DEPARDON À MONTPELLIER

Le Pavillon Populaire de Montpellier expose jusqu’au 24 avril 2022, les photos de Raymond DEPARDON prises durant l’été 2020, dans des villages du Gard, de l’Hérault, de la Lozère… Cette exposition reprend une large sélection des photographies éditées dans l’ouvrage « Communes » publié en 2021.

QUELS COMMUNES ET POURQUOI?

Le 1er mars 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le Ministère de l’écologie, de l’énergie et du développement durable accorde à une société texane, et pour une durée de 3 ans, un permis de recherches de mines d’hydrocarbures, liquides ou gazeuses, dit « Permis de Nant ».
Le périmètre d’exploitation de 4400 km carrés se situe principalement en Occitanie, touche près de 280 communes et plus d’un demi-million d’habitants. Il s’agit donc d’un territoire aux ressources naturelles et touristiques majeures qui se voit ainsi menacé, région éminemment rurale (Larzac, Auvergne, Ardèche, Drôme, Hérault…) au tissu fragile.
On sait la brutalité de l’exploitation du gaz de schiste : fractures géologiques et leur cortège d’effets secondaires fatals à l’environnement.
Le projet est abandonné en 2015, par voie de justice. »
(Extrait du dossier de Presse)

À l’issue du premier confinement, Raymond Depardon va sillonner cette partie de l’Occitanie qui fut menacée par le « Permis de Nant » pour capter des instants.

Raymond Depardon à l’exposition « Communes » au Pavillon Populaire de Montpellier
Photo (c) Pavillon populaire

Contrairement à ce qu dit Raymond Depardon dans son interview (voir plus loin) la plupart des habitant.e.s concerné.e.s n’a pas été informée, à l’époque, du projet intitulé « Permis de Nant » qui risquait d’impacter un immense territoire entre le Larzac et la côte et provoquer un véritable désastre écologique!
Un collectif s’était créé pour mobiliser les populations, mais les informations n’ont pas été réellement diffusées … Allez savoir pourquoi?
Cependant, la ténacité du collectif a permis l’abrogation du projet… Pour combien de temps?

Carte des villages concernés par le « permis de Nant »

LA FORCE DU NOIR ET BLANC

La cinquantaine de photos exposées surprend par l’intensité des contrastes!
Noirs intenses et blancs grisés semblent s’affronter à l’intérieur de chaque cliché.
Fidèle à sa chambre photographique qui permet une prise de vue travaillée – où le hasard et l’instantanéité n’ont pas de place – et des tirages détaillés, Raymond Depardon nous offre une vision de la ruralité très personnelle: paysages un peu glacés aux ciels ennuagés, personnages figés et villages qui semblent abandonnés… C’est saisissant!

Une salle de l’exposition « Communes » Photo: (c) Sylvie Maugis.
Hameau de la Muse Mostuejouls (c) R.Depardon/Magnum
Notre Dame de Grace à Gignac (c) R.Depardon/Magnum.
Aulas (c) R.Depardon/Magnum

La déambulation dans l’exposition permet aux visiteurs de faire connaissance avec le projet « Permis de Nant« , puis avec des photographies plus anciennes de Raymond Depardon et des extraits de ses films: « Un moment si doux » ou « Rural ».

PRATICO-PRATIQUE

Le Pavillon Populaire est situé sur l’Esplanade Charles de Gaulle à Montpellier, il est ouvert du mardi au dimanche
de 10h à 13h et de 14h à 18h
Entrée gratuite ( Pass sanitaire demandé)
Visites guidées gratuites et sans réservation les mercredis et vendredis à 16h, les samedis à 11h et 16h et les dimanches à 11h.

L’ORGUE DU JUBÉ

Orgue sur Jubé. Église d’Arques-la-bataille

Une fois n’est pas coutume: pas de visites d’expos, pas de mots écrits…
Mais un passionnant film documentaire : « L’ORGUE DU JUBÉ » réalisé par Patrice Veneau.
« L’orgue est une énigme.
Que se cache-t-il derrière cet imposant buffet, ces tuyaux, clavier et soufflerie ?
Dessin, conception, charpente, menuiserie, harmonie, découvrez tous ces métiers, dans l’atelier du Maître Facteur d’Orgues Michel Giroud.
Par une présence assidue et une caméra complice, le réalisateur Patrice Veneau et son équipe nous permettent d’entrer au cœur de la construction de l’orgue de l’église d’Arques-la-Bataille.
La justesse des images, la qualité du son rendent palpable le génie des créateurs.
Sous les doigts de Juliette Grellety-Bosviel, l’orgue livre ses premières notes avec le Prélude, Adagio et Fugue BWV 564 de Jean Sébastien Bach.
L’enthousiasme qu’a provoqué cette construction a engendré la création de l’Académie Bach. »

Dans une église, le jubé est une tribune formant une clôture de pierre ou de bois séparant le choeur liturgique de la nef.
Il tient son nom du premier mot de la formule latine « jube, domine, benedicere » (« daigne, Seigneur, me bénir »)

LA BEAUTÉ EN PARTAGE


Le Musée Fabre à Montpellier propose jusqu’au 6 mars 2022 :
« La beauté en partage
15 ans d’acquisitions au Musée Fabre »

Une salle de l’exposition. Photo: (c) Sylvie Maugis

Un exposition très singulière…

Les missions premières des musées de France sont de « restaurer, étudier et enrichir leurs collections ».
Chaque année, la Métropole Montpellier Méditerranée alloue une dotation spécifique aux acquisitions. Outre ce budget, le musée peut faire appel au mécénat ainsi qu’à d’autres fonds publics ( Fonds du Patrimoine, Fonds Régional d’acquisition des musées)
Un musée se doit d’acquérir des oeuvres qui viendront enrichir ses collections en répondant à ses orientations artistiques.
Tout projet d’acquisition, étayé par des recherches concernant l’authenticité de l’oeuvre, son état de conservation et sa valeur marchande, est soumis à l’approbation d’une commission scientifique représentant l’État.

Je reconnais que je n’avais jamais réfléchis à cette question… Car on va au musée, les oeuvres sont là… C’est normal, point!

Cette exposition, riche d’une centaine d’oeuvres, nous donne l’occasion de comprendre la dynamique d’acquisition, les choix et les projets d’achat du musée, à travers un parcours de quinze ans d’acquisitions d’oeuvres, de la Renaissance à l’époque contemporaine, dans des salles lumineuses, chacune dédiée à une forme d’acquisition:
– Les achats en galeries
– Les dons, donations, legs de particuliers
– Les achats en ventes publiques (enchères) en France et à l’étranger.
En France seulement, l’état – par le biais du Ministère de la Culture – peut « préempter » une vente, c’est à dire réserver une oeuvre à son prix de base, sans enchérir.
J’ai assisté à une telle vente et j’ai eu la surprise de voir que les participant.e.s à la vente applaudissaient quand le représentant du Ministère de la Culture levait la main pour préempter une vente d’oeuvre!
– Les Fondations d’Entreprises, qui achètent des oeuvres pour les offrir à des musées,
– Des associations,
– Les dons d’artistes.

Un moment de grâce…

Léonello SPADA  » La lamentation sur le Christ mort »
Détail.
« La diseuse de Bonne aventure » J.TASSEL Détail

Déambuler à travers toutes ces salles, c’est faire un beau voyage dans l’histoire de l’Art!
La mise en espace qui allie couleurs, éclairages et dispositions des oeuvres, imprègne une atmosphère de douceur très propice à la contemplation…
On pourra admirer des chefs d’oeuvre de la peinture italienne, les peintures de Sébastien Bourdon et du XVII° siècle, celles de François-Xavier Fabre, qui a donné son nom au musée, des dessins si fragiles qu’ils ne sont exposés que rarement etc.
Au détour d’une salle on découvrira les trésors de l’art décoratif issus de l’Hôtel Cabrières-Sabatier tout proche…
On se promènera dans Rome, puis dans des paysages méridionaux pour arriver doucement vers la modernité d’artistes comme Chabaud ou Monfreid et se plonger dans l’art contemporain représenté par Soulages, Martin Barré, Geneviève Asse et bien d’autres!

Reconstitution d’une pièce de
l’Hôtel Cabrières-Sabatier
Une salle de l’exposition
François Xavier Fabre: « La vision de Saul » vers 1803.

Salle des acquisitions d’oeuvres contemporaines. Photo: (c) Sylvie Maugis
Pierre SOULAGES
CHABAUD: « Les filles en vert »
V. HUGO: « Portrait de P. Eluard »
P.E BOILLY: « La tendresse conjugale »

PROJECTIONS

Au centre de l’exposition , une salle de projection propose un montage de plusieurs interviews de personnes ayant participé à des acquisitions: conservateurs, mécènes, artistes, historiens… Expriment leurs passions.
Un éclairage très vivant sur ces acquisitions!

Salle de projection: Interview de M.Malka, avocat et mécène,
à propos du tableau qu’il a offert au musée.: « Judith et Holophene » de F.Vitale.

Devenez mécène!

YAN PEI-MING: « L’impossible rencontre ».

Dans la toute dernière salle de l’exposition, vous pourrez admirer un triptyque de l’artiste Yan Pei-Ming, réalisé à l’occasion du bicentenaire de la naissance du peintre Courbet, et intitulé: « L’impossible rencontre ».

Pour la première fois au Musée Fabre, l’acquisition de cette oeuvre fera appel à une souscription publique qui permettra à chacun.e qui le souhaite de devenir un.e mécène…
Dès 40 euros, et jusqu’à la fin du printemps, les contributions donneront lieu à des contreparties (entrées gratuites, abonnements etc.)

PODCAST

Maud MARRON-WOJEWODZKI, Conservatrice en chef du Patrimoine, responsable des collections modernes et contemporaines,
nous explique ce mécénat, dont elle est à l’origine:


L’artiste Yan Pei-Ming, le Musée Fabre et son tableau… Lumineux!

Pratico-pratique

Le Musée Fabre se situe au 39 boulevard Bonne-Nouvelle (« l’Esplanade ») à Montpellier (Hérault)
Sur le site du musée, vous trouverez les horaires, les tarifs ( beaucoup de tarifs réduits possibles et de périodes de gratuité pour tous), les conférences en accès libre, les animations Famille/Jeune public – et tout public – sur les expos en cours, les jeux…

Les ateliers créatifs, le visites guidées, les horaires de la bibliothèque etc.
Un outil culturel exceptionnel!
www.museefabre.fr
Et n’oubliez pas la très agréable librairie Sauramps!
(cf l’article dédié sur ce blog)


PARIS EN DÉCEMBRE…

LA VÉRITÉ SUR LES « FAKE-NEWS »

Exposition sur les « Fake-news » à la Fondation EDF.

Ne manquez sous aucun prétexte cette remarquable et indispensable exposition proposée par la Fondation EDF: « FAKE NEWS: Art Fiction Mensonge »

En sollicitant une quarantaine d’artistes plasticiens et/ou vidéastes pour s’exprimer sur les Fake-News, cette exposition inédite nous entraîne vers une réflexion parfois drôle et souvent dérangeante à propos de la manipulation de l’information, du rôle des médias et des réseaux dits « sociaux » et de nos petits arrangements personnels avec ces fléaux!

Vrai ou faux ? Nous sommes tous spectateurs et acteurs au quotidien de la prolifération des fake news via Facebook, Twitter, Instagram et bien d’autres plateformes ou réseau social.
L’exposition décrypte les mécanismes de création et de diffusion d’une fake news et propose d’acquérir des méthodes et astuces permettant d’enrayer leur diffusion et d’échapper aux manipulations en tout genre, tant politiques, économiques, que sociales.

« 1° Avril » de Marie Morelle (photo Fondation EDF)

Autour de trois thèmes: Fabrication / Diffusion / Risques et Remèdes
l’exposition convoque les dessins, peintures, sculptures, installations, photos et vidéos d’artistes qui jouent avec les représentations du monde pour initier les visiteurs, et particulièrement les plus jeunes, aux enjeux contemporains de l’infox. Entre authenticité et inventivité, réalisme et onirisme, l’exposition fait vaciller nos croyances et notre perception du réel et se joue de nos esprits crédules.

Entrée de l’exposition

Fake News?
En 2017, le terme « fake news » a été élu « mot de l’année » par le Collins Dictionary avec un usage de plus de 300 % en une année. Ces maux sont symptomatiques de bien des difficultés à s’informer à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux : la fausse information non dénuée de volonté de nuire d’un côté ; le trucage minutieux de vidéos de l’autre…
Aujourd’hui, de très nombreuses « infox », extrêmement virales, sèment ainsi le trouble dans l’esprit du public. Des scientifiques ont-ils créé le coronavirus ? Hilary Clinton est-elle mêlée à un trafic d’enfants basé dans une pizzeria de Washington ? Les vaccins transmettent-ils l’autisme ?
Tout cela est faux et démontré par des journalistes vérificateurs. Cependant, le public, lui, peine à se défaire de ces idées fabriquées de toutes pièces. La force de ces désinformations de masse : elles simplifient à outrance la compréhension du monde, tout en elles conforte les croyances, instincts primaires et idées reçues.

Une salle de l’exposition

Toutes les propositions des artistes sont imaginatives et éducatives et il est difficile d’en préférer une… Parmi les oeuvres qui m’ont le plus attirée, outre tous les dessins humoristiques très mordants de l’entrée, il y a les cages blanches avec un petit oiseau bleu de Twitter à l’intérieur… Sur chaque oiseau est accrochée une fake délirante:  » Georges Clooney a été hospitalisé après une over-dose de caféine » ou « Le Gouvernement va taxer les bénéfices du doute« …

Encoreunestp: « Noti Tweety 2.0 »
Bonil : « Équateur »

Plus loin, dans une petite salle de projection, Felipe Vilas-Boas nous propose  » Le poinçonneur de l’IA » : une installation multimédia avec un karaoké parodique sur la musique de « Le poinçonneur des Lilas » de Serge Gainsbourg, avec des paroles sur les « fermes à clics » où des gens sont embauchés pour créer et diffuser des fakes.

« J’fais des clics, des p’tits clics, encore des p’tits clics
J’fais des clics, des p’tits clics, toujours des p’tits clics
Des clics pas très classes
Des clics sur vos traces »

Etc.

On rit jaune et on s’étrangle avec les paroles… Restons cyniques pour ne pas devenir cinoques!

UNE MAQUETTE FILMÉE SUR UN FOND VERT, UN LOGICIEL D’INCRUSTATION,
UN PEU DE FUMÉE….
…. ET VOILÀ UNE SCÈNE DE GUERRE!
Une création d’Alain Josseau

Pierre Kroll: « Coronavirus: rumeurs, complots »
Ale+Ale: « Interrupteur »
LA SOLUTION POUR RÉSISTER AUX FAKES?

PODCAST

Nathalie BAZOCHE, responsable du développement culturel à la Fondation EDF, nous parle de l’exposition:
« Fake news Art Fiction Mensonge »:

En pratique…

L’exposition se tient à la Fondation EDF, 6 rue Juliette Récamier
75007 PARIS, (Métro: Sèvres-Babylone)
du mardi au dimanche de 12h à 19 h
(sauf jours fériés) jusqu’au 30 janvier 2022
Entrée libre sur réservation au 01 40 42 35 35

L’exposition va bientôt être visible en version virtuelle …
Le Curieux ne manquera pas de vous en informer!

GEORGES ROUAULT

Georges Rouault dans son atelier.
Photo: Fondation G.Rouault (c) YC

Célébrant cette année le 150e anniversaire du peintre français Georges Rouault (Paris 1871/Paris 1958), la Galerie Taménaga lui consacre une exposition majeure rassemblant plus d’une centaine d’œuvres de l’artiste, certaines venues de collections privées et d’autre prêtées par la « Fondation Georges Rouault ».
Artiste inclassable dans l’histoire de l’art, il serait un raccourci facile de le définir comme peintre religieux. Tantôt assimilé au Fauvisme, ou encore à l’Expressionnisme, son œuvre transgresse les usages et les lois de la peinture dans une profusion de couleurs et une véritable exaltation de la matière. L’artiste, certes engagé dans la religion chrétienne, a pourtant conquis le cœur des Taménaga (propriétaires de la Galerie) et plus généralement celui des Japonais, dont le pays connaît pourtant une nette prédominance des philosophies shintoïste et bouddhiste.

N’hésitez pas à pousser la porte de cette très belle galerie pour plonger dans l’atmosphère particulière de ce peintre!

Galerie Taménaga Exposition Georges Rouault
Photos: (c) Galerie Taménaga

Né sous les bombardements le 27 mai 1871 durant la Commune de Paris, Georges Rouault passe son enfance dans les vieux quartiers populaires de Belleville.
Fils d’un ouvrier ébéniste, vernisseur de pianos chez Pleyel, il apprend l’amour de la belle matière. À 14 ans, il quitte son faubourg pour devenir apprenti chez un peintre verrier. Initié tôt aux œuvres de Courbet, Manet, Forain et Daumier par son grand-père maternel, il développe peu à peu une passion pour la peinture qui le conduira à s’y consacrer totalement. 

En pratique:

La Galerie Taménaga se trouve : 18 avenue Matignon 75008 Paris
(Métro: Franklin Roosevelt)

Entrée libre jusqu’au 30 décembre 2021,
du mardi au samedi de 10h à 19h.

L’ABBAYE DE VALMAGNE

Abbaye de Valmagne, le cloître et l’église.

« L’abbaye de Valmagne, dans l’Hérault, est une abbaye cistercienne fondée en 1139 et classée monument historique. Cette abbaye n’est plus en activité monastique depuis 1789, date à laquelle elle fut vendue comme bien national.
Rachetée en 1838 par le comte Henri de Turenne, elle perdure depuis dans la même famille, qui oeuvre à sa préservation et au développement de son activité touristique et culturelle.
Ce lieu impressionne par son église de grande dimension qui lui vaut le surnom de « Cathédrale des vignes ».
Dans celle-ci se trouvent des foudres (grands tonneaux) qui ont servi jusque dans les années 90 à conserver le vin.
Les parties intérieures composées de l’Église et du cloître permettent de découvrir l’Histoire de Valmagne ainsi que le mode de vie des moines cisterciens.
Les parties extérieures composées du jardin médiéval, du potager et des vignes offrent une approche de la culture en agriculture biologique et biodynamique sur des terres sélectionnées par les moines il y a près de 900 ans.
Le terroir était rigoureusement sélectionné par les moines lors de
l’implantation d’une Abbaye. Nous savons que nos terroirs de coteaux étaient cultivés dés le XIIème siècle. La terre était goutée pour connaitre la composition du sol. Deux grands terroirs se distinguent ici : un sol argilo-calcaire et un sol composé de bauxite, une terre rouge donnant des vins de caractère au temps de garde élevé. »
Extrait du dossier de présentation de l’Abbaye de Valmagne.

La salle des Chapitres. Lieu de réunion des moines, où le silence était de règle…
Le cloître, vu de la salle des chapitres.
Un vitrail de la salle à manger.

L’ÉGLISE
L’église mesure 83 mètres de long et 24 mètres de haut . C’est une des rares églises où sont entreposés des foudres, ces gros tonneaux de bois ayant servi à conserver le vin de 1822 à 1996 et d’une capacité totale de 500 000 litres de vin.

L’église

LE CLOÎTRE
Le jardin du cloître est situé autour de sa célèbre fontaine-lavabo. Les cisterciens qui suivaient la Règle de Saint-Benoît ne devaient pas sortir de leur monastère. Enserré entre ses quatre galeries, le préau permettait aux moines de voir le ciel bleu et un petit coin de verdure.
Les roses de Cîteaux créées par Delbard et les bambous noirs lui confèrent un charme tout à fait particulier.

Le cloître.
Les bambous noirs du cloître.
Le cloître

LE CONSERVATOIRE DES CÉPAGES
Le conservatoire des cépages expose les 12 différents cépages cultivés sur le domaine et intégrés dans les vins. Cet espace permet de comprendre le cycle de la vigne, de la fleur au raisin, puis les phases de l’élaboration du vin

Conservatoire des cépages.

LA PASSION EN HÉRITAGE!

Par un bel après-midi d’hiver baigné de lumière, j’ai eu la joie de rencontrer Éléonor d’Allaines, héritière – avec ses frères Roland et Thomas – de ce lieu envoutant!

PODCAST

Éléonor d’Allaines devant la fameuse « Fontaine-Lavabo » du cloître,
son endroit préféré!

ET PUIS… LE JEU DE PISTE!

Dès mon arrivée, j’ai été coachée par Antonin Amorini, attaché de Presse de l’Abbaye, pour tester le « Jeu de Piste » proposé aux familles.
Écoutons Antonin m’expliquer le mode d’emploi de ce jeu:

il m’a donc confié la grande sacoche de toile et cuir, remplie de divers objets: plans, cartes, jumelles, carnet de notes, crayon, puzzle, miroir etc.
Et je me suis rendue au lieu de départ du jeu de piste, pour trouver le « Trésor perdu des couleurs de Valmagne » !

La sacoche du Jeu de Piste, posée sur un banc de la Chapelle….

Sur une première carte, une question m’a été posée, puis au fil des neuf autres cartes, de leurs questions et des jeux proposés, j’ai pu tour à tour observer le plafond de l’église à l’aide d’un miroir ( indescriptible expérience! ) relever des gravures d’arcs gothiques, mesurer des piliers « grignotés », chercher des motifs sculptés dans la salle des Chapitres …
Jusqu’à m’accroupir dans le jardin potager pour écraser une petite feuille de laurier cueillie dans la haie, sur une pierre incrustée d’éclats de verre bleu, en psalmodiant une phrase en latin, déposer cinq morceaux de cette feuille dans une petite fiole et courir à toutes jambes vers le cloître pour la remplir à l’eau de la « Fontaine-Lavabo »…
Là… J’ai poussé un cri qui a définitivement convaincu les autres visiteurs que je m’étais échappée de ma camisole!
Mais… MYSTÈRE… Je ne vous dirais pas pourquoi…
À vous d’expérimenter ce jeu passionnant, instructif et vraiment drôle!
Et je ne suis pas peu fière d’avoir trouvé le Trésor à l’issue de mon périple, et de voir de grands sourires éclairer le visage d’Antonin et des autres personnels de l’Abbaye 🙂

Photos de l’Abbaye de Valmagne: (c) Sylvie MAUGIS

L’Abbaye de Valmagne vue par le drone de « French Baroudeur »
Pratico-Pratique

Abbaye de Valmagne, 34560 Villeveyrac
www.valmagne.com

L’Abbaye de Valmagne est ouverte au public :
Du 1er Octobre au 15 Avril : du mardi au samedi de 14h à 18h et le dimanche, jours fériés et ponts de 10h à 18h.
Du 15 Avril au 30 Septembre : du mardi au dimanche de 10h à 19h, fermé le lundi (sauf en juillet, août et septembre).
Fermé les samedis et dimanches matins de Janvier.
Différents tarifs sur le site.

INFO D’AILLEURS….

À l’autre bout de la France, le splendide Musée LALIQUE présente l’exposition : « HAPPY CRISTAL » jusqu’au 31 décembre.
Entrée libre.

FOUS DE PAPIERS

Façade du musée Médard à Lunel (34)
Photo:(c) Sylvie Maugis

Le musée Médard de Lunel, dans l’Hérault…

En revenant de Lunel, à la nuit tombée, j’ai eu l’impression d’avoir été l’hôte privilégiée d’un palais étrange et mystérieux!
Le musée Médard est ouvert depuis 2013, et derrière l’appellation un peu rébarbative: « Centre d’interprétation du livre et du patrimoine écrit » , se trouve un très bel endroit, moderne et aéré, qui abrite la prestigieuse collection de Louis Médard (1768-1841) un marchand de tissus qui consacra sa vie et sa fortune à collectionner des livres rares, dans la perspective de léguer cette collection à ses concitoyens.
Chose faite donc puisqu’il a offert à Lunel, sa ville natale, l’ensemble de sa bibliothèque constituée de 5000 ouvrages, du mobilier, de tableaux et d’objets liés à l’écriture…

Laissons à Claudio Galleri, son directeur, le soin de nous présenter ce lieu exceptionnel:

PODCAST:

Claudio Galleri, directeur du musée Médard
Bibliothèque de Louis Médard
Bibliothèque de Louis Médard.
Exposition permanente du musée Médard.
Suite exposition permanente du musée Médard.

Les Ateliers

Tout au long de l’année, le musée Médard propose des visites guidées et des ateliers, en accès libre et gratuit.
Thibault Moreau, médiateur culturel du musée Médard, et animateur des ateliers, va nous expliquer son travail:

PODCAST:

Thibault Moreau dans une des salles d’ateliers du musée Médard.
Réalisation d’un.e élève de CE1.

Lors du premier confinement, Thibault a proposé sur le site du musée différents « tutos » autour de réalisations avec du papier, que vous pouvez retrouver sur le site du musée…

EXPOSITION TEMPORAIRE

« Fous de papiers »

Jusqu’en mars 2022, vous pourrez visiter cette drôle d’exposition autour des collectionneurs et des collections, du Languedoc et d’ailleurs.
Ahhh!… Les collections!
Qui n’a pas fait de collections? Timbres, chats, grenouilles, boîtes et objets divers ornent nos étagères et stockent toute la poussière de nos maisons… Ce « hobby » existe depuis fort longtemps et se retrouve dans toutes les classes sociales: on collectionne à la hauteur de ses moyens, et peu importe la valeur des objets collectionnés, l’important est l’excitation de la recherche puis l’exposition et la contemplation de ses richesses!
C’est un peu aussi de notre vie que l’on expose chez soi, pour soi-même ou pour les autres… Une mémoire vive en quelque sorte!
J’en ai personnellement plusieurs en cours: les pots à épices, les chats et les objets autour de « l’Angélus » de Millet (voir les articles sur Dali…) !
Chaque collection porte un nom et certaines sont très cocasses comme tous les objets autour de Rabelais ou les petites cartes de marabouts: « la magopinaciophilie »!

Buste de Rabelais, de la collection de Jacques Bonnaud. Musée Médard.
Cartes de Marabouts…
Dans l’exposition « Fous de Papiers » Musée Médard.

Dans la rubrique « Actualités » du site du musée, vous pourrez retrouver les dates des animations du mois de décembre 2021, autour des décorations de Noël: https://www.museemedard.fr/Actualites

Le musée MÉDARD se trouve:
71 Place des martyrs de la Résistance
34400 LUNEL
L’entrée est libre et gratuite et accessible entièrement aux personnes à mobilité réduite.
Du mercredi au vendredi de 14h à 18 h et le samedi de 10h à 18h.
www.museemedard.fr


SOUS LE SIGNE DU SERPENT

CHAISSAC et CoBrA à Rodez

Quand vous pénètrerez dans la salle des expositions temporaires du musée Soulages à Rodez, vous serez réellement émerveillé.e.s par l’atmosphère vivifiante de cette exposition!

Le peintre Gaston Chaissac et le groupe d’artistes « CoBrA » ( acronyme de Copenhague/Bruxelles/Amsterdam) ne se sont jamais rencontrés.
Grâce au Musée Soulages de Rodez et au Kunstmuseum Den Haag à La Haye ( Pays-Bas) les voilà réunis pour la première fois en France dans cette magnifique exposition de plus de 140 oeuvres.
Dessins, peintures, lettres, totems, collages, sculptures… Se font écho tout au long de la visite et vous transporte dans un monde à la fois enfantin et surréaliste!

Totems Chaissac. Photo: Sylvie Maugis

Gaston Chaissac est né à Avallon en 1910. Tour à tour apprenti cuisinier, cordonnier… Il exercera plusieurs métiers et c’est à Paris, chez son frère, qu’il rencontre la peinture.
La tuberculose va l’obliger à faire des séjours répétés en sanatoriums, où, dit-il, il aura tout loisir de « peindre et d’écrire en toute tranquillité »!
Remarqué dans une exposition de patients, il va se consacrer à la peinture et à l’écriture jusqu’à son décès à l’age de 50 ans.

Gaston Chaissac

CoBrA est un groupe d’artistes, fondé le 8 novembre 1948 à Paris.
Les membres de CoBrA recherchent un nouveau rapport à l’Art et revendiquent un art libre et spontané, qui échappera au carcan des arts académiques.
On retrouve dans ce groupe des noms comme Alechinsky, Constant, Dotremont, Appel et bien d’autres!

CoBrA à la Galerie du bord de l’eau.

Michel Ragon (1924-2020)
L’historien de l’Art, de l’Anarchie et de la littérature prolétarienne, Michel Ragon sera le premier à consacrer une étude à Gaston Chaissac en 1946 dans la revue « Maintenant » , dirigée par Henry Poulaille, où il soulignera son rapport étroit au monde ouvrier. Il se rapproche du groupe CoBrA, et voit entre eux des analogies: couleurs, spontaneïté, récupération des matériaux, inspirations populaires..

Exposition Chaissac CoBrA . Photo: Sylvie Maugis
Chaissac
Chaissac
Chaissac. « Dandy de muraille »

Constant: « Het laddertj »
Karel Appel
Alechinsky
VOYONS VOIR……..

Si vous le pouvez, repartez avec le très beau catalogue de l’exposition, remarquablement documenté sur Gaston Chaissac et le groupe CoBrA.

Édition Gallimard/Musée Soulages
32 euros à la boutique du Musée Soulages à Rodez.

“CE QUE LA PHOTO REPRODUIT À L’INFINI N’A LIEU QU’UNE FOIS”

C’est par ce bel après-midi d’automne, que je suis allée vérifier cette phrase de Roland Barthes à Montpellier!

À L’ESPACE BAGOUET:

À l’Espace Dominique Bagouet, en écho aux manifestations organisées à Sète, sa ville natale, la Ville de Montpellier offre une exposition très sensible autour d’oeuvres de sept artistes qui rendent hommage au chanteur.
Alfred, Charles Berberian, Florence Cestac, David Prudhomme, Joan Sfar, Albin de la Simone, Stepnan Zimmerli exposent leurs clins d’oeil ponctués de photos inédites de Robert Doisneau et René Fallet.

C’est court, c’est lumineux et drôle, c’est à ne pas manquer!

Et pour les héraultais.e.s,
Le Curieux recommande vivement le beau spectacle de
Daniel VILLANOVA: « Bourougnan fête Brassens »

AU PAVILLON POPULAIRE…

À quelques mètres de l’Espace Bagouet, se trouve le Pavillon Populaire, lieu d’exposition photographiques.
Jusqu’au 16 janvier, vous pourrez faire connaissance avec Andréas Müller-Pohle, à travers cette exposition très étonnante: « MERS ET RIVIÈRES ».

Les séries du photographe mettent en scène et interrogent l’eau, élément essentiel mais fragilisé par les risques environnementaux…
Au moment de la fin de la COP 26, cette expo résonne étrangement!

LA FORTERESSE CACHE SON JEU!

Château de Tarascon.
Photo: (c) Ville de Tarascon

LE CHÂTEAU DE TARASCON

Passés les murs et les formes abrupts typiques d’une architecture médiévale, on entre dans l’univers riche et ciselé de la Renaissance…
Saisissant!
Invitée par la blogueuse de « La fille de l’Encre » (www.lafilledelencre.fr) j’ai eu le plaisir de visiter cet étonnant monument, devant lequel j’étais passée assez souvent sans ressentir l’envie d’y pénétrer, tant ses lignes austères ne m’inspiraient pas! Comme quoi, cessons de nous fier aux apparences 🙂

« Édifié dans la première moitié du XVe siècle, le château de Tarascon est l’une des plus belles forteresses de France. Bâti sur un rocher peu élevé, à l’intersection des voies terrestres et fluviales reliant la Provence au Languedoc, le château assume le rôle de sentinelle monumentale. Il contrôle, jusqu’en 1481, la frontière politique du Rhône qui coule à ses pieds. Tarascon est, tout au long du Moyen Âge, la base territoriale d’expansion et de conquête des comtes de Barcelone puis des ducs d’Anjou, devenus comtes de Provence.
René Ier (1434-1480) prend possession du château dans son état actuel.
Il n’effectue, dans cette demeure, que des aménagements décoratifs et de confort. À chacun de ses nombreux séjours, il en fait un lieu de rencontre, de fête et de prestige.
Siège du pouvoir régalien du comte, le château sert, dès le début, de lieu de détention. En 1480, un prisonnier catalan, partisan du roi d’Aragon, ennemi du roi René Ier, y est enfermé. Il grave, dans deux cachots, des graffiti exceptionnels de bateaux de guerre, de commerce, des motifs religieux et profanes. La fonction carcérale du château est accentuée entre 1642 et 1926. Tour à tour, le site est utilisé comme prison, maison d’arrêt et de correction. Les salles sont alors transformées en cachots collectifs ou individuels.
Sous la Révolution française, les partisans de Robespierre y sont exécutés en 1795.
De cette histoire, subsistent des centaines de graffiti gravés par des soldats espagnols, des marins britanniques et hollandais, témoins des guerres euro- méditerranéennes des XVIIe et XVIIIe siècles.
Ouvert à la visite à partir de 1933, le château est, depuis 2008, la propriété de la commune de Tarascon. »
Extrait de la présentation. Ville de Tarascon.

René, Roi de Sicile XV° siècle. (c) Ville de Tarascon.

ERRANCE…

Chapelle. Photo: (c) Sylvie Maugis

Une vingtaine de chambres, des salles de réception, de lecture, des innombrables escaliers en colimaçon pour monter sur la terrasse d’où vous pourrez admirer un paysage infini, puis d’autres escaliers, d’autre salles en enfilade, d’autres couloirs pour redescendre vers la cour d’honneur …
Quel plaisir de se perdre dans leur dédale! Chaque pièce vous plonge dans un pan de l’histoire du château et on imagine aisément les belles dames brodant près d’immenses cheminée, comme les prisonniers gravant leurs noms sur les murs de pierre ou le roi René dans sa bibliothèque: une expérience unique!

Bateau gravé par des prisonniers.
Photo:(c) Sylvie Maugis


Les grandes salles et les chambres sont rythmées de figures animalières et monstrueuses, caractéristiques des bestiaires du Moyen Âge. Ours, cerfs, renards, éléphants, chameaux, chevaux, griffons, tarasques, sirènes, pégases, etc. forment un vaste répertoire, qui fait écho à celui présent dans les églises romanes et gothiques, dans les maisons ou encore dans les châteaux.

Sirène. (c) Ville de Tarascon
Monstre (c) Ville de Tarascon

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN

Le château, Centre d’Art René d’Anjou, présente régulièrement le travail d’ artistes contemporains en résidence.
Habituellement, je ne suis pas très « fan » de ce type de mélange, mais là, la réussite est totale!
« Mano à mano » d’Iris Marchand et Arsène Welkin s’intègre étonnamment dans ces grandes salles vides.
Lignes à l’encre de chine, formes et couleurs franches se mêlent à l’écriture, explorent et réinterprètent l’architecture, les décors du château, et ses illustres – ou moins illustres – hôtes. Elles nous interrogent sur les thèmes intemporels que sont le bestiaire, la vie de cour, le masculin-féminin, la prison, avec une acuité propre aux jeunes artistes.

Une oeuvre de l’exposition: « Mano à mano »
Photo: (c) Sylvie Maugis

En 2017, le Centre d’Art a accueilli Christian Lacroix qui a exposé quatre grands tapis inspirés des bestiaires du château. L’artiste a offert ses oeuvres au château et on peut se régaler du contraste!

Tapis de la salle des festins par Ch.Lacroix.
Photo: (c) Sylvie Maugis

Outre ces expositions temporaires, le Château et le Centre d’art René d’Anjou proposent de nombreuses animations tout au long de l’année, pour adultes et/ou enfants: www.chateau.tarascon.fr

CHAGALL LE SURRÉEL

Le poète Guillaume Apollinaire avait surnommé ainsi le peintre Marc Chagall qui, pour lui, était au-delà du surnaturel…
Et c’est bien là ce qui est troublant chez Chagall: la naïveté élaborée du trait, les couleurs franches, les multitudes de symboles, l’évanescence des situations pourraient nous éloigner de la réalité qu’il veut décrire…
Et pourtant, devant chaque tableau, on perçoit nettement le message transmis: la vie difficile dans les villages russes, l’exode, la guerre, les persécutions, l’antisémitisme…
Empruntant aux différents mouvements artistiques tels que le cubisme et le surréalisme, il restera toujours indépendant en « soignant » – en quelque sorte – l’articulation entre ses racines juives et russe et la modernité des courants artistiques qu’il va rencontrer et fréquenter à Paris.
Né en 1887 en Biélorussie, il quitte définitivement son pays à l’âge de 35 ans pour l’Allemagne, la France puis les États-Unis où il s’exile de 1941 à 1948 pour fuir le nazisme. Il reviendra en France où il vécut sur la côte d’Azur jusqu’à la fin de sa vie, en 1985.
À travers son oeuvre et son engagement politique, il exprime ses voeux les plus chers: combattre les inégalités sociales aussi bien que les différences de traitement entre les religions. Il rêve d’une société lissée et fraternelle, d’un monde de paix, à la fois idyllique et paradisiaque…
Rapidement reconnu et admiré tant par le public que par les institutionnels, Marc Chagall se verra confier le plafond de l’Opéra Garnier de Paris, l’illustration des Fables de La Fontaine et de la Bible, aussi bien que des étiquettes pour le vin « Château Mouton Rothschild », des vitraux et des mosaïques, partout dans le monde!

Plafond de l’Opéra Garnier Paris
Marc Chagall 1964
Étiquette Mouton Rothschild
Marc Chagall 1970

À NICE…

Le musée Chagall de Nice fut le premier musée construit du vivant d’un artiste (d’autres s’ensuivirent comme le musée Soulages à Rodez par exemple).

C’est toujours pour moi une émotion très forte de contempler un tableau de Chagall, depuis ce jour où, adolescente, j’ai pris conscience – en observant les traces de coups de pinceau de  » La création de l’homme «  – que le tableau que je regardais avait été peint par quelqu’un de bien réel, des années auparavant, et qui souhaitait me dire quelque chose!

« La création de l’homme » Marc Chagall 1956-1958
Photo: (c) Sylvie Maugis


À travers les grandes salles lumineuses et calmes du musée on s’envole littéralement dans son monde onirique jusqu’à l’impression de ne plus toucher terre… Et je pense au roman de Boulgakov : « Le Maître et Marguerite », que Chagall aurait pu illustrer! Même humour un peu grinçant, vision burlesque du monde, voire blasphématoire…
Je regrette juste qu’il n’y ait pas un glossaire des symboles, qui permettrait aux visiteurs de mieux s’approprier ses rêves!

Photos: (c) Kadia Rachedi
Mosaïque / Musée Chagall. Photo: (c) Kadia Rachedi

« Marc Chagall
Il dort
Il est éveillé
Tout à coup, il peint
Il prend une église et peint avec une église
Il prend une vache et peint avec une vache
Avec une sardine
Avec des têtes, des mains, des couteaux
Il peint avec un nerf de bœuf
Il peint avec toutes les sales passions d’une petite ville juive
Avec toute la sexualité exacerbée de la province russe
Pour la France
Sans sensualité
Il peint avec ses cuisses
Il a les yeux au cul
Et c’est tout à coup votre portrait
C’est toi lecteur
C’est moi
C’est lui
C’est sa fiancée
C’est l’épicier du coin
La vachère
La sage-femme
Il y a des baquets de sang
On y lave les nouveaux-nés
Des ciels de folie
Bouches de modernité
La Tour en tire-bouchon
Des mains
Le Christ
Le Christ c’est lui
Il a passé son enfance sur la croix
Il se suicide tous les jours
Tout à coup, il ne peint plus
Il était éveillé
Il dort maintenant
Il s’étrangle avec sa cravate
Chagall est étonné de vivre encore »

BLAISE CENDRARS
In Dix-neuf poèmes élastiques

« CHAGALL, LE PASSEUR DE LUMIÈRE« 

Empruntant le titre du roman de Bernard Tirtiaux:
« Le passeur de Lumière. Nivard de Chassepierre, maître verrier »,
le musée propose une exposition temporaire sur les vitraux créés par
Marc Chagall dans les années 50.

« En pleine maîtrise de ses moyens, Chagall a mis tout son talent de coloriste et de créateur d’images au service de cette technique exigeante pratiquée avec inventivité par Chagall et ses complices et amis, Charles Marq et Brigitte Simon. La touche finale, constituée des multiples rehauts de grisaille que Chagall apposait sur le vitrail pour faire vibrer la matière, nous offre toute la liberté et générosité de la main de l’artiste. En retour, le vitrail lui a permis de transcender les limites matérielles de la peinture en inscrivant les reflets changeants de la lumière comme une composante intrinsèque de l’œuvre. »
(Extrait du Dossier de Presse/Musée Marc Chagall)

Photo: (c) Kadia Rachedi

C’est passionnant de pouvoir admirer les cartons de travail, les outils des maîtres verriers, voir les documentaires et les reproductions de vitraux apposés sur les fenêtres du musée et l’étonnante salle de l’auditorium où le clavecin décoré par Chagall trône sur la scène environnée des vitraux originaux « La création du Monde »!
Mais comme pour les vitraux de Soulages à Conques, je ne peux que vous inciter à aller les voir « en vrai », au détour de vos voyages!
En France vous pouvez visiter la cathédrale de Metz, de Reims, l’abbaye de Moissac, la chapelle des Cordeliers de Sarrebourg, l’église de Le Saillant…

Vitraux…
Clavecin et vitraux « La création du monde » de l’auditorium
Photos: (c) Kadia Rachedi

– Le musée Chagall de Nice
se situe avenue du Docteur Ménard à Nice, dans le quartier Cimiez.
www.musee-chagall.fr

– Parmi les très nombreux ouvrages sur Marc Chagall,je vous recommande celui de Ingo Walther et Rainer Metzger:
« CHAGALL » aux éditions TASCHEN (10 euros.)

– Et le roman « Le passeur de Lumière » de B.Tirtiaux, sur l’apprentissage d’un jeune maître verrier à travers l’Europe et l’Orient.. Édition Folio.