc.

Gerard Philipe ( « Le Cid ») Ascenseur du TNP . 1952
Jean Vilar, directeur du TNP. 1952
Giuletta Masina en 1956. (Interprête du film de Fellini : « La strada » dans le rôle de Gelsomina)
Federico Fellini Porte de Vanves à Paris en 1956
Une salle de l’exposition.
« Le dépôt de Paris-Ivry » pour « La vie du Rail » .1951.

Le regard de la cinéaste sur Paris est évoqué dans un parcours chrono- thématique mettant en valeur les films tournés entièrement à Paris à commencer par Cléo de 5 à 7 (1962). un extrait du court-métrage Les fiancés du pont MacDonald (1962) et des photographies de tournage de Loin du Vietnam (1967). À travers une sélection d’extraits de longs et courts métrages, certains inédits ou inachevés, l’exposition interroge également la façon dont la caméra d’Agnès Varda explore la ville et montre sa passion pour les détails urbains, invisibles pour des yeux pressés.

« Cléo de 5 à 7 » (Séquence des fiancés du pont Mc Donald) A.Varda 1961.
Photographies du tournage de « Cléo de 5 à 7 »
Photos de Liliane de Kermadec
Spot d’information sur la contraception et l’avortement.
Commande du Ministère de la Santé. 1981.
Agnès Varda et Gisèle Halimi. 1981.

L’exposition se poursuit avec des thématiques chères à l’artiste comme son attention aux gens et plus particulièrement aux femmes et à ceux qui vivent en marge en tissant à chaque fois des liens entre l’œuvre de la photographe et de la cinéaste. Pour le film L’une chante l’autre pas (1977), qui raconte l’émancipation de deux femmes qui gagnent en liberté et vérité, Agnès Varda a reconstitué la boutique d’un photographe parisien. Pour ce faire, elle a réalisé une série de portraits féminins dont 12 seront exceptionnellement remis en scène dans le parcours. Elle présente également des extraits de Daguerréotypes (1975), documentaire tourné rue Daguerre dans lequel Agnès Varda réalise un ensemble de portraits de ses voisins commerçants.

L’exposition s’achève autour de portraits de l’artiste photographiée et filmée dans sa cour-atelier devenue cour-jardin, à partir de laquelle elle a fait rayonner son œuvre tout en cultivant un personnage haut en couleur.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est IMG_2280.jpg.

– « AGNÈS VARDA JE SUIS CURIEUSE. POINT. » AU MUSÉE SOULAGES à RODEZ

Après la densité créatrice d’Agnès Varda au musée Carnavalet, le musée Soulages à Rodez propose une exposition lumineuse sur la période méditerranéenne de l’artiste.
Pierre Soulages et Agnès Varda se connaissaient et partageaient cet amour de la région sétoise.
Photos, installations, films … Témoignent de son – de leur – attachement à Sète et à toute la côte !

Deux tableaux de Pierre Soulages en regard de photos d’Agnès Varda ouvrent l’exposition

Le titre « JE SUIS CURIEUSE. POINT » prend ici tout son sens, tant on sent l’artiste portée par sa curiosité des gens, des lieux, des savoir-faire, des effets de lumière sur les pellicules…
Elle capte méticuleusement les moments de vie, les sourires ou la gravité d’un regard.
Un grand espace est consacré au film « La pointe courte » (du nom d’un quartier de pêcheurs de Sète) : photos, installations, vidéos…
On y découvre aussi le film « Le Bonheur » réalisé en 1965,
Un hommage au sculpteur Calder,
Les cabanes de l’île de Noirmoutier :
La mer bien sûr… Changeante et généreuse comme elle,

Agnès Varda : « Autoportrait sur un bateau » 1950.
« La mer, la mer, toujours recommencée »….. d’A.Varda

A.Varda : Marins du quartier de la pointe courte,
futurs « acteurs » du film.
A.Varda : « Nature morte à la pointe courte » .1953.
A.Varda : vues du quartier de la pointe courte.
A.Varda : « Bois. La pointe courte » 1952.
Sylvia Montfort et Philippe Noiret sur le tournage du film
« La Pointe Courte »
© Photo T Estadieu

Les cabanes….
De Noirmoutier. 2005/2006.
Affiche du film « Le bonheur » d’A.Varda
« La cabane du bonheur » reconstitution pour l’exposition
© Photo T Estadieu
© Photo T Estadieu
A.Varda : « Calder sur la plage » 1953.
Extrait de « When Sandy dreams » de A.Varda  » 2017.

Agnès Varda est décédée le 29 mars 2019.
Ces deux expositions lui sont un hommage magnifique !

23 rue Mme de Sévigné
75003 PARIS
Établissement Public de Coopération Culturelle
Jardin du Foirail . AvenueV.Hugo
12000 RODEZ

LE MUR DE BERLIN… UN MONDE DIVISÉ

La Cité de l’Architecture et du Patrimoine nous propose une exposition époustouflante sur le mur de Berlin, jusqu’au 28 septembre.

LE PLUS GRAND SYMBOLE DE DIVISION DE L’HISTOIRE

Dès que l’on pénètre dans l’exposition, on est littéralement happé par l’Histoire.
La scénographie nous emmène à travers les méandres d’un après-guerre où les tensions entre les différents protagonistes sont attisées par des intérêts économiques, stratégiques et par les ambitions personnelles de dirigeants qui, au lendemain d’une guerre effroyable qui a vu l’extermination de dizaines de millions de personnes derrière des camps cernés de barbelés, ressortent ces mêmes barbelés pour couper une ville – et ses habitant.es – en deux !

« Il est impossible de comprendre l’histoire du XXe siècle sans la confrontation philosophique, idéologique et géopolitique symbolisée par le Mur de Berlin. Racontée dans toute sa complexité, l’exposition montre l’histoire de la répression exercée par le régime communiste de l’ancienne République Démocratique Allemande( RDA), mais aussi des exemples inspirants de citoyens ordinaires dans leur lutte pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme.
Plus de 30 ans après sa chute, son histoire nous rappelle avec force la nécessité de protéger et de préserver, face aux défis nouveaux et anciens, nos démocraties, qui constituent la meilleure voie vers une coexistence pacifique. »

Luis Ferrero ( Directeur de la société espagnole Musealia co-auteure de l’exposition)


L’exposition « Le mur de Berlin Un monde divisé » raconte l’histoire du Mur de Berlin dans le contexte de la guerre froide et décrypte deux visions radicalement différentes de l’organisation de la société, dans un contexte de menace constante de guerre nucléaire.
Elle vise à encourager l’esprit critique de ses visiteurs : à quoi ressemblait la vie dans ces régimes très différents ? Pourquoi tant de gens ont-ils tenté de fuir le régime communiste de l’Allemagne de l’Est, ce qui a conduit à la construction d’un mur ? Pourquoi les promesses de l’Allemagne de l’Ouest étaient- elles si attrayantes que les citoyens étaient prêts à risquer leur vie pour franchir cette barrière ?


Divisée en quatre zones, l’exposition a été conçue pour être visitée avec un audioguide individuel, qui fournit des informations supplémentaires grâce à une narration soigneusement élaborée.
Une expérience complète qui offre un regard global sur les faits historiques. Des documents simples de compréhension : cartes de répartition, films et objets … Même un fragment original du Mur, long de 10 mêtres, retracent la naissance de cette aberration que fut la construction du Mur de Berlin.

  • UN MONDE DIVISÉ

Plongée dans le contexte de l’Europe de l’après-Seconde Guerre mondiale : comment les pays les plus puissants du moment, les États-Unis et l’Union Soviétique, ont conduit à la guerre froide en s’affrontant sur l’organisation de la réalité économique et sociale.

  • AVANT LE MUR

Cet espace explique la concurrence et les tensions politiques croissantes à Berlin. Dans une ville dont les frontières étaient ouvertes entre les deux systèmes hostiles, cela a créé un état de crise permanent et une expérience d’insécurité qui a abouti à la construction du Mur en 1961.

Fin symbolique de l’ère nazie.
  • DIVISER ET VIVRE AVEC LE MUR

Le Mur a causé de terribles souffrances aux Berlinois en détruisant brutalement les liens sociaux avec l’autre moitié de la ville.
Cette zone aborde les histoires les plus personnelles des personnes qui ont affronté le Mur et montre également le contexte mondial dans lequel s’est déroulée la guerre froide.

  • LA TRANSFORMATION MONDIALE ET LA FIN DE LA GUERRE FROIDE

Cette section présente le dénouement de la guerre froide, dont le Mur de Berlin est la représentation symbolique.
Tandis que les Berlinois s’habituent à la division et au Mur, le monde se transforme et les attitudes à l’égard de la culture et de la politique ont changé dans le monde entier.
L’agitation populaire et les révolutions ont finalement fait tomber les dictats socialistes et, avec eux, le Mur.

Salle de l’exposition sur : « Le monde en mutation« 
Carousel des « révolutions » qui secouèrent l’Europe de l’Est.
Banderole de « Solidarnosc » (« solidarités »), fédération de syndicats polonais (1980)
Mur d’écriture en fin d’exposition.

Comment ne pas voir dans ces pages d’histoire
une nauséeuse ressemblance avec les tensions actuelles ?

La chute….
La chute du mur… Film diffusé dans l’exposition.

Au lendemain de la chute du mur, le violoncelliste Mstislav Rostropovich
est venu jouer devant les ruines :

L’exposition : « Le mur de Berlin Un monde divisé »
est présentée à la Cité de L’Architecture et du Patrimoine
1 Place du Trocadéro à Paris.

HISTOIRES MÊLÉES …

… D’un côté, l’histoire de l’industrialisation, qui engendre celle de l’éxode rural qui ouvre sur l’histoire de l’urbanisation, et qui voit l’émergence d’une classe bourgeoise qui fournit le matériel pour produire et d’une classe ouvrière qui fournit le travail. 
… De l’autre, des histoires de vie. Celles de la population venue pour travailler dans les usines et qui va être déplacée dans les banlieues, ces lieux tant décriés ! 

« BANLIEUES CHÉRIES, L’EXPO QUI RECADRE LES CLICHÉS« 
proposée par le Musée de l’Histoire de l’Immigration – Palais de la Porte Dorée

Une exposition singulière en forme d’œil creusé dans le béton. Au visiteur maintenant d’y plonger le sien ».  (Dossier de presse – Extraits de l’éditorial de la Directrice générale du Palais de la Porte Dorée). 

Si l’idée de l’exposition est née du constat que les banlieues, malgré leur poids dans la société française, restent trop souvent sous-représentées et mal comprises, son objectif est d’aller au-delà des stéréotypes, des perceptions négatives et réductrices, en revisitant l’histoire et l’actualité sous un prisme à la fois social, culturel et artistique. Insaisissable, le terme « banlieue » désigne une réalité toujours mouvante, en construction et en rénovation permanentes depuis le XIXe siècle. 

ÉCOUTONS CHLOÉ DUPONT,
Chargée des expositions au Musée National de l’immigration :

L’exposition nous invite à déconstruire les idées reçues, les préjugés, pour porter le regard sur celles et ceux qui ont vécu, qui vivent et qui vivront dans les banlieues en allant au delà de ce qui nous est donné à voir.

  • Banlieues douces pour quelques un.es : 
    La banlieue, un patrimoine naturel ou boisé qui attira les peintres impressionnistes, les guinguettes dans lesquelles dans les urbains venaient se prélasser.
Claude Monet : « Le bassin d’Argenteuil » 1872
Théophile Alexandre Steinlen : « Bal de barrière » 1898. 
  • Banlieues amères pour beaucoup d’autres :

Le mot « banlieue », installé depuis le Moyen Âge dans la langue française, ne prend véritablement son sens géographique de périphérie urbaine qu’au XVIIIe siècle. À partir de là, ce mot se charge progressivement de toutes sortes de connotations sociopolitiques. 
La banlieue est l’espace situé à une lieue du centre ville (4km environ) où se trouvent les gens mis au ban de la société !
Au XIX° siècle, les banlieues vont se développer. Avec la « loi sur l’extension des limites de Paris » votée sous le second empire, en 1859, la capitale passe de 12 à 20 arrondissements.

Charles Vernier : « La ville de Paris cherchant à englober la banlieue »
Charles Vernier : « La bonne ville de Paris et ses nouveaux enfants »

Les banlieues d’aujourd’hui naissent de l’expansion des grandes villes comme Paris et les métropoles françaises. À la fin du XIXe siècle, le modèle urbain d’Haussmann considère la banlieue comme un espace à « coloniser », selon les journaux de l’époque. Ces espaces libres étaient destinés à accueillir ce dont la ville ne voulait pas : entrepôts, grandes usines, cimetières, hôpitaux, prisons, terres d’épandage, logements sociaux. 

  • Des lieux  de relégation : la zone, les bidonvilles, les cités de transits…

La « Zone » est un espace qui ceinture Paris, « cette zone sinistre et boueuse qui se situe entre les rues qui finissent et l’herbe qui commence (Émile Zola)». La Zone tient son nom de la zone de tir de canon, bande de terre située au-devant des fortifications de Paris construites au début des années 1840.
Il était alors interdit de construire sur cet espace, appelé « glacis militaire », même après l’abandon de son usage militaire en 1871. Peu à peu, une population urbaine pauvre, délogée de Paris par la hausse des loyers sous le Second Empire, y rejoint des paysans chassés par l’exode rural. Ils y construisent des habitats de fortune. Ces habitants surnommés « zoniers », puis « zonards » de façon péjorative, deviennent pour beaucoup le symbole de la pauvreté et de la précarité urbaine. Malgré de nombreux projets visant à transformer cet espace en « ceinture verte », les deux guerres mondiales empêchent leur réalisation. La Zone a fini par disparaître pour faire place à une nouvelle séparation entre Paris et ses banlieues : le boulevard périphérique. 


 « Zoniers, Porte d’Italie » – Eugène Atget
  • Des bidonvilles aux « Grands ensembles » en passant par les cités de transit :

Les banlieues françaises et les logements collectifs qui y fleurissent à partir de la première moitié du XXe siècle ont d’abord accueilli le prolétariat urbain, puis l’exode rural, la main-d’œuvre issue des colonies françaises, appelée par des patrons pour venir travailler dans les usines et, l’immigration internationale. La très grande majorité d’entre eux sont sans qualification. Ils occupent des postes de manœuvres et d’ouvriers « non qualifiés » et, mal payés, ils vont vivre près de leur travail, certains en famille avec femmes et enfants, dans des conditions d’hébergements indignes.

Les bidonvilles : des abris de fortune. Au sens strict, le bidonville est fait de matériaux récupérés : bidons, tôles, caisses, planches, cartons goudronnés et vieilles bâches en plastique. Dans de nombreux cas, les bidonvilles se sont développés sans plan et sans aucune infrastructure, mais il arrive néanmoins qu’il y ait un plan régulier et que les autorités locales aient installé quelques points d’eau et quelques lampadaires. Faute d’égouts, l’hygiène est partout un problème sérieux. 
À Nanterre, dans l’ouest parisien, plus de 10 000 habitants ont vécu dans des bidonvilles construits à la hâte à partir des années 1950. 
Les bidonvilles en France ont été progressivement supprimés dans la deuxième moitié des années 1970. Jusqu’à cette date, les bidonvilles restent  le symbole  de la relégation des étrangers dans ces ghettos insalubres.

Paul Almasy : « Bidonville de Champigny s/Marne » 1963.
  • Les cités de transit : 

Au départ les cités de transit sont des expériences dispersées. Ce n’est qu’après plusieurs années qu’elles ont fini par former une politique à peu près cohérente dont le but était, à la fin des années 60, de mettre un terme au « scandale des bidonvilles ».
La genèse des cités de transit renvoie à la volonté de transformation sociale par l’habitat.
Dans le contexte de profonde crise du logement des années 1950, les cités de transit furent adoptées comme solution au relogement notamment des familles algériennes qui vivaient dans des bidonvilles.
La genèse de ce dispositif, à la croisée d’un héritage colonial, d’une histoire longue de l’éducation par le logement et de la guerre d’Algérie, explique sa stigmatisation durable.

« Groupe de rééducation sociale », « logement tiroir », « cités de relogement », « habitat-prison », « dispositif d’assistance », « habitat-dépotoir », « cités promotionnelles » sont autant de termes utilisés pour désigner les cités de transit. Ces qualificatifs contradictoires sont révélateurs de l’ambiguïté des objectifs de ce dispositif.
L’idée d’action socio-éducative, son caractère temporaire et les normes réduites du bâti donnent à la formule des cités de transit une cohérence toute relative. Celle-ci est encore soulignée par l’absence d’unité architecturale des constructions : immeubles « en dur » de trois ou quatre étages, « cités mobiles » faites de baraquements individuels, ou encore « cités provisoires » en matériaux préfabriqués
C’est au début des années 1970, alors que le dispositif connaissait sa phase de diffusion la plus forte, que l’administration l’a défini comme « ensembles d’habitations affectées au logement provisoire des familles, occupantes à titre précaire, dont l’accès en habitat définitif ne peut être envisagé sans une action socio-éducative destinée à favoriser leur insertion sociale et leur promotion » .

Mehdi Charef écrivain, dramaturge, scénariste et réalisateur français.

Cité de transit du Port de Gennevilliers – Monique Hervo – 1973

Cité de transit du Port de Gennevilliers – Antar Nebchi – 1986
  • Banlieues populairesPlanifications et rénovations urbaines
Maquette de représentation des grands ensembles

La scénographie mise en œuvre dans cette partie de l’exposition nous transporte au plus près des habitants et au cœur de leur intimité de vie.
La question du patrimoine est au centre de nombreux projets de réaménagement urbain. Au fur et à mesure de la démolition des grands ensembles construits dans les années 1950 et 1970, remplacées par de nouveaux types  d’habitations, des constructions avant-gardistes qui relèvent, des années plus tard, d’espaces relégués de la région parisienne. Avec l’extension des métropoles du pays, se pose la question : que faut-il remplacer et que faut-il conserver ? 

Après avoir construit « les grands ensembles » pour reloger les habitants des bidonvilles (peut-être un peu dans la précipitation et à moindre coût ?), les locataires des cités de transit ou de logements HBM (Habitations Bon Marché), mal conçus, vont assister à la destruction de leurs logements. « Tout bascule et disparaît dans cette destruction brutale qui pulvérise la mémoire, le quartier… »

Un spectacle cruel pour celles et ceux, femmes, hommes, enfants, qui ont vécu là.

Les implosions d’immeubles, photographiées en noir et blanc, accentuent le caractère dramatique de cette technique de démolition, aujourd’hui abandonnée tant elle était violente pour les habitants, qui voyaient leurs souvenirs partir en poussière avec les lieux. 


Les implosions – Meaux 24 avril 2004 – Mathieu Pernot
Cette implosion d’une barre d’immeuble à Meaux en 2004 ne sera ni la première, ni la dernière.

L’installation « déménagements » d’Anne-Laure Boyer invite les visiteurs et les visiteuses à s’installer dans un appartement composé de meubles et objets recueillis auprès de 17 familles pendant leur déménagement, avant la démolition de leurs immeubles puis leur emménagement dans un autre lieu d’habitation. Les meubles et les objets présentés recréent un espace intime et sensible. Et les photographies de ces appartements désormais disparus et ici accrochés au mur donnent corps à ces histoires personnelles.


Déménagements – Anne Laure Boyer – 2008 – 2012 Scènes de vie
  • Banlieues engagées : des luttes en héritage

« Les grands ensembles, qui devaient faire entrer la France dans la modernité, ont permis de résoudre en partie la crise du logement. Cependant, ces quartiers souvent vétustes, mal desservis par les transports publics, peu connectés au reste du tissu urbain et aux structures municipales, ont progressivement vu se cristalliser des situations de relégation territoriale et de ghettoïsation sociale, alimentant des revendications citoyennes mêlant aspiration à la dignité des conditions de vie et à l’égalité des droits, et demande de justice liée à un sentiment de révolte contre les discriminations et le racisme. 
Des années 1970 et 1980 jusqu’à l’été 2024 s’écrit dans ces espaces en marge une histoire des luttes et des contestations symbolisées par des lieux comme les Minguettes ou Clichy-Montfermeil, et par des morts tragiques comme celles de Zyed Benna et Bouna Traoré, Amine Bentounsi, Adama Traoré, Cédric Chouviat ou Nahel Merzouk. 
Ce sont dans les espaces associatifs et médiatiques mais également dans les champs artistiques et culturels que se formulent les luttes et les mobilisations, à la croisée de l’histoire sociale, ouvrière et migratoire. (Extraits du Dossier de Presse )

Certain.es se révoltent contre la pauvreté, le racisme ou le mépris qui frappent ces territoires. D’autres montrent qu’il y a beaucoup de solidarité et de créativité dans les quartiers.
En 1981, ce mal-être atteint un point critique quand le quartier des Minguettes, à Vénissieux s’embrase. En 1983, face à un racisme croissant faisant de nombreux morts dont des enfants, la jeunesse s’organise et imagine une réponse forte : une marche pacifique à travers la France pour défendre les droits des enfants de l’immigration.

« Cette dernière section présente autant de manières d’habiter le monde, d’exprimer une nécessité intérieure et artistique et de lutter contre des clichés trop largement implantés dans l’inconscient collectif. En brisant les frontières traditionnelles entre centre et périphérie, ces nouvelles images ne demandent qu’à circuler plus encore. » (Extraits du Dossier de Presse.)

La jeunesse s’organise :

Et des œuvres d’artistes : 

« Depuis les années 1980, des émissions comme « Enquête d’action » ou « Zone interdite », ainsi que des films comme « La Haine » ou « Athéna » ont souvent dépeint les « banlieues » comme des lieux dangereux, associés à la violence et à la révolte.
Ces territoires ont été réduits à des clichés, qualifiés de zones à « nettoyer au karcher » par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy en 2005, ou de « no go zones » dangereuses à pénétrer, invisibilisant de ce fait les habitants de ces quartiers. Disparaissent ainsi dans le fracas médiatique des vies quotidiennes joliment banales, faites d’anecdotes personnelles et familiales autant que d’histoire collective et de logiques systémiques. De multiples voix s’attachent aujourd’hui à les raconter artistiquement. 

Nombreux sont les artistes et les initiatives culturelles qui viennent proposer des images de fierté et de réussite en réponse aux archétypes réducteurs et aux raccourcis. Que ces images prennent la forme de récits, de reportages photographiques ou de peintures, de lieux ou de manifestations festives et culturelles, elles s’attachent à montrer des visages et des trajectoires intimes bien éloignées des clichés. 

Ces propositions vont au-delà des contre-récits – qui seraient pensés en opposition avec les grands discours ayant fondé des stéréotypes vivaces : elles révèlent des aspects de la vie ordinaire qui se déploie dans ces lieux pluriels que cache le singulier de la notion de « banlieue ». Elles sont une ode à la banalité de quotidiens souvent bien moins sensationnalistes que certaines voix voudraient le faire croire. » (Extraits du dossier de Presse.)

Cindy Banani : »Massacre du 17 octobre 1961″ ( broderies)
Cindy Banani :  » 1983, meutre de Toufik Ouanes, 9 ans »
Dans le salon de la grand-mere – Neila Czermak Ichti 2019
Ibrahim Meite-Sikely : « Super banlieusard »
ÉCOUTONS DE NOUVEAU
CHLOÉ DUPONT :

Dans la dernière salle de l’exposition les visiteurs et les visiteuses sont mis.es à contribution.
Des petites fiches les engagent à laisser « une trace », à partir de la consigne d’écriture :
…. « Dans ma banlieue rêvée, je peux…. »

Espace d’écriture: « Banlieue rêvée » : écrire pour laisser une trace.

La playlist de l’exposition « Banlieues Chéries » du Palais de la Porte Dorée, en partenariat avec le CNM. Une immersion dans l’univers musical des banlieues.


Visite de l’exposition « Banlieues Chérie avec Sélim Krouchi journaliste au Bondy Blog,
l’occasion de discuter avec Horya Makhlouf, co-commissaire de l’exposition. 

On peut regretter qu’aucune part n’ait été faite dans l’exposition à « Banlieue 89 », association créée par Roland Castro et Michel Cantal-Dupart ( deux architectes ayant participé aux mouvements de Mai 68 et se révoltant contre la logique des grands ensembles )qui avait pour objectif de « faire une révolution en banlieue » tant architecturale que culturelle.
En 1983, les animateurs de l’association organisent une visite de la banlieue parisienne pour François Mitterand, le faisant passer par la Cité des 4000 à La Courneuve et à la /Cité jardin de la Butte Rouge de Chatenay-Malabry. À la suite de cette visite, une mission interministérielle est créée reprenant le nom de l’association « Banlieue 89 » et dirigée par ses animateurs.
En 1991, la mission fusionne avec la Délégation Interministérielle à la Ville et 116 projets sont engagés…

Pour faire suite à votre visite vous pouvez lire ce récit de François Maspéro de 1990:
« Les passagers du Roissy-Express »
Un journaliste et une photographe décident de « faire » la ligne B du RER comme une croisière… Déroutant…


Musée de l’Histoire de l’Immigration

Palais de la Porte Dorée
293 avenue Daumesnil 75012 Paris

MATISSE ET MARGUERITE…

… LE REGARD D’UN PÈRE.

Jusqu’au 24 Aout, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ( le MAM) nous fait (re)découvrir le peintre Henri MATISSE à travers une centaine de portraits de sa fille Marguerite, son modèle favori.

  • HENRI MATISSE

Henri Matisse est né en 1869 dans le Nord de la France. Il choisit d’abord de faire des études de droit. Après une grave opération, sa convalescence lui fait découvrir la peinture et il abandonnera le droit pour suivre des cours de dessin.
« Avant, rien ne m’intéressait. Depuis lors, je n’ai plus eu que la peinture en tête » (Henri Matisse.1891)
Tout d’abord fasciné par le mouvement Impressionniste, il se détachera vite de ce style pour orienter ses recherches picturales vers le néo-impressionnisme. ( Recherche d’une approche plus « scientifique » de l’Art.)
Il découvre ensuite – comme beaucoup de peintres de sa génération – la luminosité et les couleurs du Sud de la France.
À Collioure puis à Nice, il remarque ce qu’il appelle « La négation de l’ombre et le pouvoir d’exalter toutes les couleurs ensemble, sans en sacrifier aucune. » Ce sera la ligne forte de son style: « Le Fauvisme ».
« Matisse le fauve fait chanter les couleurs ! »
(Laurence Millet: « ABCdaire de Matisse » éditions Flammarion)

H.Matisse, sa femme et Marguerite à Collioure

Le peintre va beaucoup voyager : Italie, Algérie, Allemagne, Maroc, Tahiti … De ces voyages il ramènera dans ses pinceaux des effluves de couleurs et de lumière que l’on retrouvera dans ses tableaux.

H.Matisse : « Les marocains ». 1915
H.Matisse : « Zorah sur la terrasse ». 1912.

De ses études de dessin il va garder le goût des esquisses et des portraits. Il trouvera en sa fille Marguerite un modèle fidèle et complice dont la confiance lui permit de lâcher prise et de s’aventurer en territoires inconnus.
Cette osmose entre le peintre et son modèle fera naître des toiles parmi ses plus belles et de nombreux dessins dont certains sont montrés au public pour la première fois dans cette exposition.

  • MARGUERITE

Marguerite est née en 1894 à Paris. Son père Henri Matisse et sa mère se séparent en 1897.
Le peintre se remariera en 1898. Marguerite viendra vivre chez eux et le couple aura deux garçons.
En 1901, Marguerite, atteinte de diphtérie, doit subir une trachéotomie. Elle dissimulera sa cicatrice sous des cols montants puis un ruban noir – comme on le voit sur les tableaux de son père – jusqu’en 1920 où une seconde opération lui permettra de ne plus cacher son cou.
Immergée dans la création artistique dès l’enfance, elle s’essayera à la peinture ( elle exposera en 1925 au Salon d’Automne) puis à la création de mode, sans succès…
Elle deviendra alors l’agente de son père.
En 1943 elle s’implique dans la Résistance et sera arrêtée puis déportée en Aout 44. Elle sera miraculeusement libérée fin Aout 44.
Après le décès de son père en 1954 elle ne s’occupera plus que de la préservation et de la diffusion de ses oeuvres jusqu’à sa propre mort en 1982 à Paris.

Marguerite Matisse : « Auto-portrait » 1915
Modèles de vêtements haute couture de Marguerite Matisse.
H.Matisse : « Marguerite »
Henri Matisse : Portraits de Marguerite.
Henri Matisse : « Marguerite lisant  » 1906.
Henri Matisse : Esquisse de « Marguerite cousant » 1906.
H.Matisse : « Marguerite » 1916
H.Matisse : « Marguerite » 1916
Une salle de l’exposition, sur le thème du séjour des Matisse à Étretat, en Normandie.
H.Matisse : « Marguerite » 1918
H.Matisse : « Marguerite au ruban de velours noir » 1916
H.Matisse : « Le boudoir » Nice 1921
Marguerite ne porte plus de ruban…
Carnets de croquis d’Henri Matisse.

Avant de quitter cette superbe exposition, il ne faut pas hésiter à faire un tour à « L’Espace Famille » où – quel que soit votre âge, avec ou sans famille – vous pourrez vous amuser à vous photographier dans un tableau, dessiner des portraits « à la manière de Matisse.. », jouer aux cubes ou aux puzzles…

MUSÉE D’ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS :
11 avenue du Président Wilson
75116 PARIS
www.mam.paris.fr

UNE EXPOSITION… DEUX AFFICHES…

Fernand Léger – Visage à la main sur fond rouge Vers 1954
Martial Raysse – Nissa Bella 1964

… POUR UN DIALOGUE ARTISTIQUE HAUT EN COULEUR !

Le Musée du Luxembourg présente jusqu’au 20 juillet un hommage à Fernand Léger mais aussi une célébration pour Niki de Saint Phalle, la seule figure féminine dans le groupe des « Nouveaux Réalistes »: 

« TOUS LÉGER ! AVEC NIKI DE SAINT PHALLE, YVES KLEIN, MARTIAL RAYSSE, KEITH HARING »

« Imaginée essentiellement à partir des collections du musée national Fernand Léger à Biot et de celles du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice (MAMAC), l’exposition fait dialoguer les œuvres de Fernand Léger (1881-1955), pionnier de l’art moderne, avec la génération qui lui a immédiatement succédé, les « Nouveaux Réalistes » qu’il n’a jamais rencontrée. Tous ont, à leur manière, prolongé et réinterprété son regard sur la société contemporaine, la ville, l’industrie et la culture populaire.  

Lancé en 1960 par le critique d’art Pierre Restany, le mouvement des « Nouveaux Réalistes » réunit des artistes tels que Arman (1928-2005), César (1921- 1998), Raymond Hains (1926-2005), Yves Klein (1928-1962), Martial Raysse (1936), Daniel Spoerri (1930-2024), Niki de Saint Phalle (1930-2002).
Ces artistes s’emparent des objets du quotidien de la société de consommation et de l’esthétique de la rue. Leur démarche ne vise pas la représentation du réel mais son appropriation poétique. »
(Dossier de presse)

« Artistes du mouvement des Nouveaux réalistes »

La scénographie met en valeur les œuvres : les murs blancs sont ponctués de teintes vives et vibrantes qui soulignent l’architecture et répondent aux sculptures, peintures et installations, et le parcours de l’exposition aborde différentes thématiques.
Dans la première salle, on trouve les « cinq » éléments : l’air, le feu, la terre, l’eau – qui sont les quatre éléments qui composent l’univers – auxquels s’ajoute la couleur.
La seconde salle  est consacrée à « la vie des objets », la troisième à la représentation du corps et des loisirs car : « L’art c’est la vie » et la dernière  évoque la place de l’art dans l’espace public : « le beau est partout ».

« Fernand LEGER dans ses oeuvres » photo Robert DOISNEAU.

L’art de Fernand Léger n’a jamais cessé d’inspirer. Précurseur visionnaire, il a su capter l’énergie du monde moderne et transformer les objets du quotidien en œuvre d’art en insufflant un nouvel élan à la couleur et à la forme. Dès les années 1920 il définit sa démarche artistique de « Nouveau réalisme »,
« une terrible invention à faire du vrai ». 

  • LA SALLE DES CINQ ÉLÉMENTS 

« Faisons entrer la couleur, nécessité vitale comme l’eau et le feu, dosons-la savamment. »
 Fernand Léger (1924) 

En entrant dans cette première salle, nul besoin de chercher le dialogue artistique entre le pionnier de l’art moderne et les Nouveaux Réalistes. Les cinq éléments sont devant nous.

Salle 1.

L’AIR :

Nous découvrons deux tableaux qui se donnent la réplique. Sur notre gauche, un tableau en trois dimensions  « The birds 11 » (Les oiseaux 11) réalisé par Arman avec des pinces autobloquantes métalliques et, en angle, un tableau de Fernand Léger : « Composition aux deux oiseaux sur fond jaune » 1955. 

« The birds 11 » de Arman et « Composition aux deux oiseaux sur fond jaune » de F.Léger.

LA COULEUR :

Un tableau de Fernand Léger, « La danseuse bleue » (1930) et un moulage d’Yves Klein, « Vénus bleue » (La Vénus d’Alexandrie) vers 1962. En 1960, Le peintre Yves Klein fait breveter la formule d’un bleu outremer intense qu’il baptise « International Klein Blue ». L’IKB deviendra la marque de fabrique de l’artiste en même temps qu’un symbole d’immatérialité et d’infini.

La « Vénus bleue » d’Yves Klein et  » La danseuse bleue » de Fernand Léger.

LE FEU:

Fernand Léger, deux dessins préparatoires pour la décoration de l’usine de Gaz de France à Alforville (1955) et Yves Klein  « Peinture de feu sans titre « (1961).
Yves Klein commence à travailler dès 1957 sur le feu avec la flamme d’un bruleur qui donne naissance à des empreintes sur papier. En 1961, le Centre d’essais de Gaz de France lui permet de perfectionner sa technique, tout comme ils l’avaient proposé à Fernand Léger.
C’est sur un mur de l’exposition « Tous Léger » que les deux artistes vont se rencontrer !

« Peinture de feu » Yves Klein et dessins préparatoires de l’Usine Gaz de France de Fernand Léger.

LA TERRE ET L’EAU :

De gauche à droite:

  • Yves Klein : « arbre ».
  • Fernand Léger: « La Forêt » (1942)  peinture réalisée pendant l’exil à New-York.
    Le tableau est dominé par une sorte de croix bleue, élément récurrent dans l’œuvre de F. Léger représentant une barrière et symbolisant l’intervention humaine dans le paysage… 
  • Fernand Léger: « La Baigneuse » (1932). Fernand Léger évoque dans ce tableau le mouvement du bras nu d’Ingres. Un corps déstructuré répond aux formes humanisées d’un tronc d’arbre.
    Une draperie bleue se fond avec la chevelure féminine qui évoque les remous d’une cascade. 
  • Alain Jacquet: « La Source ». Dans la mouvance du « Pop Art », (Le pop art est un art qui –dans les années 60représente la société de consommation) Alain Jacquet détourne dès 1964 les icônes de l’histoire de l’art en les juxtaposant avec des images populaires. Ici, une allégorie moderne de « La Source » d’Ingres.
« La Source » JAD Ingres
« La Source » Jacquet
  • LA VIE DES OBJETS 

« L’objet […] devait devenir personnage principal et détrôner le sujet. »
Fernand Léger (1945) 

L’objet, symbole de la société moderne :

« La Joconde aux clefs » F.Léger
« SEITA » Raymond Hains

Avec son tableau « La Joconde aux clés » (1930), Fernand Léger tourne en dérision une image iconique de la Renaissance en attirant l’attention du spectateur-trice sur des objets ordinaires, en l’occurrence un trousseau de clés qu’il grossit et isole au centre du tableau.
De son côté, Raymond Hains réalise, en 1964 sa première pochette d’allumettes géantes, copie fidèle d’un modèle courant.

DÉTRUIRE POUR RECONSTRUIRE, MONTRER DES OBJETS USUELS SOUS DE NOUVEAUX ANGLES, À LA MANIÈRE DES NATURES MORTES CUBISTES :

« Colère » Arman. (meuble de style Henri II) 1961
Daniel Spoerri, Palette Katharina Duwen (1989)
Série « Tableaux-Pièges »

DES VISAGES OBJETS :

Niki de St Phalle et Martial Raysse « Nissa Bella »
Niki de Saint Phalle Portrait de Jean Tinguely compagnon de vie et de travail de Niki de saint Phalle
« Engrenages, l’homme et ses machines« 

L’ESTHÉTIQUE DU VIDE-POCHE ET DES OUTILS DE L’ATELIER QUI RACONTENT UNE RELATION INTIME AUX OBJETS DU QUOTIDIEN :

Fernand Léger : « Main et ciseaux » (1929)
Fernand Léger : « Les Gants » (vers 1930)
Niki de Saint Phalle: « Gant de travail » (vers 1960-61)
Benjamin Vautier, dit « BEN ».
  • L’ART C’EST LA VIE 

« Transportés par l’imagination, nous atteignons la « Vie », la vie elle-même qui est l’art absolu. »
Yves Klein (1959) 

L’essor des loisirs, l’esprit festif du spectacle (danse, musique, cirque), les sujets sportifs (cyclistes, plongeurs) sont pour Fernand Léger l’occasion de célébrer le dynamisme du monde moderne, la plénitude des classes populaires qui se ressourcent au plus près de la nature, ou encore la souplesse des corps en mouvement des athlètes et acrobates.
Afin de s’adresser à tout le monde, Léger évoque ces nouveaux sujets, pleins de joie de vivre, dans des formats monumentaux qui intègrent l’œil et le corps du spectateur. 
À partir des années 1960, certains artistes du « Nouveau Réalisme » font aussi l’éloge de la société des loisirs et de l’émancipation des corps, à l’image de la série des « Nanas » de Niki de Saint Phalle.
En saisissant la poésie du quotidien, ils gomment les frontières entre l’art et la vie. Ils détruisent ainsi les symboles de l’ancien monde pour en construire un nouveau, placé sous le signe de la liberté.

Niki de Saint Phalle  « Football « (1992 et (1994)  Fernand Léger: Maquette pour le stade de Hanovre (vers 1955)
Oeuvres de Niki de Saint Phalle et Fernand Léger 
Fernand Léger: « cycliste couleur bleue » Niki de Saint Phalle :  » cycliste couleur jaune » 
Fernand Léger : « Les Quatre Cyclistes » (1943-1948)
Fernand Leger : « La Danseuse au chien », étude pour la Grande Parade (1952)
Niki de Saint Phalle:  « Cirque Knie » (1994)

« Mes dessins ne tentent pas d’imiter la vie, ils tentent de créer la vie, de l’inventer. »
 Keith Haring 

Entrée de la dernière salle.

Dès les années 1930, Fernand Léger crée – parallèlement à ses tableaux de chevalet – des œuvres abstraites et décoratives spécialement conçues pour l’architecture. Dans le contexte de la reconstruction d’après-guerre, il répond à des commandes publiques pour accomplir son rêve d’insérer sa peinture dans les paysages urbains ou naturels.
En 1946, sa première réalisation sera la façade en mosaïque de l’église du plateau d’Assy. 

Maquette pour la mosaïque de l’église Notre-Dale-de-Toute-Grâce du plateau d’Assy (1947).
Fernand Léger : « Les Trois Musiciens » (1930).
Fernand Léger: « La Branche Rockfeller »

Niki de Saint Phalle rejoint les préoccupations de Léger en multipliant dès 1967, les projets de sculptures monumentales et habille le monde de ses figures rondes aux couleurs éclatantes.
Elle imagine sa « Nana Ville » avec le désir de donner le pouvoir aux femmes et de lutter contre la morosité de l’urbanisme moderne. 

Niki de St Phalle : Hommage à Miles Davis.
Niki de St Phalle: « Le jardin des Tarots » 1962.
Niki de Saint Phalle : « Wall Street
Le groupe des « Nouveaux Réalistes« .


Musée du Luxembourg :
19 Rue de Vaugirard, 75006 Paris 

ALLER SANS RETOUR…

« CE QUE J’OUBLIERAI, C’EST MA VIE ENTIÈRE »
Juliette Noureddine

Le musée de l’Homme à Paris présente  jusqu’au 8 juin 2025 l’exposition : « Migration, une odyssée humaine ».

Le Musée de l’Homme s’affirme comme un musée engagé. Alors que la question des migrations humaines est au cœur de débats contemporains, l’exposition « Migrations, une odyssée humaine » propose de prendre du recul sur le phénomène migratoire, à travers un état fiable de la connaissance .

« Comprendre les soubassements des migrations, sortir d’une vision manichéenne et renouer avec la complexité d’un phénomène inhérent au monde vivant sans jugement de valeur : telles sont les ambitions de l’exposition »  Gilles Bloch, président du Muséum 

« Il n’existe pas de vivant sans migrations.
Cette phrase, aussi simple qu’essentielle, a été le point de départ de notre réflexion pour l’exposition « Migrations, une odyssée humaine« . En 2018, le Muséum national d’Histoire naturelle a publié un manifeste affirmant que toutes les espèces migrent, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux ou d’humains, pour des raisons variées. Ainsi, depuis toujours, hommes et femmes ont migré, volontairement ou non. À partir de ce constat, nous avons conçu une exposition inédite, centrée sur l’espèce humaine et ses déplacements ».  Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du Musée de l’Homme 

Face aux fantasmes et aux interprétations antagonistes de chiffres contestables, l’exposition convoque l’anthropologie, la démographie, l’archéologie, la génétique, la sociologie, le droit, la géographie et l’histoire. Son parcours, déployé dans une scénographie audacieuse et colorée, présente des objets issus des collections du Muséum ou de prêts, des témoignages, des films pédagogiques, des visualisations de données, des documents d’archives et des œuvres d’art.
 L’ensemble fournit des clés de compréhension essentielles pour saisir la complexité des phénomènes migratoires, à l’échelle de la planète et sur le temps long. Elle s’appuie sur les représentations des migrations pour mieux les déconstruire, oppose les faits aux idées reçues, les chiffres aux croyances et le temps long aux vues court-termistes.

Entrée dans l’exposition.

Visiter cette exposition au musée de l’Homme, c’est se retrouver, en l’espace d’un instant, dans un univers qui convoque notre imaginaire par l’image et par le mouvement d’une vidéo qui projette des représentations de déplacements humains à différentes époques, des images d’explorateurs héroïques, de pionniers courageux, d’envahisseurs menaçants, d’exilés désespérés…  

Vidéo projetée dans l’exposition.
Les cows-boys
Page d’histoire
Partir avec une charrette…
L’éxode
Des départs plus joyeux que d’autres….
… Sauvetage…

Ces images imprègnent nos consciences et nos inconscients… Avec ces représentations nous nous engageons dans le parcours de l’exposition, un parcours en trois temps :

  • REPRÉSENTER LES MIGRATIONS :

Le premier espace de l’exposition est consacré aux perceptions, aux représentations et aux idées reçues qui entourent les mouvements migratoires. 
Un premier problème : comment nommer ces femmes et ces hommes qui quittent leurs pays : migrant.es, immigré.es, exilé.es, sans-papiers, réfugié.es, expatrié.es… Le sens de ces mots – ni anodin, ni figé – évolue selon les contextes, les pays, les époques. Certains sont des termes juridiques, d’autres des catégories administratives.

Migrants…
… Réfugiés

Les migrations s’accompagnent souvent de discours qui stigmatisent les nouveaux arrivants.
Depuis le 19° siècle, certaines craintes sont récurrentes : la xénophobie, l’inquiétude de la concurrence économique et l’appréhension d’un changement culturel qui viendrait perturber la société. Contrairement à une idée reçue qui dit que la migration « se passait mieux avant », les discours de haine d’aujourd’hui font écho aux stéréotypes et préjugés d’hier.
Les migrations sont associées à l’idée de menace, d’invasion, de submersion. Il est intéressant de noter que 96 % des humains vivent dans leur pays de naissance, un chiffre stable depuis plusieurs décennies.

Illustrations …..
… Par l’humour !
Scénographie d’une salle de l’exposition.
  • ÉTAT DES LIEUX DES MIGRATIONS :
    La deuxième partie de l’exposition dresse un état des lieux des migrations actuelles. 
Les migrations aujourd’hui.
Les idées reçues…
… et les « Violences Politiques ».
Partir à vélo…..
… Prendre une barque.
Déplacement de population.

« Les causes de départ, les trajectoires et les profils des personnes en migration sont multiples.
Le migrant archétypique : masculin, jeune, pauvre et non diplômé, est loin de représenter une majorité dans les faits.
Aujourd’hui, 48 % des migrants sont des migrantes, et les causes des départs (économiques, politiques, climatiques, familiales, éducatives ou récréatives) sont diverses et souvent imbriquées.
Révélatrice des inégalités sociales, économiques et environnementales qui règnent au sein de la population mondiale, la migration est encouragée pour les uns, dépréciée pour les autres.
L’exposition permet de partager ces différents vécus, incarnés par des témoignages et de nombreuses productions artistiques ».  (Extrait du dossier de presse).

Droit du sol et droit du sang dans le monde.
Mortalité des routes migratoires.

Le passage des frontières.
Le nombre d’individus fuyant leur pays a presque triplé en dix ans. Le passage des frontières est devenu de plus en plus périlleux pour ces personnes. 


Cette œuvre monumentale, créée par l’artiste indienne Reena Kallat à partir de câbles électriques tressés en forme de barbelés, présente une vision alternative de la planète, parcourue de trajectoires entremêlées. © Reena Kallat Studio – Jamie Woodley 
Frontière…
Il marche seul…
La Frontière.
Camp de transit à la frontière.
Frontière barbelée.

Des bagages insoupçonnés : Qu’emmènent-ils avec eux et que laissent-ils par choix … ou obligation ?

Objets de toilette….
… Et vêtements abandonnés.
Scénographie de l’exposition.
  • MIGRATIONS ET ÉVOLUTION 

La dernière partie de l’exposition ouvre une fenêtre sur notre passé lointain, pour rappeler que – dès son émergence il y a 300 000 ans – Homo Sapiens n’a cessé de se déplacer, de se disperser sur l’ensemble du globe terrestre. Il suit en cela la dynamique de l’entièreté du vivant, assurant sa pérennité : sans mouvement, il n’y a tout simplement pas de vie !
Partie d’Afrique, l’espèce humaine s’est construite à travers les rencontres, les échanges, les métissages qu’elle a provoqués au cours de ses cheminements.
Dans toutes les directions et à toutes les époques, les humains avancent, laissant sur leur chemin les traces de leurs gènes, de leurs cultures, de leurs idées.

Nous sommes tous les fruits de ces mouvements : nos sociétés, nos langues, nos gènes et même nos traditions culinaires en témoignent.


« Pantone » de Angélica DASS qui vit et travaille en Espagne.

Angelica DASS grandit dans une famille brésilienne aux couleurs de peau très différentes.
S’interrogeant sur cette variété de teintes et sur le racisme dont elle a été victime, elle explore la perception des nuances et la façon de se définir ou de désigner une personne par une seule couleur. Elle associe la teinte des peaux photographiées aux références du nuancier Pantone *, dont elle emplit le fond de l’image : l’infinie variété de nuances de la peau humaine se révèle alors dans une grande mosaïque de visages.

*Le système Pantone est un système de classification et de référencement des couleurs créé par la société Pantone dont le nom vient du préfixe « pan » et du mot anglais « tone » (le ton dans le sens de nuance) = toutes les nuances de couleurs.

Le nuancier « Pantone ».

« Aller sans retour »
Juliette Noureddine écrit cette chanson en 2008,

sans doute inspirée par le souvenir de l’arrivée en France de son grand-père, quittant sa Kabylie natale.

Musée de l’Homme
17 place du Trocadéro et du 11 novembre –
75016 Paris

L’EMPIRE DU BLEU

Geneviève ASSE:
« Le bleu prend
tout ce qui passe »

Geneviève ASSE. (C) Photo Fina Gomez.

Jusqu’au 18 mai, le musée Soulages à Rodez (Aveyron) présente les oeuvres de Geneviève Asse.
Née le 24 janvier 1923 à Vannes, Geneviève Anne Marie Bodin prend le pseudonyme de Geneviève Asse pour son itinéraire d’artiste peintre et de graveuse. Toujours elle chérira la Bretagne, partageant ses activités de peintre dans ses ateliers de l’Ile aux Moines et de l’Ile Saint-Louis (à Paris).
De 1940 à 1942, parisienne, elle se forme auprès du Groupe l’Échelle, avant de se donner corps et âme dans la Résistance auprès de son frère jumeau. Elle s’engage comme ambulancière et participe à la libération du camp de Theresienstadt.
Sa première exposition collective, « Étape » remonte à 1946 à la galerie Visconti, puis elle obtient sa première exposition personnelle en 1954 à la galerie Michel Warren toujours à Paris.
Geneviève Asse exposera ensuite régulièrement au « Salon des Réalités Nouvelles » dont le contenu penche clairement dans l’abstraction géométrique.
Elle décède en 2021, à l’âge de 98 ans.

Geneviève Asse dans son atelier.

Lorsque l’on entre dans la grande salle des expositions temporaires du musée Soulages, on est enveloppé dans une ambiance « poudrée » très étonnante ! L’harmonie entre l’éclairage, la disposition des tableaux et le silence permet d’approcher les oeuvres de Geneviève Asse tout en douceur…
Environ 70 oeuvres, ainsi que des projections vidéo, des carnets et des photos jalonnent un itinéraire non chronologique.
 » Geneviève Asse était contemporaine de Pierre Soulages. Les deux peintres se connaissaient et se respectaient (…) Imprégnés de leurs milieux respectifs (la mer et le ciel de Bretagne pour l’une et les plateaux des Causses et du Rouergue pour l’autre) ils avaient gardé la mémoire de ces espaces fondateurs dans leur approche de la peinture.  » Extrait du Dossier de Presse.

Grands espaces à la limite du monochrome où le bleu vibre comme le noir chez Soulages… Quelques « accrocs » rythment ces espaces, déchirent la toile pour attiser les nuances du bleu.
L’ambiance sereine de l’exposition nous entraîne d’une toile à l’autre, puis nous convainc de revenir pour repartir et revenir encore…

Détail de « Composition diptyque » G.Asse 1971.
Photos de Geneviève Asse.
Salles de l’exposition….
… Geneviève Asse.
G.Asse : « Composition » 1955.
G.Asse: « trois lignes grises » 1989.
G.Asse : « Sans titre » 2007, « Composition »2009, « sans titre » 2007.
« Horizontale bleue » 1972.
« Sans titre » 1961.
vue d’ensemble….
… Exposition Geneviève Asse.
Salle de projection vidéo.
Interview de Geneviève Asse
RENCONTRE AVEC….

Christophe HAZEMANN, co-directeur passionné et passionnant du Musée Soulages :

Christophe Hazemann.. En bleu 🙂

Et si vous souhaitez en savoir encore un peu plus sur le musée Soulages, écoutez le podcast de Julie Cros sur le site « FINTA! » :
« Dans les coulisses du musée Soulages de Rodez : c’est la nouvelle trilogie de Finta! – Finta! le podcast » 

ROBERT JULIA À CÉRET

Robert Julia : Pilar Jacomet
1° gardienne du musée de Céret.

Le Musée d’Art Moderne de Céret (Pyrénées Orientales) fait partie de ces musées où vous vous sentez apaisé.e dès l’entrée… Les choix architecturaux ont fait la part belle à la lumière, propice à la détente et à la « dégustation » des oeuvres !
À l’occasion de votre venue pour une exposition temporaire, ne manquez pas de déambuler dans l’incroyable collection d’art moderne et contemporain… Laissez-vous emporter par l’ambiance feutrée des salles, asseyez-vous dans un fauteuil devant la grande toile de Chagall, mise en valeur dans une salle juste pour elle, et n’oubliez pas l’espace « enfant » où vous vous amuserez comme eux 🙂

Façade du MAM de Céret
Salle Chagall : « Les gens du voyage ».

« Robert Julia, un regard humaniste »

Jusqu’au 5 septembre 2025, vous pourrez faire connaissance avec le photographe Robert JULIA, dont 80 tirages originaux sont présentés au Cabinet d’Arts Graphiques du musée.

Robert Julia (né en 1920 et décédé à Céret en 2003) est un artiste qui a marqué le paysage artistique catalan des années 1950 aux années 2000.
Il adopte la photographie comme expression préférée vers les années 50, après s’être essayé au dessin, et saisit des fragments typiques de la vie catalane (fêtes, paysages …)
À Céret il va capter les portraits de personnages illustres dans leurs moments quotidiens (Picasso, F.Derma, A.Eulry, Marguerite Pasotti…)

C’est l’importante donation d’Élisabeth Julia, son épouse, qui a permis l’accrochage de cette petite exposition, plus de trente ans après une première rétrospective.
On peut également retrouver quelques clichés du photographe à travers les salles d’expositions permanentes.
On peut regretter que les verres des encadrements ne soient pas anti-reflets ce qui nuit à l’appréciation du talent de l’artiste et à la prise de photos!

Robert Julia : Picasso en terrasse du grand café de Céret . 1959.
Le Cabinet Grahique….
… expo Robert Julia.
Robert Julia : « la récolte des cerises au chateau d’Aubiry à Céret »
Robert Julia : « Vaches au lac des Bouillouses »
Robert Julia : Dali et Gala à Céret 27/08/1965…
.... Suite de la journée du 27 Aout 1965 : discours et repas dans les arènes, trajet en train…
Robert Julia : Picasso à Céret, avec Pierre et Miette Brune, Paulo et Maya Picasso. 1953
Vitrine : F.Derma, A.Eulry, , S.Bonnecase, G.Sabatini…
Robert Julia : Jean Capedeville devant l’une de ses oeuvres. 1970

Musée d’Art Moderne de Céret :
8 bd Maréchal Joffre 66400 CERET.
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18 h

Le 8 mars 2025 dans les musées…


La Journée internationale du droit des femmes
(selon l’appellation officielle de l’ONU)
est célébrée le 8 mars.
C’est une journée internationale qui met en avant la lutte pour les droits des femmes et pour la fin des inégalités hommes-femmes dans tous les secteurs :
emplois, salaires, culture, vie familiale, santé, sexualité…


Copenhague 27 août 1910, II° Conférence Internationale des Femmes Socialistes.
La militante Clara Zetkin fait adopter l’instauration d’une journée des femmes :

  • À Montpellier, le musée Fabre propose une visite spéciale le 8 mars à 15h :
    «  Les femmes à l’honneur ».
  • Le musée Bourdelle à Paris, invite le public à venir passer une nuit à l’atelier.

    Artistes, élèves, modèles, praticiennes, les femmes occupent une place cruciale dans la vie et l’œuvre de Bourdelle. 
  • Le Musée des Arts et Métiers à Paris interroge : « Où sont les femmes ? ».
  • À PARIS le très beau musée Maillol expose « Nadia Léger, une femme d’avant-garde ».
« Nadia Léger, une femme d’avant garde »

« Nadia Léger. Une femme d’avant-garde » retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice de revue, collaboratrice de son époux Fernand Léger, résistante, bâtisseuse de musées et fervente militante communiste.