BELLES RENCONTRES

Ancien évêché d’Uzès (Gard)

C’est dans l‘ancien évêché d’Uzès dans le Gard que vous ferez ces belles rencontres!
Après des travaux de rénovation colossaux qui ont duré plusieurs années, un étage entier de l’ancien évêché est désormais consacré aux expositions.
La première a eu lieu en 2022, autour de « morceaux choisis » de l’Histoire de l’Art du XIX° et XX° siècle: Dufy, Picasso, Renoir, César…

Escalier d’accès aux salles d’exposition


L’exposition présentée jusqu’au 15 octobre fait se rencontrer deux artistes vraiment différents, et pourtant leur juxtaposition apparaît comme une évidence!

« CÉSAR et CHABAUD,

deux artistes en liberté »

Plus de 70 oeuvres – peintures et sculptures – de ces deux artistes nés dans le Sud, se répondent au gré des salles, et si l’on est surpris au premier abord, la mise en espace très étonnante permet un regard croisé vraiment passionnant! Comme par exemple, une sculpture de César représentant une théière rouge, jaune et noire positionnée juste devant le tableau de Chabaud  » Carnaval » dans les mêmes tons exactement…

À noter que la Presse n’a eu le droit de photographier que très peu d’oeuvres… Car elles sont la propriété de collectionneurs privés qui redoutent la copie de faussaires à partir d’une photo et l’organisation d’un trafic!
En effet, le démantèlement d’un réseau de faussaires, qui a écoulé des centaines de faux César dans des galeries d’art et chez des commissaires-priseurs, a eu lieu en Septembre 2001. Le procès aboutit à la condamnation de marchands, faussaires et intermédiaires accusés d’avoir contrefait des œuvres du sculpteur. Le principal accusé, le faussaire Éric Piedoie le Tiec, déjà condamné pour contrefaçons, écopera de 4 ans de prison. (Source:Wikipédia)

Auguste CHABAUD est né à Nîmes en 1882. Il rentre aux Beaux-Arts pour se consacrer à sa passion qu’est la peinture. En 1899 il s’installe à Paris où il rencontrera des artistes comme Matisse, Derain et surtout Van Dongen qui l’inspirera fortement.
Il va exposer au « Salon des Indépendants », là où ces artistes seront appelés « les Fauves » à cause de leurs partis pris de couleurs violentes et contrastées… On dira de lui que « C’est l’un des fauves le moins soucieux d’être dompté! »
Il marquera une fascination pour celles que l’on nommait « Les filles de joie » autant que pour les mondaines et ses portraits aux forts à plats rouges et noirs font ressortir leurs traits et par là leurs destinées de femmes de la « Belle-Époque »…
Il s’attachera aussi à des figures comme les pompiers, les spahis, les bourgeois en hauts de forme, les défilés de Carnaval ou les conducteurs de fiacre… Tous ces hommes qui peuplent les rues au quotidien.

« Le pompier devant la grande échelle » 1907.1908
« La femme à l’étole de fourrure » 1907.1908
« Le fiacre » 1906


C’est à Marseille qu’est né César Baldaccini, dit « CÉSAR ». Lui aussi suivra les cours des Beaux-Arts à Marseille, et très vite il obtiendra des prix en dessin, en architecture et en gravure. Lui aussi « montera » à Paris pour entrer à l’École Supérieure Nationale des Beaux-Arts…
Devant l’impossibilité pour lui de travailler la pierre, en raison de son coût, il se tournera vers d’autres matériaux comme le plâtre et le fer et s’initie à la soudure à l’arc. Sa visite à Pompeï et la vision des corps saisis dans la lave va être une source d’inspiration importante…
Connu pour ses « compressions » de voitures, il l’est moins pour ses sculptures et cette exposition nous permet d’en voir de très belles!
Le sculpteur est aussi le créateur du trophée en bronze de la cérémonie du cinéma français, nommée donc: « Cérémonie des Césars ».

« César » d’honneur 1993 décerné au réalisateur Gérard Oury.
« Compressions »
« Le poisson »
« Compression Segafredo »

En guise de conclusion…
Comme je m’étonnais qu’il n’y ait qu’un vigile, car les photos étant interdites et que c’est un travail de surveillance colossal, je me suis rapprochée de Karim, le gardien de l’exposition.
Et là, j’ai fait la rencontre que tout amateur d’Art rêve de faire!
Karim travaille pour une société de surveillance privée et a l’habitude, comme il dit, de surveiller de façon énergique des magasins etc. Avec un grand sourire, il me raconte sa découverte étonnée du milieu de l’Art, du côté très calme du boulot, et de la rencontre avec Chabaud.
Il m’emmène vers un tableau de Chabaud: « Les hauts de forme » et me montre malicieusement ce qui l’a bouleversé: la luminescence des bouts incandescents de leurs cigares.

PRATICO-PRATIQUE

Il faut choisir absolument la visite commentée par le commissaire de l’exposition Marc Stammegna (voir les jours sur le site de la Ville d’Uzès) pour faire la connaissance d’un « personnage » dans le sens théâtral du terme: il vous guidera à la rencontre des deux artistes avec beaucoup d’humour et de passion, truffant sa déambulation d’anecdotes et de « focus » historiques.
Jamais pédant, et d’une telle Culture que l’Histoire de l’Art devient savoureuse et si accessible!

L’exposition est ouverte du lundi au dimanche (sauf le mardi) de 10h à 19h.
Ancien évêché d’Uzès. 1 place de l’évêché à Uzès ( Gard)

LÉON MONET… FRÈRE DE L’AUTRE

Une histoire de famille, de couleurs…

… De collectionneurs et de transmission

Le Musée du Luxembourg à Paris présente une exposition inédite dédiée à Léon Monet (1836-1917):

« LÉON MONET, FRÈRE DE L’ARTISTE ET COLLECTIONNEUR ».


Chimiste en couleurs, à la fois industriel rouennais dans la chimie des colorants synthétiques et collectionneur d’œuvres d’art, Léon Monet joue un rôle décisif dans la carrière de son frère Claude Monet, le peintre impressionniste (1840-1926) et soutient très tôt les impressionnistes et les artistes rouennais.
L’exposition réunit une centaine d’œuvres. On y retrouve, entre autres, des peintures de Claude Monet, Berthe Morisot, Alfred Sisley, Camille Pissarro ou Auguste Renoir, mais aussi des livres de couleurs, des échantillons de tissus, des estampes japonaises, des documents d’archives et de nombreuses photographies de famille.
Et parmi des inédits, présentés pour la première fois, le premier carnet de dessins de Claude Monet, daté de 1856 et le portrait de son frère Léon, exécuté par l’artiste en 1874, année de la première exposition impressionniste à Paris. Pour des raisons inconnues, Léon Monet a gardé caché ce portrait qui, aujourd’hui, «s’affiche» pour illustrer cette exposition qui inscrit, définitivement, Léon Monet dans la biographie de Claude et montre l’intérêt partagé des deux frères pour la couleur.

Une histoire de famille

Léon et Claude. 1° salle de l’exposition

Léon et Claude Monet nous accueillent. Entre leurs deux portraits, le tableau « Jardin en fleurs à Sainte-Adresse », peint par Claude vers 1866 : une vue de sa chambre dans la villa « Le Coteau », près du Havre, qui appartient à leur oncle et tante paternels, chez qui la famille s’installe en 1845.

Arbres généalogiques
Farandole de famille
Photo de Famille.

Dès qu’il est en âge de travailler, Léon est recruté comme commis dans l’entreprise familiale d’épicerie en gros. Plus tard, il décide d’étudier la chimie des couleurs.
De son côté, Claude s’intéresse à l’art, sa matière préférée et, il commence à dessiner dès l’âge de 15 ans. La tante, Marie-Jeanne Lecadre, peintre amateure, l’encourage et lui présente l’artiste Armand Gautier (1825-1894).

Une histoire de couleurs

Après des études de chimie, Léon Monet quitte le Havre pour Rouen où il est représentant de commerce pour une fabrique d’indienne.
Geigy & Co, une société suisse de produits chimiques installée à proximité de Rouen, lui confie la remise en état d’un moulin à papier acheté dans la vallée à Maromme pour la constitution d’une manufacture de produits de teinture dont il devient directeur en 1892. Léon Monet se spécialise dans l’impression des cotons et dans les teintures pour soie, laine et coton. Il y emploie son neveu Jean Monet comme chimiste .

La cour de l’usine de Maromme
Tissus
La palette de Claude Monet..

Claude Monet, «le patriarche» de l’impressionnisme a trouvé la gloire en fusionnant avec la nature. Mais ce que le plein air lui a inspiré, il l’a peint avec des couleurs synthétiques. Et ces tubes de pâte à base de lanoline, c’était Léon, l’industriel de la chimie, qui les produisait. Ce n’est pas anodin : devant de grandes photographies d’usines, ses nuanciers, grands albums ouverts, ou ces échantillons de tissus, mousselines ou indiennes chatoyantes sont exposés à côté de la palette du peintre.

Une histoire de collectionneurs

Les critiques de l’époque s’acharnaient à dire que Claude Monet ne savait pas dessiner.
Vraiment ? Léon Monet, son frère, le soutient au point d’acheter ses premiers dessins, réalisés lorsque l’artiste avait seulement 15 ans!

En 1872 et alors que son frère achève la toile fondatrice de l’impressionnisme, «Impression soleil levant» (une vue du port industriel du Havre), Léon Monet co-fonde la Société industrielle de Rouen et décide d’apporter un soutien actif à son frère et ses amis impressionnistes. Ce sont les prémices de la constitution d’une remarquable collection d’art moderne. Léon Monet collectionne des œuvres de Claude Monet, Camille Pissarro, Auguste Renoir et Alfred Sisley. L’exposition révèle également le goût des deux frères pour la couleur, Léon Monet dans l’industrie textile et Claude dans ses peintures et pour les estampes japonaises… 

Lettre et dessin à Camille Pissaro
Auguste Renoir: « Claude Monet lisant »
Auguste Renoir: « Institut au Quai Malaquais »
Berthe Morisot: « Sur la plage, Les-Petites-Dalles  » Fécamp 1873

Le parcours se clôt sur les œuvres ultimes de Claude Monet, sa représentation de plus en plus abstraite de son jardin de Giverny, unique motif de ses peintures alors qu’il est atteint de la cataracte, ce qui altère sa perception des couleurs.
Cependant, l’histoire de famille ne s’arrête pas là: écoutons la Commissaire de l’exposition Géraldine Lefebvre qui nous parle de Giverny et nous explique pourquoi, près d’un siècle après la mort de Claude Monet, s’il est toujours possible de visiter la maison de Claude Monet et les jardins, c’est grâce à la petite-fille de Léon Monet, Françoise, qui a grandi dans le souvenir et l’admiration de son grand-oncle Claude Monet. Dermatologue, elle manie aussi avec passion les crayons et les pinceaux et s’initie au dessin académique.
Avant son décès à l’âge de quatre-vingt-onze ans, le 21 décembre 2017, Françoise a émis deux souhaits: voir un jour l’histoire de Léon et de Claude Monet, son grand-père et son grand-oncle, révélée, et que le portrait de Léon Monet, peint par Claude en 1874 rejoigne un jour les collections publiques françaises.
Peu à peu abandonnés à la mort du peintre, les jardins seront restaurés à partir de 1977 avant d’être ouverts au public le 1er juin 1980. ( Cf : L’Art d’être Curieux du 15/08/2021)

Géraldine Lefebvre
… et son ouvrage.2019
Léon Monet et sa fille Louise
Françoise, petite-fille de Léon Monet et son mari

Article et photos de Kadia RACHEDI

Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard à Paris, dans le 6° arrondissement.
Tous les jours de 10h30 à 19h, nocturnes les lundis jusqu’à 22 heures.

LES CARRIÈRES DE LUMIÈRES…

Entrée des Carrières de Lumière aux Baux de Provence

… LA FASCINATION RENOUVELÉE!

Depuis l’ouverture des Carrières de Lumière aux Baux de Provence, je n’ai jamais « loupé » une exposition: Dali, Venise, Gaudi, Van Gogh, Klein…. Trouvent là un hommage absolument fascinant!
Hommage aussi à ces hommes et ces femmes qui ont travaillé dans ces carrières, et les expositions sont émouvantes de cette complicité entre carriers et artistes.


Si vous ne connaissez pas le concept des Carrières de Lumières, je préfère vous laisser visionner ces 3 courts documentaires, réalisés pour FR3 sur l’exposition Van Gogh en 2019:


« DE VERMEER À VAN GOGH

LES MAÎTRES HOLLANDAIS »

Dès la porte passée, l’étrange ambiance des projections géantes et de la musique nous happe…
Sur cette exposition, on va d’abord traverser deux périodes importantes de l’art hollandais: de 1600 à 1750 où se joue une peinture de facture assez classique avec des thématiques comme le portrait, la vie quotidienne, la foi, les paysages…

Puis la peinture éclatante de Van Gogh, à partir de 1850, qui a quitté la Hollande pour venir découvrir la lumière et la chaleur de la Provence et nous offre des tournesols et des champs de blés dorés pour accueillir nos siestes d’été!


Par la mise en mouvement et le focus sur certaines parties des oeuvres projetées, le spectateur pénètre dans le tableau, et y découvre des détails savoureux: un visage, un éclat de lumière, un bijou…
Musiques d’époque et parfois airs de jazz ponctuent notre traversée de la peinture des maîtres flamands, et on se surprend à danser doucement en admirant un Rembrandt qui nous enveloppe de ses tons ocrés!

On s’amuse à faire le tour des Carrières dans tous les sens pour voir d’où la vision est la plus exaltante! Jouer avec les lumières et les sons… Ou bien, se poser à un endroit pour laisser venir les images…
Tout est permis! Cette absolue liberté est enivrante et l’idée de repartir ne nous effleure même pas quand la projection s’arrête…
Là, on découvre les Carrières de pierre, vides et majestueuses… Chercher des signes ou de graffitis témoins des moments de labeurs passés…
Et la lumière s’éteint…

MONDRIAN L’ARCHITECTE DES COULEURS

La projection, plus courte, va reprendre sur le peintre Piet Mondrian, artiste et théoricien de l’Art néerlandais du XX° siècle.
Le rythme est saccadé et ses carrés de couleurs se succèdent avec rapidité sur tous les murs de façon délirante. Le souffle coupé, on ne sait plus où regarder, tellement cette explosion de couleur éclabousse les Carrières!

Les projections s’éteignent….
Mais les couleurs resteront gravées dans nos yeux et dans nos coeurs.

Photos: Christian AVENEL

Sur l’un des dépliants que l’on vous offre à l’entrée, vous pourrez flasher un « QR code » qui vous permettra d’accéder à une application très bien réalisée, avec des petits articles sur certaine oeuvres, la liste des compositeurs des musiques utilisées… Une sympathique façon d’accompagner votre visite et de vous replongez dans la magie une fois chez vous!

Avant de partir, vous lirez le dépliant sur la Fondation Culturespaces, placée sous l’égide de la Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE), qui s’engage depuis 2009 en faveur de l’accès à la Culture pour les enfants en situation de maladie, de handicap ou de de précarité sociale… En sensibilisant les enfants à l’Art, la Fondation fait rimer solidarité et créativité… www.culturespaces.com

FERNAND DELIGNY

Fernand Deligny et Janmari dit « Bibi » dans la cuisine de la maison de Graniers dans les Cévennes en 1973
photo : Thierry Boccon-Gibod

Légendes du radeau

C’est au CRAC Occitanie (Centre Régional d’Art Contemporain) de Sète dans l’Hérault que vous pourrez rencontrer le travail de Fernand Deligny, éducateur et cinéaste.
Jusqu’au 29 mai, le CRAC propose un cheminement à travers le travail de Deligny, qui chercha durant toute sa carrière des alternatives aux institutions éducatives et psychiatriques.

Fernand Deligny est né à Bergues, dans le Nord en 1913. D’abord instituteur pour enfants inadaptés, il fut éducateur à L’Institut Médico-Pédagogique (IMP) de l’asile d’Armentière. Là, il commence par supprimer les punitions et met en place des ateliers de créations artistiques, organise des sorties etc.
Ce qui peut nous paraître évident aujourd’hui, était à l’époque fort révolutionnaire, et on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec le travail pédagogique de Celestin Freinet, qui bouscula, quelques temps avant, la rigueur de l’enseignement!

Après avoir créé les premiers foyers de prévention de la délinquance, il fonde une association de prise en charge de « cures libres » d’ados et d’enfants psychotiques…

Au cours de ses différents engagements professionnels, Fernand Deligny précise qu’il cherche moins à éduquer, à réhabiliter ou à guérir qu’à mettre en place des environnements et des circonstances favorables aux changements de comportements des individus.  il insiste sur l’idée que l’éducateur ne doit pas s’appuyer sur le passé du jeune délinquant par exemple mais sur le milieu capable de favoriser un sens de la collectivité. Il s’attaque au volontarisme pédagogique par lequel des éducateurs entendent réformer les éduqués, les incitant à travailler avec les jeunes par des projets formulés avec eux.

Enfin, en 1967, il va s’installer à Monoblet dans les Cévennes où il fonde un réseau de prise en charge d’enfants autistes. Les enfants qui y sont accueillis présentent des symptômes sévères et ne parlent pas, quasiment ou entièrement. Nul programme thérapeutique ou éducatif n’est formulé, il s’agit davantage de « faire cause commune » avec eux, de leur proposer des moments de rupture, un intervalle entre l’approche volontariste et la passivité que Fernand Deligny nomme « un espace tacite ». Il considère que leur mutisme est un élément constitutif de leur être qu’il s’agit non pas d’interpréter mais d’observer.
C’est cette dernière « expérience » qui est mise en avant dans cette très intéressante exposition.
À travers des textes, des dessins, des poèmes, des livres, des extraits d’interviews et ses films, on approche le sens de cette expérimentation, qu’il désigne comme un radeau, à la fois naufrage et salut.

Salle de l’exposition Deligny.
Janmari dans l’atelier des cartes. 1974. Photo: Thierry Boccon-Gibod
Dans les Cévennes, les tâches quotidiennes: vaisselle, repas, feu..
Photos: T.Boccon-Gibot, Alain Cazuc et d’autres membres du réseau.

Il est difficile de vouloir restituer la richesse du travail de Fernand Deligny en quelques mots…
En 2021, un groupe d’étudiant.es de l’IRTS de Montpellier (Institut Régional du Travail Social), futur.es éducateurs et éducatrices spécialisé.es, a réalisé un documentaire sur Deligny:

À la suite de Deligny….

Florian Fouché, Manifeste assisté

À la suite des salles d’exposition Deligny, on accède aux salles consacrées à l’oeuvre de Florian Fouché, sculpteur. Né à Lyon en 1983, il vit et travaille à Paris et enseigne à l’école des Beaux Arts de Lyon. Il réalise des « actions proches », expérimentations sculpturales, lors de visites à son père, hémiplégique à la suite d’un AVC. « Actions proches » dérive de « présences proches » expression de Deligny pour désigner celles et ceux qui veillèrent sur les enfants de Monoblet…

Capture d’une vidéo extraite de « Mémoire aberrante » 2022 (c) F.Fouché

Le CRAC Occitanie est en accès GRATUIT de 12h30 à 19h, sauf les mardis et le 1° mai.
26 quai Aspirant Herber à Sète (34) 0467749437
De nombreuses animations sont proposées tout au long de la période d’exposition.

DINA ET ARISTIDE

Dina VIERNY

De mon adolescence, j’ai gardé une fascination pour Dina Vierny.
Plutôt cancre et une appétence pour tout ce qui touchait aux arts, j’adorais la sculpture et je trainais aussi aux Beaux-Arts en auditeur libre dans la classe de croquis… Un peu en errance, j’ai eu – par chance – un père attentif qui m’emmena un samedi après-midi à Paris (on habitait en banlieue et c’était une sortie...) à la Galerie Dina Vierny.
Accueil chaleureux:  » Oh! Henri! Quel plaisir! Que me vaut ta visite? »
Qui était donc cette petite femme un peu ronde habillée de noir, au visage lumineux, et entourée d’oeuvres si magnifiques?
– « Je te présente ma fille cadette. Elle est dans une section Arts Plastiques au lycée et veut faire une carrière artistique, tu pourrais la conseiller? »
La petite dame me regarde très affectueusement… En riant elle me dit:
– « Tu sais, tu devrais plutôt te diriger vers la décoration! Pour une femme c’est trop dur d’être une artiste! »
Ohhh! qu’elle m’a énervée la dame! Et pour m’énerver un peu plus, mon père m’emmène voir les statues de Maillol aux jardins des Tuileries…
Je n’ai jamais su comment mon père avait pu sympathiser avec Dina Vierny!
Amitiés trotskystes ou de résistance?

Sculptures de Maillol au jardin des Tuileries

Dina Vierny rencontra Aristide Maillol à l’age de quinze ans et fut son modèle préféré. Une belle amitié les a lié pendant des années. Durant la deuxième guerre, elle se réfugia à Banyuls, chez le sculpteur, pour échapper au nazisme et fit le « passeur » pour des antifascistes qui tentent de fuir vers l’Espagne… Pendant l’Occupation elle sera arrêtée, torturée puis emprisonnée.
Maillol en fit sa légataire universelle et après le décès de celui-ci, elle créa la « Fondation Dina Vierny » pour pouvoir gérer les oeuvres de l’artiste.

Le musée Maillol à Banyuls-sur-Mer

Et me voilà à Banyuls-sur-Mer, un bel après-midi d’hiver… Cachée dans la garrigue, la métairie d’Aristide Maillol se laisse désirer, mais la promenade est ravissante!
Et là, en entrant, j’ai un peu l’impression de m’être trompée:

Une incroyable exposition sur les affiches réalisées par les étudiant.e.s des Beaux-Arts en Mai 68 !
« Ne cherchez pas de corrélation! » me dira le monsieur très sympathique de l’accueil… C’est vrai… Il n’y en a -peut-être? – pas… Sauf l’expression d’une révolte, comme celle de Dina pendant l’occupation, qui la conduisit vers la Résistance, ou les Beaux-Arts que Maillol a fréquenté…
Quand on visite la métairie-musée, on ne se pose plus la question, les affiches se mariant étonnamment avec les sculptures exposées!

La visite du musée

Ce qui est remarquable dans ce musée, ce sont – outre les grandes oeuvres – les petites sculptures exposées dans les vitrines et les oeuvres graphiques, peu connues.

La vie quotidienne

Reconstitution de la salle à manger de Marly-le-Roi

Autour de sa table, qui était réputée, se sont réunies beaucoup de personnalités artistiques du siècle.
Aux murs de sa salle à manger, les tapisseries sont de Maillol. Passionné par la tapisserie, il crée un atelier de tissage à Banyuls, engage des ouvrières et réalise ses premiers cartons. Il réintroduit l’emploi des pigments naturels qu’il récolte lui-même dans la campagne.

La cuisine de Maillol à Banyuls

Pour clore la visite, un très beau documentaire sur Aristide Maillol est proposé au sous-sol…

Images extraites du documentaire

Émotion, dehors, devant la tombe de Maillol sur laquelle veille cette tellement belle oeuvre
« La Méditerranée » dont Dina Vierny fut la modèle…
Voilà, la boucle est bouclée…

Les photos ont été réalisées par Christian AVENEL

Dans l’article du 16/06/2022: « Destination Orsay »
vous retrouverez Aristide Maillol, cet artiste étonnant et tellement mal connu!

Le Musée Maillol se trouve dans la Vallée de la Roume
66650 Banuyls sur Mer
Du mardi au dimanche de 10h à 12h et de 15h à 19h
Renseignements: 04 68 88 57 11

Dina et Aristide

MADAME D’ORA

Une bien étrange exposition…

Le Pavillon Populaire de Montpellier présente jusqu’au 16 avril l’exposition:
« La surface et la Chair/ Madame d’Ora / Vienne-Paris 1907-1957 »

Dès l’entrée de cette exposition, on pénètre dans le monde clinquant et soyeux de la photographie de mode: mannequins filiformes, artistes connues, danseuses… Posent avec affectation devant l’appareil de Dora Kallmus, dite « Madame d’Ora ».
Première femme à ouvrir son studio de portraits à Vienne, issue d’une famille juive de la bourgeoisie autrichienne, elle sera vite reconnue par des artistes ou des personnalité comme le peintre Gustav Klimt ou l’empereur Charles 1°…

Auto-portrait 1930

Paris…

Après l’effondrement de la monarchie autrichienne et le début de la première guerre mondiale, Dora Kallmus ouvre, en 1924, un nouveau studio à Paris, et rapidement des artistes se pressent pour devenir ses client.e.s: Joséphine Baker, Coco Chanel et beaucoup d’autres, peintres ou écrivains célèbres…
Bien vite, elle est repérée par les revues de mode comme « L’officiel »:
« De la même manière que le magazine de mode a commencé par être technique, il en est de même pour la photographie de mode elle-même. La première photographie était rigide, sobre ; elle était à l’origine destinée à capturer la simple ressemblance de son sujet, avec peu d’expression créative. Cependant, avec l’essor de la scène artistique au début des années 1900, des créateurs cultivés comme d’Ora ont apporté de nouvelles approches à la pratique, invitant l’esthétique dans les pages des magazines. Alors que les dessins de mode remplissaient leur fonction pour une publication axée sur l’industrie, la directrice photo emblématique a contribué à transformer L’Officiel en un magazine visuel destiné à un public de masse assoiffé de la fantaisie de la couture. »
Piper McDonald et Tori Nergaard in #LOFFICIEL100.

Ses client.e.s admirent son talent de prises de vues mais également ses discrètes compétences en matière de retouches. Grâce à ses poses, son style, ses éclairages et ses retouches subtiles, Madame d’Ora se fait connaître comme « le miroir embellissant »!

Joséphine Baker.
La modiste Mme Agnès avec l’une de ses créations 1933
La compositrice Alma Mahler 1916
Edward Gordon Craig 1941

Dans sa biographie, Madame d’Ora parle de ces deux portraits du metteur en scène britannique
E.G Graig, comme ses premières expériences avec un appareil « Rolleiflex ». Ce petit appareil photo portatif permet plus de liberté et de souplesse dans la prise de vues et rapproche la photographe de son modèle. (Jusque là, le matériel photographique était composé d’une « chambre » montée sur un trépied et d’éclairages sur pieds.)
Cette série marque le début d’une nouvelle époque pour Dora Kallmus et annonce ses thèmes sombres d’après 1945.

Chambre photographique
Appareil « Rolleiflex »

LA GUERRE… LA PRISE DE CONSCIENCE…

Avec la prise de pouvoir des nazis, « les interdictions d’exercer une profession pour les juifs et les opposants politiques » (les « Berufsverbote ») entraînent une réduction des commandes pour d’Ora, tant dans les pays germanophones qu’en France. Ses photos disparaissent petit à petit des magazines et, suite à l’Occupation, elle est contrainte de vendre son studio en 1940.
Sa soeur Anna est déportée en 1941 et mourra en 1942. Cette même année, après la rafle du Vel’d’hiv, Madame D’ora s’enfuit en Ardèche…
Elle reviendra à Paris après la guerre.. Elle a 65 ans et plus un sou…
Elle part en voyage en Autriche en 1948, et se retrouve confrontée à un pays en ruines, ravagé par la guerre. Elle prend ses distances avec le monde du glamour et réalise une série de clichés sur les camps de réfugié.es.
Remarquables d’émotion et de sensibilité!

Photos prises dans des camps de réfugié.es à Salzbourg en 1948

LE RETOUR AU TRAVAIL

« S’il n’y avait pas le problème de l’argent, je me demande jusqu’à quel point je pourrais travailler pour mon propre plaisir. Mais j’ai dépensé trop d’argent, j’ai trop investi dans mes idées et j’ai donc dû revenir aux portraits, au moins en partie, juste pour l’argent » D’ora 1954.

Dora Kallmus, « Madame d’Ora »

Faute de moyens, elle ne peut s’offrir un studio et photographie ses clients dans leur propre lieu de vie.
À la fin de sa carrière, la mort devient un sujet régulier dans son oeuvre.
Plus sombres, ces portraits sont aussi plus sensibles. Elle semble vouloir capter ce petit quelque chose fugitif de la réalité de ses clients…
Ces photos contrastent rudement avec celles du début de l’exposition et rendent ce parcours dans la vie d’une femme réellement passionnant!

Jacques Tati 1953
Marc Chagall 1955
Le clown François Fratellini 1950
L’écrivain Somerset Maugham 1955
L’écrivaine Colette.
Dernière photo de l’exposition en très grand format

LE PAVILLON POPULAIRE SE SITUE SUR L’ESPLANADE CHARLES DE GAULLE à MONTPELLIER
L’exposition sur Madame d’Ora est ouverte du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h.
ENTRÉE LIBRE

Des visites guidées (« macro », « déclic » « grand angle » « focus »)
sont proposées tout au long de la semaine.
Renseignements au 0467661346

ARTS ET PRÉHISTOIRE

Fascination…

Le Musée de l’Homme présente depuis cet hiver l’exposition : «Arts et Préhistoire» .
C’est une occasion unique de voir (ou revoir) les œuvres qui ornent les grottes de Lacaux, Chauvet ou d’autres à travers le monde, grâce à des centaines d’images numériques de peintures et de gravures, venant de toutes les régions du Monde ainsi que des pièces préhistoriques originales.

  • Une première salle regroupe ce que l’on appelle « l’art mobilier » c’est à dire les objets sculptés et/ou gravés
  • Dans la seconde salle on retrouvera l’Art pariétal et rupestre à travers des projections et des animations visuelles très didactiques.
    L’art pariétal étant, au sens large, des oeuvres réalisées par l’Homo sapiens sur des parois de grottes et l’art rupestre sont les œuvres réalisées en plein air (gravées sur pierre par exemple)

  • Dans la troisième et dernière salle, des artistes contemporain.es rendent hommage à la « Vénus de Lespugue », petite bonne femme rondelette en ivoire, découverte il y a tout juste cent ans et qui traverse l’Histoire de l’Art depuis 25000 ans.
La Vénus de Lespugue
Troisième salle


La Préhistoire est généralement définie comme la période comprise entre l’apparition du genre humain et l’apparition des premiers documents écrits.
La majeure partie des traces tangibles de ces sociétés sont donc les œuvres d’art ! Peints sur les murs des grottes ou gravés sur des pierres, les animaux y sont majoritairement représentés. On trouve peu de représentations d’êtres humains… Sauf quelques scènes, comme « La scène du Puits ».

Grotte de Lascaux

Ce qui fascine dans l’Art Préhistorique, ce sont les mystères qui entourent ces œuvres et les rendent encore plus attractives : que représentent les animaux dessinés ? Certains pensent qu’iels se représentaient eux/elles mêmes à travers les animaux. Les troupeaux seraient les emblèmes des tribus, où les animaux laineux seraient postés au-dessus, comme des ancêtres blanchis par le temps qui les protègeraient…
Et, en réussissant à transcrire le mouvement des troupeaux courant dans les plaines, on peut leur attribuer l’invention du cinéma !
Quand on visite une grotte ornée on repart avec plus de questions qu’à l’arrivée : dans quel sens lire les dessins ? Qui sont ces artistes ? Des hommes ? Des femmes ? Quelle était leur place dans la société ? Pourquoi ont-iels voulu laisser ces traces ? Étaient-iels conscient.es de laisser une trace d’ailleurs ?

La puissance magique de ces oeuvres inspirent toujours les artistes, depuis longtemps…
Pour Giacometti, c’était une obsession « Dessins des cavernes, cavernes, cavernes, cavernes. Là et là seulement le mouvement est réussi », notait-il dans un de ses carnets. 
« La peinture est en décadence depuis l’âge des cavernes » renchérissait Joan Miró.
Quant au sculpteur Henry Moore, bouleversé par le site de Stonehenge, il affirmait en écho : 
« Tout art a ses racines dans le « primitif », autrement il devient décadent. »

Miro et Lascaux
La Vénus de Lespugue et « Femme couchée » de Pablo Picasso

Pour clore l’exposition « Arts et Préhistoire » une partie de la deuxième salle propose aux enfants (mais pas que.. J’avoue que moi-même….) de dessiner avec le doigt sur un mur qui s’animera et mélangera les différents dessins pour former une fresque…
Expressions des traces laissées par le public qui enthousiasment les jeunes artistes et leur public !

Regardons.. Découvrons…

Bibliographie: deux ouvrages particulièrement passionnants:

  • « Le beau livre de la Préhistoire » de Marc Azéma et Laurent Brasier
  • « Le temps sacré des cavernes » de Gwenn Rigal: De Chauvet à Lascaux : les hypothèses de la science.

FLASH VACANCES EN OCCITANIE

En famille au musée!

Durant toute la période des vacances scolaires qui s’étale du 4 au 25 février, les musées de la
Région Occitanie rivalisent d’imagination et d’ingéniosité pour proposer des activités aux publics
de tous âges.

Narbo Via. Narbonne(Aude)
  • « NARBO VIA » Ce passionnant musée situé à l’entrée de Narbonne (dans l’Aude) propose plusieurs « temps forts » durant cette période de vacances: des visites-famille sur différents thèmes, des ateliers créatifs, des concerts etc.
  • « LATTARA » à Lattes (34) Ateliers et visites guidées de l’exposition sur les statues menhirs.
  • MUSÉE DE LODÈVE (34) C’est un lieu de découverte mais aussi un point de départ pour créer et s’amuser. Un étage entier consacré à la paléontologie !
    Du 18 février au 5 mars 2023 des ateliers destinés aux enfants seront proposés tous les matins à 11h, du mardi au samedi.
  • MUSÉE FABRE (Montpellier) Le musée propose différentes façons de visiter les expositions temporaires ou les collections permanentes, adaptées à tous les publics:

  • MUSÉE SOULAGES à Rodez (Aveyron) Les médiateurs du musée vous proposent une visite adaptée aux enfants accompagnés de leurs parents. Lors de cette visite ludique d’une heure environ, vous pourrez découvrir le musée et les œuvres de Pierre Soulages autrement ! Pendant les vacances, des visites autour des expositions temporaires sont également proposées.
    Pour les visites en famille, un parcours enfant avec audioguide est mis à votre disposition.
    22 commentaires en compagnie de Blanche et Luc pour découvrir l’architecture du musée et comprendre les œuvres de Pierre Soulages de manière ludique.
    Pendant les vacances scolaires, le musée Soulages vous propose des ateliers pour vos enfants, avec « Mes vacances au musée ». Rien de mieux pour placer les vacances sous le signe de l’art !
  • MUSÉE DE MILLAU (Aveyron) Ce joli musée vous enchantera avec son secteur Paléontologie et son écomusée de la ganterie! Pendant ces vacances scolaires vous pourrez participer à des ateliers créatifs ( poterie, cuir..) visiter avec un médiateur ou admirer le travail d’une artiste en résidence…
  • MUSÉE MÉDARD à Lunel (34) Les caractères typographiques, qu’ils soient allongés, ronds ou épais peuvent prendre de multiples formes qui font partie de notre quotidien! Autour de l’exposition « Quels caractères », participez aux ateliers mis en place par le médiateur culturel de ce très beau musée, trop mal connu!
Affiche exposition au Musée Médard. Lunel (34)
  • MATERNITÉ SUISSE D’ELNE (Pyrénées-Orientales) Entrez dans ce havre de paix et laissez-vous emporter dans ce lieu chargé d’émotions, d’espoir, de solidarité et d’humanité. Achetée en 2005 par la Commune d’Elne et classée Monument Historique depuis 2013, la Maternité Suisse est aujourd’hui un vif témoignage de l’entraide, du dévouement et de la détermination de jeunes volontaires d’associations humanitaires.
    Une visite inoubliable dans ce lieu d’une grande beauté!

Pour celles et ceux qui auront la chance et le plaisir d’être en vacances,
n’hésitez pas à pousser la porte d’un musée, seul.es ou en compagnie de vos proches:
ce sera toujours un moment de découvertes… Parfois drôles, parfois émouvantes!

ART DÉCO

L’exposition « Art Déco France // Amérique du Nord »,

un dialogue artistique fait d’années d’échanges

et d’allers-retours entre la France et l’Amérique du Nord.


Avec plus de 350 œuvres réunies, l’exposition montre comment le style français art déco a influencé l’architecture, les décors, le mode de vie et le goût des Américains du Nord.
Initiés dès la fin de années 1880, les échanges se poursuivront et s’intensifieront avec l’amitié née de l’implication des états d’Amérique du Nord dans la grande guerre. La dynamique se brise avec la crise économique et la Grande Dépression et commence à prendre fin à partir de 1937 avec l’achèvement d’un nouvel édifice aux dimensions «washingtonniennes»: le Palais de Chaillot, un projet de l’architecte Jacques Carlu, bâti sur l’emplacement du Palais du Trocadéro.

Installée au cœur du Palais de Chaillot, dans La Cité de l’Architecture et du Patrimoine, l’exposition « Art Déco France // Amérique du Nord » n’est pas seulement une exposition sur l’architecture d’édifices et de bâtiments plus modestes, elle est beaucoup plus que cela dans la mesure où le mouvement Art déco touche plus précisément l’aménagement et la décoration d’intérieur en créant le style d’une époque qui va trouver son point culminant en 1925, à Paris, lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes qui renvoie à l’imaginaire du luxe. C’est dans les années 60 qu’est né le mot «Art déco» abréviation de «Arts décoratifs».

Dès les deux dernières décennies du XIXe siècle, l’École des Beaux-Arts de Paris forme une centaine d’architectes américains et canadiens qui, à leur retour d’Europe, construisent et meublent ensuite des buildings Art déco dans les métropoles américaines avec des architectes français appelés pour dispenser leurs enseignements.
En 1919, après l’armistice, l’armée américaine ouvre une école d’art en territoire français qui accueille des soldats des forces américaines présents en France (des « sammies »), étudiants en art et en architecture dans le civil. De ces initiatives vont naitre de riches échanges entre professeurs, et certains vont, par la suite, rejoindre l’Amérique du Nord.
Dans les années 1920 et 1930, avant l’apparition de l’aviation commerciale au long cours, le principal moyen de transport intercontinental est le paquebot. À partir des années 1920, les chantiers navals commencent à faire le choix du modernisme pour l’aménagement intérieur et la décoration des navires. La Compagnie générale transatlantique ose le modernisme pour le paquebot Île de France (1927) et surtout le Normandie de 1935, véritable cathédrale de l’Art déco sur mer grace à des décorateurs tels que Louis Süe et André Mare, Jean Dunand, Paul Jouve, Patout et Pacon, Raymond Subes, Jacques Carlu, Carlhian et bien d’autres.

L’Amérique et la France

Pour vous qui entrez dans l’exposition, c’est sur le quai du port de New York que vous vous trouvez, parmi le flot des voyageurs qui descendent du Normandie.
Et maintenant laissez-vous emporter pour prendre place dans la machine à remonter le temps:

Un des restaurants du paquebot…
Un autre restaurant…
Un salon de thé.

Premier mouvement d’architecture et décoration au retentissement mondial, l’Art Déco reste associé à une période de prospérité et d’insouciance. Entre luxe, confort moderne et technologie, ce mouvement se propose d’offrir un cadre de vie unifié et harmonieux, des pièces d’ébénisterie, tapisseries, peintures et sculptures ornementales aux céramiques et à l’orfèvrerie.
Le design qui débute sur les grandes séries d’équipement de l’habitat et des bureaux peut y être associé, ainsi que la mode vestimentaire et la typographie des signalisations et des réclames affichées et les enseignes.
En voici quelques illustrations …

  • Le mobilier:
    N’oublions pas que le mobilier Art déco est l’œuvre d’artistes décorateurs destinée à une clientèle aisée, ayant soif de nouveauté, mais qui demeure relativement conformiste. Il s’agit de meubles réalisés par des ébénistes qui cherchent le luxe et la perfection. Les meubles sont donc des pièces uniques, un mélange entre l’art et l’artisanat.
  • Les appareils ménagers:
  • Pour le bureau:

Vêtements, bijoux, flacons…

  • La musique:
    L’imagination est désormais captivée par la culture américaine du jazz (tant le chant que la danse), cristallisée par la figure de Joséphine Baker.
  • La peinture:
    Un choix difficile à faire parmi les 350 œuvres présentées, choix qui reste très subjectif mais, dans cette exposition « Art Déco France // Amérique du Nord », peut-être bien plus que pour d’autres expositions, ce sont les « coups de cœur » qui l’emportent, qui nous font voyager, réagir, et s’étonner de tant de créativité.
Sarah Lipska « Femme en rose »
Alfred Courmes « Portrait de Peggy Guggenheim »

1925: Quand l’Art Déco séduit le monde…

Formes géométriques, pures et dynamiques …

Le style Art Déco (1919-1940) se caractérise par son attractivité et sa vivacité. Né de l’impulsion des créateurs français tels que les architectes Henri Sauvage, Robert Mallet-Stevens, Pierre Patout, les décorateurs André Véra, Louis Süe, André Mare et Jacques-Émile Ruhlmann, le couturier Paul Poiret ou encore le sculpteur François Pompon, il est le fruit d’une vision d’ensemble émanant de champs artistiques variés…


Cité de l’Architecture et du Patrimoine
Palais de Chaillot
1, place du Trocadéro Paris 16e
De 11h à 19h lundi, mercredi, jeudi, vendredi
De 10h à 19h le week-end
Nocturne jusqu’à 22h le jeudi

TEXTES ET PHOTOS DE CET ARTICLE: KADIA RACHEDI

LA COMMUNE N’EST PAS MORTE!

À Saint-Denis « la ville rouge », connue principalement pour abriter dans sa basilique la quasi totalité des tombeaux des rois, reines et princes de France, le «Musée d’Art et d’Histoire Paul Eluard» présente l’exposition :

« Insurgé.es !

Regards sur celles et ceux

de la Commune de Paris de 1871 ».

Installé dans les bâtiments de l’ancien carmel de Saint-Denis, le Musée d’art et d’histoire abrite notamment une exposition permanente sur le siège et la Commune de Paris.
La ville de Saint-Denis possède le fond le plus important au monde sur la Commune de Paris, partagé entre les archives municipales, la médiathèque, et surtout le musée, qui détient plus de 15.000 documents et objets sur la guerre franco-prussienne de 1870-1871 et sur la Commune.

Le cloitre du Carmel de St Denis.

18 mars 1871 – 28 mai 1871
« 72 jours au cours desquels des femmes et des hommes ont décidé de prendre leur destin en mains. Une période révolutionnaire qui, bien que très courte, n’en constitue pas moins un moment intense de production d’images gravées, souvent satiriques, et de documents imprimés (affiches, tracts, journaux, placards, chansons) qui ont régné sur l’espace public et ont été des vecteurs importants du débat politique : république, démocratie, souveraineté populaire, liberté et autorité, émancipation, travail, rapports de genre, violence, mémoire collective… La Commune inspirerait-elle encore ?
C’est une exposition pour laquelle nous vous invitons à prendre et à passer du temps pour voir, regarder, lire, cheminer, lentement, pour vous imprégner de cette période riche d’enseignements (et malheureusement douloureuse aussi) et vivre l’engagement et la détermination de celles et ceux qui voulaient changer le cours de l’histoire. » (extrait du dossier de Presse)

Drapeau rouge de La Commune
Serge Utgé-Royo
Serge Utgé-Royo chante La Commune.

L’exposition « Insurgé.es ! Regards sur celles et ceux de la Commune de Paris de 1871 » entend faire la part belle aux nouvelles approches historiques de la Commune de Paris de 1871.
« En s’appuyant sur des œuvres et documents remarquables, célèbres ou jamais dévoilés, elle présente les événements et les mémoires qui les ont transmis à hauteur d’hommes, de femmes et d’enfants – qu’ils soient célèbres ou moins connus, identifiés ou anonymes, individus ou collectifs.
Plus de 150 ans après les évènements, une trentaine de personnalités de tous horizons, des historien.nes, écrivain.es, journalistes, philosophes, enseignant.es ou artistes sont invité.es à partager leur point de vue sur cet épisode historique et ses résonances contemporaines. » (extrait du dossier de Presse)

Les photos sont de Bruno Braquehais, premier photographe reporter, sourd et muet.
Anne YANOVER Directrice du Musée Paul Éluard.
Présentation de l’exposition par Anne Yanover.

En montant vers la première salle de l’exposition, on entrevoit, au second étage, une salle de l’exposition permanente.
L’exposition « Insurgé.es ! Regards sur celles et ceux de la Commune de Paris de 1871 » commence à l’étage du dessus, après avoir traversé une petite passerelle qui vous permettra d’admirer une partie du carmel.

Anne Yanover……..
Poursuit sa présentation de l’exposition sur La Commune
et les femmes.

Sur les murs des photographies originales, des gravures, de truculentes caricatures qui permettent de saisir le quotidien multiforme de ces insurgé.es. Des dessins d’actualité, pris sur le vif et destinés à être reproduits en gravure dans la presse, montrent des élus et citoyens qui débattent… Journaux et affiches révèlent leur volonté de changer le monde.
Dans des vitrines, des documents originaux, par exemple, les pages retrouvées du manuscrit de « L’insurgé – chapitre XXIX » de Jules Vallès.

Jules VALLES

Pour mettre en scène le partage entre l’histoire de la Commune vécue par les insurgé.es et le point de vue des personnalités, des panneaux invitent les visiteurs.es à la lecture de leurs propos subjectifs sur une thématique, une figure ou un événement particuliers, explorant les formes de transmission à travers créations artistiques ou réactions de collégiens. Les auteur.es révèlent à quel point cette histoire interroge encore notre société.

Plus de 150 ans nous séparent des évènements de la Commune de 1871 et pourtant certains d’entre eux reviennent dans la réalité de notre quotidien comme un boomerang. Où il est question de vaccination, de collages…

Collage Place de la Fraternité. Montreuil (93) (c) Collectif Raspouteam/2021
Collage portraits de Communardes.
Face Mairie du X° arrondissement de Paris.
(c) Collectif Raspouteam/2021

Les nombreux documents exposés dans la dernière partie de l’exposition rappellent également la diversité d’une ville qui était loin d’être entièrement acquise à l’insurrection, ainsi que des reconstitutions du photo-monteur E. Appert «qui cherchaient à imposer une vision anticommunarde, sans cacher leur caractère d’images factices ».

« Assassinat des généraux » Photo-montage de E.Appert.

*Pour celles et ceux qui suivent 🙂 vous retrouverez dans cette exposition une photo de la cour de la prison de Versailles que vous avez pu voir dans « l’Art d’être Curieux » de novembre 2022 sur l’expo: «C’est à Paris et nulle part ailleurs !» : parmi la foule des prisonnières, on peut voir, en bas à droite, Louise Michel, Paule Minck et Marie Ferré tranquillement assises…
Mais… C’est l’un de ses photos-montages :

La Commune s’achève avec la semaine sanglante (21-28 mai). Plus de 40000 prisonnières et prisonniers sont emmené.es à la prison de Versailles. La répression se poursuit par des milliers de procès et de condamnations à mort ou à la déportation.

Francesca Solleville…
…Chante « La semaine sanglante »

L’ exposition est accompagnée d’un riche programme d’actions culturelles et éducatives ainsi que d’un catalogue publié sous la direction d’Anne Yanover aux éditions Libertalia.

MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE PAUL ELUARD
22 bis, rue Gabriel Péri 93200 Saint-Denis
01 83 72 24 55

Du 9 décembre 2022 au 6 mars 2023
Tarifs : Entrée 5€, tarif réduit 3€, moins de 16 ans gratuit.
Tous les jours (sauf mardi, fériés, 26 décembre-31 décembre inclus) 10h-17h30, jeudi jsq 20h, samedi et dimanche 14h-18h30
Site web : musee-saint-denis.com
www.musee-saint-denis.fr

MERCI À KADIA RACHEDI

POUR LA RÉALISATION DE CET ARTICLE

ET DES PHOTOS!