DELACROIX à St SULPICE

DE LA CHAPELLE DES SAINTS ANGES…

… AU « DA VINCI CODE » !

Intérieur de l’église Saint Sulpice à Paris. Photo: Sylvie Maugis

Comme je vous le racontais la semaine dernière, Eugène Delacroix s’était installé rue Furstenberg à Paris pour être proche de l’église Saint Sulpice, car la Ville de Paris, propriétaire de l’édifice, lui avait commandé la déco d’une chapelle: la chapelle des saints anges, à laquelle il travailla de 1850 à 1861.
L’église Saint-Sulpice est la plus grande église de Paris et on pense qu’elle fut construite sur cent ans, entre 1646 et 1745!
Actuellement, suite à l’incendie de Notre Dame en 2019, elle fait office de cathédrale pour les grandes cérémonies.
La façade néo-classique est plutôt austère et l’intérieur assez grandiose est intéressant pour qui aime l’architecture cultuelle .

Façade de l’église St Sulpice. Paris
Colonnes de la façade de l’église
St Sulpice

Dès l’entrée, à droite, on peut admirer le travail de Delacroix dans la chapelle des saints anges: deux grandes fresques représentent l’une le combat de Jacob avec l’ange et l’autre Héliodore chassé du temple puis, au plafond, Saint Michel terrassant le dragon.

Panneau-légende de la chapelle
« Héliodore chassé du temple »

Plafond de la chapelle des saints anges: « Saint Michel terrassant le dragon »
Photos: Sylvie Maugis
« Le combat de Jacob avec l’ange »

LE GNOMON

Saint-Sulpice abrite un élément insolite :un gnomon du 18e siècle.
Mais… Qu’est-ce donc qu’un gnomon ?
“Gnomon” est un mot grec qui signifie “moyen de savoir”. 
Il s’agit d’un outil de mesure installé dans l’église Saint-Sulpice en 1727, permettant à l’époque de déterminer la date précise de Pâques. C’est un obélisque en marbre blanc de 10,72 m de hauteur, au pied duquel fut tracée une méridienne matérialisée par une réglette de laiton incrustée dans le dallage de l’église. On installa également dans le vitrail du transept sud une lentille placée à une hauteur de 24m. Les rayons du soleil concentrés par la lentille frappent l’obélisque ou la ligne de laiton au sol. C’est à partir de là que l’on mesurait les solstices d’été et d’hiver ainsi que les équinoxes marquant respectivement le début du printemps et de l’automne.

Le gnomon de l’église St Sulpice. Paris.

Dans le film « Da Vinci Code », réalisé en 2006 par Ron Howard, le meurtrier se rend à l’église Saint-Sulpice pour trouver la clé de voûte dissimulée dans l’église qui serait « un monument construit sur les ruines d’un ancien temple dédié à la déesse Isis » (Magie de la fiction!).
Et dans le roman d’où est tiré le film, l’auteur, Dan Brown, décrit la ligne du gnomon :  » Enchâssée dans le sol de granit, une fine baguette de laiton poli luisait entre les pierres grises, une ligne dorée, graduée comme une règle (… ) » Il la définit comme étant la « Rose Ligne », une ligne partageant la France en deux parties égales.
L’actuel curé de Saint-Sulpice a placé des panneaux explicatifs afin de rétablir la vérité : « La ligne matérialisée sur le sol de l’église et sur la pyramide où elle se prolonge fait partie du gnomon astronomique, établi ici en 1793. Elle n’a jamais été appelée « Rose Ligne ».

Le curieux infos

Église St Sulpice:
Place St Sulpice 75006 PARIS

Il est recommandé de visiter en dehors des heures de messes, car certains accès sont alors réservés!


Lien vers un site richement documenté sur l’église Saint Sulpice:
https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Paris/Paris-Saint-Sulpice

EUGÈNE DELACROIX

Place Furstenberg. Paris. Photo: Sylvie Maugis

LE MUSÉE – ATELIER

Les maisons d’artistes sont fascinantes! Après le musée Bourdelle, je suis allée rencontrer Eugène Delacroix dans sa jolie maison au fond d’une cour donnant sur la place Furstenberg à Paris.
Sur deux étages et surplombant un jardin caché et fleuri, elle reflète bien la vie de ce peintre dont l’oeuvre n’est pas si connu!
Eugène Delacroix s’est installé rue de Fürstenberg en 1857, pour se rapprocher de l’église Saint-Sulpice dont il avait été chargé de décorer une chapelle. Il y vécut jusqu’à sa mort en 1863.
Aujourd’hui, le musée Eugène Delacroix est rattaché à l’établissement public du musée du Louvre.

L’appartement s’organise autour d’un petit corridor qui servait du temps de Delacroix d’antichambre à son appartement. L’ancienne salle à manger, la chambre et le salon de Delacroix abritent aujourd’hui les collections du musée – peintures, dessins, estampes, écrits de l’artiste. La dernière salle de l’appartement, autrefois bibliothèque du peintre, donne sur le jardin, et lui en permet l’accès. 

Évidemment, vous ne retrouverez pas dans ce musée les tableaux les plus réputés de l’artiste comme: « La liberté guidant le peuple », car elles sont dans les grands musées du monde. (Et celui-là au musée du Louvre à Paris.)

« La liberté guidant le peuple » E.Delacroix

Par contre, dans ce musée-atelier, on pourra voir les esquisses de ses principaux tableaux, ses outils de peintre , des objets personnels etc.

Esquisse de la liberté guidant le peuple
Visite guidée de l’Atelier
Table de peintures

Accès au jardin du Musée Delacroix. Photo: Sylvie Maugis
Panoramique du jardin du musée Delacroix. Photo: Sylvie Maugis
Les infos du curieux

Très belle visite virtuelle du musée Delacroix
https://Youtu.be/lbCdJZeYfr8

Musée DELACROIX: Place Furstenberg. Paris.
Du mercredi au lundi de 9h30 à 17h30.Réservation obligatoire: 01 44 41 86 50

LA PATTE DE GELUCK

Affiche de l’exposition au Musée Soulages à Rodez.
Photo: Christian Avenel.

À Rodez, le petit Curieux a rencontré

LE CHAT de Philippe Geluck

pour une visite du musée Soulages.

Le Chat au Musée Soulages. Philippe Geluck.
(…) « C’est bien connu, le chat squatte depuis bien longtemps le monde de l’art : des pyramides égyptiennes aux peintures de Goya, des estampes de Steinlein aux photographies de Willy Ronis…
Avec ceux de Colette (Kiki la Doucette), le Bé-bert de Céline, le Lucifer de Disney et le Fritz de Crumb, le chat est passé depuis longtemps d’objet à sujet. Il existe par lui-même.
Le Chat de Philippe Geluck, en est un, un sacré sujet.
Aussi générique que singulier.
En toute inertie et conscience de soi, ce chat pérore, commente et explique.
Le Chat de Geluck a un avis autorisé. Ce chat noir est une figure notoire, entre l’encyclopédie sur pattes (qu’on voit mal, les pattes bien sûr, cachées par le bidon) et les brèves de comptoir.
Le Chat, comme d’autres disent pompeusement Le Bon Sens, a un avis sur l’art, l’histoire des arts, les artistes. Le Chat est philosophe, vaut bien des kilomètres de rayons de livres sur l’esthétique des arts, péroraison partagée par quelques-uns. Et c’est ainsi qu’il est devenu l’ami de Soulages qui comme chacun le sait travaille dans le noir – je connais un chat appelé Outrenoir faisant banquette dans un appartement parisien-. Geluck a réalisé peintures et dessins du Chat commentant lestement, doctement l’œuvre du peintre. Cet hiver, Le Chat de Geluck tracera son chemin dans les œuvres du peintre, au musée Soulages… Avec ses commentaires avisés. Mystère et patte de velours, comme dit Fantômas. Surprise !Le parcours du Chat de Geluck dans l’univers de Soulages est un ensemble de dessins, des inédits de l’été, et quelques peintures sur toile dispersées dans le musée, dans le hall, en contrepoint des œuvres du Maître : contrepieds allégoriques et roulades sémantiques. A cette occasion un journal collector sera publié, avec des notices, des textes et des images, des tutos et des jeux pour le jeune public. Un tabloïd de musée écrit par des spécialistes confirmés, exempts de toute ratiocination.
Hop ! »
Texte de Benoit DECRON Conservateur en chef du Patrimoine.
directeur du musée Soulages de Rodez
Le Chat au Musée Soulages. Philippe GELUCK

Franchement j’avais peur…

Peur que Le Chat broie du noir! (ne cherchez pas de contrepêtrie avec « brou de noix »: il n’y en a pas!)
Le Chat, au contraire, est en pleine forme : il exposera ses sculptures en bronze sur les Champs-Élysées à Paris au printemps prochain (Et j’espère vivement qu’il aura réalisé celle où Le Chat écrase une voiture avec ce titre: « C’est la première fois qu’un chat écrase une voiture » ) et ouvrira à Bruxelles SON musée en 2024…
À Rodez, le dessinateur belge Philippe Geluck a choisi de lancer un jeune peintre nommé Pierre Soulages.
Son célèbre personnage « Le Chat » accroche ses remarques, ses plaisanteries, ses jeux de mots et ses réflexions sur l’Histoire de l’Art et sur l’oeuvre de Pierre Soulages, au Musée de Rodez, jusqu’au printemps 2021.

Le Chat. Philippe Geluck. Musée Soulages.

J’ai eu le privilège de suivre la visite de l’exposition des peintures de Philippe Geluck dans la collection Soulages, en présence de Benoît Decron (Directeur du musée Soulages) et du dessinateur en personne.
Philippe Geluck est quelqu’un d’une fine intelligence, très cultivé et drôle.
Il nous propulse, l’air de rien, dans son univers avec humour et auto-dérision.

Benoît DECRON et Philippe GELUCK au Musée Soulages. Photo: Christian Avenel
PODCAST
« Présentation de l’exposition par Benoît Decron et Philippe Geluck« 


Le Chat c’est lui, lui c’est Le Chat… Incisif mais jamais méchant, critique mais jamais revanchard.
Il (Geluck ou le Chat? Le Chat ou Geluck?) a toujours été proche des grands maîtres de l’Histoire de l’Art, les regardant à travers ses yeux perçants et son crayon aigu: La Vénus de Milo, La Joconde, Picasso, Munch, Courbet, Mondrian et Soulages.
Il dit de Soulages: « On sait tous où on était le jour de l’assassinat de Kennedy ou le 11 septembre 2001, moi, je me souviens du jour où j’ai vu un tableau de Soulages! »
Tout aussi sérieusement, il dit  » Le bleu d’Yves Klein, c’est jamais qu’une soupe de Schtroumpfs »
Coup de griffe? Non, juste une façon d’être joyeusement irrévérencieux car le « Bleu Klein » est à jamais une merveille, une invention étonnante!

Philippe Geluck devant une de ses peintures. Musée Soulages.
Photo: Sylvie Maugis

Une bulle de bonne humeur

Cette visite a été un moment suspendu dans cette période un peu morose, tant Philippe Geluck irradie la sympathie!
Né à Bruxelles en 1954, il est dessinateur, peintre, humoriste et l’on sent – tout au long de la visite – qu’il fut aussi comédien!
Il emmène son public à la découverte de l’oeuvre de Pierre Soulages en racontant des anecdotes et en nous faisant partager ses émotions et ses coups de coeur pour le peintre et pour son épouse Colette.

Et, réellement, c’est émouvant les apparitions du Chat dans ces grandes salles de musée!
Cette complicité entre les deux artistes bouscule notre vision des « outrenoirs » et je suis convaincue que les visiteurs, grâce à l’humour décalé du félin, désacralisent le côté imposant de l’oeuvre et le regardent peut-être de façon plus détendue, car Le Chat met à l’aise…
Et d’ailleurs, ce vendredi de vacances scolaires, plein de monde se pressait au musée, beaucoup de jeunes et d’enfants, contrairement aux musées parisiens vidés de leurs publics… Et les visiteurs ne cachaient pas leur étonnement et leur ravissement de voir que l’auteur du Chat était là, et la « visite de Presse » s’est prolongée en séance de dédicace avec le public enthousiaste!

Une peinture de Geluck dans une salle de la collection Pierre Soulages. Rodez.Photo: Sylvie Maugis.

LE CHAT rencontre Soulages

Philippe Geluck au musée Soulages.
Photos: Christian Avenel
PODCAST
« Philippe Geluck rencontre Pierre Soulages« 
Philippe Geluck . Musée Soulages. Photo: Sylvie Maugis
PODCAST
« Le Chat, l’histoire de l’Art et toujours Soulages »

Le Chat. Philippe Geluck. Musée Soulages.

Le Chat aussi se moque de son géniteur et de Pierre Soulages !
J’aime particulièrement ce dessin où Pierre Soulages et Philippe Geluck – tous deux de dos – regardent des portraits du Chat accrochés à côté de peintures de Soulages.
Soulages: « Au fond, est-ce que Le Chat, ce n’est pas toujours un peu la même chose? »
Geluck lui rétorque: « Je ne sais pas si tu es le mieux placé pour me dire ça! »

Se moquer? Caricaturer?

En fin de visite, un journaliste demande à Philippe Geluck son ressenti après l’assassinat de Samuel Paty.:

PODCAST
« Philippe Geluck parle de la liberté d’expression »

Portrait de Philippe Geluck. Photo: Christian Avenel

Et je ne peux terminer cet article sans vous faire partager la dédicace de Philippe Geluck pour l’Art d’être curieux:

Dédidace de Philippe Geluck sur le journal de l’exposition,
pour « L’Art d’être curieux »
Infos du Curieux


Musée SOULAGES:
www.musée-soulages-rodez.fr

LE CHAT: www.lechat.com

LE PROF DU LYCÉE

Quand j’ai commencé à réfléchir sur ce blog, il y a six mois, j’ai écrit un texte…
Ce soir, il est malheureusement d’actualité…

Je voudrais le dédier à Samuel Paty.

« LE PROF DU LYCÉE
Le prof du lycée c’est celle ou celui qui, quarante ans plus tard, vous revient en mémoire au détour d’une anecdote …
J’en ai… Plein au final !
La première c’est Madame Souriau, la prof de philo du lycée expérimental de Sèvres.. 50 ans, « Vierge et fière de l’être » avait-elle crié, s’adressant exclusivement aux filles, après avoir fait sortir les garçons, juste après Mai 68…
Toujours au Lycée de Sèvres: une prof. d’anglais débutante qui nous a apprivoisé.es avec les textes des Beatles…  » When I’m sixty four »… Je continues à en connaître les mots par coeur… Et à écouter les Beatles…
Une jeune Assistante Sociale qui pensait nous faire découvrir la sexualité, alors que nous étions consterné.es de devoir nous cotiser pour permettre aux copines d’aller avorter en Angleterre… Mais restait à l’écoute de nos interrogations cachées.
Et cette prof d’Italien qui nous avait fait apprendre par coeur: « Era una volta, un gato che aveva una moglie capriciosa » ( « Il était une fois un matou qui avait une épouse capricieuse ») En plein essort des mouvements féministes… Je comprends pourquoi je suis toujours aussi mauvaise en Italien 🙂
L’atelier vidéo avec Monsieur Bellanger, le soir dans le lycée désert, avec lequel on avait réalisé un délirant documentaire sur Diderot, et que j’ai retrouvé des années plus tard sur un festival de cinéma où je présentais un de mes films ! Et son regard si fier… Waouh!
Et puis le lycée technique après le bac Arts Plastiques.
L’envie de l’Art… Mais comment…?
Là… Une année.. Juste pour tout expérimenter !
Monsieur Moninot qui m’encourage sur une sculpture de femme enceinte qui fait rigoler les copines… Et qui me dit:
« N’écoutes pas.. Fais ce que tu veux et comme tu veux, toujours, tu entends : TOUJOURS ! »
Monsieur … le grand maître tapissier et sa grande gentillesse…
Et celles et ceux dont j’ai aussi oublié le nom, mais qui ont façonné mon adolescence et mon amour de l’Art…
Toutes et tous m’ont permis de grandir avec la Culture et l’Art…
Toutes et tous m’ont permis de pouvoir analyser …
Toutes et tous m’ont permis d’être juste un être humain curieux de tout…
Je leur dédie ce modeste blog.« 

Le curieux pleure

PARIS… TOUJOURS PARIS!

Paris, vue du 6° étage du Centre G.Pompidou. Photo: Sylvie Maugis

2) LE MUSÉE BOURDELLE

Antoine BOURDELLE

Sous un petit crachin insidieux, je suis allée dans le quartier Montparnasse me réfugier dans le musée-atelier du sculpteur Antoine Bourdelle.
Plusieurs ailes de bâtiments, nichées dans un incroyable jardin-jungle, abritent ce musée.
Une première salle, très haute de plafond, accueille ses sculptures monumentales et les autres permettent de faire connaissance avec ce sculpteur, contemporain de Rodin.

Musée Bourdelle. Jardin. Photo: Sylvie Maugis
Musée Bourdelle . Jardin. Photo: Sylvie Maugis
Musée Bourdelle . Le jardin et la vue sur la Tour Montparnasse.
Photo: Sylvie Maugis
Musée Bourdelle. Salle des sculptures monumentales. Photo: Sylvie Maugis
Musée Bourdelle. Salle des sculptures monumentales. Photo: Sylvie Maugis
Musée Bourdelle. Détail d’une sculpture monumentale.
Photo: Sylvie Maugis

Actuellement, une exposition présente ses nombreuses déclinaisons de bustes de Beethoven… Curieux « pour le coup »!

Musée Bourdelle. Entrée de la salle Beethoven. Photo: Sylvie Maugis
Musée Bourdelle. Salles Beethoven. Photo: Sylvie Maugis

Pour la petite histoire rapide, le jeune Antoine Bourdelle (né en 1861 à Montauban) était tellement passionné par le dessin que ses instituteurs le laissaient crayonner, dans son coin, sans essayer de le forcer à ingurgiter l’enseignement, plutôt rébarbatif, de l’époque! Il quittera tout de même l’école à 13 ans pour seconder son père ébéniste.
Beaucoup plus tard, il sera reçu second au concours de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris, (et je témoigne que ce n’est pas de la tarte!) et en 1900 participe à l’Exposition Universelle de Paris, qui marquera un tournant dans sa carrière, comme ses rencontres avec Auguste Rodin et Camille Claudel.
Il enseignera aussi et un certain Alberto Giacometti sera son élève…
Il loue un modeste atelier à Montparnasse, qui est devenu aujourd’hui propriété de la Ville de Paris et – il faut le noter – gratuit, comme tous les Musées de la Ville de Paris, ce qui n’est pas le cas des musées nationaux trop souvent hors de prix… Ce n’est pas négligeable, comme avait l’air de le penser mon banquier à mon retour de ma semaine de parisienne!

Musée Bourdelle . Appartement du sculpteur. Photo: Sylvie Maugis
Musée Bourdelle. Atelier : explications sur les techniques de moulage. Photo: Sylvie Maugis
Musée Bourdelle. Atelier et vue sur les moulages. Photo: Sylvie Maugis

Le PODCAST du CURIEUX

Cette visite du musée Bourdelle nous donne l’occasion de parler des techniques de moulage et d’écouter
Hugues Pétérelle, mouleur statuaire et plasticien.

Hugues Pétérelle dans son atelier. Photo: Sylvie Maugis

Quelques moulages réalisés par Hugues Pétérelle
Photos: Hugues Pétérelle

Dali et Meissonier
Bassin de Latone.
Curieux infos

Musée Bourdelle:
18 rue Antoine Bourdelle 75015 PARIS
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Entrée libre.
https://www.bourdelle.paris.fr/ Leur site est très bien réalisé et attractif.

Hugues Pétérelle:
huguespeterelle.jimdofree.com

À PARIS…

La Tour Eiffel, vue de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Photo Sylvie Maugis

Gageure ou inconscience que de « monter » à Paris en ces temps de pandémie et d’alerte maximale?
Mais les gens sont très prudents et respectueux et les musées… Vides…
Un véritable régal !

1) ARCHITECTURE ET PATRIMOINE

Très émouvant pour moi de retrouver la « Cité de l’Architecture et du Patrimoine » à côté du Théâtre de Chaillot, place du Trocadéro, où j’ai passé de longues heures, adolescente, avec ma professeure d’Histoire de l’Art, à dessiner les tympans, les nartex et autres joyaux de l’architecture romane.
Ce qui a été surprenant pour moi, c’est que bien que j’ai vu, revu, dessiné, étudié leurs moulages… Ces lieux de l’art roman m’ont quand même provoqué une vraie émotion quand je les ai vu « en vrai ».
Je n’oublierai jamais ma « rencontre » avec l’abbaye de Vézelay et sa « petite soeur » de Saint-Père sous Vézelay, en Bourgogne. À tel point que, si je passe à moins de 100 km, je ne peux m’empêcher d’y retourner!

Basilique Sainte Marie-Madeleine à Vézelay,
sur la « Colline éternelle ». Photo OT de Vézelay
Intérieur de la Basilique Sainte Marie-Madeleine à Vézelay.
Photo OT de Vézelay
Église Notre-Dame de St Père sous Vézelay.
Photo OT de Bourgogne

Mais revenons à Paris, dans la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.
Tout le rez-de-chaussée nous raconte l’art roman puis l’art gothique et à l’étage nous propose des reproductions de bâtiments plus récents qui ont marqué notre architecture.
On est saisi.es, dès l’entrée, par les majestueux moulages grandeur nature des abbayes de Vézelay, d’Autun, de Moissac et bien d’autres, datant du Moyen-Âge.
Plus loin, en ordre chronologique, nous admirerons les réalisations de l’art gothique des Cathédrales de Chartres, de Reims ou de Strasbourg.

Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Rez de Chaussée.
Cité de l’Architecture et du Patrimoine . Rez de Chaussée
Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Maquette
Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Grande salle des moulages.
Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Tympan d’Autun.
Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Tympan Roman

NOTREDAME de PARIS

Une salle est dédiée à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, détruite par un incendie en avril 2019.

Accueil Salle Notre-Dame de Paris
Tableau explicatif sur la restauration de N.D de Paris
Tableau explicatif de la reconstruction de N.D de Paris
La dépose des sculptures de N.D de Paris
Suite de la dépose des sculptures de N.D de Paris
Détail salle Notre-Dame de Paris


Sur tout le parcours du musée, des bornes multimédias, des vitrines didactiques et des tables lumineuses permettent d’approcher des détails de ces oeuvres et d’en comprendre l’histoire ou les techniques de réalisations, comme le moulage ou le vitrail.
Des guides de « médiation » vous proposent également des explications ou accompagnent votre visite.

Le guide de médiation se documente pour pouvoir nous répondre avec précision sur « la représentation du candélabre à sept branches dans les églises catholiques » Pauvre garçon!Merci à lui!
Technique de moulage
Vitrine didactique sur le moulage
Détail d’un moulage sur une colonne
Détail d’un moulage de tête.
Moulage détail de l’Église Saint Maurice à Vienne
Table lumineuse sur la technique du vitrail
Technique du vitrail suite
Table lumineuse et tablette vidéo. Technique du Vitrail.

ÉCOUTONS…

Le podcast du curieux

Avant de monter vers les réalisations architecturales plus récentes, le Curieux vous propose de rencontrer Anne, Docteure en Histoire de l’Art Médiéval et Éducatrice de Jeunes Enfants… Passions… Déceptions… Et… Passions!

Curieuse des moulages…


ARCHITECTURE MODERNE

Au premier étage, la Galerie d’Architecture Moderne et Contemporaine présente les réalisations les plus remarquables, depuis 1851.
 » (…) C’est un musée d’architecture unique en son genre, qui invite son public, néophyte ou amateur, à observer les édifices et le cadre urbain qui les entoure, pour en comprendre les enjeux et mieux les protéger (…) »
(Extrait d’un entretien avec Corinne Bélier, conservatrice de la galerie d’architecture moderne et contemporaine, édité par la revue « Beaux Arts »)

Galerie de l’architecture moderne et contemporaine
Galerie de l’architecture moderne et contemporaine
L’architecture Haussmannienne à Paris
Réalisations en béton armé de la société « Hennebique« 
Maquette du moulin de la chocolaterie « Meunier » à Noisiel.
1871-1872 de l’architecte Jules Saulnier.
Maison démontable enfer pour colonies 1889 par les entrepreneurs Moreau frères
Panneau commentant la maison démontable en fer pour colonies.
Le Curieux d’infos

Cité de l’Architecture et du Patrimoine
Place du Trocadéro. Paris.
Métro: « Trocadéro ».
Ouvert tous les jours, sauf mardis, de 11h à 19h.
Entrée: 9 euros.

Toutes les photos (sauf celles de Vézelay) et l’interview de Anne ont été réalisées par Sylvie Maugis.

CES PEINTRES QUE J’AIME TANT

Une belle exposition qui me fait remonter les souvenirs doux-amers de l’adolescence …

Salle d’accueil de l’exposition « Paul Valéry et les peintres » Musée P.Valéry à Sète

Au Musée Paul Valéry à Sète vous pourrez voir cette exposition lumineuse, installée jusqu’au 10 janvier 2021, pour fêter les 50 ans du Musée.

Quelle joie de quitter un musée en ayant la sensation trépidante d’avoir appris plein de choses!
J’avoue en toute simplicité que je connaissais mal Paul Valéry et que cette exposition m’a permis de rencontrer un personnage passionnant: poète, écrivain et peintre aussi.
Ami d’artistes très connus comme Odilon Redon, Degas, Renoir, Monet, Courbet … De poètes comme Mallarmé…
Tous ces peintres que j’aime tant et ce poète qui inquiéta mon adolescence!

« La fileuse endormie » Gustave COURBET

Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline ;
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.
Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s’incline.
Un arbuste et l’air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l’oisive.
Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.
Mais la dormeuse file une laine isolée ;
Mystérieusement l’ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.
Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse…
Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.
Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir… Tu es éteinte
Au bleu de la croisée où tu filais la laine.

Paul Valéry « La fileuse » 1927.

Une salle de l’exposition « Paul Valéry et les peintres » au musée P.Valéry à Sète (34) Photo: Sylvie Maugis

Dans cette exposition vous retrouverez Monet, Matisse, Picasso, Renoir et beaucoup d’autres.. Quelques un.es peu connu.es…

« Julie Manet ou l’enfant au chat » Renoir
« Les nymphéas » Monet
« La leçon de piano » Matisse
« Sainte Agathe » Zurbaran
« Portrait de Stéphane Mallarmé » Renoir

C’est trop difficile de « commenter » plus ce moment de découverte et de rencontre!
Il faut que vous y alliez et que vous vous laissiez porter par l’ambiance doucement feutrée… Regardez, lisez, goutez!
Et n’oubliez pas de visiter les Collections permanentes du Musée.

Avant de quitter le musée, je suis passée à la librairie et j’ai trouvé la ré-édition d’un ouvrage étonnant: la correspondance entre Paul Valéry et Stéphane Mallarmé « Autour de moi et la main »
Éditions Fata Morgana et Musée Paul Valéry.
Cerise sur ce beau gâteau: les pages ne sont pas coupées et, à la maison, j’ai pu utiliser le coupe papier en bronze de mon papa…

Le curieux Pratique

Le musée Paul Valéry se trouve au 148 rue François Desnoyer à Sète dans l’Hérault
0499047616
museepaulvalery@ville-sete.fr

Le musée est fermé les lundis, puis ouvert tous les autres jours de 10 heures à 18 heures.

Le curieux intello-gourmand

Ne quittez pas le musée sans faire un tour à la librairie du Musée bien achalandée et au petit restaurant/bar niché dans les pins, face à la mer: « Brasserie des Arts » … Pas donné mais bon et très sympa!

LES DERNIERS IMPRESSIONNISTES

À Lodève…

Le Musée de Lodève, dans l’Hérault, propose jusqu’au 28 février 2021 l’exposition: « Derniers impressionnistes. Le temps de l’intimité » qui vous fera découvrir les artistes de la « Société nouvelle de peintres et de sculpteurs », cercle d’artistes – masculins – considérés comme les derniers représentants du courant impressionniste.
« L’intimisme » est un mouvement qui s’attachera à représenter la nature: portraits, paysages de campagne ou urbains, bords de mer en Bretagne, scènes de travail champêtre, bourgeoisie paisible dans des jardins parisiens ou sur la plage de Cabourg, en Normandie.
« Ayant appris qu’il y avait, à Cabourg, un hôtel, le plus confortable de toute la côte, j’y suis allé. Depuis que je suis ici, je peux me lever et sortir tous les jours, ce qui ne m’était pas arrivé depuis six ans. (…)
Cette salle à manger apparaissait nue, emplie de soleil vert comme l’eau d’une piscine. A quelques mètres de celle-ci, la marée pleine et le grand jour élevaient, comme devant la cité céleste, un rempart indestructible et mobile d’émeraude et d’or. »

Marcel PROUST ( « À l’ombre des jeunes filles en fleurs »)

« Terrasse à la fenêtre » Henri Martin (Copyright Galerie A.Pentcheff)
« Port de Bretagne » C.Cottet. Collection Ville d’Évian-les-Bains (copyright BR)

Ils nous racontent des histoires…

Il est amusant de constater que les impressionnistes sont exposés un peu partout en France et à l’étranger en ce moment: Paris, Montpellier, Lodève, Sète, Montréal, Ottawa etc.
Pour essayer de comprendre cet engouement actuel, revenons rapidement sur ce mouvement important de l’Histoire de l’Art.
On situe l’Impressionnisme dans la deuxième moitié du XIX° siècle.
À cette période, l’art était très « académique », c’est à dire respectant la fidélité parfaite au sujet, presque photographique!
Les artistes impressionnistes ont préféré exprimer des impressions et des émotions ( J’aurais aimé, moi, qu’on les appelle les « émotionnistes »!).
Leur trait est moins précis, plus enjoué, les couleurs émergent de juxtapositions de taches au couteau ( de peintre) et – surtout – les sujets s’évadent des traditionnels portraits en chambre ou des scènes d’évocations religieuses ou historiques.
Ils privilégient les scènes de la vie quotidienne dans les villes, les campagnes, les bords de mer… Fascinés par le travail des ouvrier.es autant que par les riches bourgeois des stations balnéaires.

Détail d’un tableau impressionniste
Une salle de l’exposition « Les derniers Impressionnistes » Photo Christian Avenel.

« Tous ces peintres sont morts ou vont mourir, laissant après eux ce que la France a produit de plus original, peut-être depuis la fin du moyen-âge. La seule considération de l’ensemble de leurs travaux contemporains impose l’idée d’une variété des visions et des partis pris d’exécution tout à fait extraordinaire, se déclarant au même lieu, en même temps »
Paul Valéry.

André Dauchez « Fumées de goémon ». Coll. part. Ph.O. Dauchez

Mon professeur de dessin, au Lycée de Sèvres dans les années 70, nous suggérait soit de plisser les yeux, soit d’enlever nos lunettes de myopes pour appréhender la vision des Impressionnistes! Expérience absolument étonnante… Essayez…. Ça marche: ce que vous regardez vous arrive sans contour net, sans détail… Une.. IMPRESSION…. Tiens donc?

Les Impressionnistes nous parlent de nous – riches ou pauvres – racontent nos histoires, nos journées de travail, de labeur, nos week-ends de farniente au bord d’une rivière ou d’une plage, sous le soleil ou la tempête.
Chacun.e de nous peut se retrouver, encore aujourd’hui, dans ces représentations.
À Lodève vous allez rencontrer des peintres moins connus et moins représentés dans les ouvrages sur l’Impressionnisme.

Plus tard, d’autres artistes vont – de nouveau – bousculer ces codes, car c’est cela la magie de l’Histoire de l’Art: inventer toujours ! Ces artistes vont faire appel à nos ressentis, plus charnels et plus intuitifs… L’Art Moderne sera né… Ce sera un autre article du Curieux!

Henri Martin « Petite fille en bleu » Collection particulière Photo M.Maket

Salle des dessins.  » Les derniers Impressionnistes » Musée de Lodève. Photo: Sylvie Maugis.

Aller vers les plus jeunes…

Je voudrais souligner le travail vraiment très innovant et très réussi fait par le Musée de Lodève vers les plus jeunes visiteurs: sous certaines oeuvres un court texte explicite le tableau, la vie de l’artiste ou la technique utilisée… Un livret est aussi à leur disposition dès l’accueil pour les aider à mieux apprécier et dynamiser leur visite.

« Pont à Londres » Émile CLAUS.
Panneau explicatif sous le tableau d’Émile Claus.
Salle du Musée de Lodève. Panneau explicatif pour les enfants sous un tableau d’H.Martin. Photo Christian Avenel.
Agrandissement du panneau explicatif sous le tableau d’Henri Martin.

Il est primordial et plus qu’urgent d’éveiller les enfants et les ados, voire les adultes aussi, à ressentir l’Art, les entrainer à être curieux des courants de création artistiques.
Si on veut « changer la société » c’est par l’accès à la Culture et à toutes les richesses d’invention, loin des « fake news », des complotismes, des négationnismes de tous genres qui polluent le regard et tétanisent l’analyse…

Le Curieux a rencontré Myriam Chollet, responsable de l’animation jeunes publics au Musée de Lodève qui nous parle de son métier.

Myriam CHOLLET Musée de Lodève.
Photo Sylvie Maugis
Podcast:
interview de Myriam CHOLLET


Raconte moi…

Parcours « Raconte moi » . Musée de Lodève

Le Musée de Lodève consacre plus de mille mètres carrés à trois parcours permanents, ludiques et interactifs pour petit.es et grand.es
(J’ai expérimenté: génial!):
« Raconte moi la préhistoire »: avec humour et poésie, découvrez la vie quotidienne des femmes et des hommes du néolithique,
« Raconte moi la vie sur terre »: ce parcours relate l’histoire de la Terre depuis 540 millions d’années,
« Raconte moi Paul Dardé »: découvrez l’univers de ce sculpteur et les différentes techniques de la sculpture de l’époque.

Pratico Pratique

Musée de Lodève
Square Georges Auric à Lodève
Grand parking à proximité.
04 67 88 86 10
museelodeve@lodevoisetlarzac
Tarif Pass, tarifs plein et réduits.
www.museelodeve.fr

Ne quittez pas Lodève sans voir :

  • La somptueuse Cathédrale Saint Fulcran
  • Incontournable aussi : « La Manufacture Royale de la Savonnerie » annexe des Gobelins de Paris où sont fabriqués les tapis qui orneront les salles des ministères, de l’Elysée etc. Impasse des Liciers/ Visites guidées uniquement les jeudis et vendredis à 14 heures.
  • L’étonnante et passionnante Apothicairerie de l’Hôpital de Lodève. 13 bd Pasteur.
  • Le grand marché du Samedi matin en Centre-ville.
  • Le Lac du Salagou …
Vue de Lodève… Qui mérite bien un petit séjour!

IMPRESSIONNISTES CANADIENS

Affiche de l’exposition

C’est au Musée Fabre à Montpellier (du 19 septembre au 03 janvier 2021) que l’exposition « Le Canada et l’impressionnisme, nouveaux horizons » termine sa tournée européenne organisée par le Musée des Beaux-Arts du Canada, par cette seule ville en France.

D’OTTAWA…

Le musée des Beaux-Arts du Canada, à Ottawa (la Capitale du Canada) a été fondé en 1880. Après plusieurs déménagements et aménagements, son architecture actuelle est l’oeuvre de l’urbaniste et architecte Moshe Safdie.
Ce musée abrite une très importante collection d’oeuvres passées et contemporaines d’artistes canadiens, bien sur, mais également d’artistes du monde entier: Chagall, Warhol, Dali ( « Gala et l’Angélus de Millet »… voir mon article sur Dali !), Gauguin, Klimt, Magritte, Mondrian, Picasso, Van Gogh et d’autres encore…

Visite guidée du Musée des Beaux Arts d’Ottawa

Avec plus de 100 œuvres par 35 artistes, l’exposition « Le Canada et l’impressionnisme. Nouveaux horizons » présente un nouveau point de vue sur l’impressionnisme dans l’art canadien. Organisée par le Musée des beaux-arts du Canada à partir d’œuvres de collections particulières et publiques, elle a entamé une tournée européenne en 2019, d’abord à Munich, puis à Lausanne, enfin à Montpellier, présentant ainsi à un auditoire international de célèbres œuvres d’art canadien.

À MONTPELLIER….

Carte du Canada et repères historiques. Hall du musée Fabre Montpellier


Je ne suis pas peu fière d’être LA première visiteuse de cette exposition en France, le samedi 19 septembre à 10 heures pile au musée Fabre à Montpellier!

L’exposition s’articule autour de plusieurs thèmes :
« Paris et la modernité » : Plusieurs jeunes artistes canadiens viennent à Paris suivre une formation académique et se trouvent confrontés à des courants artistiques comme l’école de Barbizon, par exemple, rencontrent des artistes français, les impressionnistes, comme Monet…

Panneau de la salle « Paris et la modernité »

« À la campagne » : La vie parisienne n’est pas facile (déjà !) pour ces jeunes étudiants et à la fin de l’année scolaire, ils fuient vers la campagne environnante, sur les bords de Seine et du Loing… Ils découvrent la lumière particulière de ces rives et les reflets de l’eau et du soleil dans les feuillages.Certaines de leurs ouvres seront envoyées au Canada et remportent un vif succès.
« Sur les côtes françaises » : Dans la deuxième moitié du XX° siècle, certains artistes canadiens visitent les stations balnéaires normandes et bretonnes, reliées à la capitale par les nouveaux réseaux ferroviaires. Ils seront séduits par l’engouement des riches citadins pour les bains de mer, et préfèreront les scènes de plage aux reproductions des paysages.

Salle sur le thème des côtes françaises


« Jeunesse et soleil » : Il n’est pas étonnant que les peintres canadiens se passionnent pour les portraits d’enfants, à la campagne ou à la mer, tant l’enfant a toujours eu une place particulière dans la société canadienne, encore de nos jours !
« Univers féminins » : Français ou Canadiens, les impressionnistes ont donné une place nouvelle aux portraits féminins. Chez les intellectuels canadiens, la figure de l’américaine cultivée et émancipée par ses voyages en Europe devient l’incarnation de la « Nouvelle Femme », »the New Woman». Les femmes peintres sont elles-mêmes l’exemple des nouvelles ambitions féminines et des obstacles auxquels elles se heurtent.

Panneau de la salle: « Univers féminins »


« Nouveaux horizons » : De nombreux artistes canadiens vont pousser leur voyage en Europe vers les pays du Sud, comme l’Italie ou l’Espagne, voire l’Afrique du Nord. Mais la première guerre mondiale les obligera à rentrer au Canada.
« Retour au Canada » : Rentrés au pays, les artistes impressionnistes vont en quelque sorte porter un nouveau regard sur les paysages qui les bercent depuis leur enfance…
« La vie urbaine » : Ces impressionnistes seront vite passionnés, comme les impressionnistes français, à immortaliser les rues, les quartiers, les scènes urbaines qui sont leur quotidien.
« De l’impressionnisme au modernisme » : La première Guerre mondiale a laissé l’Europe exsangue et propulsé la jeune nation canadienne sur la scène internationale. Dans la décennie qui suit, le pays connait un développement économique et industriel spectaculaire, dont les transformations urbaines sont le reflet. Sur la scène artistique, face au conservatisme dominant émerge une nouvelle esthétique moderniste, ambitionnant de créer un art original et propre à la nation. Les Impressionnistes, et particulièrement Maurice Cullen qui depuis son retour poursuit ses explorations malgré les résistances du public, offrent un modèle de liberté esthétique aux jeunes peintres.Une nouvelle génération artistique émerge, à qui le voyage formateur en Europe permet d’assimiler les courants post-impressionnistes, l’Art nouveau ou le fauvisme. Deux groupes s’affirment en 1920 : le Groupe des Sept à Toronto et le Groupe de Beaver Hall à Montréal. (extrait du Dossier de Presse)
« Le groupe des Sept » : Vers 1910, un groupe de 7 jeunes artistes va se constituer afin de mener ensemble des recherches picturales autour de l’idée de créer un art réellement canadien, mettant en valeur les paysages enneigés, les arbres, le scintillement de la neige sur la glace, les lacs blancs etc.
Voilà pour le résumé du parcours de l’exposition, rédigé avec l’aide du superbe Dossier de Presse!

Le drapeau canadien et le drapeau québécois

Adoptée depuis plus de trente ans par une famille Québécoise, j’avoue que j’ai été très émue tout au long de cette exposition!
J’avais déjà pu admirer certaines de ces oeuvres au musée des Beaux-Arts de Montréal, mais les voir, là « chez moi », retrouver ces paysages qui me manquent tant en ce moment où la pandémie nous éloigne un peu plus, c’était très étrange comme sensation… Je souriais derrière le masque en retrouvant les lieux connus et parcourus à Montréal ou Ottawa, peints au XIX° siècle…
J’ai été particulièrement frappée par l’évolution de la peinture de ces artistes entre Paris, les côtes françaises, le Sud de l’Europe et leur retour au Canada.
Tant en Europe le poids de la formation académique ou l’influence pesante des « maîtres » impressionnistes français donnent une certaine rigidité d’exécution et de tons à leurs oeuvres, autant celles réalisées à leur retour sont pétillantes!
Comme si, délivrés des enseignements figés, ils magnifiaient enfin à leur guise leur pays, leurs paysages, leurs concitoyens.nes! Les couleurs sont éclatantes, les reflets du soleil sur la neige ou sur la glace sont subtilement lumineux et les scènes de rues enneigées nous feraient presque sentir une baisse de la clim et on entend vraiment siffler le train qui traverse les paysages glacés!
Comme vivre au Québec, il fait bon se promener dans ces salles, passer de l’Europe au Canada, puis revenir sur mes pas pour comparer les factures, les luminosités, les cadrages!


Je tiens à noter là, la particulière gentillesse du personnel du musée qui, malgré les contraintes sanitaires qui l’oblige à maintenir le public pour éviter plus de 3/4 personnes par salles, surveiller le port du masque… Reste avenant et enjoué!
Jusqu’à la gardienne de la dernière salle avec qui j’ai échangé sur la peinture impressionniste et qui conseille aux visiteurs de monter au deuxième étage pour re-voir les collections de peintures impressionnistes du musée Fabre 🙂
Ce que j’ai fait! Grand merci à elle!
Quel délice de revoir tous ces tableaux et découvrir F.Bazille que je connaissais moins… Et pas pu m’empêcher de traverser les salles « Soulages » bien sur!

Projection sur Frederic Bazille. Photo Sylvie Maugis

Ne manquez sous aucun prétexte cette exposition sur Les Impressionnistes Canadiens et profitez-en pour visiter ( ou revisiter) ce très beau musée qu’est le Musée Fabre.

Avant de quitter le musée, entrez donc dans la petite librairie, trésor de richesses et de découvertes! Livres, affiches, cartes, jeux etc.
Le professionnalisme de Lucile ( et de ses collègues) vous convaincra à jamais de boycotter « À ma zone »!
La librairie « Sauramps au Musée » est ouverte aux mêmes horaires que le Musée Fabre.

Librairie « Sauramps au Musée » au Musée Fabre
Pratico-Pratique

Musée FABRE:
39 bd Bonne Nouvelle à Montpellier ( après l’Esplanade) Tel:0467148300
L’exposition  » Le Canada et l’impressionnisme. Nouveaux horizons » est installée jusqu’au 3 janvier 2021. Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé les lundis. Plein tarif: 8 euros ( beaucoup de réductions possibles)
Audio guide: 3 euros.
En vous connectant: https://fabre.montpellier3m.fr
vous accédez à la plateforme: « Fabre dans mon canapé ».

Curieux alentours

À Montpellier, proche du Musée Fabre, découvrez LA NEF:
Chapelle de la Visitation
41 rue de l’Université, qui propose jusqu’au 31 Octobre la très intéressante exposition: « Esprit Tatouage » du mardi au samedi de 10h à 13 h et de 14h à 18 h. Entrée libre.

Sculptures de Manon Lacoste. La NEF.
Le curieux s’envole!

À Ottawa, ne manquez pas de passer une journée au Musée canadien de l’Histoire, si vous devez séjourner dans ce beau pays! Cette immersion vous laissera un souvenir incroyable et vous permettra d’apprécier la richesse de l’histoire du Canada.

Grande galerie du Musée canadien de l’Histoire

ET VOUS SAVEZ QUOI?
Le Musée des Beaux-Arts de Montréal présente en ce moment une exposition : « PARIS AU TEMPS DU POST-IMPRESSIONNISME, SIGNAC ET LES INDEPENDANTS »
https://www.mbam.qc.ca/fr/expositions/paris-au-temps-du-postimpressionnisme-signac/

ESPACE GEORGE BRASSENS

L’Espace Georges Brassens à Sète. Photo: Dossier de Presse Espace G.Brassens.

L’amoureux des mots


C’est à Sète , pratiquement en face du cimetière où est enterré le chanteur, que l‘Espace Georges BRASSENS ouvrit ses portes en 1991.
En 2006, le musée s’agrandit et consacre aujourd’hui 800 mètres carrés à ce grand poète.
L’espace propose un parcours chronologique dans dix salles thématiques: « L’enfance à Sète », « De Sète à Paris », « Les cabarets », « Inspiration jazz », « Le plaisir des mots », « Poésie et musique », « Éloge de la femme », « L’homme de scène », « Brassens libertaire » et « Terminus gare de Sète ».
Un audiophone à l’oreille, cette visite ressemble à un entretien privé et, au fur et à mesure de ma progression dans l’univers de Brassens, je me sens devenir presque de ses intimes.

La scénographie est tout simplement magistrale : sensible, drôle et remarquablement documentée. Je parie que les plus fins connaisseurs du chanteur apprennent encore des choses!
Dans chaque salle, des films, photos, chansons, manuscrits, presse… Illustrent la thématique, et découvrent un aspect particulier de la vie de l’artiste.
Nous sommes accompagnés par la voix du chanteur dans l’audiophone, qui raconte son enfance à Sète, Paris et les débuts aux cabarets, son amour pour les femmes et celui, unique, pour sa compagne… Entre deux salles, une place est aménagée avec des bancs et, dès que vous serez assis, deux petits hauts parleurs diffusent « Les amoureux sur les bancs publics »: savoureux!

La Covid obligeant, la jauge est très minime dans l’Espace et je me prends à fredonner, à danser et à rire dans des salles quasi vides!

Vers la fin de la visite, installés dans une petite salle de projection, nous pourrons voir le très beau documentaire de François Chatel sur un tour de chant de Georges Brassens à Bobino.
Quelle jubilation de voir l’oeil pétillant, le sourire mi-amusé du chanteur et son émotion intense quand la salle applaudit frénétiquement et que le réalisateur fait un gros plan sur Raymond Devos hilare ! Pour ma part, j’avais la gorge serrée… Car je réalise que je ne l’ai jamais vu sur scène et que c’est trop bête d’avoir loupé ça…
J’ai pu admirer Claude Nougaro et Jacques Higelin : des moments magiques inoubliables!
Allez applaudir vos chanteurs préférés, c’est un précieux partage: il y a peu je suis allée écouter Michel Jonasz au Domaine d’O à Montpellier…
On prend conscience que l’on connaît tout son répertoire…
À un moment du spectacle il chante « Super nana » …
Alors, le public applaudit, chante la chanson, se lève… L’artiste salue…
Et la salle entonne: « Super Jonasz ».. Là, il revient, étonné, ému et son pianiste filme la salle, tous et toutes debout …

SACREBLEU ET CORNEGIDOUILLE … QUELS BEAUX MOMENTS!

Espace G.Brassens. Salle 2: « De Sète à Paris ». Photo Dossier de Presse Espace Georges Brassens
Espace G.Brassens. Salle 6: « Poésie et musique ». Photo Dossier de Presse.
Espace G.Brassens. Salle 9: « Le libertaire ». Photo Dossier de Presse

Brassens: sa vie, son oeuvre 🙂

Que dire de nouveau sur Georges Brassens, à part qu’il a eu la très mauvaise idée de mourir pendant que j’accouchais, en Octobre 1981!
On sait tout ou presque tout sur lui …
J’ai envie de m’arrêter un peu sur l’engagement politique du chanteur, car la salle consacrée à ce thème est un peu étriquée à mon goût, alors que son militantisme, pour moi, sous-tend toute son oeuvre.
Georges Brassens fut un militant anarchiste « actif » (contrairement à Léo Férré, qui – lui – choisit de rester un « sympathisant », et aida financièrement le mouvement anarchiste en donnant des concerts de soutien).
Georges Brassens rejoint la Fédération Anarchiste en 1946.
Il participait aux réunions du groupe anarchiste de son quartier du XV° arrondissement de Paris, dont il fut secrétaire à un moment, payait sa cotisation, comme les autres militant.es, et écrivait dans le journal « Le Libertaire » où il fut aussi parfois correcteur.
Comme beaucoup de contributeurs au journal de la Fédération Anarchiste, et/ou à Radio Libertaire plus tard ( dès 1981..) le chanteur écrivait sous un pseudo. (Non qu’ils/elles ne revendiquent pas leurs engagements, mais certain.e.s juste pour rire et d’autres pour les préserver d’éventuelles violences émanant de mouvements et/ou d’individus d’extrême droite!)
Dans ses articles, il va pouvoir exprimer différemment les thèmes de ses chansons: anti-cléricalisme, anti-militarisme, défiance de la police (« la maréchaussée ») , dégout de la justice…
Il participera également régulièrement à l’écriture du bulletin de la CNT (Confédération Nationale du Travail) syndicat anarcho-syndicaliste.
Quand Georges Brassens fut moins actif, il resta néanmoins proche du mouvement anarchiste en participant à des concerts de soutien pour la presse libertaire.
« L’Anarchie est pour moi une philosophie et une morale dont je me rapproche le plus possible dans la vie de tous les jours, j’essaie de tendre vers l’idéal. L’anarchisme, ce n’est pas seulement de la révolte, c’est plutôt un amour des hommes. La révolte n’est pas suffisante, ça peut mener à n’importe quoi, au fascisme même. »
« Je suis anarchiste au point de toujours traverser dans les clous afin de n’avoir pas à discuter avec la maréchaussée! »

La visite de l’Espace se termine par la petite librairie, où vous pourrez trouver de belles photos, affiches, boîtes à musique, CD et DVD…

Hall Librairie Espace Georges Brassens à Sète. Photo Sylvie Maugis.

Le 30 Octobre 1981, à l’age de soixante ans, Georges Brassens décède des suites d’un cancer.
Il est enterré au cimetière de la Py à Sète, le cimetière des pauvres, comme il disait… À quelques mètres du carré militaire… Humour noir?
Et, comme il l’avait souhaité, un pin a été planté derrière sa tombe et ce bel arbre le protège de son ombre !
Tous les ans, fin Octobre, des files de gens viennent lui rendre hommage, en déposant des mots, des fleurs, des pipes, des briquets…

La tombe de Georges Brassens. Cimetière de la Py . Sète
Photo: Sylvie Maugis
Hommage anonyme. Tombe de Georges Brassens.
Cimetière de la Py . Sète.
Photo Sylvie Maugis.
Le podcast du Curieux


Voici le lien de la bande annonce de la réouverture de l’Espace Brassens après confinement: une sympathique réussite !

Pratico Pratique

L’ESPACE GEORGES BRASSENS est situé au
67 bd Camille Blanc à Sète ( Hérault)
Ouvert tous les jours de 10 h à 17 h.

Le Cimetière de la Py est un petit plus bas sur ce même boulevard.

Dédicace

Je dédie cette page à mon ami d’enfance Roland DYENS, grand guitariste, concertiste et professeur au Conservatoire de Musique de Paris, qui nous a quitté lui aussi une fin de mois d’octobre, à l’age de soixante et un an….

Roland avait enregistré deux CD de chansons françaises et, dans le volume 2, il y interprète: « La ballade des dames du temps jadis » de G.Brassens:

Pochette du CD de Roland DYENS: « Chansons française volume2. »