LA CITÉ DU VITRAIL À TROYES
Centre d’interprétation, plutôt que musée, la Cité du Vitrail de Troyes, dans l’Aube, mérite d’être le but de votre prochaine escapade, où que vous soyez en France!
Ouverte en décembre 2022, la Cité rend hommage aux arts du vitrail, religieux ET laïcs, à travers un parcours sur quatre niveaux, abordant les techniques artisanales spécifiques et la chronologie historique, ainsi qu’un pôle de recherche, une salle de projection et un lieu d’expositions temporaires.
ÉPOUSTOUFLANT !
C’est bien le mot qui nous vient au sortir de cette visite, tant l’intelligence de la mise en espace et la beauté des oeuvres présentées s’allient pour vous couper le souffle.
Dès l’accueil, l’immersion dans le vitrail débute avec une création contemporaine : un lustre monumental installé au centre de l’escalier.
Imaginé par Alain Vinum, maître verrier troyen, ce lustre se compose de 24 manchons de verre.
Il s’agit de bouteilles en verre soufflées à la bouche par la verrerie de Saint-Just® (Loire) tout spécialement pour cette création. Détournés de leur fonction première, les manchons suspendus, deux par deux sur des filins, sont mis en lumière pour révéler leurs quatre teintes chaudes et opalescentes (2 jaunes, 1 brun et 1 rouge-orangé). (Les établissements liégeois Goosse lustrerie ont procédé à l’installation du lustre, manchon par manchon, en octobre 2022.)
Avant de vous emmener visiter la Cité du Vitrail, écoutons Fanny Portier – chargée de communication et du numérique – nous conter sa création:
Empruntons l’escalier majestueux qui tourne autour du lustre pour nous rendre au 5e niveau.
Le parcours de l’exposition permanente propose une visite chrono-thématique présentant plus de 60 verrières et chefs-d’œuvre de l’art du vitrail, à la fois anciens et contemporains.
À ce niveau, nous allons découvrir les grandes étapes de la création d’un vitrail, depuis la commande jusqu’à la pose.
On admirera d’abord la reconstitution de l’atelier d’un Maître Verrier (avec une discrète bande son des bruits familiers : verres qui s’entrechoquent, crissements de la découpe, martellements…).
Des bornes interactives présentent de courts films sur la fabrication et la rénovation, et on peut également manipuler des outils…
Deux fils rouges à cette première étape: la rose de la cathédrale de Sens et le vitrail du millénaire de la cathédrale de Strasbourg.
À partir de là, s’ensuit un parcours chronologique du IVe siècle jusqu’à nos jours.
Au niveau 3, la Galerie des Vitraux, baignée de lumière naturelle, offre au visiteur la diversité de 26 vitraux présentés, dont de très grands formats (jusqu’à 5 mètres de haut), qui transmettent toute la richesse et le foisonnement de cet art qui traverse les siècles en se renouvelant continuellement.
On y trouve quelques oeuvres étonnantes:
« La verrière de la céramique » :
Lors de son édification pour l’exposition universelle de 1878, quatorze baies du palais du Trocadéro furent pourvues de vitraux représentant l’histoire des arts de l’industrie.
« L’ange » de Lalique :
À Reims, Une église dédiée à saint Nicaise est construite au milieu des maisons ouvrières et sa décoration est confiée à des artistes de renommée internationale. René Lalique, reçoit la commande du cycle de vitraux. Il développe une technique novatrice : le verre pressé-moulé. Le verre est coulé dans un moule préalablement sculpté et passé sous une presse qui permet d’imprimer le motif dans l’épaisseur de la matière. La forme et les nuances de couleurs de cet ange agenouillé résultent donc uniquement des différences d’épaisseur du verre. Le contraste entre l’ange et le fond est accentué par un traitement dépoli du verre sur les parties en creux, faisant ressortir la transparence du vêtement ou le moelleux des plumes de l’aile qui retombent sur la jambe.
« La vitesse » de Jacques Simon
Vitrail destiné au pavillon de l’Automobile-club Champagne-Ardenne-Argonne édifié en 1928 à Reims par l’architecte Jacques Rapin, à l’occasion de l’exposition des Meilleures Marques.
« Madonna and child » K. Viley
K. Wiley puise de nouveau son inspiration dans des œuvres traditionnelles occidentales (ici du XIXe siècle) en l’adaptant avec des modèles tout à fait contemporains, noirs et urbains.
En quittant la Galerie des Vitraux, nous rejoignons une petite salle sombre, La Salle du Trésor, où se trouve « La transfiguration du Christ » exposée sous verre et légèrement inclinée.
« Le chef-d’œuvre de la collection de la Cité du Vitrail
Représentant la Transfiguration du Christ entouré de deux apôtres, un vitrail troyen daté de la fin du XIIe siècle, disparu depuis le début du XXe siècle, est exposé pour la première fois dans une salle qui lui sera entièrement consacrée. Authentique panneau de vitrail du XIIe siècle, il fut créé pour la cathédrale romane de Troyes ou pour la collégiale Saint-Étienne, fondée par Henri Ier le Libéral, comte de Champagne. Réapparu de façon fortuite lors d’une vente publique, il a été acquis par le Conseil départemental de l’Aube en novembre 2018. Il est actuellement en cours d’étude et vient d’être restauré par la Manufacture Vincent-Petit (Troyes). Sa rareté en fait un véritable trésor pour la Cité du Vitrail et son acquisition traduit la politique patrimoniale et de restauration engagée par le Département. » (Extrait du Dossier de Presse)
Notre parcours se conclut par la Chapelle de l’Hôtel-Dieu-Lecomte où se trouve la Cité du Vitrail. À partir du 22 juin et jusqu’au 5 janvier 2025, s’y tiendra une exposition:
« Notre Dame de Paris : la querelle des vitraux (1935-1965) qui évoquera le projet porté par douze maîtres verriers d’orner la nef de Notre-Dame de Paris de vitraux contemporains de cette époque…
Pour vous plonger dans l’univers des vitraux du Moyen-Age, voici un très beau roman historique:
« Le passeur de lumière » de Bernard Tirtiaux.
La CITÉ DU VITRAIL
31 QUAI DES COMTES DE CHAMPAGNE À TROYES (Aube)
cite.vitrail.fr