À LA COUR DU PRINCE GENJI
1000 ans d’imaginaire japonais
« Organisée avec la fondation franco-japonaise Sasakawa, l’exposition présentée au Musée Guimet, à Paris, jusqu’au 25 Mars 2024, aborde l’œuvre majeure de la littérature japonaise et mondiale:
« Le Dit du Genji ».
« LE DIT DU GENJI » 源氏物語
Écrit au 11e siècle par la poétesse Murasaki Shikibu, et considéré comme le premier roman de l’Histoire, « Le Dit du Genji » a généré depuis mille ans une iconographie extrêmement riche, influençant jusqu’aux mangaka contemporains. Il a ainsi inspiré de nombreux artistes et artisans du Japon à travers les siècles. »(Extrait du dossier de presse)
(Genji est un titre honorifique donné à un fils d’empereur qui ne peut prétendre au trône.
« Le Dit du Genji », – ou « Histoire du Genji » – qui se présente comme un récit véridique, raconte la vie d’un de ces princes impériaux, d’une beauté extraordinaire, poète accompli et charmeur de femmes. Ce Genji façonnera ainsi la « femme idéale » en élevant une jeune fille avec laquelle il formera un couple que seule la mort séparera.)
En exergue de la présentation de l’exposition, une phrase de Marguerite Yourcenar :
« Quand on me demande quelle est la romancière que j’admire le plus, c’est le nom de Murasaki Shikibu qui me vient aussitôt à l’esprit, avec un respect et une révérence extraordinaire (…) c’est le Marcel Proust du Moyen Âge nippon.»
Marguerite Yourcenar, Les Yeux ouverts, entretiens avec Matthieu Galey, Paris, Le Centurion, 1980
Rédigé entre 794 et 1185, le roman témoigne de la sophistication de la cour impériale alors à son apogée et de l’avènement d’une culture spécifiquement japonaise, dans une période marquée par de nombreux bouleversements politiques.
La visite de l’exposition « À la cour du Prince Gengi » commence par une immersion dans la reconstitution d’une maison japonaise traditionnelle, puis nous nous retrouvons dans une salle dont les murs, le sol et le plafond sont recouverts de planches de manga.
Nous poursuivons par une promenade dans les ateliers de tissage de Kyoto et, en fin de parcours, un dispositif olfactif nous permet de découvrir le raffinement de la «voie des parfums».
Accueilli.es par Boudha nous sommes invité.es à déambuler dans une architecture traditionnelle en bois, rythmée par des panneaux de paille, des cloisons ajourées et des paravents…
L’exceptionnelle créativité à laquelle « Le Dit du Genji « a ouvert la voie, est illustrée dans l’exposition par un ensemble d’objets précieux issus des collections du Musée Guimet et de plusieurs collections françaises et japonaises: des laques, des sculptures et des objets précieux. (Marie-Antoinette elle-même collectionnait des boîtes en laque représentant des scènes du Genji…)
LES POÉTESSES
Cette époque est une époque de paix, d’effervescence et de créativité artistique qui voit l’émergence d’une littérature féminine, incarnée par Murasaki Shikibu mais aussi par les poétesses Ono no Komachi et Sei Shônagon et bien d’autres encore…
« Les femmes aristocrates sont tenues à l’écart de la vie politique et sociale. Mais relativement libres de leur temps, leurs vies sont comblées par les arts, l’étude, la religion, les intrigues de cour, les relations galantes. Ne participant pas directement à la vie politique, elles sont des observatrices de la vie à la cour. Mais affranchies du modèle chinois, les femmes de l’époque vont produire des œuvres mêlant poésie et prose, sous forme de journaux ou d’histoires racontées.
L’écriture évolue grâce à la réforme de l’éducation et à une simplification des kanjis.(caractères chinois de l’écriture japonaise).
(…) Grâce à cet accès plus aisé à l’écriture, la littérature féminine japonaise va prendre un essor considérable ». (Extrait du Dossier de presse)
Il est temps de faire connaissance avec la poétesse Murasaki Shikibu, auteure du roman « Le Dit du Genji »:
« Dans « Le Dit du Genji« , Murasaki Shikibu s’inspire de la vie de la cour, des hommes et des femmes, dans leurs complexités et leurs évolutions, sociales et psychologiques.
Surtout, elle met en scène des individus soucieux de leur salut au moment où le bouddhisme s’ancre dans les mœurs et rencontre les croyances locales. C’est ainsi que cette œuvre devient le creuset d’une nouvelle identité japonaise et une source d’inspiration pour tous les artistes, d’hier et d’aujourd’hui ».
(Extrait du dossier de Presse)
« LE DIT DU GENJI » INFLUENCE LES MANGAS
Aujourd’hui encore, de par sa force narrative et ses évocations d’une période fastueuse, le roman « Le dit du Genji » reste une source d’inspiration pour les créateurs contemporains : mangakas et auteurs d’animés japonais continuent à s’en emparer, s’affranchissant parfois des codes classiques avec une époustouflante inventivité. La présentation de leur travail dans une salle qui leur est dédiée atteste ainsi du renouvellement du genre.
TISSAGES
L’évocation des ateliers de tissage japonais du 19e siècle fait le lien avec la révolution technique du métier Jacquard grâce à des photographies d’époque de tisseurs japonais de Kyoto et par un hommage à Itarô Yamaguchi (1901-2007), maître tisserand de Kyoto.
L’exposition « À la cour du prince Genji, 1000 ans d’imaginaire japonais » permet également d’admirer les exceptionnels rouleaux tissés par Maître Itarô Yamaguchi, qui rendent hommage à ce roman magistral et sont montrés ici pour la première fois dans leur intégralité.
En faisant généreusement don de ses œuvres au musée Guimet, Maître Yamaguchi affirme l’art textile comme un art majeur qui doit être exposé en lien avec les peintures, sculptures et autres créations artistiques, rejoignant ainsi la démarche de Krishnâ Riboud, qui légua sa collection de textiles au musée en 2003.
SENTEURS À L’ÉPOQUE DE HEIAN
Quatre cloches concentrant les parfums des quatre saisons invitent les visiteurs à découvrir quatre compositions olfactives subtiles et surprenantes. On trouve sous ces cloches des nerikô (littéralement « mélange des parfums »), petites boules parfumées de bois odoriférants usuellement consumées pour le seul plaisir des fragrances. Ce dispositif est proposé grâce à la générosité de Nippon Kodo, fabriquant d’encens et de parfums japonais depuis 1575.
RÉDACTION ET PHOTOS: KADIA RACHEDI
« LE CERISIER
EN VÉRITÉ NOUS ENSEIGNE
PAR SA FLORAISON
ET PAR SON ROUGE FEUILLAGE
QUE CE MONDE EST ÉPHÉMÈRE«