MADAME D’ORA

Une bien étrange exposition…

Le Pavillon Populaire de Montpellier présente jusqu’au 16 avril l’exposition:
« La surface et la Chair/ Madame d’Ora / Vienne-Paris 1907-1957 »

Dès l’entrée de cette exposition, on pénètre dans le monde clinquant et soyeux de la photographie de mode: mannequins filiformes, artistes connues, danseuses… Posent avec affectation devant l’appareil de Dora Kallmus, dite « Madame d’Ora ».
Première femme à ouvrir son studio de portraits à Vienne, issue d’une famille juive de la bourgeoisie autrichienne, elle sera vite reconnue par des artistes ou des personnalité comme le peintre Gustav Klimt ou l’empereur Charles 1°…

Auto-portrait 1930

Paris…

Après l’effondrement de la monarchie autrichienne et le début de la première guerre mondiale, Dora Kallmus ouvre, en 1924, un nouveau studio à Paris, et rapidement des artistes se pressent pour devenir ses client.e.s: Joséphine Baker, Coco Chanel et beaucoup d’autres, peintres ou écrivains célèbres…
Bien vite, elle est repérée par les revues de mode comme « L’officiel »:
« De la même manière que le magazine de mode a commencé par être technique, il en est de même pour la photographie de mode elle-même. La première photographie était rigide, sobre ; elle était à l’origine destinée à capturer la simple ressemblance de son sujet, avec peu d’expression créative. Cependant, avec l’essor de la scène artistique au début des années 1900, des créateurs cultivés comme d’Ora ont apporté de nouvelles approches à la pratique, invitant l’esthétique dans les pages des magazines. Alors que les dessins de mode remplissaient leur fonction pour une publication axée sur l’industrie, la directrice photo emblématique a contribué à transformer L’Officiel en un magazine visuel destiné à un public de masse assoiffé de la fantaisie de la couture. »
Piper McDonald et Tori Nergaard in #LOFFICIEL100.

Ses client.e.s admirent son talent de prises de vues mais également ses discrètes compétences en matière de retouches. Grâce à ses poses, son style, ses éclairages et ses retouches subtiles, Madame d’Ora se fait connaître comme « le miroir embellissant »!

Joséphine Baker.
La modiste Mme Agnès avec l’une de ses créations 1933
La compositrice Alma Mahler 1916
Edward Gordon Craig 1941

Dans sa biographie, Madame d’Ora parle de ces deux portraits du metteur en scène britannique
E.G Graig, comme ses premières expériences avec un appareil « Rolleiflex ». Ce petit appareil photo portatif permet plus de liberté et de souplesse dans la prise de vues et rapproche la photographe de son modèle. (Jusque là, le matériel photographique était composé d’une « chambre » montée sur un trépied et d’éclairages sur pieds.)
Cette série marque le début d’une nouvelle époque pour Dora Kallmus et annonce ses thèmes sombres d’après 1945.

Chambre photographique
Appareil « Rolleiflex »

LA GUERRE… LA PRISE DE CONSCIENCE…

Avec la prise de pouvoir des nazis, « les interdictions d’exercer une profession pour les juifs et les opposants politiques » (les « Berufsverbote ») entraînent une réduction des commandes pour d’Ora, tant dans les pays germanophones qu’en France. Ses photos disparaissent petit à petit des magazines et, suite à l’Occupation, elle est contrainte de vendre son studio en 1940.
Sa soeur Anna est déportée en 1941 et mourra en 1942. Cette même année, après la rafle du Vel’d’hiv, Madame D’ora s’enfuit en Ardèche…
Elle reviendra à Paris après la guerre.. Elle a 65 ans et plus un sou…
Elle part en voyage en Autriche en 1948, et se retrouve confrontée à un pays en ruines, ravagé par la guerre. Elle prend ses distances avec le monde du glamour et réalise une série de clichés sur les camps de réfugié.es.
Remarquables d’émotion et de sensibilité!

Photos prises dans des camps de réfugié.es à Salzbourg en 1948

LE RETOUR AU TRAVAIL

« S’il n’y avait pas le problème de l’argent, je me demande jusqu’à quel point je pourrais travailler pour mon propre plaisir. Mais j’ai dépensé trop d’argent, j’ai trop investi dans mes idées et j’ai donc dû revenir aux portraits, au moins en partie, juste pour l’argent » D’ora 1954.

Dora Kallmus, « Madame d’Ora »

Faute de moyens, elle ne peut s’offrir un studio et photographie ses clients dans leur propre lieu de vie.
À la fin de sa carrière, la mort devient un sujet régulier dans son oeuvre.
Plus sombres, ces portraits sont aussi plus sensibles. Elle semble vouloir capter ce petit quelque chose fugitif de la réalité de ses clients…
Ces photos contrastent rudement avec celles du début de l’exposition et rendent ce parcours dans la vie d’une femme réellement passionnant!

Jacques Tati 1953
Marc Chagall 1955
Le clown François Fratellini 1950
L’écrivain Somerset Maugham 1955
L’écrivaine Colette.
Dernière photo de l’exposition en très grand format

LE PAVILLON POPULAIRE SE SITUE SUR L’ESPLANADE CHARLES DE GAULLE à MONTPELLIER
L’exposition sur Madame d’Ora est ouverte du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h.
ENTRÉE LIBRE

Des visites guidées (« macro », « déclic » « grand angle » « focus »)
sont proposées tout au long de la semaine.
Renseignements au 0467661346

ARTS ET PRÉHISTOIRE

Fascination…

Le Musée de l’Homme présente depuis cet hiver l’exposition : «Arts et Préhistoire» .
C’est une occasion unique de voir (ou revoir) les œuvres qui ornent les grottes de Lacaux, Chauvet ou d’autres à travers le monde, grâce à des centaines d’images numériques de peintures et de gravures, venant de toutes les régions du Monde ainsi que des pièces préhistoriques originales.

  • Une première salle regroupe ce que l’on appelle « l’art mobilier » c’est à dire les objets sculptés et/ou gravés
  • Dans la seconde salle on retrouvera l’Art pariétal et rupestre à travers des projections et des animations visuelles très didactiques.
    L’art pariétal étant, au sens large, des oeuvres réalisées par l’Homo sapiens sur des parois de grottes et l’art rupestre sont les œuvres réalisées en plein air (gravées sur pierre par exemple)

  • Dans la troisième et dernière salle, des artistes contemporain.es rendent hommage à la « Vénus de Lespugue », petite bonne femme rondelette en ivoire, découverte il y a tout juste cent ans et qui traverse l’Histoire de l’Art depuis 25000 ans.
La Vénus de Lespugue
Troisième salle


La Préhistoire est généralement définie comme la période comprise entre l’apparition du genre humain et l’apparition des premiers documents écrits.
La majeure partie des traces tangibles de ces sociétés sont donc les œuvres d’art ! Peints sur les murs des grottes ou gravés sur des pierres, les animaux y sont majoritairement représentés. On trouve peu de représentations d’êtres humains… Sauf quelques scènes, comme « La scène du Puits ».

Grotte de Lascaux

Ce qui fascine dans l’Art Préhistorique, ce sont les mystères qui entourent ces œuvres et les rendent encore plus attractives : que représentent les animaux dessinés ? Certains pensent qu’iels se représentaient eux/elles mêmes à travers les animaux. Les troupeaux seraient les emblèmes des tribus, où les animaux laineux seraient postés au-dessus, comme des ancêtres blanchis par le temps qui les protègeraient…
Et, en réussissant à transcrire le mouvement des troupeaux courant dans les plaines, on peut leur attribuer l’invention du cinéma !
Quand on visite une grotte ornée on repart avec plus de questions qu’à l’arrivée : dans quel sens lire les dessins ? Qui sont ces artistes ? Des hommes ? Des femmes ? Quelle était leur place dans la société ? Pourquoi ont-iels voulu laisser ces traces ? Étaient-iels conscient.es de laisser une trace d’ailleurs ?

La puissance magique de ces oeuvres inspirent toujours les artistes, depuis longtemps…
Pour Giacometti, c’était une obsession « Dessins des cavernes, cavernes, cavernes, cavernes. Là et là seulement le mouvement est réussi », notait-il dans un de ses carnets. 
« La peinture est en décadence depuis l’âge des cavernes » renchérissait Joan Miró.
Quant au sculpteur Henry Moore, bouleversé par le site de Stonehenge, il affirmait en écho : 
« Tout art a ses racines dans le « primitif », autrement il devient décadent. »

Miro et Lascaux
La Vénus de Lespugue et « Femme couchée » de Pablo Picasso

Pour clore l’exposition « Arts et Préhistoire » une partie de la deuxième salle propose aux enfants (mais pas que.. J’avoue que moi-même….) de dessiner avec le doigt sur un mur qui s’animera et mélangera les différents dessins pour former une fresque…
Expressions des traces laissées par le public qui enthousiasment les jeunes artistes et leur public !

Regardons.. Découvrons…

Bibliographie: deux ouvrages particulièrement passionnants:

  • « Le beau livre de la Préhistoire » de Marc Azéma et Laurent Brasier
  • « Le temps sacré des cavernes » de Gwenn Rigal: De Chauvet à Lascaux : les hypothèses de la science.

FLASH VACANCES EN OCCITANIE

En famille au musée!

Durant toute la période des vacances scolaires qui s’étale du 4 au 25 février, les musées de la
Région Occitanie rivalisent d’imagination et d’ingéniosité pour proposer des activités aux publics
de tous âges.

Narbo Via. Narbonne(Aude)
  • « NARBO VIA » Ce passionnant musée situé à l’entrée de Narbonne (dans l’Aude) propose plusieurs « temps forts » durant cette période de vacances: des visites-famille sur différents thèmes, des ateliers créatifs, des concerts etc.
  • « LATTARA » à Lattes (34) Ateliers et visites guidées de l’exposition sur les statues menhirs.
  • MUSÉE DE LODÈVE (34) C’est un lieu de découverte mais aussi un point de départ pour créer et s’amuser. Un étage entier consacré à la paléontologie !
    Du 18 février au 5 mars 2023 des ateliers destinés aux enfants seront proposés tous les matins à 11h, du mardi au samedi.
  • MUSÉE FABRE (Montpellier) Le musée propose différentes façons de visiter les expositions temporaires ou les collections permanentes, adaptées à tous les publics:

  • MUSÉE SOULAGES à Rodez (Aveyron) Les médiateurs du musée vous proposent une visite adaptée aux enfants accompagnés de leurs parents. Lors de cette visite ludique d’une heure environ, vous pourrez découvrir le musée et les œuvres de Pierre Soulages autrement ! Pendant les vacances, des visites autour des expositions temporaires sont également proposées.
    Pour les visites en famille, un parcours enfant avec audioguide est mis à votre disposition.
    22 commentaires en compagnie de Blanche et Luc pour découvrir l’architecture du musée et comprendre les œuvres de Pierre Soulages de manière ludique.
    Pendant les vacances scolaires, le musée Soulages vous propose des ateliers pour vos enfants, avec « Mes vacances au musée ». Rien de mieux pour placer les vacances sous le signe de l’art !
  • MUSÉE DE MILLAU (Aveyron) Ce joli musée vous enchantera avec son secteur Paléontologie et son écomusée de la ganterie! Pendant ces vacances scolaires vous pourrez participer à des ateliers créatifs ( poterie, cuir..) visiter avec un médiateur ou admirer le travail d’une artiste en résidence…
  • MUSÉE MÉDARD à Lunel (34) Les caractères typographiques, qu’ils soient allongés, ronds ou épais peuvent prendre de multiples formes qui font partie de notre quotidien! Autour de l’exposition « Quels caractères », participez aux ateliers mis en place par le médiateur culturel de ce très beau musée, trop mal connu!
Affiche exposition au Musée Médard. Lunel (34)
  • MATERNITÉ SUISSE D’ELNE (Pyrénées-Orientales) Entrez dans ce havre de paix et laissez-vous emporter dans ce lieu chargé d’émotions, d’espoir, de solidarité et d’humanité. Achetée en 2005 par la Commune d’Elne et classée Monument Historique depuis 2013, la Maternité Suisse est aujourd’hui un vif témoignage de l’entraide, du dévouement et de la détermination de jeunes volontaires d’associations humanitaires.
    Une visite inoubliable dans ce lieu d’une grande beauté!

Pour celles et ceux qui auront la chance et le plaisir d’être en vacances,
n’hésitez pas à pousser la porte d’un musée, seul.es ou en compagnie de vos proches:
ce sera toujours un moment de découvertes… Parfois drôles, parfois émouvantes!

ART DÉCO

L’exposition « Art Déco France // Amérique du Nord »,

un dialogue artistique fait d’années d’échanges

et d’allers-retours entre la France et l’Amérique du Nord.


Avec plus de 350 œuvres réunies, l’exposition montre comment le style français art déco a influencé l’architecture, les décors, le mode de vie et le goût des Américains du Nord.
Initiés dès la fin de années 1880, les échanges se poursuivront et s’intensifieront avec l’amitié née de l’implication des états d’Amérique du Nord dans la grande guerre. La dynamique se brise avec la crise économique et la Grande Dépression et commence à prendre fin à partir de 1937 avec l’achèvement d’un nouvel édifice aux dimensions «washingtonniennes»: le Palais de Chaillot, un projet de l’architecte Jacques Carlu, bâti sur l’emplacement du Palais du Trocadéro.

Installée au cœur du Palais de Chaillot, dans La Cité de l’Architecture et du Patrimoine, l’exposition « Art Déco France // Amérique du Nord » n’est pas seulement une exposition sur l’architecture d’édifices et de bâtiments plus modestes, elle est beaucoup plus que cela dans la mesure où le mouvement Art déco touche plus précisément l’aménagement et la décoration d’intérieur en créant le style d’une époque qui va trouver son point culminant en 1925, à Paris, lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes qui renvoie à l’imaginaire du luxe. C’est dans les années 60 qu’est né le mot «Art déco» abréviation de «Arts décoratifs».

Dès les deux dernières décennies du XIXe siècle, l’École des Beaux-Arts de Paris forme une centaine d’architectes américains et canadiens qui, à leur retour d’Europe, construisent et meublent ensuite des buildings Art déco dans les métropoles américaines avec des architectes français appelés pour dispenser leurs enseignements.
En 1919, après l’armistice, l’armée américaine ouvre une école d’art en territoire français qui accueille des soldats des forces américaines présents en France (des « sammies »), étudiants en art et en architecture dans le civil. De ces initiatives vont naitre de riches échanges entre professeurs, et certains vont, par la suite, rejoindre l’Amérique du Nord.
Dans les années 1920 et 1930, avant l’apparition de l’aviation commerciale au long cours, le principal moyen de transport intercontinental est le paquebot. À partir des années 1920, les chantiers navals commencent à faire le choix du modernisme pour l’aménagement intérieur et la décoration des navires. La Compagnie générale transatlantique ose le modernisme pour le paquebot Île de France (1927) et surtout le Normandie de 1935, véritable cathédrale de l’Art déco sur mer grace à des décorateurs tels que Louis Süe et André Mare, Jean Dunand, Paul Jouve, Patout et Pacon, Raymond Subes, Jacques Carlu, Carlhian et bien d’autres.

L’Amérique et la France

Pour vous qui entrez dans l’exposition, c’est sur le quai du port de New York que vous vous trouvez, parmi le flot des voyageurs qui descendent du Normandie.
Et maintenant laissez-vous emporter pour prendre place dans la machine à remonter le temps:

Un des restaurants du paquebot…
Un autre restaurant…
Un salon de thé.

Premier mouvement d’architecture et décoration au retentissement mondial, l’Art Déco reste associé à une période de prospérité et d’insouciance. Entre luxe, confort moderne et technologie, ce mouvement se propose d’offrir un cadre de vie unifié et harmonieux, des pièces d’ébénisterie, tapisseries, peintures et sculptures ornementales aux céramiques et à l’orfèvrerie.
Le design qui débute sur les grandes séries d’équipement de l’habitat et des bureaux peut y être associé, ainsi que la mode vestimentaire et la typographie des signalisations et des réclames affichées et les enseignes.
En voici quelques illustrations …

  • Le mobilier:
    N’oublions pas que le mobilier Art déco est l’œuvre d’artistes décorateurs destinée à une clientèle aisée, ayant soif de nouveauté, mais qui demeure relativement conformiste. Il s’agit de meubles réalisés par des ébénistes qui cherchent le luxe et la perfection. Les meubles sont donc des pièces uniques, un mélange entre l’art et l’artisanat.
  • Les appareils ménagers:
  • Pour le bureau:

Vêtements, bijoux, flacons…

  • La musique:
    L’imagination est désormais captivée par la culture américaine du jazz (tant le chant que la danse), cristallisée par la figure de Joséphine Baker.
  • La peinture:
    Un choix difficile à faire parmi les 350 œuvres présentées, choix qui reste très subjectif mais, dans cette exposition « Art Déco France // Amérique du Nord », peut-être bien plus que pour d’autres expositions, ce sont les « coups de cœur » qui l’emportent, qui nous font voyager, réagir, et s’étonner de tant de créativité.
Sarah Lipska « Femme en rose »
Alfred Courmes « Portrait de Peggy Guggenheim »

1925: Quand l’Art Déco séduit le monde…

Formes géométriques, pures et dynamiques …

Le style Art Déco (1919-1940) se caractérise par son attractivité et sa vivacité. Né de l’impulsion des créateurs français tels que les architectes Henri Sauvage, Robert Mallet-Stevens, Pierre Patout, les décorateurs André Véra, Louis Süe, André Mare et Jacques-Émile Ruhlmann, le couturier Paul Poiret ou encore le sculpteur François Pompon, il est le fruit d’une vision d’ensemble émanant de champs artistiques variés…


Cité de l’Architecture et du Patrimoine
Palais de Chaillot
1, place du Trocadéro Paris 16e
De 11h à 19h lundi, mercredi, jeudi, vendredi
De 10h à 19h le week-end
Nocturne jusqu’à 22h le jeudi

TEXTES ET PHOTOS DE CET ARTICLE: KADIA RACHEDI

LA COMMUNE N’EST PAS MORTE!

À Saint-Denis « la ville rouge », connue principalement pour abriter dans sa basilique la quasi totalité des tombeaux des rois, reines et princes de France, le «Musée d’Art et d’Histoire Paul Eluard» présente l’exposition :

« Insurgé.es !

Regards sur celles et ceux

de la Commune de Paris de 1871 ».

Installé dans les bâtiments de l’ancien carmel de Saint-Denis, le Musée d’art et d’histoire abrite notamment une exposition permanente sur le siège et la Commune de Paris.
La ville de Saint-Denis possède le fond le plus important au monde sur la Commune de Paris, partagé entre les archives municipales, la médiathèque, et surtout le musée, qui détient plus de 15.000 documents et objets sur la guerre franco-prussienne de 1870-1871 et sur la Commune.

Le cloitre du Carmel de St Denis.

18 mars 1871 – 28 mai 1871
« 72 jours au cours desquels des femmes et des hommes ont décidé de prendre leur destin en mains. Une période révolutionnaire qui, bien que très courte, n’en constitue pas moins un moment intense de production d’images gravées, souvent satiriques, et de documents imprimés (affiches, tracts, journaux, placards, chansons) qui ont régné sur l’espace public et ont été des vecteurs importants du débat politique : république, démocratie, souveraineté populaire, liberté et autorité, émancipation, travail, rapports de genre, violence, mémoire collective… La Commune inspirerait-elle encore ?
C’est une exposition pour laquelle nous vous invitons à prendre et à passer du temps pour voir, regarder, lire, cheminer, lentement, pour vous imprégner de cette période riche d’enseignements (et malheureusement douloureuse aussi) et vivre l’engagement et la détermination de celles et ceux qui voulaient changer le cours de l’histoire. » (extrait du dossier de Presse)

Drapeau rouge de La Commune
Serge Utgé-Royo
Serge Utgé-Royo chante La Commune.

L’exposition « Insurgé.es ! Regards sur celles et ceux de la Commune de Paris de 1871 » entend faire la part belle aux nouvelles approches historiques de la Commune de Paris de 1871.
« En s’appuyant sur des œuvres et documents remarquables, célèbres ou jamais dévoilés, elle présente les événements et les mémoires qui les ont transmis à hauteur d’hommes, de femmes et d’enfants – qu’ils soient célèbres ou moins connus, identifiés ou anonymes, individus ou collectifs.
Plus de 150 ans après les évènements, une trentaine de personnalités de tous horizons, des historien.nes, écrivain.es, journalistes, philosophes, enseignant.es ou artistes sont invité.es à partager leur point de vue sur cet épisode historique et ses résonances contemporaines. » (extrait du dossier de Presse)

Les photos sont de Bruno Braquehais, premier photographe reporter, sourd et muet.
Anne YANOVER Directrice du Musée Paul Éluard.
Présentation de l’exposition par Anne Yanover.

En montant vers la première salle de l’exposition, on entrevoit, au second étage, une salle de l’exposition permanente.
L’exposition « Insurgé.es ! Regards sur celles et ceux de la Commune de Paris de 1871 » commence à l’étage du dessus, après avoir traversé une petite passerelle qui vous permettra d’admirer une partie du carmel.

Anne Yanover……..
Poursuit sa présentation de l’exposition sur La Commune
et les femmes.

Sur les murs des photographies originales, des gravures, de truculentes caricatures qui permettent de saisir le quotidien multiforme de ces insurgé.es. Des dessins d’actualité, pris sur le vif et destinés à être reproduits en gravure dans la presse, montrent des élus et citoyens qui débattent… Journaux et affiches révèlent leur volonté de changer le monde.
Dans des vitrines, des documents originaux, par exemple, les pages retrouvées du manuscrit de « L’insurgé – chapitre XXIX » de Jules Vallès.

Jules VALLES

Pour mettre en scène le partage entre l’histoire de la Commune vécue par les insurgé.es et le point de vue des personnalités, des panneaux invitent les visiteurs.es à la lecture de leurs propos subjectifs sur une thématique, une figure ou un événement particuliers, explorant les formes de transmission à travers créations artistiques ou réactions de collégiens. Les auteur.es révèlent à quel point cette histoire interroge encore notre société.

Plus de 150 ans nous séparent des évènements de la Commune de 1871 et pourtant certains d’entre eux reviennent dans la réalité de notre quotidien comme un boomerang. Où il est question de vaccination, de collages…

Collage Place de la Fraternité. Montreuil (93) (c) Collectif Raspouteam/2021
Collage portraits de Communardes.
Face Mairie du X° arrondissement de Paris.
(c) Collectif Raspouteam/2021

Les nombreux documents exposés dans la dernière partie de l’exposition rappellent également la diversité d’une ville qui était loin d’être entièrement acquise à l’insurrection, ainsi que des reconstitutions du photo-monteur E. Appert «qui cherchaient à imposer une vision anticommunarde, sans cacher leur caractère d’images factices ».

« Assassinat des généraux » Photo-montage de E.Appert.

*Pour celles et ceux qui suivent 🙂 vous retrouverez dans cette exposition une photo de la cour de la prison de Versailles que vous avez pu voir dans « l’Art d’être Curieux » de novembre 2022 sur l’expo: «C’est à Paris et nulle part ailleurs !» : parmi la foule des prisonnières, on peut voir, en bas à droite, Louise Michel, Paule Minck et Marie Ferré tranquillement assises…
Mais… C’est l’un de ses photos-montages :

La Commune s’achève avec la semaine sanglante (21-28 mai). Plus de 40000 prisonnières et prisonniers sont emmené.es à la prison de Versailles. La répression se poursuit par des milliers de procès et de condamnations à mort ou à la déportation.

Francesca Solleville…
…Chante « La semaine sanglante »

L’ exposition est accompagnée d’un riche programme d’actions culturelles et éducatives ainsi que d’un catalogue publié sous la direction d’Anne Yanover aux éditions Libertalia.

MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE PAUL ELUARD
22 bis, rue Gabriel Péri 93200 Saint-Denis
01 83 72 24 55

Du 9 décembre 2022 au 6 mars 2023
Tarifs : Entrée 5€, tarif réduit 3€, moins de 16 ans gratuit.
Tous les jours (sauf mardi, fériés, 26 décembre-31 décembre inclus) 10h-17h30, jeudi jsq 20h, samedi et dimanche 14h-18h30
Site web : musee-saint-denis.com
www.musee-saint-denis.fr

MERCI À KADIA RACHEDI

POUR LA RÉALISATION DE CET ARTICLE

ET DES PHOTOS!

LE MUSÉE INHABITUEL

Le musée Soulages. Esquisse pour le projet. RCR Arquitectes.

RCR arquitectes

Ici et ailleurs,

la matière et le temps.

Refermons fermement l’agenda 2022 et ses écheveaux de tristesse !
En ce début d’année, retournons au Musée Soulages à Rodez en Aveyron pour y rencontrer le cabinet d’architectes RCR, à qui fut confiée sa réalisation.

RCR pour Ramon Vilalta, Carme Pigem et Rafaël Aranda, les trois architectes qui remportèrent en 2008 le concours international pour la réalisation d’un musée dédié à Pierre Soulages à Rodez en Aveyron.
Iels présentèrent un projet de bâtiment allongé et semi-enterré sur lequel s’élèvent des parallélépipèdes bardés d’acier Corten, cet acier moiré de rouille.
La construction s’allongera au nord de la ville de Rodez : « un musée dans un jardin » comme le souhaitait Pierre Soulages. Les RCR, comme à leur habitude, s’étaient rapprochés de Soulages pour comprendre son œuvre et notamment le passage du noir à la lumière, ce qui se traduit en architecture par des surfaces et des volumes qui filtrent la lumière, pour accueillir les œuvres.

Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta de RCR Arquitectes, studio Albert Bertran. (c) RCR

Le musée fut construit de 2010 à 2014. En noir et brun, il souligne un rapprochement entre le bâti et l’oeuvre du peintre, entre le brou de noix et l’acier. S’il existe beaucoup de musées dédiés à l’oeuvre d’un.e peintre (musée Picasso, musée Hartung, musée Dubuffet, musée Chagall… Et bien d’autres…) seul le musée de Rodez présenta l’oeuvre d’un artiste en activité. De plus, fait aussi innovant, il se situe en centre-ville de Rodez, comme une sorte de contrepoint à la cathédrale!

Rodez. Photo: (c) Hisao Suzuki.

Comme toujours au musée Soulages, l’exposition sur le cabinet RCR est une parfaite réussite!
L’agencement de l’espace – très lumineux – consacré aux expos temporaires permet une libre déambulation au milieu de leurs réalisations et de leurs projets. On peut virevolter, admirer, se pencher tout près pour capter un détail… Puis repartir vers l’oeuvre de Soulages dans les salles un peu obscures et revenir plonger dans la lumière. Un va-et-vient qui permet de comprendre l’inspiration des architectes catalans!

Une salle de lexposition RCR.
Une salle Soulages. Photo:(c) Hisao Suzuki.

« L’exposition RCR Arquitectes. Ici et ailleurs, la matière et le temps rend hommage au travail des RCR avec une importante sélection représentative de maquettes, de plans, d’esquisses, de gouaches, vidéogrammes et de photographies sur plus de 30 années de création des RCR.
La scénographie s’appuie sur trois ensembles distincts et constitutifs de l’expérience RCR: le paysage, l’architecture et le design. (…) À ces trois espaces scénographiques est ajoutée une salle destinée au musée Soulages, à son histoire et à son avenir.

En 2020, le Centre Pompidou présenta une importante donation des RCR Arquitectes : les prêts de l’exposition à Rodez en proviennent en partie. (…) L’ensemble est varié, maquettes, plans, dessins et gouaches. D’autres prêts proviennent des collections RCR d’Olot en particulier des maquettes d’architecture, des meubles, des sièges, des maquettes d’objets, des éditions pour l’industrie, notamment des appareils sanitaires…

L’exposition est ponctuée d’œuvres qui ont irrigué la créativité des RCR : Donald Judd, Joan Miró, Claudi Casanovas, Leonci Quera, Pierre Soulages, Salvador Dalí… Un dialogue avec les artistes se noue en salle d’exposition. » Benoît Decron Directeur du musée Soulages.

Maquette du musée Soulages. RCR.
Maquette Ile Seguin à Boulogne Billancourt.
Chaise longue « Territorio Cercas »
Espace Barberi, Olot. Espagne.
Joan Miro. « Tête d’oiseau » . 1972

Pierre SOULAGES

C’est toujours un véritable ravissement pour moi de parcourir les salles du musée Soulages. Aujourd’hui, je les revisite avec beaucoup d’émotions et de tendresse… Le géant noir nous a quitté cette année et, bien qu’il nous reste un oeuvre considérable, on se prend à rêver d’immortalité et à ce qu’auraient été de nouvelles créations!
Juste au moment de sa disparition, cinq oeuvres ont été accrochées au musée de Rodez, dépots de collectionneurs particuliers.
Mon jeu sera de les retrouver! Je dois dire fièrement que je les ai toutes identifiées et me suis rendu compte à quel point ce musée m’est familier…

Cependant, j’ai voulu interroger une hôtesse pour plus de certitude. Celle-ci m’a gentiment orienté vers une salle en me disant: « Vous verrez c’est une grande toile noire et marron! » et je n’ai pas pu m’empêcher de lui répondre que je ne risquais donc pas de la louper 🙂
Et cette grande toile noire et marron est ma préférée:

Huile et acrylique 1982

… Je vous invite à chercher les autres, à travers les salles,
tout aussi fortes et remarquables…

Pour le plaisir et le souvenir, revenons sur l’inauguration du musée Soulages en 2014:

LA GRANDE MAGIE DE LA RÉNOVATION

Restauration de la Galerie Mansart de la BnF
Photo:(c) J-C Ballot

Le nouveau site Richelieu

de la BnF

En travaux pendant près de dix ans, le site « Richelieu » de la Bibliothèque Nationale de France à Paris à réouvert ses majestueuses portes en septembre dernier, pour offrir au public un lieu lumineux et aéré.
Initialement accessible aux seul.es lecteurs/lectrices enregistré.es (étudiant.es, chercheurs..) la BnF
propose maintenant une salle de lecture – la salle Ovale – en accès libre, ainsi que plusieurs salles du musée où se trouvent des expositions permanentes (médailles, livres, manuscrits,disques, estampes, jeux vidéos…) et temporaires.
On peut aussi admirer la salle Labrouste, bibliothèque de l’INHA ( Institut National d’Histoire de l’Art).

Escalier du hall d’entrée. Photo:(c) Laurent Julliand.

En recomposant les espaces, les architectes Virginie Bregal et Bruno Gaudin ont permis de désacraliser le lieu en le rendant accueillant, tout en gardant cette atmosphère feutrée si chère aux bibliothèques!
Puits de lumières, baies vitrées et mobilier moderne du hall d’accueil participent à la convivialité des lieux de passages vers les salles mythiques et le Musée.

La salle Labrouste

La salle Labrouste. Photo: (c) Kadia Rachedi

Bibliothèque de recherche en Histoire de l’Art, la salle est néanmoins accessible au public qui pourra admirer silencieusement et rapidement les décors fabuleux des murs et du plafond.

La salle Labrouste. Photos: (c) Kadia Rachedi.

La salle Ovale

Cette magnifique et immense salle, fermée pour travaux pendant six ans, devient une salle gratuite, ouverte à tous et toutes, a vu arriver entre 1500 et 3000 visites/jour depuis son ouverture en Septembre!
Six mille ouvrages sur l’Histoire des Arts et du Patrimoine, neuf mille BD et un calendrier impressionnant d’animations, de rencontres et de lectures sont proposés aux lecteurs et lectrices de tous âges.
Grâce à des bornes interactives et des « niches » d’écoute au casque, on peut accéder à des documents exceptionnels… J’ai ainsi pu écouter la voix de Gérard Philipe dans un extrait du Cid et plus loin, jouer à enfiler des costumes de théâtre!

CHUUUUT!

La salle Ovale. Photo:(c) Kadia Rachedi
Plafond de la salle ovale. photo:(c) Kadia Rachedi.

Quel que soit son âge, le public qui pénètre à la BnF adopte d’instinct une attitude silencieusement respectueuse… Les enfants jouent calmement et les ados retiennent la porte sur votre passage… Magie du lieu!
Ou peut-être que celles et ceux qui lisent ou travaillent irradient de calme et de sérénité…


En pratique:

La BnF est accessible par la rue Richelieu et par la rue Vivienne 75002 PARIS.
Voir les horaires sur le site: www.bnf.fr

EXPOSITION TEMPORAIRE:
« Molière, le jeu du vrai et du faux » Jusqu’au 15 janvier 2023.
Cette exposition réunit un ensemble exceptionnel d’œuvres d’art, de pièces d’archives, d’éditions originales, de costumes, de photographies, de maquettes de décors et de documents audiovisuels.

MÉMOIRES DE PIERRE…

Statues-menhirs au musée de Lattes

dans l’Hérault

Entrée du Musée Henri-Prades à Lattes

Le Musée archéologique Henri-Prades est situé dans la commune de Lattes, dans le département de l’Hérault. Il est nommé en l’honneur de l’archéologue Henri Prades, à l’origine des premières fouilles sur le site dans les années 1960.
Aménagé dans l’ancien mas Saint-Sauveur, près du chantier de fouilles du port antique de Lattara, le musée archéologique présente le résultat des fouilles menées à Lattes par Henri Prades et le Groupe Archéologique Painlevé dès 1963 et, depuis 1983, par l’équipe scientifique pluridisciplinaire du C.N.R.S. Le musée archéologique témoigne de la vie quotidienne locale durant l’Antiquité.
Il vous invite à découvrir le port antique de Lattara et les différentes civilisations anciennes qui l’ont occupé. Il est également possible de découvrir d’autres civilisations méditerranéennes antiques à travers les expositions temporaires réalisées en partenariat avec des musées français et étrangers.

Diane DUSSEAUX

Laissons à Diane DUSSEAUX, Conservatrice du Patrimoine
et Directrice du Site archéologique Lattara/Musée Henri Prades, le soin de nous présenter ce site:

UNE EXPOSITION FASCINANTE

Cet hiver, le musée vous propose de pénétrer dans l’univers envoutant des Statues-Menhirs.
Articulée autour de 4 sections, l’exposition nous transporte au Néolithique, dans la région Occitanie, pour découvrir ces sculptures incroyables que sont les statues-menhirs.
Pierres dressées, gravées ou sculptées, elles s’apparentent aux menhirs, plus connus et qui nous sont plus familiers. On en a comptabilisé plus de 200 dans la Région Occitanie, qui datent de 3200 à 3500 avant notre ère.

Cartographie de Statues-menhirs….
En Occitanie.

Ces statues représentent des êtres humains (femmes ou hommes?) en buste ou en entier. Sur la face, le dos et les côtés, elles portent des motifs gravés ou en léger relief qui représentent des attributs physiques: bouches, yeux, mains, seins ou des parures vestimentaires ou/et guerrières.
Dans une période où les pierres dressées – menhirs et dolmens – sont une tradition depuis plusieurs siècles, la présence de ces statues-menhirs attestent d’un changement culturel important: représenter l’humain.
Le sens de ces créations restent encore un mystère, comme le sens des peintures pariétales des grottes ornées, et beaucoup de questions émergent en les admirant: qui sont ces personnes représentées? Pourquoi? Est-ce que l’Art avait une place particulière dans ces sociétés?… La liste des mystères est longue et c’est ce qui, de mon point de vue, en fait le charme et déclenche la fascination!
Ce qui crée l’atmosphère si particulière de cette exposition, c’est l’impression de deviner un sourire, ou une attitude solennellement posée, et percevoir, à travers les traits gravés, le geste de l’artiste…
Émouvante rencontre!

Statue-menhir de Frescaty / Lacaune (Tarn) Grès.

Cependant, il apparaît que les personnages représentés portent des attributs qui correspondent à des objets de valeur (haches, colliers…) Ce seraient donc des êtres détenteurs d’un certain statut: héros, ancêtres ou dignitaires… Reconnus par leurs pairs, ils sont placés, dressés dans des endroits stratégiques et visibles par le plus grand nombre, avec la volonté de marquer visuellement leurs territoires.

Diane DUSSEAUX

Retrouvons Diane Dusseaux qui nous raconte – avec passion! – les STATUES-MENHIRS:

Statue-menhir de la Jasse du Terral. Niolles (Tarn) Grès.

ANIMATIONS
Un livret-jeux est à disposition du jeune public pour pimenter leurs visites et l’équipe du Musée organise des animations pour toutes tranches d’âge.
J’attire particulièrement votre attention sur celles qui se dérouleront lors des vacances scolaires de Noël: j’ai ouï-dire qu’une association va entraîner les enfants à réaliser un film d’animation autour des statues-menhirs… Nombre de participant.es limité… Inscription obligatoire! (voir plus bas)

Un petit moment de poésie:

PRATICO-PRATIC:

Musée Henri Prades/Site Archéologique Lattara:
390 route de Pérols 34970 LATTES (
moins de 20 km de Montpellier et très bien fléché!)
10h-12h et 13h30-17 h sauf les mardis.
0499547820
(Renseignements et inscriptions animations)

PHOTOS: (c) Sylvie MAUGIS

Parisiennes… Citoyennes… Artistes étranger.es

C’est à Paris et


nulle part ailleurs!

Niki de Saint Phalle… Que vous retrouverez dans les deux expos…

« Parisiennes citoyennes !

Engagements pour l’émancipation

des femmes (1789-2000) »

Le Musée Carnavalet – Histoire de Paris, est le plus vieux musée de la capitale. Il a ouvert au public le 25 février 1880 dans l’hôtel Carnavalet situé au cœur du Marais, l’un des quartiers de la capitale où le patrimoine architectural est particulièrement préservé.
Depuis 142 ans, ses collections, sans cesse enrichies, retracent l’histoire de Paris, de la préhistoire à nos jours.

Musée Carnavalet L’entrée de l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau au temps de son occupation par la société de Factage parisien, Eugène-Edmond Valton, vers 1866
© Musée Carnavalet – Histoire de Paris / Ville de Paris (photo)

Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est la première fois depuis son ouverture que le Musée Carnavalet-Histoire de Paris, présente une exposition essentiellement consacrée aux femmes: « Parisiennes, citoyennes ! »

Un fil chronologique
Le parcours de l’exposition suit un fil chronologique qui commence avec la revendication du «droit de cité » pour les femmes, pendant la Révolution, et se clôt avec la loi sur la parité, en 2000: une ambitieuse traversée historique qui suit les traces des luttes que les femmes ont menées, à Paris, pour leur émancipation.

Présentation de l’exposition par Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers, membre de l’Institut universitaire de France,
Commissariat scientifique extérieur de l’exposition:

Christine BARD.
Photo: Laurence Prat.

Avant d’accéder à la première salle de l’exposition, notre regard est arrêté par des fanions portant les prénoms de femmes qui ont traversé l’histoire, et l’on peut déjà s’amuser à retrouver des noms…


Tout au long de notre déambulation, nous croisons des citoyennes révolutionnaires de 1789, de 1830, de 1848, des Communardes, des suffragettes, des pacifistes, des résistantes, des femmes politiques ou syndicalistes, des militantes féministes, des artistes et des intellectuelles engagées, des travailleuses en grève, des collectifs de femmes immigrées.

Une exposition joyeuses, par Christine Bard

Des années 1789 à 2000 se déploie une dynamique de l’émancipation des femmes explorée dans toutes ses dimensions : elle implique le droit à l’instruction comme celui de travailler, les droits civils et les droits civiques, si difficiles à obtenir, mais aussi la liberté de disposer de son corps et l’accès à la création artistique et culturelle.

Peintures, sculptures, photographies, films, archives, affiches, manuscrits, ou autres objets militants, voire insolites, rendent compte de la diversité des combats et des modes de revendications.
Dans une vitrine, un livre en dit plus que tout sur les obstacles que les femmes ont réussi à franchir c’est celui de Maréchal Sylvain: « Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes (1801) ». Cent treize considérations qui précèdent les quatre-vingts articles de la loi dans la lignée d’une tradition d’idées misogynes et sexistes concrétisées pour certaines dans le Code civil de Bonaparte en 1804.

Au fil de votre visite, vous allez croiser ces Parisiennes citoyennes aux mille et un visages au service d’innombrables causes, dans une capitale qui crée l’événement, fabrique des icônes et rend possible les avant-gardes et les combats collectifs.
Je peux vous assurer qu’il m’a été difficile de ne pouvoir choisir que quelques photos car tout ce qui est présenté dans l’exposition a toute son importance. Mais, faisant fi de mes états d’âme, en voici quelques unes : femmes dans un club patriotique, un extrait de journal, des communardes emprisonnées à Versailles (si vous regardez bien, en bas à gauche vous reconnaitrez Louis Michel), des Midinettes en grève, Séverine, première journaliste et première femme à diriger un journal « Le Cri du peuple », Maria Vérone, suffragette, Rose Zener, militante syndicaliste…

Dans cette exposition, vous allez découvrir – ou redécouvrir – les contextes historiques dans lesquels ces « Parisiennes, citoyennes » se sont engagées pour l’émancipation des femmes.

Lesueur: « Club patriotique de femmes »
Commune de Paris. La prison de Versailles.
« Grève des midinettes »
Séverine. Première femme à diriger un journal
Rose Zener. Militante syndicaliste.
Slogan des années MLF. (Mouvement de Libération des Femmes)

MUSÉE CARNAVALET – HISTOIRE E PARIS:
23 rue de Sévigné 75003 PARIS
Le musée est ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Le parcours permanent est gratuit. Les expositions temporaires (comme celle-ci) sont payantes.

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« 1945-1972 l’Art migre à Paris

et nulle part ailleurs »

Une exposition foisonnante à ne pas manquer!

Construit à l’occasion de l’Exposition coloniale internationale de 1931, considéré comme un joyau de l’Art déco, la vocation première du Palais de la Porte Dorée fut d’être un musée des colonies, devant représenter les territoires, l’histoire de la conquête coloniale et son incidence sur les arts. Considéré de manière unanime comme l’un des ensembles années 30 les plus remarquables de Paris, il incarne aujourd’hui un témoignage précieux de la conception muséographique d’une époque où ce type d’établissement jouait un rôle central dans la diffusion et le partage des connaissances. Après avoir changé plusieurs fois d’appellations, il prend le nom de Musée National de l’Histoire de l’Immigration le 1er janvier 2012.

« L’art migre à Paris et nulle part ailleurs – 24 artistes étrangers à Paris de 1945 – 1972 », la plus grande exposition d’art présentée dans ce musée à ce jour, est une exposition riche et passionnante qui stimule le regard, l’esprit, le corps, avec des œuvres variées, tant par leurs techniques (peintures, collages, sculptures, installations, assemblages) que par leurs formats, sans perdre en cohérence.
À cette époque, sur les 15 000 artistes actifs à Paris 60 à 65 % d’entre eux sont des étrangers venus des quatre coins du monde.
Le parcours est organisé en quatre parties thématiques : « l’exil », « le mélange des cultures d’accueil et d’origine », « le sentiment d’étrangeté » et « la construction d’un langage sans frontières » et ceci dans un quotidien parfois difficile dans une ville cosmopolite devenue leur nouveau foyer.

Présentation de l’exposition par le Commissaire
Jean-Paul AMELINE:


On ne quitte pas son foyer sans raison. Si certain·es artistes viennent à Paris pour apprendre leur métier, rejoindre un mouvement artistique, d’autres fuient un régime politique ou une société hostile. Paris est, en ces années d’après-guerre, un carrefour cosmopolite où l’on perd ses repères pour en créer de nouveaux.

La remémoration positive ou négative par J.P AMELINE
Antonio SEGUI…

Sur les 24 artistes étrangers présents dans l’exposition, on dénombre seulement sept artistes femmes. Six sont présentes par leurs œuvres, leurs portraits et leurs voix, et Niki de Saint Phalle par cette photo seulement:


On peut s’étonner de la très très faible représentation des artistes femmes quand on parle d’une présence de 60 à 65% d’artistes étrangers dans la période concernée.
Pour rééquilibrer, un peu, et donner de la visibilité à ces artistes, nous allons vous faire découvrir (ou redécouvrir) quelques unes de leurs œuvres que vous pourrez retrouver dans l’exposition et bien d’autres encore et vous faire entrer dans certains de leurs ateliers…

Et l’étonnante Véra MOLNAR:

Véra MOLNAR: « Lettres de ma mère »

Vous pourrez aussi voir comment certains peintres représentent les femmes.
Pour les artistes femmes comme pour les artistes hommes, après la Seconde guerre mondiale, malgré l’attractivité de plus en plus forte de New York, c’est encore à Paris, et, pour beaucoup, nulle part ailleurs, qu’il faut aller se former, créer, exposer, confronter son travail à celui des autres, écrire l’histoire de l’art.
Ces années ont vu l’émergence de nouvelles visions artistiques,  dans le domaine de l’abstraction, de la figuration et de l’art cinétique.
En migrant, ces artistes ont participé de la migration de l’art, un art pour toutes et tous, au-delà des frontières, des barrières de langue, de culture ou du milieu social.

Milvia Maglione coud sur des toiles toutes sortes d’objets empruntés à l’univers féminin, déconnectés de leur usage, Maria Helena Vieira da Silva garde en mémoire les perspectives urbaines de sa Lisbonne natale et Joan Mitchell revisite l’expressionnisme abstrait new-yorkais en s’imprégnant des paysages des impressionnistes.

MUSÉE NATIONAL DE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION
293, avenue Daumesnil – 75012 Paris
Du mardi au vendredi de 10h à 17h30. Le samedi et le dimanche de 10h à 19h
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Un grand merci à KADIA RACHEDI pour le compte-rendu et les photos
de ces deux expositions parisiennes!

MÉTAMORPHOSE…

à Montpellier…

Derrière cette affiche très kitch – et à mon sens peu représentative – l’exposition:
« Métamorphose/ La photographie en France 1968-1989 » s’expose au Pavillon Populaire de Montpellier.
Une très belle et très forte exposition sur un art qui a connu un tournant important dans les années 70… Plus seulement illustration de Presse, la photographie se trouve reconnue comme un fait culturel, un Art à part entière. Engagement social et/ou politique, le regard posé par les photographes va réinventer la façon de voir et d’analyser la société et s’impose dans les galeries, les musées et les Centre Culturels de quartiers… Là où sont les gens.

Cette exposition s’articule sur plusieurs thèmes:  » Nouvelles écritures », « Corps en liberté », « Présence des choses », « Viv(r)e la crise », « Paysages contemporains » et « Espaces de l’image ».
Chaque séquence vous fera rencontrer des photographes peu ou pas connu.es du grand public et des « noms » repérés comme Depardon, Salgado, Sarah Moon, Bettina Rheims, Lafont … Qui ont toutes et tous posé leur empreinte sur la photographie.
Des barricades de Mai 68 à Paris aux portraits d’ouvrières de province, le noir et blanc nous saisit, puis les clichés en couleur retravaillées et forcées nous replongent dans le souvenir de nos fêtes de famille ou de nos vacances.
Il est intéressant de souligner qu’un nombre important de femmes photographes sont exposées dans cette rétrospective! Par leurs refus de s’enfermer dans des sujets dits féminins, par leur humour et l’innovation des cadrages, elles reflètent les luttes féministes de l’époque.

(c) Jeanine NIEPCE.
Manifestante brandit un drapeau rouge pendant une manif de la CGT Paris 1968
(c) Martine BARRAT.
Mon ami Malik, content dans sa petite maison. Quartier de la Goutte d’Or à Paris.1982
(c) Sarah Moon. Invitation Cacharel 1982
(c) Alix CLÉO ROUBAUD. Autoportrait 1981
(c) Raymond DEPARDON. San Clemente 1979
Sébastiao SALGADO. Mali/Éthiopie. 1984/1985
(c) Suzanne LAFONT. Sans titre 1989
(c) Bettina RHEIMS. Série « Modern Lovers » 1990

LE PAVILLON POPULAIRE, situé sur l’esplanade Charles de Gaulle, près de la place de la Comédie, à Montpellier, est en accès gratuit du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14hà 18h.
De nombreuses visites guidées, gratuites également, sont proposées aux publics de tous âges
(Enfants de 3/11 ans et adultes) horaires au 04 67 66 13 46