J’avais tout juste 19 ans. Une adolescence protégée et la connaissance des réseaux militants m’avaient permis de prendre la pillule contraceptive sans autorisation parentale. J’avais ainsi pu échapper au périple angoissant de l’avortement clandestin en Angleterre, et participé aux caisses de soutien financier pour permettre aux copines de refuser une grossesse trop précoce et non désirée… … Et j’entends encore résonner cette voix tendue et pourtant claire et décidée, qui s’adresse à l’Assemblée Nationale à majorité masculine:
Tour à tour enthousiastes ou écoeuré.e.s ils et elles finissent par voter la loi sur l’autorisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). Simone Veil recevra des milliers de lettres d’injures, certaines la comparant aux « kapos nazis »… À elle qui avait été déportée dans les camps de la mort et y avait perdu père, mère et frère… « Je ne mesurais pas la haine terrible que j’allais susciter » avait-elle dit.
L’exposition « Nous vous aimons, MADAME. Simone Veil 1927-2017 » retrace la vie de Simone Veil, son enfance, la déportation, puis ses études de magistrate, ses nominations et ses prises de position politiques et idéologiques. Tour à tour émue, admirative puis interrogative face à ce parcours, j’ai été happée par cette lumineuse exposition richement documentée, et j’étais heureuse d’y avoir cotoyé un public jeune et mixte, visiblement passionné!
Exposition à l’Hôtel de Ville de Paris, jusqu’au 21 août 2021 Entrée libre sur inscription : https://quefaire.paris.fr/simoneveil À NE MANQUER SOUS AUCUN PRÉTEXTE!
C’est toujours avec une réelle jubilation que je vais voir une exposition au musée Paul Valéry à Sète ( Hérault). Ce musée est lumineux et les oeuvres exposées, quelles qu’elles soient, y pétillent!
Cet été, c’est une exposition très intrigante que vous allez pouvoir admirer: la collection d’art contemporain aborigène de Pierre Montagne. 70 oeuvres de 63 artistes sont accrochées au premier étage, ponctuées de panneaux informatifs clairs et très réussis. Une importance particulière est accordée à un mouvement apparu dans les années 70, dans la communauté aborigène de Papunya, en Australie.
Mes nombreux séjours au Canada m’ont permis de voir quelques belles expositions d’art contemporain aborigène au Musée des Beaux-Arts d’Ottawa… Mais j’avoue mal connaître ces mouvements artistiques! L’Art Aborigène est très mal connu également dans tout le sud de l’Europe, ce qui a présidé au choix du Musée de le faire connaître à travers cette exposition.
Qui sont les Aborigènes d’Australie ?
« Premiers hommes à avoir occupé le sol australien, les Aborigènes sont les autochtones de l’île-continent depuis au moins 40.000 ans. Durant des millénaires, ces multiples tribus semi-nomades ont développé en autarcie une culture qui leur est propre, jusqu’au débarquement des colons occidentaux à la fin du XVIIIe siècle. « A l’arrivée des colons anglais, les Aborigènes (…) se déplaçaient au sein de larges territoires, explique la spécialiste de l’Australie Maïa Ponsonnet1. Ils vivaient de chasse, de cueillette et de pêche en groupe d’une à quelques dizaines de familles. La fréquence de leurs déplacements et leur ampleur variaient selon les régions, car elles dépendaient largement des ressources en eau et en nourriture. » Selon un recensement en 2011, il y aurait 670.000 indigènes en Australie, ce qui représenterait 3% de la population.
La culture aborigène La tradition aborigène s’appuie sur une spiritualité liée à la terre, au paysage, la renvoyant à l’aube de la création du monde. Beaucoup de groupes aborigènes estiment qu’au temps des origines la Terre a été le théâtre d’événements cosmologiques au cours desquels les ancêtres ont créé des paysages, les hommes, les divisions claniques, les rituels et la gestion foncière. Selon les croyances des Aborigènes, rochers, collines, lacs portent l’empreinte laissée par les esprits créateurs. L’histoire de chaque ancêtre créateur s’inscrit dans un itinéraire géographique qui peut en croiser d’autres. On traduit généralement cette philosophie religieuse par le « Temps du rêve ». Les cérémonies rituelles des aborigènes, chants, danses et peintures corporelles, maintiennent le lien entre le monde des vivants et celui des ancêtres : il s’agit de perpétuer les épisodes créateurs et les transmettre aux jeunes adultes. Parmi les traits marquants de la culture aborigène, la peinture a une place importante qu’elle soit rupestre, sur sol, sur bois ou, plus récemment, sur tissus » Extraits du site « terra australia » https://www.youtube.com/embed/VgfBmX5jbgc?feature=oembed
L’art aborigène contemporain porte une attention particulière à l’attachement au territoire, à sa lecture, à la préservation discrète des signes sacrés, camouflés derrière des points ou des pigments. Il a progressivement cédé la place à des œuvres innovantes. La grammaire picturale classique des rêves et représentations a progressivement offert de nouveaux terrains d’exploration et de créativité aux artistes grâce aux nouveaux supports (toile de lin, verre, bronze…) et matériaux (aquarelle, acrylique, film PVC pour protéger les pigments naturels des écorces peintes). L’époque contemporaine a favorisé la naissance d’individualité chez les artistes aborigènes. De nouveaux styles bien identifiables sont apparus. Contrairement au passé, à la lecture d’une toile il devient évident que celle-ci est l’œuvre de tel.le artiste ou de tel.le autre. Le marché de l’art mise sur ces individualités et invite les peintres à signer leurs créations. Si l’art aborigène a permis de récupérer des terres hier, il s’avère aujourd’hui bien souvent comme un des seuls vecteurs naturels permettant aux jeunes générations de trouver une place dans la société. L’art fut hier un manifeste politique pour la reconnaissance des aborigènes, il devient presque aujourd’hui un passeport économique.
Dans l’exposition du Musée Paul Valéry, plusieurs communautés sont représentées: Terre d’Arnhem, regroupant 700 artistes, Désert central et occidental où nacquit l’art contemporain aborigène, l’Australie méridionale-Apy et l’Australie occidentale et Sud.
J’ai noté que la majorité des oeuvres présentées ont été réalisées par des femmes. Interrogée à ce sujet, Maïthé Vallès-Bled, Directrice du musée Paul Valéry et Conservateur en chef du Patrimoine, m’a expliqué que, chez les aborigènes, il n’existait pas de discrimination « sexiste » quant à l’accès à l’art, que ce soit au niveau de la création qu’au niveau de la diffusion.
Si vos déplacements de l’été vous mènent dans l’Hérault, ne manquez sous aucun prétexte cette très belle exposition, jusqu’au 26 septembre!
Au rez de chaussée du Musée, vous pourrez également voir : » Retour au Musée avec Topolino », sympathique initiative d’un artiste sétois!
Quand j’ai reçu l’invitation pour visiter l’exposition du musée Granet à Aix en Provence:
« PHARAON, OSIRIS ET LA MOMIE »
j’ai eu un amusant flash-back: j’avais 11 ans à tout casser et j’avais réalisé un exposé sur l’Égypte, tapé à la machine à écrire sur de fines feuilles vert-pâle et illustré de quelques photos, le texte entièrement pompé dans un livre couverture imitation cuir et or qui faisait partie d’une collection que mes parents avaient souscrit en dix tomes, et que je viens de retrouver dans ma bibliothèque: « Histoire de la Civilisation / Notre héritage oriental » de W.Durant. La très bonne note obtenue a failli m’entraîner vers une carrière d’égyptologue! Je revois aussi l’extraordinaire exposition Toutânkhamon de 1967, vue par plus d’un million de visiteurs, qui m’a permis de voir des vestiges d’une beauté saisissante et qui résonnaient dans mon quotidien: représentations de la naissance et de la mort, du travail, images de femmes puissantes etc.
L’histoire de la civilisation égyptienne fut, pour nous toutes et tous, la première réelle immersion dans l’Histoire avec un grand « H », les autres civilisations anciennes étudiées étant peu propices à l’identification et au rêve malgré les efforts de vulgarisation des lieux comme Tautavel, Lascaux ou le musée de Lodève… « Chacun d’entre nous trouve dans l’évocation de l’Égypte ancienne quelque chose qui lui parle. Qui lui rappelle un moment de sa vie, une exposition visitée autrefois en famille, un cours d’histoire, un décor, un bijou, un roman, une BD, un péplum, et maintenant sans doute pour les plus jeunes un jeu vidéo. »Extrait du Dossier de Presse.
L’ENGOUEMENT DU PUBLIC
La civilisation de l’Égypte ancienne continue à fasciner … Les expositions et les collections attirent un public nombreux et enthousiastes!
PODCAST: J’ai eu le privilège de rencontrer Bruno ELY, Directeur du Musée Granet d’Aix en Provence et Conservateur du Patrimoine, qui a bien voulu nous éclairer sur cette attirance du public pour l’égyptologie:
L’exposition bénéficie du soutien du Musée du Louvre: conçue par Christophe Barbotin, conservateur général au département des antiquités égyptiennes, elle accueille une quarantaine d’oeuvres prêtées par le musée parisien, comme le grand colosse de pharaon en granit rose ou le « Livre des Morts » de dix huit mètres de long. D’autres oeuvres proviennent des musées de Marseille, Avignon, Guéret, Lyon pour la France et Turin , Heidelberg et Leyde pour l’Europe. Et bien évidemment le fond de 153 oeuvres égyptiennes du musée Granet. Dès l’entrée, on est saisi par l’ambiance particulièrement feutrée due aux couleurs choisies pour les murs, comme le rouge ou le bleu.
Des objets, des sculptures, des fragments, des bas reliefs, des bijoux, des stèles, des papyrus nous surprennent et nous séduisent dans les trois cent mètres carrés de magnifiques salles. J’ai été particulièrement fascinée par les momies d’animaux (varan, poissons, chats..) les petites sculptures d’Isis allaitant, le visage d’une grande douceur d’une statue et surtout ce sarcophage ouvert qui, par un jeu de miroir et d’éclairage très subtil nous permet de voir les deux faces de ce sarcophage peint et la momie à l’intérieur ( pour l’anecdote: la momie n’est pas celle d’origine. En effet il s’agit d’un sarcophage d’homme et d’une momie de femme!)
PODCAST Écoutons Bruno ELY nous parler des momies:
La thématique de l’écriture prend également une large place avec la présentation exceptionnelle de fac-similés de papyrus, et un rappel de l’incroyable histoire du déchiffrement des hiéroglyphes, grâce à la pierre de Rosette, stèle écrite en trois langues – dont les hiéroglyphes – qui a permis à Champollion de percer le mystère de cette écriture.
Des propositions multimédias et interactives vous permettront de connaître les étapes de la restauration, de voir des radiographies de momies etc. Et les enfants pourront s’éclater dans les ateliers qui leur sont destinés et même jouer à « Assassin’s Creed »!
PODCAST Voilà… J’arrive à la fin de l’exposition… Avant de quitter ce lieu magique, retrouvons Bruno ELY et une très savoureuse anecdote sur la vie des dieux et des déesses…
Pour terminer, la vraie bonne idée de l’équipe du musée est de nous faire sortir en empruntant un trajet à travers les autres salles des collections permanentes ! Je suis saisie par la salle Giacometti et par le Soulages mis en dépôt par un collectionneur qui déménage… Charmée aussi par la gentillesse du personnel , prêt à échanger et à communiquer sa passion!
Je ne peux que vous conseiller de suivre une visite guidée pour apprécier au mieux cette remarquable exposition! Et de visiter le site du Musée pour accéder à toutes les animations qui jalonneront l’été:
Après la très belle exposition « Tisser la couleur » en 2015, Le Musée de Lodève propose: « TISSER LA NATURE XVe – XXIe siècle »
Une exposition, plusieurs lieux: L’exposition « Tisser la nature XVe – XXIe siècle » a été imaginée par le réseau TRAME[S] qui regroupe cinq établissements liés à l’art tissé : le Musée de Lodève, la Cité Internationale de la Tapisserie, l’abbaye de La Chaise-Dieu, le musée Dom Robert, et l’atelier-musée Jean Lurçat. Chaque lieu présente des tapisseries différentes, toutes portent sur le même thème : Tisser la nature.
Une tradition lodèvoise…
Lodève perpétue ainsi la tradition locale et centenaire de la tapisserie, mise en valeur par sa Manufacture Nationale de la Savonnerie, installée à Lodève depuis 1964:
Le parcours de l’exposition « TISSER LA NATURE »:
Cet « herbier géant » se compose de 12 tapisseries et d’un tapis du XX° et XXI° siècle ainsi que de huit tapisseries du XVI° au XIX° siècle. (Le tapis « la grande feuille » a été réalisé dans l’atelier de la Savonnerie de Lodève.) Nous pouvons ainsi apprécier comment la tapisserie actuelle s’inspire des thèmes plus anciens. Le traitement du végétal a constitué un élément majeur de l’esthétique de la tapisserie à toutes les époques: des « mille fleurs » du XV° siècle, ces tapisseries dont la multitude de petites fleurs parsème le fond, en passant par la Renaissance puis les tentures aux scènes galantes ou champêtres du XVIII°, jusqu’à l’abstraction récente où le végétal fait exploser l’imaginaire. À l’origine les tapisseries avaient pour mission de couvrir les murs et isoler du froid. Les grandes pièces étaient également fort sombres et les sujets végétaux apportaient de la gaieté et de la beauté dans ces châteaux un peu austères ! De nos jours, les artistes sont sensibilisés aux questions environnementales et leurs représentations de la nature trouvent place dans leurs oeuvres.
Un peu de technique….
Pour réaliser une tapisserie, il faut d’abord un modèle. Il s’agit d’un dessin ou d’une peinture qui donne les éléments principaux de la composition. Cette première maquette est ensuite agrandie aux dimensions souhaitées de la future tapisserie. C’est ce document, appelé carton, qui va guider le lissier pour l’exécution de la tapisserie. Si le modèle est souvent l’œuvre d’un artiste célèbre, la réalisation du carton est confiée à des artisans spécialisés dans cette tâche. Par souci d’économie, il est fréquent que les lissiers réutilisent d’anciens cartons qu’ils assemblent et modifient pour former de nouvelles compositions.
Le tissage de la tapisserie: La tapisserie résulte de l’entrecroisement de fils de trame colorés sur une armature en fils de chaîne. Il existe deux types de métiers à tapisserie : le métier dit de haute lisse, vertical, et le métier de basse lisse, horizontal. Dans les deux cas, le principe est le même : d’abord, le lissier tend des fils de chaîne entre deux rouleaux, appelés ensouples. Puis, à l’aide de navettes ou de flutes, il passe les fils de trame colorés, entre les fils de chaîne pairs et impairs. À l’aide d’un peigne, il tasse les fils de trame de façon à couvrir totalement l’armature de fils de chaîne. Un tissage fin et serré est signe de qualité. Contrairement au tissage de draps où l’artisan travaille par ligne complète, le lissier réalise sa tapisserie motif par motif. Pour cela, il se guide du carton, qui est placé sous le métier dans le cas de la basse-lisse et derrière lui dans le cas de la haute-lisse. Quelle que soit la technique, le lissier œuvre sur le revers de la tapisserie et ne voit donc pas le motif dans son ensemble. Pour contrôler la qualité de son travail, il s’aide d’un miroir. L’exécution d’une tapisserie exige souvent plusieurs années et mobilise plusieurs lissiers simultanément. On estime que la réalisation d’un mètre carré de tapisserie peut nécessiter entre un et dix mois de travail selon la technique et la finesse du tissage. Une fois la réalisation terminée, on détache la pièce du métier, c’est ce qu’on appelle le « tombé de métier » qui marque l’achèvement de la tapisserie.
Parfois, le Maître Lissier (ou Licier) – qui supervise le travail des lissiers et lissières – signe la réalisation de la tapisserie, c’est pourquoi vous pouvez voir dans un coin de la tapisserie des initiales différentes de la signature de l’artiste peintre, parfois accolée à celle du peintre, parfois dans le coin opposé:
Revenons à Lodève…
Au musée de Lodève le travail en direction du jeune public tient une grande place et les propositions fourmillent d’inventivité! Jeux, panneaux explicatifs ludiques permettent aux enfants, et leurs accompagnateurs également, de mieux comprendre et apprécier les subtilités des oeuvres présentées.
Et peut-être que, dans quelques années, ces enfants auront envie de devenir lissier.e… Une formation passionnante pour un beau métier d’avenir!
Exposition « TISSER LA NATURE » Dès la réouverture nationale, probablement le 19 mai… 10h/18h sauf les lundis
Musée de Lodève Square Georges Auric 34700 LODEVE 0467888610 www.museedelodeve.fr
« TISSER LA NATURE » DANS LES AUTRES LIEUX DU RÉSEAU TRAME(S) TAPISSERIES EN MASSIF CENTRAL:
« Ronger son frein »: contenir avec peine son impatience ; être dépité ; être contraint de retenir sa colère ; s’impatienter ; supporter avec peine l’inactivité ; contenir son impatience ; contenir sa colère ; retenir sa colère ; refouler en soi son dépit ; mâcher le mors… Imaginez que vous ne puissiez exprimer votre colère… Alors quoi de mieux que de descendre de votre voiture, installer le cric, démonter une roue et vous mettre à ronger, au choix, un disque, une plaquette ou un tambour ? Une chose est sûre, en vous occupant ainsi, vous devez certainement vous calmer. Et faire plaisir à votre dentiste… Mais cette expression datant de la fin du XIVe siècle, ce n’est pas aux véhicules motorisés qu’il faut penser, mais à la plus belle conquête de l’homme : le cheval. En effet, le ‘frein’ est ici le mors, cette pièce généralement métallique placée dans la bouche de l’animal et qui, reliée aux rênes, sert à le diriger. Or, que fait un cheval qui s’impatiente en attendant le retour de son maître? il mâchouille son mors (son frein), faute de choses plus intéressantes à faire. Dans cette métaphore, le ‘frein’ c’est ce qui bloque l’élan de celui qui aimerait bien exprimer ses sentiments. Et ‘ronger’ est associé à cette énergie contenue qui devient corrosive et mine l’intérieur. Cette expression pouvait aussi vouloir dire « être condamné à l’ennui », mais elle est très peu utilisée avec ce sens. Pourtant, on peut imaginer que le pauvre cheval qui attend trompe son ennui en « rongeant son frein ».
Voilà un peu l’état dans lequel vous me trouvez aujourd’hui! Je piaffe d’impatience, les oreilles tournées vers les déclarations sanitaires et les oeillères rivées sur les chiffres de la pandémie… La fumée me sort des naseaux quand je vois tous ces gens porter le masque sous le nez, voire pas du tout et je rue dans les brancards en pensant aux soignant.es éreinté.es qui doivent assumer l’imbécilité de tous ceux et celles qui ne pensent qu’à leur pauvre petite personne…
Attendre…
Et décider de s’en amuser!
Comme on ne peut plus entrer dans les musées, regardons les autres le faire! Voilà deux fictions très différentes:
« LA NUIT AU MUSÉE » Fiction de Shawn Lévy, film de 2006, qui raconte les déboires d’un gardien de musée, la nuit… Vous y retrouverez – entre autres – Ben Stiller, Robin Williams, Dick Van Dycke ( le petit ramoneur de » Mary Poppins) https://www.youtube.com/watch?v=fY8F6Ymg2B8
« BELPHEGOR » Série française de 1965, en 4 épisodes de 70 mn, écrite et réalisée par Claude Barma (« Les cinq dernières minutes ») avec Juliette Gréco, Yves Rénier etc. Un bijou de la télévision de l’époque, filmé avec finesse et où l’on sent que les comédien.ne.s prenaient un grand plaisir dans ce partage d’une intrigue tout à fait étonnante… J’étais môme quand on regardait ça sur le poste familial, mais je ressens encore les petits frissons et j’entends mon père me rassurer: » N’aies pas peur, c’est du cinéma! » Allez… À-musée vous... 🙂
Les représentations médiévales illustrent et enseignent les dogmes essentiels de l’Église et de la Bible. Au Moyen Âge, l’ensemble de la société est chrétienne. Cela signifie que ces croyants reconnaissent que Jésus est le fils de Dieu, qu’il est mort sur la croix et ressuscité pour assurer le salut de l’humanité. Le livre de l’Apocalypse (dernier livre du Nouveau Testament) est une source d’inspiration majeure. De nombreux Christs en gloire célèbrent la victoire du bien sur le mal. Seule une part minime de la population médiévale dispose de capacités de lecture. L’accès à l’éducation est limité aux élites, même si l’Église et certains souverains se préoccupent de l’instruction du peuple. L’une des fonctions des scènes religieuses, commandées par les clercs, est donc pédagogique : il s’agit d’initier les fidèles aux mystères de la religion, de les instruire et de les amener à méditer sur ces modèles de piété. Elles matérialisent la liturgie et le divin. Mais si l’art a pour mission d’enseigner, il ne se refuse pas d’émouvoir, et si l’art roman est un art de symboles, c’est aussi un art humain. Aussi, ces peintures murales sont représentatives de l’univers mental et culturel de la population de l’âge roman. Dans beaucoup d’édifices, on note une influence byzantine à travers le hiératisme des figures, l’allongement des corps et les costumes. Dans les peintures murales, les couleurs utilisées relèvent de la gamme des ocres rouges et jaunes et des verts. L’usage du bleu, pigment plus rare et plus coûteux, est souvent réservé aux vêtements de Jésus ( le Christ) et Marie (sa mère) .
Quand on parle des peintures de l’époque romane, on emploie souvent le mot: « fresques »… Mais ce n’est pas tout à fait correct! Pour faire simple: les fresques sont des peintures délayées à l’eau, qui se font très rapidement sur un enduit frais ( on dit « a fresco ») alors que la peinture murale sera réalisée sur un enduit sec ( on dit « a secco »).
La chapelle Saint-Pierre de Montbazin dans
l’Hérault.
C’est par un dimanche pluvieux et froid, comme seul l’Hérault en a le secret, que j’ai eu le privilège de pouvoir admirer les peintures murales de la Chapelle Saint-Pierre de Montbazin dans l’Hérault.
J’ai été accueillie par Daniel Beauron, Président du « Cercle de Recherches du Patrimoine Montbazinois » (CRPM) et Marie-Antoinette Fisher, adjointe au Maire de Montbazin, chargée du Patrimoine, que vous pourrez écouter tous deux en podcast à la fin de la page.
Dans cette très belle chapelle, tout est là pour porter à la sérénité: les proportions « magiques » de cet édifice, les pierres d’une étonnante qualité, une luminosité feutrée et ces peintures murales rares, représentant le Christ et les douze apôtres… Enfin … Seulement 10 apôtres, car un architecte de génie du XV° siècle a ouvert une fenêtre à l’emplacement de deux peintures d’apôtres! Comme s’il avait joué aux quilles: « Allez tiens! Deux de moinsss! » Bon… On se dira qu’il ne l’a pas fait exprès le bougre, car peut-être n’étaient-elles pas visibles à ce moment là! Mais quand même… Ça fait mal!
« Une vaste composition se déployait à l’origine sur les cinq pans de la voûte. Les douze apôtres y étaient représentés debout, imberbes, nimbés et drapés à l’antique, leurs mains présentant une taille démesurée. Tenant d’une main un rouleau ou un livre, ils semblent désigner de l’autre le Christ en majesté, inscrit dans une mandorle (ovale) et dont seule la sinopie (dessin avec pigment rouge) est encore visible dans le panneau central. Tous sont de grande taille (1.90 m environ) ; les traits sont vigoureusement dessinés : visages ronds, nez busqués, lèvres charnues, sourcils jointifs sur le front au-dessus d’yeux globuleux. Leurs positions sont différentes, chaque port de tête a une inclinaison différente. Vêtus de longues tuniques et d’amples manteaux dont les plis sont soulignés par des traits noirs, ils se détachent sur un fond blanc, traités dans une palette réduite : ocre jaune, ocre rouge et brun. Côté Nord, les six apôtres sont relativement bien conservés ; côté Sud, un seul subsiste car une partie de ce décor a été détruite au XVe siècle lors de l’ouverture d’une large fenêtre dans la voûte sud de l’abside. Ces fresques romanes sont d’autant plus précieuses qu’il s’agit de l’unique exemple, en bas Languedoc, d’une peinture murale dont les couleurs ocre jaunes, bistre et brun ne soient pas totalement délavées. Un expert a reconnu dans ces personnages les caractéristiques des icônes byzantines. Ce modèle oriental pourrait avoir transité par l’Italie et avoir été peint à Montbazin par un artiste toscan. » Extrait du bulletin du CRPM.
PODCASTS
Interview de Marie-Antoinette FISHER Adjointe au Maire de Montbazin, déléguée au Patrimoine.
Interview de Daniel BEAURON, Président du Cercle de Recherche du Patrimoine Montbazinois
« L’église Saint-Sernin illumine le soir d’une fleur de corail que le soleil arrose… » Claude Nougaro.
Bien qu’installée en Occitanie depuis plus de vingt ans, j’avoue que je ne connaissais Toulouse et la basilique Saint-Sernin qu’à travers les paroles de « Toulouse », la chanson de Claude Nougaro… La météo promet un beau soleil ce week-end, alors partons à la découverte de ce « joyau de l’Art Roman », comme se plaisent à écrire les guides et les fascicules!
À l’âge de 14 ans, mes parents m’emmenèrent visiter la basilique romane de Vézelay, en Bourgogne, et depuis, j’ai toujours été fascinée par cette époque de l’histoire de l’Architecture… D’ailleurs, je ne peux pas m’empêcher de faire un détour pour revoir Vézelay, pour peu que je passe à moins de 100 km! Est-ce la simplicité des formes et des représentations peintes qui pose un voile de quiétude sur ces édifices? Les proportions majestueuses qui portent le regard au-delà des allées de colonnes? Peut-être un peu de tout cela…
Dès l’entrée dans la basilique Saint-Sernin, ce même calme serein m’enveloppe de nouveau et j’ai presque du mal à faire des photos, tellement j’ai juste envie de m’imprégner de cette étrange ambiance…
L’Art Roman, 1° partie.
En résumé, ce que l’on désigne par « Art Roman » est la période de l’Histoire de l’Art qui se situe entre le XI° et XIII° siècle (au même moment que le Moyen-Âge). Essentiellement religieux, l’art roman est très riche en inventions, aussi bien dans les petites églises de campagne que dans les cathédrales et les basiliques. Ce qui caractérise cette période de l’architecture ce sont les arcs « en plein- cintre », c’est à dire semi-circulaires. Cette particularité joue un rôle primordial: la sobriété des formes géométriques, apaisantes pour l’oeil et l’esprit, porteraient à la méditation et à l’élévation de l’âme… N’oublions pas que les édifices religieux avaient pour buts d’honorer Dieu et d’y conduire les fidèles! À Vézelay, un jour, j’ai assisté à une « prise de voile » (Cérémonie pour des jeunes-filles qui décident d’entrer au couvent comme religieuses) … L’ambiance épurée de la basilique ajoutée à toutes ces jeunes filles face contre terre et la musique de l’orgue… Et bien ça secoue, même un.e athée!
Les bâtiments religieux romans ont la forme d’une croix latine et les voûtes sont en pierre au lieu d’être en bois. La basilique Saint-Sernin de Toulouse est la plus grande basilique romane de France, voire d’Occident, elle mesure 110 m de long sur 64 m de large et 20 m de hauteur!
Les murs sont recouverts de fresques représentant des histoires de la religion chrétienne et les chapiteaux (le haut) des piliers sont sculptés de scènes bibliques, afin d’enseigner la religion aux fidèles, souvent illétrés, en racontant la Bible de façon simple et accessible à tous. La basilique St Sernin appartient aux « églises de pèlerinage »: les pèlerins de St Jacques de Compostelle pouvaient circuler dans les doubles travées de chaque côtés, puis dans le déambulatoire situé derrière la Nef centrale, sans perturber les offices.
Une autre particularité de cette basilique est le nombre impressionnant de reliques qu’elle contient! Il paraîtrait qu’il y en a plus qu’au Vatican, bien que beaucoup d’elles aient disparu à la Révolution… Tous ces morceaux d’os ou de tissus reposent dans des ouvrages en orfèvrerie qui sont regroupés dans la crypte, au sous-sol.
Le jour où j’ai visité Saint-Sernin, l’organiste était venu répéter. MA-GNI-FI-QUE! S’asseoir et fermer les yeux pour savourer cet étonnant moment…
Et comment résister au plaisir d’écouter « Toulouse » de Claude Nougaro, une belle mise en images…
Cathédrale Saint-Lazare d’Autun, abbaye Saint-Philibert de Tournus, abbaye de Cluny, basilique de Paray-le-Monial, abbaye Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, basilique Saint-Andoche de Saulieu, abbaye de Cîteaux, abbaye de Fontenay, abbaye de Saint-Bénigne, abbaye de Charlieu.
Que l’on soit parisien.ne ou pas, qu’on l’aime ou pas… Cette Tour Eiffel nous est affectueusement proche! Seul.es les parisien.ne.s ne vont pas la visiter 🙂 Parce qu’ils/elles ont ce sentiment étonnant qu’elle fait partie de leur ADN…
Et d’ailleurs, même si on raille ce symbole du « tourisme de masse », n’empêche que l’on ira rue de Rivoli acheter portes-clefs, sacs ou T-Shirts pour les enfants de nos ami.es étranger.es et que l’on sourira, un peu fièr.es, devant leurs yeux ravis, car on aura le sentiment de leur offrir un peu de nous…
Revenons aux fondamentaux: c’est une tour conçue par Gustave Eiffel sélectionnée au milieu d’une centaine de dossiers, en réponse à un concours de projets lancé en 1886 par la Mairie de Paris, pour représenter la France à l’Exposition Universelle de 1889, année du centenaire de la Révolution Française. Ce projet très contesté sera un chantier incroyable et très mouvementé! La tour restera après l’Exposition Universelle et deviendra un emblème… Resteront aussi de cette Exposition Universelle les Petits et Grands Palais.
« Dans les ateliers Eiffel de Levallois-Perret ont été construites les pièces métalliques de la plus grande poutre au plus petit rivet. Ces pièces étaient assemblées avec des rivets temporaires de façon à former des éléments qui répondaient à un critère simple : peser moins de 3 tonnes. Ensuite ce sont les assembleurs qui entraient en jeu pour les les assembler définitivement. Aux ateliers d’Eiffel ils étaient plus d’une centaine d’ouvriers à travailler. Il y avaient un peu toutes les professions de la métallurgie car il y avait beaucoup de travaux différents à réaliser. Au total durant la période de fabrication des pièces de la tour Eiffel, c’est plus de 18 000 pièces qui sont sorties des ateliers. Au rayon des chiffres, précisons la quantité astronomique de dessins qui ont été faits : 1 700 dessins d’ensemble et 3 629 dessins pour exécution. La surface de ces 5 300 dessins dépasse 4 000 m2 ! Pour dessiner tout ça, il fallut pas moins de 30 dessinateurs qui oeuvrèrent pendant 18 mois. Un rivet est une petite pièce d’assemblage de deux éléments métalliques. Il s’agit d’une sorte de gros clou que l’on faisait passer à travers un trou perçé sur les deux éléments à assembler. Il était préalablement chauffé, ce qui permettait d’écraser la tête pointue de l’autre côté des éléments.Le nombre total des rivets posés sur place, a été de 1 050 846. Le nombre posé par semaine a été très variable; il a atteint, en août 1889, le chiffre important de 22 000 par semaine, avec 20 équipes de riveurs. » Extrait du site « Monuments du Monde«
Ces pièces rivetées étaient donc fabriquée en fer, extrait en Lorraine.
La Tour Eiffel dans l’Art…
La tour n’a pas fait que des fans! À peine sa construction démarrée, un groupe d’artistes s’est élevé violemment contre sa réalisation:
Extraits dujournal « LE TEMPS » du 14/02/1887 : « Les artistes contre La Tour Eiffel » . (…) Au-dessus de ses rues, de ses boulevards élargis, du milieu de ses magnifiques promenades, surgissent les plus nobles monuments que le genre humain ait enfantés. L’âme de la France, créatrice de chefs-d’œuvre, resplendit parmi cette floraison auguste de pierre. L’Italie, l’Allemagne, les Flandres, si fières à juste titre de leur héritage artistique, ne possèdent rien qui soit comparable au nôtre, et de tous les coins de l’univers Paris attire les curiosités et les admirations. Allons-nous donc laisser profaner tout cela ? La ville de Paris va-t-elle donc s’associer plus longtemps aux baroques, aux mercantiles imaginations d’un constructeur de machines, pour s’enlaidir irréparablement et se déshonorer ? Car la Tour Eiffel, dont la commerciale Amérique elle-même ne voudrait pas, c’est, n’en doutez point, le déshonneur de Paris. (…) Enfin lorsque les étrangers viendront visiter notre Exposition, ils s’écrieront, étonnés : «Quoi ? C’est cette horreur que les Français ont trouvée pour nous donner une idée de leur goût si fort vanté ?» Et ils auront raison de se moquer de nous, parce que le Paris des gothiques sublimes, le Paris de Jean Goujon, de Germain Pilon, de Puget, de Rude, de Barye, etc., sera devenu le Paris de M. Eiffel. (…) »
Mais d’autres artistes, peintres, sculpteurs, écrivains et cinéastes font précocement de la Tour un sujet de prédilection, et les artistes contemporains continuent de la prendre pour modèle. Georges Seurat la peint en 1888, avant même son achèvement. Par la suite, le Douanier Rousseau, Signac, Bonnard, Utrillo, Gromaire, Vuillard, Dufy, Chagall célèbrent la Tour. Robert Delaunay lui donne des facettes cubistes dans tout une série de toiles peintes à partir de 1910.
« L’Exposition est le triomphe du fer, non seulement au point de vue des machines mais encore au point de vue de l’architecture. Et cependant l’architecture est au début en ce sens qu’il lui manque en art une décoration homogène avec sa matière. Pourquoi à côté de ce fer, rude, sévère, des matières molles, comme la terre à peine cuite ; pourquoi à côté de ces lignes géométriques d’un caractère nouveau, tout cet ancien stock d’ornements anciens modernisés par le naturalisme ? Aux ingénieurs-architectes appartient un art nouveau de décoration, tel que boulon d’ornement, coin de fer dépassant la grande ligne, en quelque sorte une dentelle gothique en fer. Nous retrouvons cela un peu dans la tour Eiffel.« Paul Gauguin. Le Moderniste illustré, 4-11 juillet 1889
« Infatigable, à un train d’enfer, Robert procède par bonds, des bonds surprenants qui vont le projeter dans le futur. Avec ses natures mortes, ses paysages du Pont-Aven, ses premiers autoportraits, il a vite tourné la page du néo-impressionisme. Météore, il traverse le cubisme, il l’escalade et le satellise autour de la Tour Eiffel, muse d’acier d’un monde nouveau qu’il observe, contemple et adore sous tous les angles avec des jumelles prismatiques de visionnaire. La Tour n’est pas un phare isolé, répète-t-il avec enthousiasme. « Une inspiration nouvelle travaille avec la Tour, les ponts, les maisons, l’homme, la femme, les joujoux, les yeux, les livres, New York, Berlin, Moscou. » Sonia Delaunay 1978.
Site officiel de la Tour Eiffel: https://www.toureiffel.paris
Quand je vais dans un musée, je dois toujours résister au plaisir d’aller dans la librairie AVANT de voir l’expo, comme j’ai hâte aussi de pouvoir m’asseoir au café/restaurant du musée dès ma visite achevée! Les librairies et les cafés des musées sont des lieux un peu à part dans une ville… J’ai des souvenirs émus du magnifique café et de la librairie disparue du Petit Palais, de celui en terrasse du musée Picasso, du restaurant du musée Maillol, de la grande librairie et du très chic, très cher et très bon resto du 6° étage du Centre G.Pompidou et même du self très « cheap » de la Fondation Miro! L’ambiance y est plus feutrée et les gens y sont plus souriants, les yeux brillants et un peu vagues de leurs découvertes artistiques…
Au musée Fabre à Montpellier:
« Sauramps au musée »
Le musée Fabre à Montpellier accueille une très jolie librairie, » Sauramps au Musée », gérée par « Sauramps », la grande librairie de la Place de la Comédie. C’est là que je suis allée rencontrer Lucile Vanhoreebeck, qui va partager avec vous ses passions des livres d’art…
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LES LIVRES CONSEILLÉS PAR LUCILE
Pendant que vous écoutez Lucile, vous pouvez regarder les photos des livres qu’elle a sélectionnés pour vous:
Situé à Hauterives, dans la Drôme, cette drôle de construction a été entièrement réalisée avec des cailloux et du mortier par Ferdinand Cheval, facteur de son état. Un jour, Ferdinand butte sur une pierre qu’il trouve très belle et lui vient alors l’idée de construire un palais de rêve dans son jardin… Pendant 33 ans, il va parcourir la campagne avec sa brouette et collecter des pierres qu’il amalgamera pour créer les formes étranges des tourelles, des couloirs et des murs de son palais. Il puise son inspiration dans les cartes postales et les articles des gazettes qu’il distribue, où il découvre les paysages et les demeures des nations colonisées, et les photos des expositions universelles. Unique au monde, « Le Palais Idéal du Facteur Cheval » sera classé « Monument historique » en 1969 par André Malraux, alors Ministre de la Culture, comme chef-d’oeuvre de l’Art Naïf.
« Facteur rural, comme mes 27 000 camarades je déambulais chaque jour de Hauterives à Tersanne (dans une région où la mer a laissé des traces évidentes de son séjour), courant tantôt dans la neige et la glace, tantôt dans la campagne fleurie. Que faire ? en marchant perpétuellement dans le même décor, à moins que l’on ne songe ? C’est justement ce que je faisais ; je songeais. Et à quoi ? me demanderont mes lecteurs. Eh bien ! pour distraire mes pensées, je construisais en rêve, un palais féerique dépassant l’imagination, tout ce que le génie d’un humble peut concevoir, (avec grottes, tours, jardins, châteaux, musées et sculptures) cherchant à faire renaître toutes les anciennes architectures des temps primitifs ; le tout si joli, si pittoresque que l’image en demeura vivante pendant au moins 10 ans dans mon cerveau. Toutefois mon projet ainsi conçu devenait pour moi presque irréalisable. Du rêve à la réalité, la distance est grande n’ayant jamais touché ni la truelle du maçon, ni le ciseau, ni l’ébauchoir, et j’ignorais absolument les règles de l’architecture. J’avais alors dépassé depuis 3 ans ce grand équinoxe de la vie qu’on appelle quarantaine. Cet âge n’est plus celui des folles entreprises et des Châteaux en Espagne. Or au moment où mon rêve sombrait peu à peu dans les brouillards de l’oubli, un incident le raviva soudain, mon pied heurta une pierre qui faillit me faire tomber je voulus voir de près, ma pierre d’achoppement ; elle était de forme si bizarre que je la ramassai et l’emportai ; je retournai le lendemain au même endroit et j’en trouvai de plus belles qui rassemblées sur place faisaient un joli effet, cela m’enthousiasma ; c’est alors que je dis : « Puisque la nature fournit les sculptures, je me ferai architecte et maçon (du reste qui n’est pas un peu maçon) et je pensais tout en cheminant à Napoléon 1er qui disait que le mot « impossible » devrait ne pas exister. En effet, depuis lors je dis avec lui. C’est alors que le long charroi commença et il dura 27 ans parcourant pendant tout ce laps de temps des dizaines de kilomètres en plus de ma tournée quotidienne, je remplissais mes poches de pierres puis ensuite, j’employai des paniers ce qui accrut ma peine, car j’avais une tournée de 32 kilomètres à effectuer chaque jour. (…) C’est alors que les langues se délièrent dans le pays et les environs, l’opinion fut vite faite :« C’est un pauvre fou qui remplit son jardin de pierres. » Extraits du Cahier n° 3 des mémoires de Ferdinand Cheval (Dossier de Presse du Palais Idéal.)
Le Palais Idéal a séduit de nombreux artistes, comme les surréalistes… Aujourd’hui il offre sa majesté comme écrin à des concerts prestigieux. Le Curieux vous invite à écouter et à voir Manu Diango et Jacques Higelin !
Lieux imaginaires et merveilleux!
Hauterives a le Palais Idéal, Chartres a la Maison Picassiette! À peu près à la même époque, Raymond Isidore, lui, ramassera des petits morceaux de faïence et de verre et recouvre ainsi sa maison de mosaïques incroyables… Dans la région parisienne, c’est Jean-Michel Chesné qui s’inspira plus récemment de Ferdinand Cheval pour imaginer un Jardin Idéal et farfelu. Enfin, en Mayenne, Robert Tatin entre 1962 et 1983 a construit une maison réellement impressionnante…